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Читать книгу: «Souvenirs d'égotisme», страница 17

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LXIV
Au Même

Milan, le 20 novembre 1818.

Il est plus facile pour Henri d’avoir des Books280, traduits en Anglais, que de les avoir annoncés à Paris. Voilà le voyage traduit281, avec dix pages des plus grandes louanges (en mai 1818).

C’est vous qui m’avez donné l’anecdote de Grécourt. J’avais des nerfs ce jour-là et l’ajoutai tant bien que mal au livre que je corrigeais. Refaites-moi ce conte ainsi que celui de la Bisteka282 gran francesi grandi in tutto, et ajoutez-le au manuscrit, quand il passera sous vos yeux. Vous savez bien que je ne suis pas auteur à la Villehand283. Je fais de ces niaiseries le cas qu’elles méritent; çà m’amuse; j’aime surtout à en suivre le sort dans le monde, comme les enfants mettent sur un ruisseau des bateaux de papier. Vous ai-je dit que Stendhal a eu un succès fou ici, il y a quatre mois. Par exemple, l’exemplaire du Vice-Ring fut lu au café par quatre personnes qui ne voulaient que le feuilleter et qui se trouvèrent arrivées à une heure du matin, croyant qu’il était dix heures du soir, et ayant oublié d’aller prendre leurs dames au théâtre, etc. On a découvert trois faussetés.

Je vois qu’il va y avoir une Revue encyclopédique. Au fait, il n’y a plus de journaux littéraires, ce besoin doit se faire sentir. Je pense sincèrement que tout ce que nous avons à désirer en politique, c’est que les choses continuent du même pas, dix ans de suite. Il n’y a plus d’alarmes à avoir. Donc, l’intérêt politique doit céder un peu à l’intérêt littéraire. D’ailleurs, les discussions politiques commencent à être si bonnes, c’est-à-dire, si profondes, qu’elles en sont ennuyeuses. Qui pourra, par exemple, suivre celle sur le Budget? Voyez donc si vous pouvez obtenir accès à la Revue encyclopédique, qui a une division intitulée: Peinture. Voilà pour l’essentiel. Le luxe, pour ma vanité, serait un vrai jugement, en conscience, par Dussault, Feletz ou Daunou.

Il y a ici huit ou dix excellents juges des Sensations du Beau, qui ont un mépris extrême pour M. Quatremère de Quincy et les connaisseurs de France. Le Jupiter Olympien de M. Quatremère est d’un ridicule achevé, par exemple. – 1º Quels sont à Paris, les gens qui passent pour connaisseurs? – 2º pour grands peintres? – 3º pour bons sculpteurs? Ne me laissez pas devenir étranger dans Paris.

Ch. Durif284

7 Décembre 1818.

LXV
A Madame ***

Grenoble, le 15 août 1819.

Madame,

J’ai reçu votre lettre il y a trois jours. En revoyant votre écriture j’ai été si profondément touché que je n’ai pu prendre encore sur moi de vous répondre d’une manière convenable. C’est un beau jour au milieu d’un désert fétide, et, toute sévère que vous êtes pour moi, je vous dois encore les seuls instants de bonheur que j’aie trouvés depuis Bologne. Je pense sans cesse à cette ville heureuse où vous devez être depuis le 10. Mon âme erre sous un portique que j’ai si souvent parcouru, à droite au sortir de la porte Majeure. Je vois sans cesse ces belles collines contournées de palais qui forment la vue du jardin où vous vous promenez. Bologne, où je n’ai pas reçu de duretés de vous, est sacré pour moi; c’est là que j’ai appris l’événement qui m’a exilé en France, et tout cruel qu’est cet exil il m’a encore mieux fait sentir la force du lien qui m’attache à un pays où vous êtes. Il n’est aucune de ces vues qui ne soit gravée dans mon cœur, surtout celle que l’on a sur le chemin du pont, aux premières prairies que l’on rencontre à droite après être sorti du portique. C’est là que, dans la crainte d’être reconnu, j’allais penser à la personne qui avait habité cette maison heureuse que je n’osais presque regarder en passant. Je vous écris après avoir transcrit de ma main deux longs actes destinés, s’il se peut, à me garantir des fripons dont je suis entouré. Tout ce que la haine la plus profonde, la plus implacable et la mieux calculée peut arranger contre un fils, je l’ai éprouvé de mon père285. Tout cela est revêtu de la plus belle hypocrisie, je suis héritier et, en apparence, je n’ai pas lieu de me plaindre.

