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Читать книгу: «Voyages loin de ma chambre t.2», страница 15

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Pline dans son livre VIII raconte l’histoire de cités entières détruites par les rats! Ce triste sort serait-il réservé à notre capitale. La nature n’a point attaché aux rats leur microbe destructeur. Ils pullulent… et bien des gens assurent sans rire qu’ils dévoreront Paris, c’est effrayant, mais comme ce sont les pessimistes seuls qui le disent, il est toujours permis de croire le contraire.

J’aime autant cela.

Samedi, 19 Octobre 1889.

A l’Exposition. – L’Europe: Norwège. – Suède. Danemark. – Finlande. – Italie

La Norwège

Le bois sous toutes ses formes est la grande attraction de son exposition. On suit toutes les transformations de l’arbre, depuis le tronc brut qui sort de la forêt jusqu’à la sculpture délicate, la dentelle légère qui orne les meubles les plus charmants, l’art de travailler le bois est poussé si loin qu’on voit ici des maisons complètes, des chalets considérables, entièrement en bois, si bien combinés, si bien agencés, que chaque pièce numérotée se monte et se démonte à volonté. On vous expédie la plus coquette maison du monde par morceaux que vous n’avez plus qu’à déballer et à remettre en place. Le pavillon dans lequel nous sommes est arrivé ainsi.

Voici d’ailleurs deux modèles remarquables de ce genre de construction, l’un en bois verni, luisant et sculpté, d’une grande élégance, l’autre plus rustique en bois naturel avec escalier extérieur.

La Norwège se distingue ensuite par sa pelleterie et sa clouterie qui est un art chez elle. On voit des soleils, des arabesques fleuries, des lettres, des tableaux même, entièrement composés de clous de différentes grandeurs.

Au centre, un beau groupe en bronze représente un maréchal en train de ferrer un cheval.

La section maritime est aussi très importante, elle offre des types particuliers de bateaux marchands et de baleinières avec leurs agrès.

Les Norwégiens ont toujours préféré la mer aux champs. Ce sont des pêcheurs hors ligne. Pendant de longues années la pêche à la baleine fut une de leurs principales sources de richesse, leur marine marchande vient au troisième rang après celle de la France et de l’Allemagne, l’Angleterre exceptée bien entendu.

En définitive, l’ensemble de leur exposition est fort intéressant et je suis bien aise de l’avoir vue en détail.

La Suède

La Suède également a son chalet en sapin verni, construit là-bas et remonté ici pièce à pièce, mais son exposition est minime, son gouvernement n’ayant accordé aucune subvention pour cela; cependant ce chalet contient de belles fourrures entourant une colossale tête d’élan et des échantillons de coutellerie remarquables. Les aciers de Suède sont renommés dans le monde entier.

La vieille orfèvrerie suédoise est ouvragée et ornementée d’une façon très originale. Quatre ouvriers orfèvres dans leur chambre d’artisan fidèlement copiée, vieux sièges en bois, peintures naïves, travaillent devant les visiteurs qui les regardent curieusement.

Le Danemark

Le Danemark a mieux fait les choses que la Suède, il est représenté par cent cinquante exposants.

La décoration de cette section est due au pinceau de Monsieur Lornd, le premier peintre décorateur danois, il y a représenté les châteaux royaux de Danemark.

Les pièces d’orfèvrerie où l’or, le vermeil et l’argent se mélangent d’une façon spéciale, sont d’une parfaite distinction.

Les menuisiers et serruriers danois exposent des choses très artistiques, des objets en fer forgé remarquables et de ravissants meubles incrustés. Il faut aussi admirer les broderies, souvent imitées, des Gobelins, elles sont exquises. On remarque particulièrement un panneau de fleurs d’après nature brodées par une femme du monde Madame Ida Hauten; ce panneau est tout simplement une merveille. On est tenté de cueillir et de respirer ces fleurs là.

La ganterie tient aussi une place importante, car c’est le Danemark qui fabrique les gants de Suède.

La Finlande

Le pavillon de la Finlande est bâti d’après les principes de l’architecture scandinave, en bois verni; fenêtres pointues et étroites, toiture très épaisse et sans ouvertures, laissant à cette construction son cachet de vérité. En effet, cette toiture ne doit-elle pas supporter la chute des neiges pendant six mois. C’est toujours ici, comme en Norwège et en Suède, le règne du bois souverain; l’industrie finlandaise le plie à toutes les formes et l’emploie à tous les usages, tout se fait donc en bois, depuis le papier jusqu’aux maisons.

