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Читать книгу: «Voyages loin de ma chambre t.2», страница 11

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La France

Hier, c’était le triomphe du bois et des étoffes, des bijoux et des dentelles, du cristal et du verre, des fleurs et des joujoux, aujourd’hui c’est le triomphe du fer, du bronze et du cuivre maniés par des ouvriers d’une habileté rare. Je ne puis me lasser de regarder l’autel en cuivre doré de onze mètres cinquante de haut sur six mètres de large, du style gothique le plus pur, commandé pour l’église Saint-Ouen de Rouen. Voilà des groupes et des statues admirablement coulés, voici des pendules, des urnes, des lampes gigantesques, celle-ci est une copie très exacte de la tour Eiffel et comme modèle de lampe c’est tout-à-fait réussi, mes compliments à l’auteur de l’idée.

La fonte paraît à son tour et fait une rude concurrence au bronze, en imitant ses plus beaux sujets artistiques en les rendant accessibles à toutes les bourses. Le domaine du cuivre est non moins étourdissant depuis l’humble bougeoir, la pelle, le landier, en remontant toute la gamme des ustensiles de ménage, jusqu’aux foyers des locomotives. Au dire des connaisseurs, les lamineurs et les fondeurs ont fait de véritables tours de force. Du reste, le matériel des chemins de fer est tout simplement prodigieux. Cette locomotive est admirable, aussi perfectionnée que possible il me semble et déjà l’on parle de la remplacer par la locomotive électrique! L’humanité est insatiable!

Les cyclopes tant vantés ne seraient ici que des pygmées et comme ils admireraient l’exploitation actuelle des mines représentées avec toutes les apparences de la vérité! Appareils à monter et descendre, machines d’extraction, de ventilation, wagonnets, cages, biennes, puits dont on voit l’orifice béant. Dans la réalité, certains de ces puits de mine atteignent un demi-kilomètre de profondeur et dire qu’il y a des gens effrayés de monter tout en haut de la tour Eiffel! Dans l’air, la lumière, le ciel bleu! Que serait-ce donc si on les invitait à descendre au milieu des ténèbres, à cinq cent trente mètres dans les entrailles noires de la terre!..

Anzin expose les modèles de ses habitations, à cent ans de distance. Les baraques de 1789, sont devenues en 1889 d’élégants pavillons. Entre ce chaume et ces briques, il y a un siècle d’efforts constants et de progrès soutenus.

Le Creusot, l’une de nos gloires industrielles, est la plus considérable de nos usines françaises.

En 1837, le Creusot n’était qu’un établissement de peu d’importance; aujourd’hui c’est une ville métallurgique de vingt mille âmes, ne laissant rien à désirer au point de vue du bien-être de ses habitants. C’est le modèle par excellence des cités ouvrières, qu’on en juge.

Non seulement le salaire des ouvriers n’est pas inférieur au salaire que l’on donne dans les autres établissements industriels, mais de plus ils ont droit, par exemple, à la «chauffe», c’est-à-dire à la fourniture gratuite du charbon pour leur usage personnel. Les frais médicaux et pharmaceutiques leur sont assurés gratuitement.

Tout ouvrier malade ou blessé perçoit un tiers de son salaire pendant son chômage; de même quand il accomplit une période militaire de vingt-huit ou de treize jours il touche le tiers du prix de sa journée. Une somme de soixante francs par an et par enfant est allouée aux pères de famille qui ont plus de cinq enfants.

L’administration verse, sans aucune retenue sur les salaires, un tant pour cent à une caisse de retraite créée par Monsieur Schneider. D’ailleurs, les fondateurs du Creusot ont multiplié autour de leurs ouvriers les œuvres d’assistance et de bienfaisance.