Ce testament est daté du 20 septembre 1818, mais l’on était loin de prévoir que le lendemain de ce jour il devait se passer un petit événement qui me rendrait absolument insensible aux outrages de la fortune. En admirant les efforts et les ressources de la haine, le seul sentiment que tout ceci me donne, c’est que je suis apparemment destiné à sentir et à inspirer des passions énergiques. Ce testament est un objet de curiosité et d’admiration parmi les gens d’affaires; je crois cependant, à force de méditer et de lire le code civil, avoir trouvé le moyen de parer le coup qu’il me porte. Ce serait un long procès avec mes sœurs, l’une desquelles m’est chère. De façon que, quoique héritier, j’ai proposé ce matin à mes sœurs de leur donner à chacune le tiers des biens de mon père. Mais je prévois que l’on me laissera pour ma part des bien chargés de dettes et que la fin de deux mois de peines, qui me font voir la nature humaine sous un si mauvais côté, sera de me laisser avec très peu d’aisance et avec la perspective d’être un peu moins pauvre dans une extrême vieillesse. J’avais remis à l’époque où je me trouve les projets de plusieurs grands voyages. J’aurais été cruellement désappointé si tous ces goûts de voyages n’avaient disparu depuis longtemps pour faire place à une passion funeste. Je la déplore aujourd’hui, uniquement parce qu’elle a pu me porter dans ses folies à déplaire à ce que j’aime et à ce que je respecte le plus sur la terre. Du reste, tout ce que porte cette terre est devenu à mes yeux entièrement indifférent, et je dois à l’idée qui m’occupe sans cesse la parfaite et étonnante insensibilité avec laquelle de riche je suis devenu pauvre. La seule chose que je crains c’est de passer pour avare aux yeux de mes amis de Milan qui savent que j’ai hérité.

J’ai vu, à Milan, l’aimable L… auquel j’ai dit que je venais de Grenoble et y retournais. Personne que je sache, Madame, n’a eu l’idée qu’on vous avait écrit. Quand on n’a pas de beaux chevaux, il est plus facile qu’on ne pourrait l’imaginer d’être bien vite oublié.

Ne vous sentez-vous absolument rien à la poitrine? Vous ne me répondez pas là dessus et vous êtes si indifférente pour ce qui fait l’occupation des petites âmes que tant que vous n’aurez pas dit expressément le non, je crains le oui. Donnez-moi, je vous prie, de vos nouvelles dans le plus grand détail, c’est la seule chose qui puisse me faire supporter la détestable vie que je mène.

J’ai la perspective de voir ma liberté écornée à Milan, je ne puis me dispenser d’y conduire ma sœur qu’Otello a séduit et qui, dans ce pays, est toujours plus malade.

Je finis ma lettre, il m’est impossible de continuer à faire l’indifférent. L’idée de l’amour est ici mon seul bonheur. Je ne sais ce que je deviendrais si je ne passais pas à penser à ce que j’aime le temps des longues discussions avec les gens de loi.

Adieu, Madame, soyez heureuse; je crois que vous ne pouvez l’être qu’en aimant. Soyez heureuse, même en aimant un autre que moi.

Je puis bien vous écrire avec vérité ce que je dis sans cesse:

 
La mort et les enfers s’ouvriraient devant moi,
Phédime, avec plaisir j’y descendrais pour toi.
 
Henri286.

LXVI

A M. le Comte Daru,
Pair de France,
Rue de Grenelle, n. 82, faubourg Saint-Germain
Paris
Grenoble, le 30 août 1819.

