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Читать книгу: «Souvenirs d'égotisme», страница 15

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IL
A Louis Crozet 211

Rome, 28 septembre 1816.

Un hasard le plus heureux du monde vient de me donner la connaissance of 4 ou 5 Englishmen of the first rank and understanding212. Ils m’ont illuminé, et le jour où ils m’ont donné le moyen de lire the Edinburgh Review213 sera une grande époque pour l’histoire de mon esprit; mais en même temps une époque bien décourageante. Figure-toi que presque toutes les bonnes idées de l’H214, sont des conséquences d’idées générales et plus élevées, exposés dans ce maudit livre. In England, if ever the H.215 y parvient, on la prendra pour l’ouvrage d’un homme instruit et non pas pour celui d’un homme qui écrit sous l’immédiate dictée de son cœur.

P.S.– Note à mettre au dernier mot du dernier vers de la vie de Michel-Ange216:

On me conseille de mettre ici une note de prudence. Il faut pour cela parler de moi. Sous la Chambre de 1814, j’avais eu l’idée de faire imprimer ce ballon d’essai, à Berlin où, en fait d’opinion religieuse la liberté de la presse est honnête. Mais ce préjugé ridicule dans la monarchie, qu’on appelle amour et patrie, m’a fait désirer de voir le jour à Paris.

Toutefois, j’ai voulu, auparavant, acquérir la certitude qu’on vend publiquement sur les quais et à vingt sous le volume, la Guerre des Dieux, la Pucelle, le Système de la Nature, l’Essai sur les mœurs, de Voltaire, etc., etc.

Je ne savais pas une chose que l’on m’écrit, l’impression terminée, c’est que les délits de la liberté de la presse sont jugés par des juges bien justes et non pas par un jury. Or, ces Messieurs sont hommes, et, comme tels, fort curieux d’orner leur petit habit noir d’une croix rouge. On sait que les ministres mettent tout l’acharnement de la vanité piquée contre la liberté de la presse, et, au moyen du fonds de réserve des décorations, ils sont ici accusateurs et juges. Mon avoué aura beau dire que lorsqu’on permet la Guerre des Dieux, il est ridicule de s’offenser d’un livre spéculatif, fait peut-être pour une centaine de lecteurs. Si le ministre a besoin ce jour-là de paraître dévôt, pour faire excuser quelque mesure anti-religieuse, les chanceliers Séguier, les Omer ne sont pas rares217.

L
Au même

Rome, le 30 septembre 1816.

Raisons pour ne pas faire les troisième, quatrième, cinquième et sixième volumes de l’Histoire de la peinture en Italie.

Depuis qu’à douze ans j’ai lu Destouches, je me suis destiné to make co, à faire des comédies. La peinture des caractères, l’adoration sentie du comique ont fait ma constante occupation.

Par hasard, en 1811, je devins amoureux de la comtesse Simonetta218 et de l’Italie. J’ai parlé d’amour à ce beau pays en faisant la grande ébauche en douze volumes perdue à Moladechino. De retour à Paris, je fis recopier la dite ébauche sur le manuscrit original, mais on ne put reprendre les corrections faites sur les douze jolis volumes verts, petit in-folio, mangés par les cosaques.

En 1814, battu par les orages d’une passion vive, j’ai été sur le point de dire bonsoir à la compagnie du 22 décembre 1814 au 6 janvier 1815; ayant le malheur de m’irriter du jésuitisme du bâtard219, je me trouvais hors d’état de faire du raisonnable, à plus forte raison du léger. J’ai donc travaillé quatre à six heures par jour, et, en deux ans de maladie et de passion, j’ai fait deux volumes. Il est vrai que je me suis formé le style, et qu’une grande partie du temps que je passais à écouter la musique alla Scala était employé à mettre d’accord Fénelon et Montesquieu qui se partagent mon cœur.

Ces deux volumes peuvent avoir cent cinquante ans dans le ventre. La connaissance de l’homme, si mon testament est exécuté220 et si l’on se met à la traiter comme une science exacte, fera de tels progrès qu’on verra, aussi net qu’à travers un cristal, comment la sculpture, la musique et la peinture touchent le cœur. Alors ce que fait Lord Byron on le fera pour tous les arts. Et que deviennent les conjectures de l’abbé Dubos quand on a des Lord Byron, des gens assez passionnés pour être artistes, et qui d’ailleurs connaissent l’homme à fond?

