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Читать книгу: «Voyages loin de ma chambre t.2», страница 18

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A l’Exposition. – Les Etats-Unis

Les Etats-Unis ont voté un million deux cent cinquante mille francs pour leur installation, c’est dire qu’elle est très complète et renferme quantité d’objets fort intéressants mais impossible à énumérer. Quinze cents exposants sont venus. J’ai beaucoup admiré les boutiques en bois de rose massif d’un bijoutier qui expose quantité de diamants entre autre un collier de deux millions.

J’ai encore remarqué ce qu’à New-York on appelle le vase centenaire. Ce vase en argent massif fort artistement travaillé est d’une hauteur de 1m28, il pèse 60 kilos et vaut 125000 francs.

Très curieux les bois pétrifiés du territoire de l’Avizola; il paraît qu’une forêt entière a été ainsi transformée. Ces bois aux reflets de jade sont uniques au monde.

A la section d’agriculture, j’ai remarqué le palais du maïs qui est bâti tout en maïs et dans lequel on vous offre du maïs préparé de toutes les façons.

Mais la suprême, mais l’éblouissante exposition des Américains dont ils sont fiers à juste titre est celle d’Edison.

Pendant une grande heure je me suis extasiée devant ces inventions extraordinaires illuminées le soir par vingt mille lampes électriques incandescentes; cela suffirait pour éclairer une grande ville. Les premiers jours de mon arrivée ici, j’avais entendu, dans je ne sais quel coin, deux phonographes qui ne m’avaient point enthousiasmée loin de là, j’avais posé comme tant d’autres mes oreilles contre les tubes pour écouter les paroles emmagasinées par la roue tournante couverte de lamelles de cuivre qui ont retenu les vibrations de la voix. La 1re fois j’avais entendu des sons très maigres, très lointains, quelque chose comme les airs que serinent les orgues de barbarie, la seconde fois, je n’avais entendu… que le silence, j’en suis bien fâchée pour moi et pour les phonographes qui ont parlé à toute la presse et dont toute la presse a parlé. C’était à me demander si je devenais sourde puisque tout le monde avant et après moi se félicitait sur ce qu’il venait d’entendre. Cette fois-ci cela a été bien différent; chez l’inventeur qui ne se sert que de ses instruments très perfectionnés, c’est merveilleux.

Le bâtiment Edison présente un aspect fort singulier, son exposition occupe à elle seule 675 mètres carrés. Dame! pour un inventeur qui se fait admirer dans le monde entier, ce n’est pas trop. Le buste du grand électricien apparaît à la fenêtre la plus éclairée de sa construction que domine le formidable feu à incandescence de son invention. Il faudrait avoir des connaissances très approfondies, très spéciales et qui ne sont point de la compétence féminine pour parler de cette exposition dont l’installation coûte 400.000 francs. Les Américains sont aussi forts pour la mécanique qu’ils sont faibles pour les arts.

On dit que M. Edison conserve les premiers bégaiements de sa fille Marguerite qu’il compte lui faire entendre à sa majorité. Cet emmagasinage des sons et des vibrations de la voix, cela ne tient-il pas du prodige! Edison est le magicien des temps modernes.

Voici sur Edison et sa famille des renseignements intéressants:

Les Edison sont originaires de Hollande, où ils étaient meuniers de père en fils, lorsque le dernier émigra en Amérique vers 1730.

La longévité est exceptionnelle dans la famille. L’arrière-grand-père du célèbre inventeur est mort à cent deux ans et son grand-père à cent trois.

Son père, qui vit encore et porte allègrement ses quatre-vingt-cinq ans, est d’une vigueur peu commune. Il a six pieds deux pouces.

Quant au fils qui étonne le monde par ses découvertes et ses inventions, qui, né dans une chaumière, habite aujourd’hui un palais, disons-le bien vite, c’est à son travail seul qu’il le doit; sa vie est un conte de fée.

Excellent époux, excellent père, excellent maître, il rend tout le monde heureux. Il mène une existence fort régulière, cependant il lui est arrivé de rester quelquefois, hanté par le génie de l’invention, 40, 50, 60 heures même de suite au travail sans boire, ni manger, ni parler à personne. En temps ordinaire, il se borne à surveiller ses ouvriers au nombre de 3000. Constamment entouré d’un état-major d’ingénieurs, Edison, avec leur aide, est arrivé à 600 découvertes et inventions. Il est du reste bien récompensé de ses travaux car il a su doubler sa gloire de 50 millions de fortune.