Au Creusot, il existe plusieurs écoles primaires, une école professionnelle et un hôpital entretenus aux frais de Monsieur Schneider. Les ouvriers bien notés peuvent habiter dans les confortables cités et cela moyennant un modique loyer qui ne dépasse pas huit francs par mois. Chaque logement est composé de trois, quatre ou cinq pièces avec un petit jardin. De plus, Monsieur Schneider a encouragé, facilité le développement des Sociétés coopératives qui fournissent, presque aux prix coûtants, aux ouvriers, les aliments, vêtements et objets de ménage dont ils ont besoin.

On calcule que les œuvres instituées par ce philanthrope et richissime propriétaire, dépassent annuellement la somme de deux millions. Les services de retraites et de secours atteignent la somme d’environ sept cent mille francs, les allocations aux réservistes et aux pères de famille ayant plus de cinq enfants se montent à près de huit cent mille francs.

L’horlogerie nous accueille plus bruyamment. Elle sonne sans cesse, dans tous les tons, mêlant à des voix claires et vibrantes le chant monotone du coucou et le trille enchanteur du rossignol. On peut ici étudier tous les systèmes depuis le modeste réveil-matin jusqu’aux carillons les plus célèbres, depuis la simple cloche que manie le choriste jusqu’au gros bourdon qui ébranle les cathédrales.

Ce n’est pas sans fierté que nous voyons figurer le génie français civil et militaire.

Voilà des spécimens de tous les matériaux de construction. Les pierres, le bois, le fer, le plomb, les chaux, les mortiers, les ciments, les briques, les tuiles, les carreaux, les ardoises, les cartons bitumés pour toiture, etc., etc. A l’aide de ces matériaux nous voyons l’ingénieur qui conçoit et l’ouvrier qui exécute, accomplir de nos jours sans hésitation, sans tâtonnement, les travaux les plus gigantesques dans la mer comme sur la terre.

Le génie militaire se présente avec son contingent de produits effrayants, formidables. Dans ce pavillon ou plutôt ce Palais de la Guerre on marche si serrés les uns contre les autres qu’une épingle ne tomberait pas à terre, comme on dit vulgairement.

Les pièces d’artillerie sont, paraît-il, très remarquables, pour moi, la vue de toutes ces choses effrayantes m’a donné le frisson. On ne pourra plus résister à de tels engins. A force de trouver de pareilles machines à tueries on n’osera plus s’en servir. C’est ma consolation en voyant cet amoncellement de canons, d’obus, de projectiles de toutes sortes qui vomissent avec le fer et le feu, la mort!

Nous quittons le côté de la destruction pour entrer dans celui de la réparation, le service des ambulances si parfaitement organisé. Auprès des choses de première nécessité, que d’objets ingénieux pour soigner délicatement les malades, les blessés, les soulager d’abord et ensuite les guérir. Cependant, le cœur ne se détend pas encore, il évoque la vision des souffrances qui tortureront tant de malheureux, il voit les membres brisés, les opérations douloureuses, les fièvres terribles, il entend les plaintes désespérées, le râle des mourants…

J’aime à croire qu’il y avait plus de patriotisme que de curiosité dans cette foule nombreuse inspectant les provisions de guerre de la France. Elle venait puiser confiance et foi… dans ses armements puissants de terre et de mer. Cette force dans la paix, c’est la sécurité de l’avenir. Du reste, aucun peuple ne songe à la guerre en ce moment, mais dans trois ou quatre ans, ce sera peut-être différent.

Le traité de commerce de Francfort, imposé pour vingt ans, par un ennemi qui nous guette comme le chat guette la souris, ce traité qui nous ruine prendra fin. Nous ne voudrons pas le renouveler, et qu’adviendra-t-il alors?

Le Palais de la Guerre contient aussi d’immenses cartes en relief fort remarquables et qui font parfaitement comprendre la topographie de la France et de ses colonies.

Dimanche, 6 Octobre 1889.

Cent cinquante-quatrième journée et vingt-deuxième dimanche de l’Exposition. – Grand’Messe à Notre-Dame. – Promenade au Bois de Boulogne

Notre-Dame est la reine des églises de Paris, qui compte soixante-sept églises paroissiales et un nombre infini de chapelles.

