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Читать книгу: «Michel Strogoff», страница 4

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SCENE IX

LES MEMES, NADIA, LE MAITRE DE POLICE, VOYAGEURS, UN AGENT.

(La cloche sonne en ce moment, et tous les voyageurs accourent. Nadia sort de la maison de police, tenant son permis à la main.)

L'AGENT, criant.

Les passeports, les passeports…

PREMIER VOYAGEUR. On dit les nouvelles bien mauvaises, et le moindre retard nous perdrait!

(L'agent distribue les passeports.)

NADIA. J'irai à pied jusqu'au prochain relai. (Au moment où les voyageurs vont quitter la cour, coup de trompette. Des Cosaques paraissent sur la route et ferment toute issue. Le maitre de police sort de la maison, à gauche, et s'arrête sur les marches de la porte. Un des Cosaques lui remet un pli. Un roulement de tambour se fait entendre.)

LE MAITRE DE POLICE: Silence! Ecoutez tous! (Lisant.) "Par arrêté du gouverneur de Moscou, défense à tout sujet russe, et sous quelque prétexte que ce soit, de passer la frontière." (Cri de désappointement dans la foule.)

NADIA.

Mon Dieu! que dit-il?

JOLLIVET, à Blount.

Cela ne nous regarde pas!..

BLOUNT.

Je passai toujours, moi.

NADIA, au maître de police. Monsieur… monsieur… mon passeport est en règle, je puis passer, n'est-il pas vrai?

LE MAITRE DE POLICE.

Vous êtes russe… C'est impossible.

NADIA. Monsieur… Je vais rejoindre mon père à Irkoutsk!.. Il m'attend!.. Chaque jour de retard, c'est un jour de douleur pour lui!.. Il me sait partie!.. Il peut me croire perdue, dans ce pays soulevé, au milieu de l'invasion tartare!.. Laissez-moi passer, je vous en conjure!.. Que peut faire au gouverneur qu'une pauvre fille comme moi se jette dans la steppe!.. Si j'étais partie, il y a une heure, personne ne m'eût arrêtée!.. Par pitié, monsieur, par pitié!

LE MAITRE DE POLICE. Prières inutiles. L'ordre est formel. (Aux Cosaques.) Placez-vous à l'entrée de la route, et, à moins d'un permis spécial, que personne ne passe.

NADIA, se traînant à ses pieds. Monsieur!.. monsieur!.. Je vous en conjure, à mains jointes et à genoux, ayez pitié!.. Ne nous condamnez pas, mon père et moi, à mourir désespérés et si loin l'un de l'autre!..

BLOUNT.

Oh! j'étais très émou…

(A ce moment, Strogoff sort de la maison de police.)

SCENE X

LES MEMES, STROGOFF.

STROGOFF, allant à Nadia. Pourquoi ces supplications et ces larmes, Nadia?.. Qu'importe que ton passeport soit valable ou non… puisque nous avons le mien qui est en règle.

NADIA, à part.

Que dit-il?

STROGOFF, montrant son permis au maître de police. Et personne, entendez-vous, personne n'a le droit de nous empêcher de partir!

NADIA, avec joie.

Ah!

LE MAITRE DE POLICE.

Votre permis?..

STROGOFF. Signé par le gouverneur général lui-même… Droit de passer partout, quelles que soient les circonstances, et sans que nul puisse s'y opposer!..

(Le tarentass est amené au fond sur la route.)

LE MAITRE DE POLICE.

Vous avez en effet le droit de passer… Mais elle…

STROGOFF, montrant le permis.

Autorisation d'être accompagné… Eh bien! quoi de plus naturel que… ma soeur m'accompagne!

LE MAITRE DE POLICE.

Votre?..

STROGOFF, tendant la main à Nadia.

Oui, ma soeur… Viens, Nadia.

NADIA, la saisissant.

Je te suis, frère!

BLOUNT.

Très fier… cette marchande!..

JOLLIVET.

Et très énergique… ami Blount.

BLOUNT.

Je n'étais pas votre ami, mister Jollivette.

JOLLIVET.

Jollivet!

BLOUNT.

Jollivette! Jollivette… for ever!

SCENE XI

LES MEMES, IVAN.

(Ivan est revêtu d'un uniforme militaire russe, en petite tenue, comme un officier qui voyage.)

IVAN, au maître de police.

Permis spécial! (Il lui montre son permis.)

LE MAITRE DE POLICE.

Encore un signé par le gouverneur lui-même!

IVAN.

Un cheval!

LE MAITRE DE POSTE.

Il n'y en a plus.