Tout captive, tout retient dans cette exposition unique et merveilleuse, soit qu’on monte ou qu’on descende l’échelle des âges et des êtres. Que de rayonnements partout, il est impossible de ne pas rapporter quelques étincelles de tant de lumières.

Quel triomphe que ces conquêtes pacifiques qui apportent le bien-être et la richesse aux peuples, n’est-ce pas la vraie gloire, celle qui crée et comme elle laisse loin derrière elle celle qui détruit: la gloire sanglante des champs de bataille, ce qui n’empêche que l’exposition de la guerre ne soit formidable. C’est au frontispice de cette galerie qu’on peut mettre: «Qui veut la paix, prépare la guerre.»

Espérons donc qu’avec cette préparation permanente de la guerre nous garderons toujours la paix et que dans 10 ans nous assisterons à une autre joute pacifique de l’univers. De nouveaux perfectionnements, de nouvelles découvertes viendront nous émerveiller encore. La science est insatiable. En Avant! c’est la devise du progrès. Oui cette nouvelle exposition deviendra alors le magnifique berceau du XXe siècle.

Mardi, 29 Octobre.

Journée pieusement employée à visiter les églises, je ne dirai pas toutes, car quoique Paris compte moitié moins d’églises et de chapelles que Rome qui en possède environ trois cents, ce serait une rude tâche s’il fallait toutes les voir le même jour. J’ai visité avec grand intérêt Saint-Sévérin, une des plus vieilles et des plus curieuses églises de Paris.

Comme date primitive de sa fondation, elle remonte à la fin du XIe siècle, mais elle fut réédifiée au XVIe et agrandie au XVIIe. Elle possède de beaux vitraux, de belles peintures et beaucoup d’inscriptions funéraires. C’est dans cette église que furent placées les premières orgues qu’on ait entendues à Paris.

L’église Saint-Germain-des-Prés a gardé le nom de l’ancien monastère dont elle dépendait et qui se trouvait situé au milieu de vastes prairies d’où son nom. Voilà donc tout ce qui reste de cette puissante abbaye, qui, plusieurs fois saccagée par les Normands et plusieurs fois reconstruite, avait été fondée sous Childebert. Le pinceau de Flandrin a concouru à l’embellissement de l’intérieur, les fresques et les vitraux du chœur sont de lui. Non loin de l’abbaye, se trouvait le fameux Pré-aux-Clercs, où tous les escholiers et basochiens de la vieille Lutèce allaient promener, s’ébaudir et deviser.

Saint-Germain-des-Prés et Saint-Germain l’Auxerrois sont certainement deux des plus anciennes églises de Paris, et la monographie qu’un journaliste de loisir – mais y en a-t-il? – en pourrait faire ne serait pas sans intérêt.

Saint-Germain l’Auxerrois, fondée par Chilpéric I, rappelle bien des souvenirs brillants, n’était-ce pas la paroisse royale où les grandes dames et les seigneurs de la cour se pressaient quand le roi de France habitait le Louvre et les Tuileries.

Saint-Gervais est une vieille église du XVe siècle, elle est de style ogivale, sauf le portail remarquable dans son genre mais qui détonne avec le reste. Elle a encore quelques beaux vitraux échappés au vandalisme de la Terreur qui en brisa la majeure partie. Les stalles du chœur, en bois sculpté, proviennent de Port-Royal-des-Champs, comme les chandeliers et la croix de bronze doré du maître-autel proviennent de l’ancien abbaye de Sainte-Geneviève. En 1795 Saint-Gervais fut concédé aux Théophilanthropes (amis de l’homme). Cette secte née des folies révolutionnaires et qui voulait fonder une nouvelle religion en fit le temple de la Jeunesse comme elle avait fait de Saint-Laurent le temple de la Vieillesse, de Saint-Eustache le temple de l’Agriculture, et de Saint-Roch le temple du Génie.

Devant sa façade existait encore au commencement du siècle, un vieil orme sous lequel on avait rendu la Justice, d’ailleurs c’était la coutume autrefois d’avoir à côté de l’entrée principale de l’Eglise un arbre de haute futaie autour duquel les fidèles se réunissaient en attendant l’office.

Madame de Sévigné s’est mariée en cette église; dans la chapelle de Scarron se trouvent aussi des souvenirs de Madame de Maintenon.

Saint-Eustache est une belle église demeurée plus d’un siècle en chantier. Ses souvenirs historiques ne sont pas gais. Plusieurs prêtres y furent massacrés lors de l’invasion des Pastoureaux. C’est là que se forma la confrérie des Bouchers qui sous Charles VI causa tant de frayeur dans Paris.