Outre cette raison sans réplique, il est petit de passer sa vie à dire comment les autres ont été grands. Optumus quisque benefacere, etc.

C’est dans la fougue des passions que le feu de l’âme est assez fort pour opérer la fonte des matières qui font le génie. Je n’ai que trop de regrets d’avoir passé deux ans à voir comment Raphaël a touché les cœurs. Je cherche à oublier ces idées et celles que j’ai sur les peintres non décrits. Le Corrège, Raphaël, Le Dominiquin, Le Guide sont tous faits, dans ma tête.

Mais je n’en crois pas moins sage, à 34 ans moins 3 mois, d’en revenir à Letellier221, et de tâcher de faire une vingtaine de comédies de 34 ans à 54. Alors je pourrai finir la Peinture, ou bien, avant ce temps, pour me délasser de l’art de Komiker. Plus vieux, j’écrirai mes campagnes ou mémoires moraux et militaires222. Là, paraîtront une cinquantaine de bons caractères.

At the Jesuit’s death, if I can, I will go in England 223 pour 40,000 fr. et en Grèce pour autant, après quoi, j’essaierai Paris, mais je crois que je viendrai finir dans le pays du beau. Si, à 45 ans je trouve une veuve de 30 qui veuille prendre un peu de gloire pour de l’argent comptant, et qui de plus ait les 2/3 de mon revenu, nous passerons ensemble le soir de la vie. Si la gloire manque, je resterai garçon.

Voilà tout ce que je fais de ma vie future.

Le difficile est de ne pas m’indigner contre le Bâtard et de vivre avec 1,600 fr. Si je puis accrocher 30,000 fr. ou trouver un acquéreur pour une maison de 80,000 fr., pour laquelle je dois 45,000 fr. je suis heureux avec 4,600 fr. et la comédie s’en trouvera bien.

Critique ferme tout cela. Peut-être que tu ne vois en moi nul talent comique. Il est sûr que seul je suis toujours sérieux et tendre, mais la moindre bonne plaisanterie, celle de la table de l’opisk, par exemple, me font mourir de rire pendant deux heures.

Il me faudrait deux ans pour finir l’Histoire, 4 vol. D’autant plus qu’il faut inventer le beau idéal du coloris et du clair-obscur, ce qui est presque aussi difficile que celui des statues. Comme cela tient de bien plus près aux cuisses de nos maîtresses, les plats bourgeois de Paris sont trop bégueules pour que je leur montre ce beau spectacle.

Garde cette feuille en la collant dans quelque livre pour que nous puissions partir de ces bases à la première vue.

Alex. de Firmin.

P. – S.– De plus, en faisant quatre nouveaux volumes, je ne gagnerai pas deux fois autant de réputation (si réputation il y a) que par les deux premiers. Le bon sera de voir dans vingt ans d’ici les Aimé Martin continuer cette histoire. Moi-même je pourrai composer un demi-volume de cette continuation dans leur genre. Quel abominable pathos; quelles phrases pour la connaissance de l’homme!

Les copies me coûtent trop cher, 15 cent. par page, et les copistes me font donner au diable224!