JOLLIVET.

S'il y en avait…

BLOUNT, à Jollivet.

J'aurais retenu eux, d'abord.

JOLLIVET.

Et je vous les aurais pris, ensuite.

(Blount lui tourne le dos avec colère.)

IVAN.

A qui ce tarentass?

LE MAITRE DE POSTE, montrant Strogoff.

A ce voyageur.

IVAN, à Strogoff.

Camarade, j'ai besoin de ta voiture et de ton cheval.

JOLLIVET, à part.

Il est sans gêne, ce monsieur…

STROGOFF. Ce cheval est retenu par moi et pour moi. Je ne puis, ni ne veux le céder à personne.

IVAN.

Il me le faut, te dis-je.

STROGOFF.

Et je vous dis que vous ne l'aurez pas.

IVAN.

Prends garde!.. Je suis homme à m'en emparer… fût-ce…

STROGOFF, avec colère.

Fût-ce malgré moi?

IVAN. Oui… malgré toi… Pour la dernière fois, veux-tu me céder ce cheval et cette voiture.

STROGOFF.

Non! vous dis-je, non!

IVAN. Non? Eh bien, ils seront à celui de nous deux qui saura les garder!

NADIA.

Mon Dieu!

IVAN, tirant son épée.

Qu'on donne un sabre à cet homme et qu'il se défende!

STROGOFF, avec force. Eh bien!.. (A part.) Un duel!.. et ma mission, si je suis blessé!.. (Haut et se croisant les bras.) Je ne me battrai pas!

IVAN, avec colère.

Tu ne te battras pas?

STROGOFF.

Non!.. et vous n'aurez pas mon cheval!

IVAN, avec plus de force.

Tu ne te battras pas, dis-tu?

STROGOFF.

Non.

IVAN. Non… même après ceci. (Il le frappe d'un coup de fouet.) Eh bien, te battras-tu, lâche?

STROGOFF, s'élançant sur Ivan.

Miséra… (S'arrêtant et se maîtrisant.) Je ne me battrai pas!

TOUS.

Ah!

IVAN.

Tu subiras cette honte sans te venger?

STROGOFF. Je la subirai… (A part.) Pour Dieu… pour le czar… pour la patrie!

IVAN. Allons! à moi ton cheval! (Il saute dans le tarentass.) (A l'hôtelier.) Paye-toi! (Le tarentass sort par la gauche.)

LE MAITRE DE POSTE.

Merci, Excellence.

JOLLIVET.

Je n'aurais pas cru qu'il dévorerait une pareille honte!

BLOUNT.

Aoh! je sentais bouillir mon sang dans mon veine.

SCENE XII

LES MEMES, moins IVAN.

STROGOFF. Oh! cet homme… Je le retrouverai. (A l'hôtelier.) Quel est cet homme?

LE MAITRE DE POSTE. Je ne le connais pas…mais c'est un seigneur qui sait se faire respecter!

STROGOFF, bondissant.

Tu te permets de me juger!

LE MAITRE DE POSTE. Oui, car il est des choses qu'un homme de coeur ne reçoit jamais sans les rendre!

STROGOFF, saisissant le maître de poste avec violence. Malheureux!.. (Froidement.) Va-t'en, mon ami, va-t'en, je te tuerais!..

LE MAITRE DE POSTE.

Eh bien, vrai, je t'aime mieux ainsi!

JOLLIVET.

Moi aussi!.. Le courage a-t-il donc ses heures!

BLOUNT. Jamais d'heure pour le couragé anglaise!.. Il était toujours prête!.. toujours!

JOLLIVET. Nous verrons cela à Kolyvan, confrère! (Il se dirige vers l'auberge et y entre.)

NADIA, à part. Cette fureur qui éclatait dans ses yeux au moment de l'insulte!.. cette lutte contre lui-même en refusant de se battre!.. et maintenant… ce désespoir profond!..

STROGOFF, assis près de la table. Oh! je ne croyais pas que l'accomplissement du devoir pût jamais coûter aussi cher!..

NADIA, le regardant. Il pleure!.. Oh! il doit y avoir un mystère que je ne puis comprendre… un secret qui enchaînait son courage! (Allant à lui.) Frère! (Strogoff relève la tête.) Il y a parfois des affronts qui élèvent, et celui-là t'a grandi à mes yeux!

(En ce moment, Blount pousse un cri. On voit passer au fond

Jollivet sur l'âne de Blount.)

BLOUNT.

Ah! mon hâne! Arrêtez!.. Il emportait mon hâne!..

JOLLIVET.