Saint-Roch est très riche en œuvres d’art. Cette église garda longtemps sur la façade les traces de la mitraille et des balles que Bonaparte le 13 vendémiaire, à la tête d’un bataillon de volontaires lança sur les sections insurgées qui se dirigeaient contre la Convention.

La Trinité est une superbe église toute neuve, toute jeune, elle a à peine trente ans. On pourrait l’appeler la paroisse du beau monde. Les élégantes en remplissent la nef, pieusement accoudées sur leur prie-Dieu de velours.

Le square qui la précède avec sa fontaine monumentale, ses perrons à balustre, sa façade surchargée d’ornements, style renaissance lui donnent grand air, c’est un beau monument moderne.

Notre-Dame-des-Victoires est une des églises les plus fréquentées de Paris, ce qui prouve combien la dévotion à la Mère de Dieu est répandue dans toutes les classes. Louis XIII en posa la première pierre, en 1629 et l’appela Notre-Dame-des-Victoires, en souvenir des succès remportés par les catholiques sur les hérétiques.

Cette église servit de Bourse pendant la Révolution et fut rendue au culte en 1809. Les boiseries du chœur sont remarquables et le nombre des ex-voto de tous genres est infini. La province y a une large part. Ces témoignages de reconnaissance et d’amour symbolisent bien des grâces reçues et prouvent que la Vierge Mère comme son divin Fils aime les Francs.

Notre-Dame-des-Victoires est une des églises qui possèdent encore le plus de reliques; avant 1871, elle en avait un nombre considérable.

Malheureusement, la Commune visita l’église et enleva pour ainsi dire tous les reliquaires qui étaient en or et chargés de pierres précieuses.

On vit disparaître aussi la couronne donnée en 1853 par Pie IX à la Sainte-Vierge et qui ne valait pas moins de soixante-dix mille francs.

On a pu réunir cependant un grand nombre d’ossements qui sont renfermés dans quatre grands reliquaires et placés au chœur et à l’autel de la Vierge.

Quelques reliques sauvées avec leurs reliquaires sont placées sur l’autel de saint Augustin.

Saint Merri est l’aînée des églises de Paris; elle remonte au VIIIe siècle. Il y existe une crypte à l’endroit où se trouvait le tombeau de saint Médéric son patron. Les magnifiques vitraux qui l’ornaient jadis ont été enlevés, mais elle est encore très ornée de superbes peintures.

Saint-Thomas d’Aquin renferme de très belles peintures, Notre-Dame de Lorette rappelle le style d’une basilique romaine. L’extérieur est donc sévère et froid, mais l’intérieur rend bien la physionomie de ce quartier mondain.

L’église Saint-Etienne du Mont est très ancienne, elle doit son nom à sa situation sur la montagne Sainte-Geneviève. Son style se ressent un peu de la lenteur de sa construction et des remaniements apportés par ses différents architectes. On en rapporte quand même un bon souvenir: l’extérieur est assez beau et l’intérieur tout à fait superbe, tableaux et vitraux sont remarquables, mais ce qui l’est peut-être davantage parce que cela se voit plus rarement, c’est le jubé ainsi que deux escaliers qui s’enroulent autour des piliers et conduisent à la plate-forme. Ses clefs de voûtes le sont également ainsi que la magnifique galerie qui unit les piliers et fait le tour de la nef et du chœur.

Saint-Etienne du Mont est contiguë à l’ancienne abbaye de Sainte-Geneviève, dont il ne nous reste qu’une tour, la tour de Clovis, attenant au lycée Henri IV. La chaire est un chef-d’œuvre de sculpture sur bois. Ici reposent le Raphaël français Le Sueur, le profond philosophe Pascal, le célèbre poète Racine, le savant écrivain Le Maistre de Sacy. L’archevêque Mgr Sibour y fut assassiné le 3 janvier 1857.

Voilà donc les églises que j’ai le plus remarquées et que j’énumère sans ordre comme elles se présentent à ma mémoire, j’en ai visité d’autres mais qui m’ont moins frappée.

En sortant de Saint-Eustache, je suis entrée aux Halles centrales, où j’ai trouvé là un nouveau spectacle; foule compacte comme partout, mais un tout autre monde. Quel amoncellement de victuailles! Guirlandes de bœufs entiers, étalages de poulets dodus, montagnes de beurre et d’œufs, pyramides de légumes, colonnes de fruits, réservoirs remplis de poissons vivants et frétillants, etc., etc., et dire que toutes ces provisions se renouvellent chaque jour; quel gouffre que Paris, quels ogres que ses habitants.

