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Le secteur de la microfinance en Afrique

La microfinance en Afrique est assurée par un groupe diversifié d’acteurs tels que des banques commerciales, des IMF et, depuis peu, des prestataires de services financiers numériques. L’analyse de la Société financière internationale (IFC) et du Groupe consultatif d’assistance aux plus pauvres (CGAP) en 2014 montre que si les banques commerciales en Afrique offrent généralement une gamme complète de produits et services bancaires, y compris des microprêts, elles ont tendance à se concentrer sur les grandes entreprises et les particuliers aisés, laissant 57 % de la population africaine non bancarisée – comme le constate l’enquête Global Findex (Groupe de la Banque mondiale, 2018). Les institutions financières non bancaires, formelles et informelles, se sont engouffrées dans cette brèche pour servir les individus, les ménages et les petites et moyennes entreprises (PME) exclus. Ces institutions non bancaires comprennent les institutions de microfinance traditionnelles et divers autres acteurs, tels que les fournisseurs de services financiers numériques. Les réseaux d’agents jouent également un rôle important en permettant aux personnes mal desservies, notamment dans les zones isolées, d’accéder aux services financiers[12]. Ils favorisent l’adoption et l’utilisation des services financiers numériques (CGAP, 2019), en particulier dans les sociétés où l’argent liquide prévaut.

Le secteur africain de la microfinance s’est professionnalisé et « commercialisé » au cours des deux dernières décennies. Au début des années 2000, peu d’organismes de microfinancement africains, quel que soit leur type, étaient financièrement viables. Le secteur pouvait donc difficilement atteindre la taille nécessaire pour répondre aux besoins d’une vaste population de ménages et d’entreprises non bancarisés. La réaction est venue de plusieurs sociétés de portefeuille et investisseurs mondiaux – soutenus par des institutions de financement du développement, dont la Banque européenne d’investissement – qui ont appuyé le lancement d’institutions de microfinance créées ex nihilo. Ces institutions financières formelles à but lucratif, bien gérées et viables, proposent une gamme de produits financiers selon un modèle d’exploitation évolutif. Ce travail de création de ces nouvelles institutions s’est concentré en Afrique subsaharienne et a permis d’étendre l’offre commerciale par le biais d’institutions réglementées, principalement des établissements de dépôt ciblant les personnes à faibles revenus, les microentreprises et les petites entreprises. Aujourd’hui, divers acteurs fournissent des services de microfinance en Afrique. Il s’agit d’institutions de microfinance à but lucratif (dont la plupart sont réglementées), d’ONG, de fournisseurs de microfinance informels et non réglementés et d’une série d’autres institutions financières non bancaires, de coopératives et d’institutions gouvernementales (telles que les banques postales).

Pour les micro-emprunteurs africains, l’importance de chaque type d’acteur du marché financier n’est pas la même selon la région, le pays et l’endroit, une variation qui reflète leur diversité économique et sociale. Selon le CGAP et le MIX, 2011[13], avant le boom des services bancaires numériques, les acteurs dominants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale étaient les coopératives financières. Ces coopératives ont une forte pénétration auprès des clients non bancaires, mais ont généralement de faibles capacités de gestion des risques, comme en témoignent leurs résultats médiocres sur des indicateurs tels que le portefeuille à risque et les abandons de créances. Les IMF et autres institutions financières non bancaires dominent en Afrique de l’Est, où elles sont de plus en plus nombreuses à atteindre une grande échelle. Cette sous-région est également le berceau historique des services financiers numériques en Afrique, de sorte que divers fournisseurs de services de paiement mobile jouent désormais un rôle important aux côtés de ces institutions. L’importance relative des IMF est plus faible en Afrique australe et en Afrique du Nord que dans les autres sous-régions, car, sur ces marchés, les banques commerciales revendiquent la majorité des déposants et des emprunteurs.