Je vous le rendrai à Kolyvan, confrère, à Kolyvan!

BLOUNT, accablé.

Aoh!

CINQUIEME TABLEAU

L'Isba du télégraphe.

La scène représente un poste télégraphique près de Kolyvan, en Sibérie. Porte au fond, donnant sur la campagne; à droite un petit cabinet avec guichet, où se tient l'employé du télégraphe. Porte à gauche.

SCENE I

L'EMPLOYE, JOLLIVET.

(On entend le bruit, sourd encore, de la bataille de Kolyvan.)

JOLLIVET, entrant par le fond. L'affaire est chaude! Une balle dans mon toquet!.. Une autre dans ma casaque!.. Le ville de Kolyvan va être emportée par ces Tartares! Enfin, j'aurai toujours la primeur de cette nouvelle… Il faut l'expédier à Paris!.. Voici le bureau du télégraphe! (Regardant.) Bon! l'employé est à son poste, et Blount est au diable!.. Ca va bien! (A l'employé.) Le télégraphe fonctionne toujours?

L'EMPLOYE. Il fonctionne du côté de la Russie, mais le fil est coupé du côté d'Irkoutsk.

JOLLIVET.

Ainsi les dépêches passent encore?

L'EMPLOYE.

Entre Kolyvan et Moscou, oui.

JOLLIVET.

Pour le gouvernement?..

L'EMPLOYE. Pour le gouvernement, s'il en a besoin… pour le public, lorsqu'il paye! C'est dix kopeks par mot.

JOLLIVET.

Et que savez-vous?

L'EMPLOYE.

Rien.

JOLLIVET.

Mais les dépêches que vous…

L'EMPLOYE.

Je transmets les dépêches, mais je ne les lis jamais.

JOLLIVET, à part.

Un bon type! (Haut.) Mon ami, je désire envoyer à ma cousine

Madeleine une dépêche relatant toutes les péripéties de la bataille.

L'EMPLOYE.

C'est facile… Dix kopeks par mot.

JOLLIVET. Oui… je sais…mais une fois ma dépêche commencée, pouvez-vous me garder ma place, pendant que j'irai aux nouvelles?

L'EMPLOYE. Tant que vous êtes au guichet, la place vous appartient… à dix ko-peks par mot; mais si vous quittez la place, elle appartient à celui qui la prend… à dix…

JOLLIVET A dix kopeks par mot!.. oui… je sais!..Je suis seul!.. commençons. (Il écrit sur la tablette du guichet.) "Mademoiselle Madeleine, faubourg Montmartre, Paris. – De Kolyvan, Sibérie

L'EMPLOYE.

Ca fait déjà quatre-vingts kopeks!

JOLLIVET. C'est pour rien. (Il lui remet une liasse de roubles papier, et continue à écrire.) Engagement des troupes russes et tartares… (A ce moment, la fusillade se fait entendre avec plus de force.) Ah! ah! voilà du nouveau! (Jollivet quittant le guichet, court à la porte du fond pour voir ce qui se passe.)

SCENE II

LES MEMES, BLOUNT.

(Blount arrive par la porte de gauche.)

BLOUNT. C'est ici le bioureau télégraphique… (Apercevant Jollivet.) Jollivette!.. (Il va pour le saisir au collet, mais arrivé près de lui, il se met à lire tranquillement par-dessus son épaule ce que celui-ci à écrit.) Aoh!.. Il transmettait des nouvelles plus anciennes que les miennes!

JOLLIVET, écrivant. Onze heures douze. – La bataille est engagée depuis ce matin

BLOUNT, à part. Très bien… Je faisais ma profit. (Il va au guichet, pendant que Jollivet continue d'observer ce qui se passe. A l'employé.) Fil fonctionne?

L'EMPLOYE.

Toujours.

BLOUNT.

All right!

L'EMPLOYE.

Dix kopeks par mot.

BLOUNT.

Biène, très biène!.. (Ecrivant sur la tablette.) Morning-Post,Londres. – De Kolyvan, Sibérie

JOLLIVET, écrivant sur son carnet. Grande fumée s'élève au-dessus de Kolyvan

BLOUNT, écrivant au guichet et riant.

Oh! bonne! Grande fioumée s'élève au-dessus de Kolyvan

JOLLIVET.

Ah! ah! ah! Le château est en flammes!

BLOUNT, écrivant.

Ah! ah! Le château il est en flammes

JOLLIVET. Les Russes abandonnent la ville.

BLOUNT, écrivant. Rousses abandonnent le ville.