Les pierres de ce pays sont d’un aspect tout particulier. Voilà des portiques d’un granit à reflets d’opale qui ne se voit nulle part qu’en Finlande. Toute cette contrée présente un cachet bien étrange. Tout s’y empreigne d’un charme mélancolique, d’une douceur idéale. Les peintres la caractérisent merveilleusement dans leurs tableaux, où ils vous montrent des ciels d’une poésie et d’une sérénité incomparables. J’en ai été bien frappée au Palais des Beaux-Arts.

Malgré les neiges qui chaque année semblent les séparer du monde entier, les Finlandais sont instruits. Ils s’occupent des arts avec succès et recherchent avidement toutes les nouvelles découvertes que la science, à pas de géants, fait chaque jour.

Et maintenant quittons Madame la Neige et retournons chez Monsieur le Soleil, l’Italie nous ouvre ses portes.

La façade de la construction qu’elle représente est tout marbre et mosaïque; elle produit un grand effet.

L’intérieur est pittoresquement décoré, le rouge domine et donne beaucoup de relief aux objets exposés. La verrerie et les cristaux occupent une place importante. La fabrique de perles et les mosaïques de Murano marchent en tête avec les verres de Venise et les belles céramiques de Florence. Ah! les jolis miroirs de toutes les grandeurs encadrés de fleurs, d’oiseaux, de papillons ayant leurs formes et leurs couleurs naturelles. Ah! les belles statuettes! Ah! les beaux vases de toutes les dimensions depuis dix centimètres de haut jusqu’à un mètre et plus; girandoles, candélabres, consoles même, tout cela en porcelaines et faïences artistement peintes. Certains de ces objets sont d’une délicatesse et d’une élégance exquises, mais d’une fragilité effrayante et ce qu’il y a de moins pratique à mon avis.

Les verroteries si charmantes à regarder sont de vrais nids à poussière; et quel ennui quand il faut nettoyer ces girandoles que le plumeau peut briser, ces consoles qu’un coup de balai peut fendre et que devant ces débris votre domestique vous réponde comme cette femme de chambre qui venait de casser un vase de prix: «Dame, c’est comme ça que ça s’use!».

Je n’achèterai pas davantage camées et coraux napolitains, ils sont toujours les mêmes et voilà longtemps qu’on en est rabattu. Comme bijou, c’est tout à fait vieux jeu.

J’achèterais plus volontiers une sculpture, les belles statuettes, les jolis groupes, les charmants enfants; comme ils sont gracieux et souriants, les formes sont peut-être un peu efféminées, les contours un peu mous, le ciseau qui les a taillés a sans doute au point de vue de l’art strict, plus de douceur que de force, mais qu’importe, ce qui me plaît me paraît toujours bien fait, et je ne suis pas la seule. Voilà un ravissant marmot qui a séduit bien des gens, je n’en veux pour preuve que le long ruban enroulé autour de son cou et qui porte le nom des cent cinquante-trois personnes qui jusqu’ici en ont demandé une reproduction.

On retrouve encore l’Italie dans les quatre maisons qui figurent à l’Histoire de l’Habitation, maison étrusque et maison pélasge qui servent de bars; la maison pompéienne qui vend des reproductions très fidèles des objets retrouvés à Pompéi, et enfin la maison Renaissance où l’on a établi un four et où l’on fabrique des perles et des verroteries de Venise. Pour cinquante centimes, chacun peut emporter un souvenir, ou l’objet fabriqué devant lui.

Dimanche 20 Octobre 1889.

Grand’messe à Ste-Clotilde.
La grande pantomime de Skobeleff et le lion cavalier

Vilaine journée grise et humide à rester chez soi, ou à s’enfermer ailleurs; à l’église le matin, au cirque l’après-midi, c’est ce que nous avons fait.

L’église Sainte-Clotilde est une construction toute moderne, dans le style ogival du XIVe siècle. La façade est très belle avec ses trois portails à frontons aigus et ses deux hautes tours. L’intérieur est des plus élégants: peintures, sculptures, riche maître-autel, stalles ornées de pierreries; tout cela est dû au ciseau, au burin, à la palette d’artistes en renom.

Les pompes du catholicisme sont toujours belles et touchantes, respect des choses saintes, dignité des officiants, chants suaves de la maîtrise, harmonie puissante et religieuse des orgues, tout cela vous arrache aux réalités de l’existence, et pendant cette heure bénie, l’âme toute rayonnante d’amour et d’espérance soulève sans effroi les voiles mystérieux de l’au-delà.