Les institutions de microfinance desservent aujourd’hui près de 8 millions d’emprunteurs à travers l’Afrique. Selon l’analyse des dernières données disponibles du MIX Market[14], les IMF communiquant des informations au MIX comptaient, en 2018, 6,3 millions d’emprunteurs en Afrique subsaharienne et près de 1,5 million en Afrique du Nord. Les IMF déclarantes en Afrique subsaharienne totalisaient un portefeuille de prêts bruts de 9,4 milliards d’USD en 2018, soit environ 8 % du portefeuille total de prêts en cours des IMF déclarantes dans le monde, et des dépôts de 13 milliards d’USD. Les institutions déclarantes pour l’Afrique du Nord représentaient un portefeuille total de prêts brut de 0,7 milliard d’USD (aucune donnée sur les dépôts n’était disponible). En Afrique subsaharienne comme en Afrique du Nord, 64 % des emprunteurs actifs étaient des femmes, tandis que la proportion des emprunteurs vivant en zone rurale était de 60 % et 51 % respectivement, ce qui tend à prouver que la microfinance comble les lacunes du marché pour soutenir l’autonomisation économique des femmes et l’inclusion des populations isolées.

Au cours de la dernière décennie, les bailleurs de fonds internationaux ont donné la priorité à l’Afrique subsaharienne pour les investissements dans l’inclusion financière, y compris les services financiers numériques. D’après les données du CGAP[15], en 2019, l’Afrique subsaharienne a reçu pour la première fois plus de financements pour l’inclusion financière que toute autre région, avec 7,6 milliards d’USD d’engagements actifs. Cela représente une croissance de 18 % en données annualisées depuis 2015. En Afrique du Nord, l’Égypte et la Tunisie enregistrent les flux d’investissement les plus importants, soit 2 milliards d’USD au total. La forte pénétration des paiements mobiles en Afrique subsaharienne offre des occasions nouvelles d’étendre, d’améliorer ou de valoriser les fondements numériques et de faire progresser l’inclusion financière à l’appui d’autres objectifs de développement. Sur l’ensemble des engagements consacrés aux services financiers numériques en 2019, 35 % visaient l’Afrique subsaharienne, soit plus que n’importe quelle autre région cette année-là.

La crise du COVID-19 et le secteur de la microfinance en Afrique

Pendant la crise du COVID-19, les IMF africaines ont été confrontées à des problèmes de liquidités et des menaces sur leur solvabilité à long terme, ce qui a entravé leur capacité de prêt aux agents économiques dans le besoin. L’enquête Global Pulse du CGAP sur les institutions de microfinance (CGAP, 2020a) a fourni à la communauté de l’inclusion financière ses premiers éléments d’appréciation de l’impact initial de la pandémie dans le secteur de la microfinance aux niveaux mondial et régional. Plus de 150 IMF africaines ont participé à sept cycles de collecte de données entre juin et décembre 2020. La taille réduite et variable de l’échantillon signifie que les données – et, en particulier, les évolutions dans le temps – doivent être interprétées avec prudence ; néanmoins, les réponses enregistrées entre le début et le milieu de l’année 2020 démontrent clairement les préoccupations des institutions participantes concernant la liquidité et la solvabilité face aux difficultés de remboursement de leurs emprunteurs et à la contraction des nouveaux prêts. Les répondants ont indiqué que les prêts collectifs avaient particulièrement pâti des restrictions aux déplacements des personnes, qui rendaient difficile l’organisation de réunions de groupe. Les prêts aux micro-entrepreneurs en milieu urbain ont également été durement touchés, tandis que les prêts agricoles sont ceux qui ont le moins souffert.

Les IMF africaines ont adopté une série de mesures pour faire face à la crise du COVID-19. Les répondants à l’enquête du CGAP ont indiqué qu’ils avaient durci leurs critères d’octroi de crédit, ne prêtant plus, essentiellement, qu’à des clients connus, ce qui a pu nuire aux emprunteurs les plus vulnérables (CGAP, 2020a). Les données collectées par Symbiotics en 2020 et au premier trimestre de 2021 – décrites dans une série de rapports du CGAP et de Symbiotics (voir CGAP et Symbiotics, 2021a, 2021b et 2021c) – indiquent qu’il y a eu peu d’intervention officielle des autorités de réglementation dans les pays couverts. Les institutions de microfinance ont toutefois proposé un large éventail de solutions à leurs clients, telles que des moratoires et des exonérations générales de remboursement, avec le soutien de leurs bailleurs de fonds. La majorité des moratoires avaient une durée limitée, conforme à la durée prévue des mesures de confinement et proportionnée à la durée courte des prêts sous-jacents. L’encadré 2 présente un exemple de réaction des IMF à la crise en Afrique du Sud.