Avant la réalisation du projet de Maurice de Sully, deux églises, Saint-Etienne et Sainte-Marie, couvraient à peu près l’emplacement de la cathédrale actuelle. Notre-Dame fut commencée en 1163 et terminée sous Philippe-Auguste en 1223. Mais le monument de Maurice de Sully subit depuis de sensibles modifications. Il reste un chef-d’œuvre de l’architecture gothique du XIIIe siècle, et excite l’enthousiasme de tous les connaisseurs. Notre-Dame a été le théâtre de plusieurs évènements historiques.

Philippe de Valois, après la victoire de Cassel y entra à cheval entouré de ses barons. Raymond VII y vint nu-pieds, en chemise abjurer son hérésie. Henri VI, roi d’Angleterre, y fut couronné roi de France en 1431. Cinq ans plus tard on y célébrait par un Te Deum solennel le départ des Anglais. Pendant la domination des Seize, sous la ligue, Notre-Dame servit de caserne aux troupes fidèles. Au siècle dernier la déesse Raison y fut célébrée. Les Théophilanthropes y prêchèrent. Notre-Dame fut rendue au culte en 1802, Napoléon s’y fit sacrer en 1804. Autour de Notre-Dame restèrent longtemps groupées plusieurs petites églises qui en dépendaient: St-Jean-le-Rond, la chapelle de l’Hôtel-Dieu, Saint-Denis-du-Pas, Sainte-Geneviève-des-Ardents. Plus loin se trouvait le Cloître, réunion de petites maisons avec jardins, habitées par les chanoines du Chapitre.

Le Palais de l’archevêché, démoli en 1838, était contigu à la cathédrale. Jadis on voyait sur la Place du Parvis, devant le portail principal, une échelle patibulaire, marque de la haute justice de l’évêque. En 1767 cette échelle fut remplacée par un carcan, qui lui-même disparut en 1792. C’est de ce poteau que partaient les distances itinéraires de la France.

Notre-Dame, bâtie sur pilotis, a cent trente-trois mètres de long et quarante-huit de large. La nef principale mesure trente-cinq mètres de haut et les tours soixante-six mètres.

Autrefois on y entrait par un perron de treize marches, ce qui lui donnait un aspect plus imposant; il a disparu à la suite de remblais faits pour la préserver d’inondations. La façade, avec son admirable rosace de quinze mètres de diamètre, ses galeries ogivales, ses trois grandes portes merveilleusement fouillées, ses vingt-huit niches contenant les statues de nos rois, depuis Childebert jusqu’à Philippe-Auguste (ces statues sont modernes les anciennes ayant été brisées en 1793), est du plus grand effet. Trois cent soixante-huit marches conduisent à la plate-forme des tours. C’est dans la tour sud que se trouve le gros bourdon. Sa grande voix domine tout Paris. La couverture est en plomb ainsi que la flèche de quarante-cinq mètres de hauteur.

L’intérieur est aussi grandiose; ce vaste temple contient outre les trois nefs, deux cent quatre-vingt-dix-sept colonnes et soixante-dix-huit stalles en chêne sculpté; la lumière qui l’éclaire est tamisée par cent treize vitraux peints. Plusieurs évêques et archevêques dorment à l’ombre de cette magnifique cathédrale, construite par la piété à la gloire du christianisme et où s’identifient en même temps l’art français et la foi chrétienne. Voici les tombeaux des Archevêques Affre, Sibour, Darboy, de Quéleu, des cardinaux Morlot du Belloy, de Noailles, de Beaumont, du marquis de Juigné et du maréchal de Guébriant. On remarque aussi les statues de Louis XIII et de Louis XIV et des plaques de marbre noir où sont inscrits les noms des otages fusillés sous la Commune.