Mercredi 30 Octobre 1889.

Dernière journée à l’Exposition

Avant de m’y rendre j’ai voulu revoir les deux magasins du Louvre et du Bon Marché. J’y ai entendu le cri de guerre deux sur dix, c’est-à-dire les deux yeux des inspecteurs fixés sur les dix doigts des acheteurs qui sont parfois des voleurs. Ce mot 2 sur 10 est le: «Sentinelle prenez garde à vous.» Je ne l’avais point entendu et ça m’a beaucoup étonnée. Ensuite je me suis rendue à l’Exposition.

J’ai voulu revoir une dernière fois ce spectacle unique, cet ensemble grandiose et saisissant, encore plein de vie et de mouvement aujourd’hui et qui bientôt ne sera plus qu’un souvenir.

Je tenais à passer une dernière journée à l’exposition. Les nuages remplissaient le ciel de mélancolie, c’était vraiment un ciel couleur d’adieux, et cependant elle est toujours splendide cette Exposition, elle mourra debout!

Je suis allée revoir encore une fois tout ce que je trouvais de plus beau, donner un dernier coup d’œil, un dernier sourire à ces monuments d’un jour, à ces demeures éphémères, à ces palais, à ces pavillons cosmopolites qui ont coûté tant de millions et dont la durée aura été si courte.

J’ai parcouru les boutiques, je me suis arrêtée devant les parades, les affiches de théâtre et les clowns appelant à grands coups de tam-tam et de quelques autres instruments aussi harmonieux, les spectateurs à la danse du ventre, aux pantomimes d’almées plus ou moins authentiques.

J’ai revu les Odalisques et les Bayadères aux robes éclatantes, le cou enguirlandé de sequins ayant des castagnettes d’argent aux doigts et des grelots sonores aux chevilles, des bracelets depuis le poignet jusqu’au coude prenant les yeux mi-clos, les bras étendus, les poses les plus langoureuses.

J’ai revu avec plaisir les danses typiques des gitanos et des gitanas, les pirouettes cadensées et interminables des vertigineux derviches tourneurs, le charmeur de serpent, la danse guerrière des nègres du Kordofan.

J’ai encore croisé des gens de toutes couleurs, sans parler des Européens blancs et roses, j’ai revu des visages jaunes, marrons, bruns clair, bruns foncé et noirs.

En passant devant le panorama de la Compagnie Transatlantique je ne me suis pas laissée tenter plus que les autres fois, quoi qu’on dise que l’illusion est complète. On se croirait dit-on au milieu des flots de la haute mer. J’ai visité sur nos côtes bretonnes à Brest, à Lorient et à Saint-Nazaire de trop beaux navires pour chercher à revoir leur pâle reproduction. La réalité vaut toujours mieux que son image. Par exemple j’ai traversé avec intérêt la salle consacrée à la manufacture nationale des tabacs et j’invite tous les chiqueurs, priseurs et fumeurs à se donner rendez-vous ici.

Avant 1870, dix-huit départements avaient le droit de cultiver le tabac; depuis la guerre, cette autorisation a été étendue à 22 départements qui emploient 17000 hectares à cette culture. La production du tabac est un travail qui ne se fait pas tout seul et qui oblige ceux qui s’en chargent à beaucoup de soins et de formalités, mais le bénéfice est rénumérateur, environ mille francs par hectare.

J’ai regardé un instant la fabrication des cigarettes, j’ai suivi les opérations multiples qu’elles subissent avant de passer aux lèvres des consommateurs.

Il en est des cigarettes comme de bien des choses, des épingles, des aiguilles que l’on considère comme des riens, sans penser au temps qu’elles ont pris au travail qu’elles ont exigé.

J’ai salué sans un sentiment de tristesse le palais du Trocadéro, celui-là ne sera pas détruit, il restera toujours au milieu de ses parterres ravissants où les fleurs se montrent dans un délicieux chatoiement de couleurs, il est acquis aux grandes auditions musicales. Et depuis six mois, il a vu aussi une floraison complète de congrès permanents, congrès géodésique, congrès de l’hypnotisme, du magnétisme humain appliqué à la guérison des maladies, congrès des chemins de fer, de physiologie, etc., etc.