La grande pantomime de Skobeleff intéresse vivement par sa couleur locale, par le caractère altier de ces personnages en grand costume et dont l’ensemble est imposant. Skobeleff, ce guerrier des temps modernes est déjà un héros légendaire.

Tous les peuples ont des penchants romanesques et ne peuvent se représenter leurs favoris qu’à travers la légende qui est le prisme enchanteur de l’histoire.

Bien des envieux disaient que Skobeleff ne devait qu’à la protection sa carrière phénoménale: en dix-sept ans il était devenu, de simple porte-enseigne, général en chef.

Non, il le devait à sa bravoure et à ses qualités guerrières, aux circonstances qui l’ont toujours servi. Sans vouloir raconter son histoire, voici un épisode qui en est une nouvelle preuve.

Skobeleff a servi longtemps sous les ordres du général Kaufmann, le gouverneur général bien connu du Turkestan. Dans l’origine, il ne jouissait ni de son affection, ni de sa protection. A une expédition contre les Boukhares, Skobeleff commandait l’avant-garde. Il avait l’ordre de garder l’expectative jusqu’à l’approche des forces principales commandées par Kaufmann lui-même. Mais en se voyant en face d’un ennemi quinze fois plus fort que lui, et son petit détachement pouvant être facilement cerné par la cavalerie ennemie, Skobeleff ne put se conformer à ses instructions et se vit obligé, après une reconnaissance faite pendant la nuit, d’attaquer les Boukhares, qu’il mit en fuite après leur avoir fait subir des pertes énormes.

Le messager envoyé au général Kaufmann rapporta l’ordre de laisser le champ de bataille intact jusqu’à l’arrivée du commandant en chef. Celui-ci ne tarda pas à paraître. Il se rendit droit au champ de bataille et contrôla le rapport de son subordonné. Il ne lui fut pas difficile de constater la véracité absolue de celui-ci. Alors, en présence des troupes, il tendit la main à Skobeleff et lui dit: «Colonel, je ne vous ai jamais aimé, je ne vous aime pas et je ne vous aimerai jamais, mais vous êtes un brave et je vous utiliserai». Et Kaufmann tint parole.

Le lion cavalier est vraiment fort extraordinaire, et l’on se demande lequel admirer le plus: de ce lion en liberté qui galope sur un cheval ou du cheval qui se laisse monter par un lion. – Pour moi, la palme est à celui qu’on ne voit pas, c’est-à-dire au dompteur. Quelle dose de patience et d’habileté il a fallu pour arriver à un pareil résultat.

Un grand chien l’air tranquille et rassuré court à côté du cheval et gambade autour de la piste; tous trois, le chien, le cheval et le lion semblent les meilleurs amis du monde.

Les clowns sont très amusants, les équilibristes d’une force rare; l’un marche au plafond la tête en bas, un autre, en vélocipède, dévale à toute vitesse un escalier. On applaudit, mais le grand succès est celui du lion, le roi des animaux l’emporte aujourd’hui sur celui de la création.

Une séance de tableaux vivants termine dans un calme agréable ce spectacle parfois un peu trop émotionnant.

Lundi 21 Octobre 1889.

L’EXPOSITION
San-Marino. – Monaco. – La Serbie. – La Roumanie. – Grand-duché de Luxembourg

San-Marino

San-Marino, avec ses soixante-deux kilomètres de superficie et ses huit mille habitants, doit son origine à un tailleur de pierre dalmate nommé Marin; au VIe siècle, celui-ci se retira dans cet endroit désert et bâtit un petit ermitage pour prier et servir Dieu loin du monde. Sa réputation de sainteté appela bientôt, autour de lui, un grand nombre de fidèles et l’ermitage devint une ville. De tous temps l’indépendance des habitants a été respectée, sauf par César Borgia qui leur imposa un gouverneur et Alberoni qui envahit leur territoire en 1739. Il fallut céder à la force, mais leur soumission ne fut que passagère.

En 1797, Bonaparte leur offrit d’agrandir leur minuscule état; ils refusèrent, ne demandant qu’une chose, c’est qu’on les laissât tranquilles possesseurs de ce qu’ils avaient depuis quinze cents ans. Enclavés dans l’Italie, ils ont trouvé, jusqu’ici, le moyen d’éviter toute annexion. La république aristocratique (elle tient beaucoup à cet adjectif) de San-Marino a donc voulu, elle aussi, prendre part dans le bon combat de la paix et de l’industrie. Elle s’annonce par une façade monumentale ornée de son blason: d’azur aux trois monts de sinople supportant trois tours d’argent couronnées de panaches de même; des armes superbes, on en conviendra. Une ville qui se trouve bâtie à 738 mètres d’altitude peut bien mettre quelques monts dans ses armoiries. Son passé est représenté par des armes anciennes, des mosaïques du IIIe siècle et de vieilles tapisseries; le présent par une reproduction en relief de San-Marino et des environs – ce travail est très remarquable – et par une très belle cheminée sculptée. La sculpture est l’industrie nationale de San-Marino; il y a des familles entières où l’on manie le ciseau de père en fils depuis 1500 ans.