LI
Au même

Milan, 1er octobre 1816.
Note romantique

La supériorité logique des Anglais, produite par la discussion d’intérêts chers, les met à cent piques au-dessus de ces pauvres gobes-mouches d’Allemands qui croient tout. Le système romantique, gâté par le mystique de Schlegel, triomphe tel qu’il est expliqué dans les vingt-cinq volumes de l’Edinburgh Review et tel qu’il est pratiqué par Lord Ba-ï-ronne (Lord Byron). Le Corsaire (trois chants) est un poème tel pour l’expression des passions fortes et tendres que l’auteur est placé en ce genre immédiatement après Shakespeare. Le style est beau comme Racine. Giaour et la Fiancée d’Abydos ont confirmé la réputation de Lord Byron, qui est généralement exécré comme l’original de Lovelace, et un bien autre Lovelace que le fat de Richardson. Lorsqu’il entre dans un salon toutes les femmes en sortent. La représentation de cette farce a eu lieu plusieurs fois à Coppet225. Il a trente ans, et la figure la plus noble et la plus tendre. Il voyage accompagné d’un excellent maquereau, un médecin italien. On l’attend ici au premier jour, je lui serai présenté. Le courrier part, sans quoi j’avais le projet de dicter pour toi la traduction de six pages de l’Edinburgh, nº 45, qui exposent toute la théorie romantique. Tâche de glisser le commencement de cet alinéa dans ma note romantique. Il faut bien séparer cette cause de celle de ce pauvre et triste pédant Schlegel, qui sera dans la boue au premier jour. Une fois les mille exemplaires imprimés, en envoyer sur le champ cinq cents à Bruxelles. Que dis-tu de cette idée? Le Corrège est impossible à faire. Je ne sais même si tu me passeras certains morceaux de Michel-Ange. – Il partira le 12 octobre, et moi vers le commencement de novembre pour la patrie de Brutus. Ne dis rien de cela à personne. Toujours la même adresse, nº 1117. J’attends avec impatience les premières feuilles. La lettre sur Coppet court les champs; je n’ai pu la rejoindre226.

LII
Au Même

Milan, 20 octobre 1816.

Comment peux-tu douter de ma vive reconnaissance et quel besoin as-tu que Félix227 te dise que je me loue de toi? Toutes les lettres que je reçois de Grenoble sont toujours pleines de duretés. Je les mets à part pour ne les ouvrir que le soir, et cependant elles m’empoisonnent encore un jour ou deux. Les tiennes seules me sont une fête.

La fête a été double ce matin en voyant arriver deux lettres. Mais un accès de nerfs par excès d’attention pour Michel-Ange me force à sauter la moitié de mes idées.

Je vais chercher partout quelqu’un qui ait des connaissances à Rome. Cela m’est difficile, car aucun de mes amis n’a de ces sortes de relations.

J’ai dîné avec un joli et charmant jeune homme, figure de dix-huit ans, quoiqu’il en ait vingt-huit, profil d’un ange, l’air le plus doux. C’est l’original de Lovelace ou plutôt mille fois mieux que le bavard Lovelace. Quand il entre dans un salon anglais, toutes les femmes sortent à l’instant. C’est le plus grand poète vivant, lord Byron. L’Edinburgh Review, son ennemi capital, contre lequel il a fait une satire228, dit que, depuis Shakespeare, l’Angleterre n’a rien eu de si grand pour la peinture des passions. J’ai lu cela. Il a passé trois ans en Grèce. La Grèce est pour lui comme l’Italie pour Dominique229. Hors de là, il fait des vers qui, de retour en Grèce, lui semblent plats. Il y retourne.

Michel-Ange aura 180 pages de manuscrit, id est 127 pages imprimées. J’en suis à 104. Tout est copié. Je corrige, mais le mal de nerfs est venu hier; au lieu de travailler, – quatre heures sur mon lit.

Pas une note? – Cependant ne crois pas si peu utiles les notes, cela accroche les sots, les benêts, les gens qui ne comprennent pas le texte. D’autres fois la chose difficile est jetée en note. J’avais le projet de n’en point faire, j’ai vu fair island230, Lappy, Mich., Alex., my brother-in-law231, qui sont bien loin d’être sots, et j’ai fait les notes. Tu n’as pas d’idée combien nous sommes en arrière pour les arts et d’une présomption si comique. La présomption rend les trois quarts de nos livres ridicules à l’étranger. Si jamais tu écris, songe à lire l’Edinburgh Review, pour voir le ton des autres nations. Ce pauvre Travel! si la médecine qu’on lui donne ne le guérit pas, il est mort. On attend l’effet. (Sa femme pleure).

Winkelmann, c’est Mlle Emilie racontant l’histoire d’Héloïse et d’Abélard.

Je ne suis pas en train de relever cet admirable ridicule. Il y aurait de la prétention. Tous les gens à sensiblerie citent Winkelmann; dans vingt ans, si l’opus réussit, on citera l’opus.