L’orgue est d’une incomparable puissance, il comprend quatre-vingt-six jeux et six mille tuyaux. Quelle belle musique, comme elle élève l’âme!.. Si j’habitais Paris, j’irais tous les dimanches entendre la grand’messe à Notre-Dame. Tout était fini et je croyais encore que la cérémonie venait à peine de commencer. Ah! je ne m’attirerais pas la réponse de cet évêque à une élégante qui se plaignait de la longueur de la messe.

– Ce n’est pas la messe, madame, répondit finement le prélat, qui est trop longue, c’est votre dévotion qui est trop courte.

Je n’ai pu visiter le Trésor ouvert toute la semaine excepté le dimanche.

En sortant, j’ai donné un coup d’œil au réseau des petites rues désertes, noires, silencieuses, étroites, qui serpentent autour de Notre-Dame et semblent dormir du sommeil profond des nécropoles. Je suis dans la Lutèce d’autrefois et la rue Massillon me semble aux antipodes des rues enfiévrées du Paris moderne.

Nous avons hésité entre l’Exposition et le Bois de Boulogne, mais il faisait si beau que nous avons choisi ce dernier et bien nous en a pris. La foule a paraît-il été effrayante à l’Exposition. Ce vingt-deuxième dimanche a été une des plus belles journées qu’on ait vue depuis son ouverture.

Dès midi une foule compacte a commencé à affluer dans toutes les parties de l’Exposition. A une heure et demie une queue interminable se pressait à la porte des affaires étrangères; il est vrai que la direction des finances, dont les chefs n’ont sans doute jamais mis les pieds dans cette partie de l’Exposition, avait encore une fois jugé à propos de n’ouvrir que trois guichets sur six.

A trois heures, les deux passerelles qui joignent le pont d’Iéna au Trocadéro se sont trouvées encombrées comme elles ne l’avaient jamais été; du côté du Trocadéro, plus de deux mille personnes attendaient leur tour pour passer.

A partir de ce moment jusqu’à six heures, les visiteurs se sont portés en si grand nombre vers les galeries de l’alimentation, à l’extrémité de l’avenue de La Bourdonnais, qu’il était impossible de voir le moindre vide dans la foule; plusieurs dames se sont trouvées mal. Les entrées ont atteint le chiffre incroyable de trois cent trente-cinq mille neuf cent six personnes, le temps marche, on sait qu’on n’a plus que quelques jours à jouir de ce spectacle unique: et on se hâte… on peut donc dire qu’en ce moment, l’Exposition est le salon de l’univers!

Nous avons pris une voiture pour aller au Bois de Boulogne, mais nous n’avons pu suivre le proverbe qui dit: Si vous voulez aller vite, prenez un cocher jeune. Nous n’avions pas le choix. Trouver en tous temps et particulièrement en temps d’Exposition, un bon cocher, complaisant et poli, c’est trouver l’oiseau rare, le merle blanc, comme on disait jadis. Notre cocher était vieux, fatigué, et son cheval le paraissait encore davantage; nous avons admiré à l’aise les beaux sites du Bois de Boulogne, cela nous a dépensé plus de temps et d’argent, je ne le regrette pas. Nous avons traversé la belle place de la Concorde, remonté les Champs-Elysées, qui justifient leur nom, salué l’Arc de Triomphe de l’Etoile, élevé à la gloire de l’armée française, et fait notre entrée au Bois de Boulogne par le Ranelagh ou la Muette, qui n’est à proprement parler, qu’une immense pelouse entourée d’allées ombreuses et ornée de statues. C’est un fort beau vestibule que le Bois de Boulogne s’est donné là. Cette entrée a grand air et prépare agréablement à toutes les beautés qu’il renferme. Le Bois de Boulogne a été dessiné en pleine forêt de Rouvray (rouvre-chêne). Sa contenance est d’environ huit cent cinquante hectares.