Monsieur,

J’ai eu le malheur de perdre mon père en juin. J’arrive d’Italie, et je trouve que la plupart des lettres que j’ai écrites depuis six mois ne sont pas parvenues en France. Je désire qu’une lettre que j’ai eu l’honneur de vous adresser au mois d’avril ait été plus heureuse. Je me féliciterais, comme Français, qu’on vous eût rendu quelque influence sur la chose publique; comme particulier, je prends une part bien vive à ce qui peut vous être agréable. Je dois aux dignités dont vous avez été revêtu de n’être pas un petit bourgeois plus ou moins ridicule, et d’avoir vu l’Europe et apprécié les avantages des places287.

Mon père laisse des dettes énormes. S’il me reste 4,000 francs de rente en terre, je retournerai vivre à Milan; dans le cas contraire, j’irai faire à Paris, le pénible métier de solliciteur. Comme la liquidation marche lentement j’aurai le temps d’aller passer quelques semaines à Paris, et de vous renouveler de vive voix, l’assurance de toute ma reconnaissance et du respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

H. Beyle288.

LXVII
A Madame ***

8 juillet 1820.

Permettez-moi, madame, de vous remercier des jolis paysages suisses. Je méprisais ce pays depuis 1813, pour la manière barbare dont on y a reçu nos pauvres libéraux exilés. J’étais tout à fait désenchanté. La vue de ces belles montagnes que vous avez eu sous les yeux, pendant votre séjour à Berne, m’a un peu réconcilié avec lui.

J’ai trouvé, dans les mœurs dont parle ce livre, précisément ce qu’il me fallait pour prouver, ce dont je ne doute pas, c’est que pour rencontrer le bonheur dans un lien aussi singulier, et j’oserais presque dire aussi contre nature, que le mariage, il faut au moins que les jeunes filles soient libres. Car au commun des êtres il faut une époque de liberté dans la vie, et pour être bien solitaire il faut avoir couru le monde à satiété.

J’espère, madame, que vos yeux vont bien; je serais heureux de savoir de leurs nouvelles en détail.

Agréez, je vous prie, l’assurance des plus sincères respects.

H. B.289.

LXVIII
Au baron de Mareste

Milan, le 20 octobre 1820.

Ai-je besoin de vous répéter que vous avez le pouvoir despotique sur Love290.

Si vous trouvez du baroque, du faux, de l’étrange, laissez passer; mais si vous trouvez du ridicule, effacez. Consultez l’aimable Maisonnette, qui, en corrigeant les épreuves, est prié de tenir note des passages ridicules.

Le faux, l’exagéré, l’obscur, sont peut-être tels à vos yeux et non aux miens. Corrigez aussi les fautes de syntaxe française.

J’attends avec impatience que vous m’annonciez l’arrivée du manuscrit; je n’en ai pas d’autre. Dès qu’il y aura une feuille d’épreuve, envoyez-la moi à l’adresse ordinaire. Je m’amuserai, à la campagne, à corriger le style pour une seconde édition. – Vous aurez la comédie romantique291 dans six mois.

Si vous avez la patience de lire Love, dites-moi franchement ce que vous en pensez. Maisonnette le trouvera obscur, exagéré, trop dénué d’ornements.

Je voudrais qu’il n’arrivât aucun exemplaire aux lieux où je suis. La jalousie de la peinture292 a porté plusieurs personnes à me calomnier. Il paraît que la calomnie est presque entièrement tombée.

J’ai la plus entière confiance dans le cynique comte Stendhal; je le crois parfaitement honnête homme.

Je pense beaucoup à votre idée d’aller à Rome. La principale objection, c’est que j’aime les lacs, mes voisins. J’y passe économiquement plusieurs semaines de l’année. Je crois les gens d’ici moins coquins que les Romains et plus civilisés. Quatre heures de musique tous les soirs me sont devenues un besoin que je préférerais à Mlle Mars et Talma. Voyez combien nous sommes différents! Enfin, j’ai pour ce pays une certaine haine; c’est de l’instinct, cela n’est pas raisonné; à mes yeux il est le représentant de tout ce qu’il y a de bas, de prosaïque, de vil, dans la vie; mais brisons.

Je viens de lire Byron sur les lacs. Décidément les vers m’ennuient, comme étant moins exacts que la prose. Rebecca, dans Ivanhoe, m’a fait plus de plaisir que toutes les Parisina de lord Byron. Que dites-vous de ce dégoût croissant pour les vers? Comme je fais une comédie en prose, serait-ce la jalousie de l’impuissance? Éprouvez-vous ce dégoût? Crozet le ressent-il?