JOLLIVET. Continuons notre dépêche. (Jollivet quitte la fenêtre, revient au guichet et trouve sa place prise.) Blount!

BLOUNT. Yes, mister Blount!.. Tout à l'heure… après mon dépêche… vous rendez raison à moi et mon hâne!

JOLLIVET.

Mais vous avez pris ma place!

BLOUNT.

La place il était libre.

JOLLIVET.

Ma dépêche était commencée.

BLOUNT.

Et le mien il commence.

JOLLIVET, à l'employé.

Mais vous savez bien que j'étais là avant monsieur.

L'EMPLOYE.

Place libre, place prise. Dix kopeks par mot.

BLOUNT, payant.

Et je payai pour mille mots d'avance.

JOLLIVET.

Mille mots!..

BLOUNT, continuant d'écrire et à mesure qu'il écrit de passer ses dépêches à l'employé qui les transmet. Bruit de la bataille se rapprochait… Au poste télégraphique, correspondant français guettait mon place, mais lui ne le aura pas

JOLLIVET, furieux.

Ah! monsieur, à la fin…

BLOUNT.

Il n'y avait de fin, mister. Yvan Ogareff à la tête desTartares, va rejoindre l'émir

JOLLIVET.

Est-ce fini?

BLOUNT.

Jamais fini.

JOLLIVET.

Vous n'avez plus rien à dire…

BLOUNT. Toujours à dire… pour pas perdre la place. (Ecrivant.) Au commencement, Dieu créa le ciel et le terre

JOLLIVET.

Ah! il télégraphie la Bible maintenant!

BLOUNT. Yes! le Bible, et il contenait deux cent soixante-treize mille mots!..

L'EMPLOYE.

A dix kopeks par…

BLOUNT. J'ai donné une à-compte… (Il remet une nouvelle liasse de roubles.) Le terre était informe et

JOLLIVET. Ah! l'animal! Je saurai bien te faire déguerpir! (Il sort par le fond.)

BLOUNT. Les ténèbres couvraient le face de le abîme… (Continuant.) Onze heures vingt. – Cris des fouyards redoublent… Mêlée furiouse.

(Cris au dehors que Jollivet vient pousser à travers la fenêtre.)

[JOLLIVET.]

Mort aux Anglais!.. Tue! pille!.. A bas l'Angleterre.

BLOUNT. Aoh!.. Qu'est-ce qu'on criait donc?.. A bas l'Angleterre! Angleterre, jamais à bas! (Il tire un revolver de sa ceinture et sort par la porte du fond. Jollivet rentre alors par la porte de gauche et prend la place de Blount au guichet.)

JOLLIVET. Pas plus difficile que cela!.. A bas l'Angleterre, et l'Anglais quitte le guichet. (Dictant.) Onze heures vingt-cinq. – Les obus tartares commencent à dépasser Kolyvan

BLOUNT, revenant.

Personne! Je avais bien cru entendre… (Apercevant Jollivet.)

Aoh!

JOLLIVET, saluant.

Vive l'Angleterre, monsieur, vivent les Anglais!

BLOUNT.

Vous avez pris mon place.

JOLLIVET.

C'est comme cela.

BLOUNT

Vous allez me le rendre, mister.

JOLLIVET.

Quand j'aurai fini.

BLOUNT.

Et vous aurez fini?..

JOLLIVET. Plus tard… beaucoup plus tard. (Dictant.) Les Russes sont forcés de se replier encore… (Imitant l'accent de Blount.) Correspondant anglais guette ma place au télégraphe, mais lui ne le aura pas

BLOUNT.

Est-ce fini, mister?

JOLLIVET.

Jamais fini… (Dictant.)

Il était un p'tit homme.

Tout habillé de gris

Dans Paris…

BLOUNT, furieux.

Des chansons!..

JOLLIVET.

Du Béranger! Après le sacré, le profane!

BLOUNT.

Monsieur, battons-nous à l'instant!

JOLLIVET, dictant.

Joufflu comme une pomme,

Qui sans un sou comptant…

L'EMPLOYE, refermant brusquement le guichet.

Ah!

JOLLIVET.

Quoi donc?

L'EMPLOYE, sortant de son bureau. Le fil est coupé! Il ne fonctionne plus! Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous saluer… (Il salue et s'en va tranquillement. – Grands cris au dehors.)

BLOUNT.

Plus dépêches possibles, à nous deux, mister. Sortons!

JOLLIVET.

Oui, sortons, et venez me touyer!..

BLOUNT.

On dit touer!.. Il ne sait même pas son langue!

(Ils sortent par le fond, en se provoquant.)