Religion.– Pour n’être pas un enfonceur de portes ouvertes, Dominique voulait respecter la religion. Il avait déjà fait un morceau là dessus. Mais il a étudié l’histoire, il a cru que la seule législation du XVe siècle en Italie était l’Enfer et que Michel-Ange avait été forcé à être peintre juré de l’inquisition. Forcé, poussé par l’histoire (Pignatti, Machiavel, Varchi, Guichardin, etc.) il a été forcé de mal parler dans la vie de M.232; il a jeté au feu hier sept à huit feuilles atroces. Il craint encore que tu n’en trouves trop. Mais on ne se doute pas de cela à Paris. Il faut bien faire entrer cette idée. Au reste, la nouvelle Chambre, au moyen de deux voix et de quatre places par député, sera probablement modérée, et l’on aura en janvier d’autres chiens à fouetter. Comment rendre discrètes les shepherderies233, et Fair island? Si tu le peux, fais-le.

Si tu trouves réellement basse, plate, la dédicace234, pouvant faire rougir Dominique en 1826, supprime-la. Il m’a consulté, je ne la trouve pas plate. Item, primo panem, deinde philosophari. Avec 1,200 fr. par an au Cularo235 je serai le plus malheureux des êtres, avec 4 ou 6 ici, very happy236.

LIII
Au Même

Milan, 21 octobre 1816.

Sais-tu que l’ouvrage perdra infiniment s’il n’y a pas de titre à gauche. Pour fair island, le père Martin, etc., etc., le sujet est intéressant, mais la manière fatigante, désagréable. Ils fermeront le livre; puis, poussés par la curiosité, le rouvriront et parcourront les titres à gauche. S’il en est temps encore, le moyen est bien simple, diminue de moitié les titres à gauche.

Ils sont trente, je suppose, n’en mets que dix. Les annonces les plus générales, alors quelque borné que soit le prote, il les placera. Il y aura quelque bévue? Hé bien, j’aime mieux deux ou trois bévues et avoir ces titres qui excitent l’attention, facilitent les recherches, etc. Je viens d’en sentir tout l’agrément dans le Voyage en Angleterre, de M. Siméon. Donc, s’il en est temps, etc.

Epigraphe du second volume, sur le titre: To the happy few237.

Pour que mes feuilles se courent aucun risque, ne m’envoie qu’une ou deux feuilles à la fois. Tu n’as qu’à faire deux ou trois enveloppes avec du papier opaque. Je ne te renvoie pas la lettre du bossu que j’ai déchirée. Mets la lettre de Mme Périer238 à la poste. Ou bien monte lui la tête en lui interceptant la moitié de ses lettres. Mes respects à Mme Prax239. Prie-la de ne pas me voler tout ton cœur240.

Dubois du Bée.

LIV
Au même

Livourne, le 15 novembre 1816.

Je n’ai pas voulu t’assassiner de lettres. Tu as autre chose à faire. La dernière que j’ai reçue de toi est celle de Mâcon. Au moins la moitié des lettres sont jetées au feu.

Le trop d’attention pour Michel, m’a donné des nerfs si forts que, depuis dix jours, je n’ai rien pu faire.

J’ai lu devant moi ledit Michel, copié en 192 pages. En deux jours de santé, je donne le dernier poli et j’envoie.

Il y aura quatre lacunes pour des descriptions qui doivent être faites par celui qui décrit et qui a vu ce grand homme sous un jour nouveau. Ce que les auteurs vulgaires blâment comme dur, je le loue comme contribuant à faire peur aux chrétiens; cette peur salutaire qui conduit en paradis fut le grand but de Michel-Ange.

Tu es probablement très heureux pour le cœur, figure-toi que je suis le contraire uniquement à cause de Cularo241. Que faire? Je suis forcé de contempler le laid moral. Je voudrais ne pas avoir si fort raison contre l’homme242 qui abuse du droit du plus fort. Si le bâtard n’avait rien, je prendrais un parti vigoureux, probablement professeur en Russie.

On laissera tranquille un homme qui raisonne obscurément sur les arts. La religion est la cause unique du dur et du laid que les sots reprennent dans Michel-Ange. Laisse le plus que tu pourras le développement de ce ressort secret. Mets des points quand tu supprimeras. En un mot, M. le chimiste, cette espèce d’écume qu’on nomme beaux-arts est le produit nécessaire d’une certaine fermentation. Pour faire connaître l’écume, il faut faire voir la nature de la fermentation.