Nommez-moi les trois ou quatre bons livres qui, chaque année, doivent montrer le bout de leur nez à Paris. – Par exemple, on ne se doute pas ici qu’il existe un Sacre de Samuel. Le beau talent de Crozet périra-t-il d’engourdissement à Troyes? Je le crois né pour écrire l’histoire.

Il est chaud, anti-puéril, libéral, patient, exact. J’ai lu avec plaisir les lettres de A. Thierry dans le Courrier. Cela est conforme au peu que j’ai entrevu de l’histoire de France. Surtout, j’estime beaucoup le jésuite Daniel et méprise le libéral Mézeray; comme hommes, ce serait le contraire.

Tout est fort tranquille ici, quoiqu’en disent les libéraux.

Mes compliments au courageux Sel gemme, je suis ravi de son opuscule. Ah! si je pouvais lui faire avaler le commentaire de Tracy et le Bentham qu’on vient d’imprimer chez Bossange293!

LXIX
Au Même

Milan, le 13 novembre 1820.

Cher ami, ajoutez la pensée ci-après, aux 73 pensées que vous avez déjà, pour mettre à la fin de l’Amour.

Je vois dans le journal de ce matin (Le Courrier Français nº 492, du 24 octobre 1820), que M. de Jouy, un écrivain distingué, dit encore294 du mal d’Helvétius. Helvétius a eu parfaitement raison lorsqu’il a établi que le principe d’utilité ou l’intérêt, était le guide unique de toutes les actions de l’homme. Mais, comme il avait l’âme froide, il n’a connu ni l’amour, ni l’amitié, ni les autres passions vives qui créent des intérêts nouveaux et singuliers.

Il se peut qu’Helvétius n’ait jamais deviné ces intérêts; il y a trop longtemps que je n’ai lu son ouvrage, pour pouvoir l’assurer. Peut-être que, par ménagement pour la facilité que montre le bon public à se laisser égarer, il aurait dû ne jamais employer le mot intérêt et le remplacer par les mots plaisir ou principe d’utilité.

Sans nul doute, il aurait dû commencer son livre par ces mots: «Régulus retournant à Carthage pour se livrer à d’horribles supplices, obéit au désir du plaisir, ou à la voix de l’intérêt.»

M. de Loizerolles marchant à la mort, pour sauver son fils, obéit au principe de l’intérêt. Faire autrement eût été pour cette âme héroïque, une insigne lâcheté, qu’elle ne se fût jamais pardonnée; avoir cette idée sublime crée à l’instant un devoir.

Loizerolles, homme raisonnable et froid, n’ayant point à craindre ce remords, n’eût pas répondu, au lieu de son fils, à l’appel, du bourreau. Dans ce sens, on peut dire qu’il faut de l’esprit pour bien aimer. Voilà l’âme prosaïque et l’âme passionnée295.

LXX
A Métilde…(?)

(1821?)

Madame,

Ah! que le temps me semble pesant depuis que vous êtes partie! Et il n’y a que cinq heures et demie! Que vais-je faire pendant ces quarante mortelles journées? Dois-je renoncer à tout espoir, partir et me jeter dans les affaires publiques? Je crains de ne pas avoir le courage de passer le Mont-Cenis. Non, je ne pourrai jamais consentir à mettre les montagnes entre vous et moi. Puis-je espérer, à force d’amour, de ranimer un cœur qui ne peut être mort pour cette passion? Mais peut-être suis-je ridicule à vos yeux, ma timidité et mon silence vous ont ennuyée, et vous regardiez mon arrivée chez vous comme une calamité. Je me déteste moi-même; si je n’étais pas le dernier des hommes ne devais-je pas avoir une explication décisive hier avant votre départ, et voir clairement à quoi m’en tenir?