Parmi les produits du sol, les racines d’iris tiennent une grande place; c’est au mont Titan qu’on cueille en abondance ces racines odorantes qui parfument le linge d’une si douce senteur.

La principauté de Monaco peut marcher de pair avec la minuscule république de San-Marino quant à la grandeur de son territoire et au nombre de ses habitants.

Monaco, cette terre bénie qui garde un reflet du paradis terrestre, Monaco, cette perle de la Côte d’azur, au dire de ses admirateurs, Monaco s’est bâti un très élégant pavillon dans le style italien avec peintures extérieures blanches et rouges qui rayonnent au soleil, cet ensemble est des plus riants; des palmiers, des grenadiers, des orangers, des aloès, toute la flore du midi complètent l’illusion. L’intérieur offre des spécimens fort remarquables de poteries monégastes.

C’est aussi le palais des parfums, les fleurs les plus embaumées sont ici chez elles sous la forme d’essences délicates et de senteurs exquises; les poteries monégastes sont aussi très remarquables, mais le clou, c’est l’exposition particulière du prince héréditaire de Monaco. Le Prince Albert est un savant, c’est lui qui a su fixer la route parcourue par le gulf-stream, et un explorateur des plus distingués. Sa collection comprend des plantes sous-marines qu’il est allé lui-même cueillir dans l’abîme; des poissons extraordinaires, des crevettes d’un mètre de long par exemple, et enfin tous les engins qui ont servi à faire ses recherches au fond des mers. Les naturalistes doivent être ici dans leur élément.

La Serbie

La construction serbe est de style serbo-byzantin, le plus parfait, le marbre et les mosaïques lui donnent un aspect excessivement riche, mais ce qu’il y a de plus curieux et de tout à fait particulier, c’est que cette architecture, celle de l’ancienne Serbie ne se retrouve plus et que nous voyons ici ce qu’on ne pourrait voir dans le pays même, l’occupation turque ayant détruit jadis tous les beaux monuments de ce genre. La Serbie expose beaucoup d’étoffes, des tapis superbes et bon marché, des broderies genre turc et des objets en filigrane d’un cachet spécial.

La Serbie expose encore beaucoup de prunes sèches (elle en fait un grand commerce et les expédie jusqu’en Amérique), puis, à côté de ses prunes sèches et pour qu’elles ne s’arrêtent pas dans le gosier, des bières excellentes très appréciées dans toute la région du bas Danube.

La Roumanie, comme les autres pays en général, présente une construction gardant très fidèlement, dit-on, le type national.

On a tenu à reproduire le même caractère à l’intérieur. La façade, les portes, les pavillons latéraux, les vitrines même, sont copiés sur des motifs empruntés aux églises de la Roumanie. La plus grande de ces vitrines, celle du centre, est une reproduction du dôme de la fameuse cathédrale d’Ardgesch.

Comme dans tous les pays semi-orientaux, les broderies prennent une grande place. Ces broderies de toute beauté sont faites à la main par des ouvrières souvent mal outillées, sans modèle, n’ayant à leur disposition que des métiers fort défectueux.

Parmi ces broderies, il faut citer celles de Madame de Lucesco, qui lui ont pris sept années de travail; il est bon d’ajouter qu’elle a tout fait, même tissé l’étoffe sur laquelle elle a brodé.

Du reste, les tapis et les étoffes sont aussi des œuvres féminines qui défient le temps, ces étoffes-là sont d’une solidité à user plusieurs générations. Ceux qui les achètent n’en voient pas la fin, ce sont elles qui voient passer les familles.

Les costumes roumains qui sont semblables à ceux que portaient leurs ancêtres font très bon effet, c’est autrement joli pour les hommes et les femmes que la mode actuelle qui, chez nous, a étendu son monotone et égalitaire niveau sur presque toutes nos provinces. Le costume national a vécu en France et s’en est allé comme tant de bonnes choses… du bon vieux temps. Là-bas, il n’en est pas ainsi et la reine elle-même tient beaucoup à voir conserver dans ses états le costume national et si pittoresque de la Roumanie. La Roumanie expose encore des armes perfectionnées et des objets de céramique à côté d’un obélisque de sel, l’une des richesses du sol roumain. Il produit encore des bois magnifiques, et j’ai admiré une rondelle de noyer de deux mètres de diamètre.