SCENE III

SANGARRE, UN BOHEMIEN.

SANGARRE, arrivant par la gauche avec un bohémien.

Les Tartares sont vainqueurs!

LE BOHEMIEN.

Ivan Ogareff les a menés à l'assaut de Kolyvan.

SANGARRE. Russes et Sibériens, ils ont tout écrasé!.. La ville brûle, et les fuyards s'échappent de toutes parts!..

LE BOHEMIEN, regardant.

Ils vont gagner de ce côté!

SANGARRE. Oui, mais cette vieille Sibérienne, que j'ai enfin revue, cette Marfa Strogoff, qu'est-elle devenue? Elle était là, regardant sa maison qui brûlait!.. Puis tout à coup, elle a disparu!.. Oh! je la retrouverai et alors!.. Ah! tu m'as dénoncée, Marfa, tu m'as fait knouter par les Russes!.. Malheur à toi!..

SCENE IV

LES MEMES, MARFA, FUGITIFS.

(Grand tumulte au dehors. – Le bruit de la fusillade se rapproche! Les fugitifs se précipitent dans le poste.)

PREMIER FUGITIF.

Tout est perdu!

DEUXIEME FUGITIF.

La cavalerie tartare sabre tous les malheureux qui sortent de

Kolyvan!

TOUS.

Fuyons! Fuyons!

(Ils vont quitter le poste en désordre.)

MARFA, paraissant au fond.

Arrêtez! arrêtez.

TOUS.

Marfa Strogoff!

MARFA.

Lâches, qui fuyez devant les Tartares!

SANGARRE.

Ah! cette fois, tu ne m'échapperas pas!

MARFA.

Arrêtez! vous dis-je, n'êtes-vous plus les enfants de notre

Sibérie?..

PREMIER FUGITIF. Est-il encore une Sibérie? Les Tartares n'ont-ils pas envahi la province entière?

MARFA, sombre.

Hélas! oui! puisque la province entière est dévastée!

DEUXIEME FUGITIF. N'est-ce pas toute une armée de barbares qui s'est jetée sur nos villages?

MARFA. Oui, puisque si loin que la vue s'étende, nous ne voyons que des villages en flammes!

PREMIER FUGITIF.

Et cette armée n'est-elle pas commandée par le cruel Féofar?

MARFA.

Oui! puisque nos rivières roulent des flots de sang!

PREMIER FUGITIF.

Eh bien! que pouvons-nous faire?

MARFA.

Résister encore, résister toujours, et mourir s'il le faut!

PREMIER FUGITIF. Résister quand le Père ne vient pas à nous, et quand Dieu nous abandonne?

MARFA. Dieu est bien haut, et le Père est bien loin! Il ne peut ni diminuer les distances, ni hâter davantage le pas de ses soldats! Les troupes sont en marche, elles arriveront! mais jusque-là, il faut résister!.. Dût la vie d'un Tartare coûter la vie de dix Sibériens, que ces dix meurent en combattant! Qu'on ne puisse pas dire que Kolyvan s'est rendue, tant qu'il restait un de ses enfants pour la défendre!..

DEUXIEME FUGITIF.

Ces gargares étaient vingt contre un!

PREMIER FUGITIF.

Et maintenant Kolyvan est en flammes!

MARFA. Eh bien, si vous ne pouvez rentrer dans la ville, combattez au-dehors! Chaque heure gagnée peut donner aux troupes russes le temps de se rallier!.. Barricadez ce poste! Fortifiez-le! Arrêtez ici cette tourbe! Tenez encore à l'abri de ces murs!.. Mes amis, écoutez la voix de la vieille Sibérienne, qui demande à mourir avec vous, pour la défense de son pays!

SANGARRE, à part. Non! ce n'est pas ici que tu mourras. (Au bohémien qui l'accompagne.) Reste et observe. (Elle sort par le fond.)

MARFA. Mes amis! vous m'entendez, moi, la veuve de Pierre Strogoff que vous avez connu!.. Ah! s'il était encore là, il se mettrait à votre tête! Il vous ramènerait au combat!.. Ecoutez-le! Mes amis! c'est lui qui vous parle par ma voix!

PREMIER FUGITIF. Pierre Strogoff n'est plus! Peut-être avec un tel chef que lui aurions-nous pu tenir dans la steppe, harceler les soldats de l'émir…

LES FUGITIFS.

Oui, un chef! Il nous faudrait un chef!

MARFA.

Ah! tout est donc perdu!

(Violente détonation au dehors.)

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 сентября 2017
Объем:
80 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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