Quand vous avez dit avec l’accent d’une vérité si profondément sentie: ah! tant mieux qu’il soit minuit! ne devais-je pas comprendre que vous aviez du plaisir à être délivrée de mes importunités, et me jurer à moi-même sur mon honneur de ne vous revoir jamais? Mais je n’ai du courage que loin de vous. En votre présence, je suis timide comme un enfant, la parole expire sur mes lèvres, je ne sais que vous regarder et vous admirer. Faut-il que je me trouve si inférieur à moi-même et si plat296!

LXXI
A Madame ***

Berne, le 28 juin 1822.

Je ne vous ai pas encore adressé l’Amour, madame, parce que je ne suis pas allé à Paris. Après vous avoir quittée, la pluie et le froid vinrent compléter le malheur commencé par l’absence d’une société si bonne et aimable pour moi. Je n’ai trouvé la chaleur qu’à Cannes, où j’ai passé trois jours à me promener au milieu des orangers en pleine terre. Me voici en Suisse, paysages admirables, mais j’ai froid. N’oubliez pas, madame, l’auberge de la Couronne, à Genève, bâtie depuis deux ans. Demandez une chambre au troisième, ayant vue sur le lac; on ferait payer ces chambres dix francs par jour, que ce ne serait pas cher. Rien de plus beau au monde, (elles coûtent deux francs)297.

LXXII
Au Baron de Mareste

Rome, le 23 janvier 1824.

Ce n’est pas ma faute, mon cher ami non marié, si vous n’avez pas reçu une longue lettre sur la divine laideron Pisaroni. Je veux vous reporter votre mot trop court du 7 novembre dernier, avec le timbre douze janvier 1824; je l’ai reçu, je crois, le 13 janvier. Il pleut, pour la première fois, depuis le 4. – Temps sublime! Grandes promenades avec M. Chabanais et M. Ampère298, et de nouveaux amis. Demandez une communication à M. Stricht ou au docteur Shakespeare (M. Edwards).

Mille amitiés à la Giuditta299, à son aimable mari, à son excellente mère. Comment se porte le chevalier Michevaux300? Que j’aurais de plaisir à bavarder avec lui! Dans la Naissance de Parthénope301, il y a eu huit premiers partis à Naples. – Plate musique, exécution délicieuse. Oh attend à Rome la Ferlotti, jolie chanteuse, qui vaut 25,000 francs pour Paris. – Mauvais spectacles à Rome. – Hier, charmant spectacle français chez M. Demidoff. Mme Dodwell, la plus jolie tête que j’aie vue de ma vie302.

LXXIII
Au Même

Paris, le 3 mai 1824.

Monsieur et cher Compatriote,

Vous devriez bien me faire une histoire de l’établissement de l’opéra bouffe à Paris, de 1800 à 1823. Cela ferait un beau chapitre de la Vie de Rossini. Nous mettrions en note: Ce chapitre est de M. Adolphe de Besançon.

La négociation pour l’impression dudit Rossini prend une bonne tournure. J’ai envoyé une convention signée de moi; j’en attends le retour.

Dans cette histoire de l’opéra bouffe à Paris, vous pourrez fourrer toutes les méchancetés qui composent l’article que La Baume néglige. Leur coup sera bien plus sensible à cet animal de Papillon303 placé dans une espèce d’ouvrage historique, où il y a des faits.

Vous pourrez donner plus d’étendue et de largeur à vos accusations de conspiration contre le dit opéra. Je vous conseillerais même d’insérer la lettre du dit Papillon à Pellegrini, Zuchelli et Cie.

Si vous ne faites pas ce chapitre, il me donnera une peine du diable à moi qui, ayant été absent, n’ai nulle mémoire des faits. Vous aurez à épancher votre bile sur les sottises de l’administration de Mme Catalani et à montrer votre génie, en esquissant un projet de constitution pour cet Opéra. Le bon Barilli, qui vous voit de bon œil, vous donnera tous les petits renseignements dont vous pourrez avoir besoin, entre deux fottre, au pharaon.

Si j’avais à proposer une constitution, je nommerais un comité composé de dix hommes louant des loges à l’année, fortifiés d’un membre de l’Académie et d’un Italien riche établi à Paris. Voilà un comité de douze personnes qui se réunira une fois tous les quinze jours. Sur les douze, il y en aura neuf de présents. Ils feront un rapport au ministre sur les faits et gestes de l’entrepreneur.