L’exposition a merveilleusement réussi, pas d’orage politique, et bon état sanitaire malgré cette immense agglomération d’individus accourus de tous les pays. Il est venu 5 millions de provinciaux dans les hôtels, sans compter les personnes descendues chez les amis et les parents. En estimant à 100 francs en moyenne l’argent dépensé par chaque individu on arrive au chiffre énorme de 500 millions, jetés par les départements à la capitale. Il est venu également plus d’un million et demi d’étrangers à 500 francs seulement par personne, cela fait 770 millions de francs, ce qui représente comme dépenses faites à Paris pendant l’Exposition le chiffre formidable de 1 milliard 250 millions chiffres ronds.

Les Anglais et les Américains qui apprécient fort le bien-être matériel, le talent culinaire et qui ont comme nous l’avons dit le culte du dieu Boyau, ont fait grandement les choses, on estime que les Américains du Nord et du Sud ont dépensé plus de 300 millions pendant leur séjour à Paris.

Il n’y a pas à dire le grand soleil de la civilisation a rayonné tout particulièrement sur Paris cette année, ce succès, cette exposition sans rivale nous vaudra sans doute encore quelques jalousies, quelques rancunes, mais c’est égal l’orgueil national est satisfait et je suis ravie de mon voyage.

J’ai vu Paris, j’ai été éblouie de ses pompes, j’ai admiré ses œuvres, mais cela ne m’a pas déprovincialisée.

N’est-ce pas d’ailleurs au milieu des plus grandes foules que le sentiment de l’isolement se fait le plus sentir et qu’on éprouve le besoin de revenir à son chez soi. Je regagne mon home champêtre, vraiment fière d’être Française!

Jeudi 31 au matin. Jour du départ.

J’ai donc dit hier un dernier adieu à cette ville unique. l’Exposition où toutes les nations en grandes dames qu’elles sont, accourues avec empressement, se sont présentées dans tout l’éclat de leur beauté et de leur splendeur, entourées de tout ce qu’elles ont de meilleur et de plus admirable. J’ai dit avec regret un dernier adieu à toutes ces merveilles qui bientôt vont disparaître.

La pioche du démolisseur a déjà commencé son œuvre; le sol va se couvrir de débris informes et cet ensemble inoubliable ne présentera plus que l’image du chaos. Tout passe, tout croule, tout fuit.

C’est la loi ici-bas, même pour les meilleures et les plus belles choses: L’histoire est là pour nous raconter le lamentable sort des plus grandes cités et des plus beaux monuments de l’antiquité. Le temps en a fait des ruines.

Ma cousine voulait me garder encore: «Reste, m’a-t-elle dit, reste pour la Toussaint et pour la fête des Trépassés, tu verras quel culte, quel respect les Parisiens professent pour les morts. Nous irons voir le cimetière du Père Lachaise, cette nécropole incomparable où pendant deux jours, le 1er et le 2 novembre une foule considérable dans le silence et le recueillement apporte aux chers disparus, à ceux qui sont déjà rendus au port, un tribut de fleurs et de larmes, de regrets et de prières.»

– Je te remercie, mais je refuse.

– Tu as tort, tu verrais une ville d’une superficie de plus de 40 hectares toute bâtie de stèles, de colonnes, de monuments splendides, toute remplie de souvenirs historiques, puisque là reposent tant de célébrités.

– C’est ça! une ville des morts à faire envie aux vivants.

– Tu l’as dit, c’est presque un cimetière gai… aucun aspect sombre, le trépas se voile sous les feuillages les plus charmants, les fleurs les plus parfumées.

– Grand merci quand même, non, non, ai-je répondu, je ne veux pas entendre tinter un lugubre glas sur les dernières heures d’un séjour enchanté; j’emporte un souvenir sans nuage de cette joyeuse étape, elle restera comme un oasis délicieux rencontré sur les grandes routes poudreuses de la vie où nous marchons tous si péniblement, j’emporte un souvenir sans nuage de ce rêve vécu, de ce rêve idéal qui a déployé ses ailes dans une lumineuse et sereine beauté; la malice des choses qui vous agace parfois avec ténacité a fait trêve, je n’ai éprouvé aucun ennui, aucune inquiétude: santé parfaite, temps superbe, réalisation momentanée de tous mes désirs, mais l’existence ne peut pas s’écouler sous le sceptre du plaisir, les vacances ne peuvent pas durer toujours, je dois partir, la famille et le devoir me rappellent au pays.

Au revoir et merci, merci de ton affectueuse et cordiale hospitalité et au revoir; l’an prochain, tu viendras me rendre ma visite et passer avec nous l’été à la campagne.

FIN
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
11 августа 2017
Объем:
300 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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