Le nom de Boulogne lui vient d’une église construite en 1319 au Menu Saint-Cloud, à l’imitation d’une église renommée de Boulogne-sur-Mer. Paysages enchanteurs, grands lacs et petites îles, cascades bondissantes et ruisselets langoureux, kiosques et châlets, cafés et restaurants, larges avenues et sentiers solitaires, grands arbres de haute futaie et massifs d’arbustes, en un mot promenade ravissante. Voilà ce qu’on va chercher au Bois de Boulogne et ce que nous avons trouvé.

Le château de Bagatelle, bâti en 1773, est un pur bijou style Louis XVI, enclavé dans le Bois de Boulogne.

On rapporte qu’il fut bâti en trente jours par le Comte d’Artois, (il avait donc une baguette de fées), pour répondre à un désir de Marie-Antoinette, d’avoir un pied à terre entre Paris et Versailles; il aurait coûté six cent mille louis, c’est-à-dire douze millions. En ce temps-là, le jardin de Bagatelle était public. Sous la Révolution on y donna des fêtes champêtres. Napoléon et Joséphine s’y arrêtaient souvent. Le duc de Bordeaux l’habita avant 1830. A cette époque le gouvernement le vendit à un Anglais, lord Wallace, qui refusa plus tard de le céder à l’Impératrice pour le prince Impérial; lord Wallace en fit un musée; il fut question après sa mort de le lotir; de là l’idée de l’acheter et d’y faire l’Auberge des Rois, car Saint-Cloud et les Tuileries sont en cendres et le Palais d’Orsay est nécessaire au ministre des Affaires étrangères.

A noter encore le pré Catelan, les ruines pittoresques du château de Madrid et le Moulin de Longchamp. Le pré Catelan est un éden, le plus délicieux jardin qu’on puisse rêver. Son nom lui vient du troubadour Alfred Catelan, qui fut tué là. Non loin se trouve un obélisque élevé à sa mémoire.

Le château de Madrid fut bâti par François Ier et démoli par Louis XIV. Le Moulin de Longchamps qui évoque tant de souvenirs mérite une mention particulière. Il est le seul vestige qui rappelle maintenant la fameuse abbaye de Longchamps fondée par Isabelle de France, sœur de Louis IX, et dotée par celui-ci de quarante arpents dans la forêt de Rouvray. Le Mont Valérien en formait un calvaire naturel et vénéré. L’abbaye fut d’abord l’objet de pieux pèlerinages. Elle devint surtout célèbre par les concerts spirituels qui s’y donnaient le Mercredi, le Jeudi et le Vendredi-Saints. Tout le Paris élégant s’y retrouvait, et voilà l’origine du rendez-vous annuel des Parisiens et surtout des Parisiennes qui s’en vont encore, les trois jours saints, se promener aux Champs-Elysées et sur la route de Longchamp. Il ne s’agit plus d’un pèlerinage pieux, c’est maintenant un pèlerinage mondain, un concours de mode, où les élégantes du hight-life, et les lanceuses de magasins, vont donner le ton et exhiber les nouvelles toilettes de printemps dont la vogue durera… une saison.

Lundi, 7 Octobre 1889.

Exposition. – Palais des produits alimentaires
Exposition de l’agriculture

Que dire du Palais alimentaire? Qu’il est vraiment «le temple du Dieu Boyau» et que Gargantua lui-même en resterait stupéfait.

Pyramides de Liebig dans leurs pots de grès, de conserves dans leur boîtes métalliques, montagnes de jambons, colonnes remplies de pâtes variées, meules de fromages, gâteaux secs, flots de dragées et de fondants, torrents de fruits confits, avalanches de confitures, bibliothèque de bouteilles de vin, etc., etc. Ah! quel consommateur que l’homme et quelle est sa puissance d’assimilation, de pouvoir ainsi absorber une si grande variété d’aliments.

Voilà les nouveaux appareils qui torréfient le café et les puissantes machines qui broient le chocolat. La boulangerie est fort instructive. C’est là qu’il faut aller pour se rendre compte du travail qu’a coûté la bouchée de pain qu’on mange ou qu’on émiette si inconsciemment. On voit toutes les fillières par lesquelles elle passe avant d’arriver aux lèvres des consommateurs. Ces détails sont pleins d’intérêt. Ici se tiennent rangés en bataille les fûts et les foudres, les barriques et les tonneaux.