Il y aura un entrepreneur auquel on donnera l’impresa du théâtre. On obligera à fournir le spectacle actuel; spectacle que l’on décrira en vingt articles. Il recevra 150,000 fr. par an, par 24e, tous les quinze jours. Or, ces 24es ne lui seront pas payés que sur le Vu bon à payer du président du comité des amateurs, président élu par eux, de six mois en six mois. Ce comité présidera aussi au choix des pièces et à l’engagement des acteurs.

Le grand avantage est que ce comité de douze personnes riches comme le Bailly de Ferette, le duc de Choiseul, M. Gros, peintre, M. de Sommariva, M. Montroud, défendra dans les salons les faits et gestes de l’administration de l’Opéra. Ces discussions feront que les salons bavarderont de l’Opéra buffa et s’y intéresseront.

Méditez cette idée; modifiez-la; prenez l’avis de La Baume. Tel jeune homme de vingt-six ans lira notre brochure qui sera ministre dans dix ans. Alors, il aura la fatuité de croire que nos idées sont les siennes304.

Tamboust305.

LXXIV
Au Même

Paris, le 17 décembre 1824.

Que dites-vous de cette préface306? Qu’en diriez-vous si vous ne me connaissiez pas?

J’ai l’idée de réunir les articles du Salon ainsi que ceux sur l’Opéra buffa, insérés dans le Journal de Paris.

Pour plaire à la haute société il faudrait:

1º Ne jamais imprimer. Tout livre, si petit qu’il soit, nuit à l’aristocratie;

2º Il ne faudrait pas défendre un régicide307. Mais jamais je ne pourrais plaire à qui a 60,000 francs de rente; car je me fiche sincèrement d’un homme qui a 60,000 francs de rente et cela perce308.

280.Livres.
281.Rome, Naples et Florence en 1817, 1re édition.
282.Voir pour l’explication la 1re édition de Rome, Naples et Florence en 1817, p. 182-183.
283.à la Villemain.
284.Lettre inédite (Collection de M. Auguste Cordier). – Copie de la main de R. Colomb.
285.Voir lettre suivante.
286.Lettre inédite (Bibliothèque de Grenoble.) – Brouillon.
287.La bibliothèque de Grenoble possède le brouillon de cette lettre; on y lit: des places amphibologiques; et au-dessous de: les avantages des places, etc., apprécié l’avantage de l’ambition.
288.Lettre publiée dans: Stendhal et ses amis, par Henri Cordier, p. 46-47.
289.Lettre inédite (Bibliothèque de Grenoble), brouillon.
290.Le livre: De l’Amour.
291.Racine et Shakespeare, publiée en 1823.
292.Il s’agit de son Histoire de la peinture en Italie.
293.Lettre inédite (collection de M. Aug. Cordier), copie de la main de R. Colomb.
294.Voir de l’Amour, Edition Michel Lévy, p. 251 et 252.
295.Lettre inédite (Col g. Cordier), copie de la main de R. Colomb.
296.Lettre inédite (Bibliothèque de Grenoble), brouillon.
297.Lettre inédite. (Bibliothèque de Grenoble.) Brouillon.
298.J. – J. Ampère.
299.La Pasta.
300.Voir Souvenirs d’égotisme, p. 84 et suivantes.
301.Titre d’un opéra de Pavesi.
302.Lettre inédite (Collection de M. Aug. Cordier.) Copie de la main de R. Colomb.
303.M. le vicomte Papillon de la Ferté, intendant du mobilier de la couronne, sous Charles X.
304.Voir au sujet de ces questions: Utopie du Théâtre Italien (Vie de Rossini, chapitre XLIII).
305.Lettre inédite (Collection de M. Aug. Cordier), copie de R. Colomb.
306.Probablement la préface placée en tête de la Vie de Rossini, 1re édition en 1824.
307.L’abbé Grégoire, député de l’Isère en 1819; Beyle lui donna sa voix comme électeur.
308.Lettre inédite (Collection de M. Aug. Cordier), copie de la main de R. Colomb.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 октября 2017
Объем:
310 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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