J’ai lu les vieilles histoires en originaux, j’ai été frappé de l’ignorance où nous sommes sur le Moyen-Age et de la profonde stupidité et légèreté des soi-disants historiens. Prends pour maxime de ne lire que les originaux et que les historiens contemporains.

Pour me rafraîchir le sang, donne-moi quelques détails sur ton bonheur.

Présente mes respects à Mme Praxède et prie-la de ne pas me voler tout ton cœur243.

LV
Au Même

Milan, le 26 décembre 1816.

Ta lettre du 28 novembre, que je reçois à l’instant, m’a fait le plus vif plaisir, au milieu de l’isolement moral où je me trouve.

Je marche constamment de huit heures du matin à 4, à pied et pour cause. Je suis si harassé que je m’endors à 6 heures jusqu’à 8 le lendemain. Du reste, pas d’attaques de nerfs depuis onze jours que mon extrême curiosité me fait courir. L’économie me jette dans une petite auberge où il n’y a pas même de plume. Je ne te noterai donc pas la centième partie des idées que m’a données ta lettre.

Farcis Michel-Ange, que tu auras reçu le 14 décembre, de notes pieuses et révérencieuses. Tâche de ne pas supprimer de vers, car dans mon illusion, il me semble que tout se tient dans ce poème. Michel-Ange, pour la douce religion de la Grèce, eût été Phidias. Tu recevras dans trois jours, ce qui manque à Michel-Ange. Je n’ai pas eu le temps de polir vingt pages de détails à la fin de Michel. Efface les détails ridicules par leur peu d’importance. J’aurais eu besoin de laisser dormir deux mois et de revoir ensuite. A l’histoire de Saint-Pierre, après ces mots: le signe d’aucune religion n’a jamais été si près du ciel, il y a une longue note sur les temples de l’Inde. Cela n’est pas exact: mets seulement pour toute note: en Europe.

Avant cette cruelle révolution qui a tout bouleversé, en France, on mettait le nom d’une ville étrangère aux books244 tolérés. Comme une sage imitation doit toujours conduire l’autorité, je propose de faire faire un nouveau titre au poème des arts. Mettre: par M. Jules-Onuphe Lani245, de Nice, et pour lieu d’impression: Bruxelles ou Edimbourg. Car, si l’on connaît Dominique, cela incendie son rendez-vous, ce qui piquerait fort ce jeune homme amoureux. Ensuite dès que l’opération de cet infâme monstre d’incorrection, Le Bossu, aura produit mille, je te prie instamment de lui ordonner d’envoyer huit cents à Bruxelles, dormir en paix et à l’abri de M. Le Bon, huissier à verge. On fera cadeau de soixante ou quatre-vingts; on ne mettra en vente que dix jours après les cadeaux. Par ce moyen l’opinion publique sera dirigée, en quelque sorte par les quatre-vingts gens d’esprit que Seyssins246 aura gratifiés et dont je lui laisse le choix. Je lui ai envoyé jadis une liste247 qui pourra le guider. Il faut y ajouter, madame Saussure, née Necker, à Genève, M. de Bonstetten, à Genève; à Paris, Mme la comtesse de Saint-Aulaire, M. le comte François de Nantes, M. le général Andreossy. N’oublie pas la note comique de Schlegel qui voudrait couper le cou à la littérature française. Il faut cela pour me différencier de ce pédant pire que les La Harpe. The work of Mme de Stael which I Know248 fera bien un autre scandale. Cette pauvre dame qui, au fond, manque d’idée et d’esprit pour l’impression, quoiqu’elle en ait beaucoup pour la conversation, me semble vouloir avoir recours au scandale pour faire effet. Elle parlait of going to America after this book249 qui paraîtra la veille de son départ de Paris pour Coppet.

Immédiatement après les vers sur le beau-moderne vient le Michel-Ange. Le cours de cinquante heures est après Michel-Ange. Les volumes seront assez gros, ce me semble. La paresse m’empêche de faire l’appendice. Nos yeux sont si en arrière! je vis ici avec dix ou douze… impossible, dix mille fois impossible de faire sentir les arts à ce qu’on appelle à Paris un homme d’esprit parlant bien de tout; j’ai eu beau les mettre en fonctions de la connaissance de l’homme – lettre close par les Français. Après avoir remué toute la journée hier pour avoir des billets pour la première représentation du grand Opéra, ils ont fait de l’esprit sur les costumes pendant la première demi-heure, ont parlé continuellement, et enfin l’ennemi les a chassés avant le tiers du spectacle. C’était le Tancrède du charmant Rossini, jeune homme à la mode.