Quel colosse que celui d’Epernay, d’une contenance de quinze mille hectolitres, amené à grand peine sur un chariot traîné par vingt-quatre bœufs, avant de le remplir de champagne. C’est un monument, on en ferait une jolie maison, du reste, on a inauguré ce tonneau titanesque par un festin où dix-huit convives se trouvaient fort à l’aise.

L’exposition des vins et spiritueux est joliment affriolante pour les gourmets. Les bouteilles se présentent groupées de cent manières et décrivent les plus jolies figures géométriques. La salle de dégustation, faite pour titiller le palais des amateurs, ne désemplit pas. Elle est sans cesse prise d’assaut, c’est un nouveau siège, le siège des buveurs.

Un monument «obéliscal, catapultueux, hypnotisant» est le monument en tablettes de chocolat, qu’expose la maison Menier. Ce bloc immense qui atteint presque la hauteur du Palais, ne représente que la fabrication d’un jour! soit deux cent cinquante mille tablettes pesant cinquante mille kilos, d’une valeur de deux cent mille francs. Une façade décorative donne l’idée de l’usine célèbre de Noisiel. Derrière cette façade, des machines travaillent et à l’arrière des machines, un diorama reproduit en grandeur naturelle, un des ateliers de broyage. Cette vue fait illusion.

M. Menier possède une plantation considérable de cacao, au Nicaragua, avec une flotte spéciale pour les transports, une sucrerie à Roye et sa chocolaterie de Noisiel. Le personnel de ces trois établissements dépasse trois mille ouvriers.

Chaque année les droits payés à l’Etat s’élèvent à treize millions, les transports de chemin de fer à un million et la provision de papier d’étain pour envelopper le chocolat à six cent mille francs. Six cent mille francs de ces minces feuilles de papier d’argent, cela fait rêver. On comprend facilement par ces chiffres que la chocolaterie de Noisiel est la plus considérable du monde entier.

L’Agriculture est largement représentée. Tout le monde rend hommage à cette vaillante, qui offre aux campagnards des centaines de machines les plus variées et les plus perfectionnées.

Après l’agriculture, la pisciculture. La terre et la mer ne sont-elles pas les deux grandes nourricières du genre humain. On fait donc maintenant l’élevage du poisson comme on fait celui du bétail. Seulement cet élevage récent me paraît plus difficile, et je pense qu’il lui faudra encore bien des perfectionnements, avant qu’il puisse entrer dans le domaine des choses usuelles et pratiques.

L’aquarium du Trocadéro est donc fort intéressant à visiter. Il vous initie aux secrets de la vie cachée au fond des eaux. Vous pouvez suivre son développement complet depuis l’incubation artificielle des œufs, la naissance, l’élevage, jusqu’au jour où le petit poisson devenu grand, viendra s’échouer sur votre table.

On songe à repeupler les rivières d’espèces supérieures, comme la truite et le saumon.

Les chambres de commerce maritimes de France se sont fait construire un joli pavillon, non loin du Palais de l’alimentation. Elles exposent des cartes, des plans, des vues panoramiques des villes et ports, en un mot, beaucoup de choses intéressantes, et particulièrement une réduction des ateliers du grand port marseillais, avec toutes les machines en mouvement.

Le Trocadéro est toujours encombré de fleurs, que le ciel s’est chargé d’arroser aujourd’hui.

On en est au dixième concours d’horticulture, le onzième et dernier avant la clôture de l’Exposition, aura lieu du 18 au 23. Charmantes fleurs. Ce sont elles qui joueront la première mesure de la valse des adieux, qui se continuera jusqu’au point d’orgue final, qui marquera la fin de l’Exposition.

Mardi, 8 Octobre 1889.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
11 августа 2017
Объем:
300 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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