Je termine par l’exposition de confiserie bien alléchante, j’en réponds, de Monsieur Capsa qui s’intitule élève de Boissier, c’est de la modestie, il aurait pu mettre émule. Voilà qui est très bien, cela prouve que les Roumains aiment la France.

Le chalet-restaurant roumain dans le prolongement de la rue du Caire est plein de couleur locale, c’est la vraie maison de campagne de ce pays-là, avec son pignon, sa tour et son toit saillant. On y entend des tziganes roumains, des vrais, beaucoup plus purs que les tziganes hongrois, un peu mélangés par les voyages. On est servi par des roumaines authentiques dans leurs costumes pittoresques et comme elles ne savent pas un mot de français, on voit bien qu’elles ne sont pas nées à Nanterre ou dans le faubourg de Montmartre. La cuisine est à l’avenant. On dit que la fleica, beefteak et les frigarui, filets de bœuf sont excellents ainsi que la tzuica, eau-de-vie de prunes et de tamaïosa, sorte de vin muscat. Il y a encore bien d’autres mets indigènes; c’est ici l’exotisme culinaire en pleine floraison. Nous terminons notre promenade à travers l’Europe par le Grand-Duché de Luxembourg qui est fort petit, ce qui ne l’empêche pas de tenir ferme son drapeau dans la voie du progrès: chartres anciennes, parchemins authentiques, médailles précieuses racontent l’histoire de son passé.

Des plans, des cartes, beaucoup de dessins modernes nous parlent de son présent et les nombreux échantillons de ses productions industrielles nous montrent les progrès accomplis depuis cent ans par ce vaillant petit pays qui pourrait prendre pour devise: En avant!

Mardi 22 Octobre 1889.

Entrées payantes ce jour à l’Exposition: 123.284
La Chine et le Japon. – La Perse.
Le Siam. – Le Maroc.
L’Egypte et la Rue du Caire

Nous avons parcouru l’Europe, visitons aujourd’hui quelques pays de l’Asie et de l’Afrique. Demain nous nous occuperons des possessions françaises. Après cela l’Amérique et l’Océanie auront leur tour.

Chine et Japon

Sauf le thé qui étale ses nombreuses espèces dans des sacs de différentes tailles, le pavillon du Céleste-Empire n’est encombré que d’objets artistiques: broderies étincelantes, vrais chefs-d’œuvre de souplesse et de moëlleux. Pour obtenir cette souplesse étonnante, le procédé est bien simple, ces belles soies sont battues longtemps avec de lourds marteaux avant d’être envoyées à la teinture. Puis viennent les sculptures sur ivoire d’une finesse exquise, les incrustations superbes de nacre et d’ivoire sur bois dur, sandal, ébène, etc., les peintures capricieuses et fantaisistes au suprême degré. Tous ces trésors sont accompagnés d’une armée de bibelots hors ligne comme originalité et exécution. Il n’y a que les Chinois pour réussir de semblables merveilles de patience et d’art. Quant à leur exposition de porcelaines, c’est un éblouissement.

Le Japon a fait les choses plus magnifiquement que la Chine. Il a dépensé six cent cinquante mille francs à s’organiser et il a envoyé en chiffre exact cinq cent quatre-vingt-seize exposants.

Tous les matériaux de ses constructions sont venus directement du Japon, ici ce n’est donc pas une imitation même parfaite, c’est la réalité: toitures, bois, pierres, portes, panneaux, cadres, laques, tout cela a été préparé dans le pays et mis en place par des ouvriers japonais. La porte d’entrée qui date du XVIme siècle, en bois sculpté, de Klyaki, est un chef-d’œuvre. Son exposition de porcelaines, de meubles incrustés, de cloisonnés, de bronzes incomparables est un rêve. C’est pour les yeux le régal suprême que viennent savourer les friands de japonisme quintessencié. Oui, tous ces vendeurs japonais et chinois sont bien authentiques, avec leurs robes à grands ramages, leur teint jaune, leurs yeux obliques et leur longue natte de cheveux qui pend comme un cordon de sonnette. On a une envie folle de tirer dessus quand ils ne répondent pas de suite à votre appel.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
11 августа 2017
Объем:
300 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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