Je pourrais tout au plus t’envoyer quatre pages de notes précises sur la richesse de Florence au 13e siècle à mettre à la fin du first vol250. Cela est aussi curieux qu’ignoré. Mais, au total, je désespère de faire sentir les arts à ces monstres de vanité et de bavardage. Ils sont de bonne foi quand il disent: cela est mauvais, leur âme sèche ne peut sentir le beau. Je vois partout des Mlle Emilie. Je ne crains qu’une chose, c’est que, trouvant de la duperie à faire quoi que ce soit, je ne finisse par me dégoûter du seul métier qui me reste. Je me suis tué à la lettre for this work251 par le café et des huit heures de travail pendant des trente ou quarante jours d’arrache pied. Je réduisais par là à vingt pages ce qui en avait d’abord cinquante. J’ai usé le peu d’argent disponible, j’ai donné les soins les plus minutieux et les plus ennuyeux à un excellent ami, je risque d’incendier mon rendez-vous avec la musique, et tout cela pour offrir du rôti à des gens qui n’aiment que le bouilli. Y a-t-il rien de plus bête252?

211.Louis Crozet, né à Grenoble, contemporain d’Henri Beyle, l’un de ses fidèles amis (voir Journal, passim). Louis Crozet était ingénieur des ponts et chaussées.
212.De 4 ou 5 Anglais du premier rang et de la plus grande intelligence.
213.La Revue d’Edimbourg, fondée en 1802 par Jeffrey, Brougham, Sidney Smith.
214.L’Histoire de la Peinture en Italie qui fut publiée en 1817.
215.En Angleterre, si jamais l’H.
216.Beyle parle de son Histoire de la Peinture en Italie, comme d’un poème.
217.Lettre inédite. – (Bibliothèque de Grenoble).
218.Voir Journal.
219.Le père de Beyle.
220.Voir Corresp. Inédite, vol. I p. 6: Instruction pour MM. F. Faure et L. Crozet.
221.Pièce restée inachevée, voir Journal.
222.C’est la Vie de Henri Brulard.
223.A la mort du Jésuite (c’est le père de Beyle), si je puis, j’irai en Angleterre.
224.Lettre inédite (Bibliothèque de Grenoble).
225.Chez Mme de Staël.
226.Lettre inédite (Bibliothèque de Grenoble).
227.Félix Faure.
228.English Bards and Scotch Reviewers, violente satire, publiée en 1809.
229.Beyle.
230.Bellisle, voir Journal.
231.Mon beau-frère.
232.Michel-Ange.
233.Mot forgé par Beyle, de shepherd, berger (bergerie).
234.La célèbre dédicace à Napoléon.
235.A Grenoble.
236.Très-heureux. – Lettre inédite. – (Bibliothèque de Grenoble).
237.Pour quelques élus. Epigraphe favorite de Beyle.
238.Sa sœur Pauline.
239.Mme Praxède Crozet, femme de Louis Crozet.
240.Monsieur le chevalier Louis Crozet, chez M. Payan l’aîné, à Mens, par Vizille, Isère. – Lettre inédite (Bibliothèque de Grenoble).
241.Grenoble.
242.Son père.
243.Monsieur le Chevalier Louis Croizet, ingénieur des Ponts et Chaussées, chez M. Payan l’aîné, à Mens, département de l’Isère.
  Lettre inédite. – (Bibliothèque de Grenoble.)
244.Livres.
245.L’Histoire de la peinture en Italie parut sans nom d’auteur. – Beyle se désigne simplement sous les initiales B. A. A.
246.Crozet
247.Voir cette liste plus loin, p. 253.
248.L’ouvrage de Mme de Staël que je connais.
249.D’aller en Amérique une fois ce livre paru.
250.Premier volume.
251.Pour cet ouvrage.
252.Lettre inédite. – (Bibliothèque de Grenoble).
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 октября 2017
Объем:
310 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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