Les institutions de microfinance ont également procédé à des adaptations d’ordre opérationnel pour faire face aux restrictions et limiter leurs frais, en permettant le télétravail, en mettant du personnel en congé sans solde et en réduisant les effectifs. Le travail d’étude du CGAP consacré à l’Ouganda ainsi qu’à certains pays hors Afrique (CGAP, 2020c) révèle que certaines IMF ont pris des mesures innovantes, comme acheter des crédits d’appel pour les clients afin de maintenir le contact par SMS ou louer des moyens de transport privés ; la plupart ont fourni des équipements de protection individuelle à leur personnel resté physiquement présent dans les agences pendant la crise. Dans d’autres pays africains, les grandes IMF ont maintenu une communication régulière avec leurs clients, par téléphone et par SMS, pour évaluer leur situation financière ; cela devrait leur assurer des taux de remboursement élevés lorsque l’économie redémarrera. En outre, certaines IMF ont pu saisir l’occasion qui leur était donnée d’aider l’État à distribuer les transferts sociaux pendant la crise, en s’appuyant sur leur vaste réseau au sein de la population pauvre et sur leur souplesse opérationnelle.

Encadré 2 : Soutenir la résilience des très petites entreprises d’Afrique du Sud pendant la crise

L’Afrique du Sud a subi le plus grand nombre de cas de COVID-19 (plus de 2,5 millions) de toute l’Afrique subsaharienne, outre des conséquences économiques majeures. Malgré les lourdes restrictions liées à la pandémie, l’activité des PME a montré une forte résilience grâce aux moyens numériques et à un certain soutien des politiques publiques. Les micro-entrepreneurs ont fait preuve d’agilité en réduisant leurs frais généraux et en mettant en oeuvre des modèles commerciaux flexibles, s’adaptant ainsi plus rapidement à l’évolution de l’environnement. Mais la crise a malgré tout eu des effets néfastes sur les très petites entreprises. Les IMF sud-africaines qui composent le portefeuille de Symbiotics ont réagi en modifiant leur processus de souscription de crédit, en exploitant la technologie et en se concentrant sur les secteurs les plus résilients de l’économie. En conséquence, la qualité du portefeuille reste acceptable en moyenne, même si la croissance des portefeuilles de prêts a déçu les attentes. L’Afrique du Sud a récemment mis en place des restrictions plus strictes sur les déplacements et les activités économiques afin de contenir la pandémie, mais le portefeuille de Symbiotics devrait résister, car les IMF ont pris soin d’éviter les secteurs les plus vulnérables au cours des douze derniers mois.

Les services financiers numériques ont aidé les institutions de microfinance et leurs clients à traverser la tempête. Selon le rapport sur l’état du secteur des paiements mobiles (GSMA, 2021), la pandémie de COVID-19 a déclenché un basculement généralisé dans l’adoption des outils numériques. Les restrictions aux déplacements et les risques éventuels liés à la manipulation d’espèces ont conduit les consommateurs à se tourner rapidement vers les paiements numériques, qui constituent une option plus sûre et plus accessible. En 2020, le nombre de comptes de paiements mobiles enregistrés a augmenté de 12,7 % à l’échelle mondiale, avec plus de 136 millions de nouveaux comptes en une seule année. Comme mentionné ci-dessus, l’Afrique subsaharienne a représenté la plus grande partie de la croissance (43 % de tous les nouveaux comptes), le nombre total de comptes dépassant le demi-milliard. Selon l’enquête Global Pulse du CGAP sur les institutions de microfinance (CGAP, 2020a), les IMF qui avaient adopté les canaux numériques avant la pandémie étaient mieux armées que les autres pour affronter la crise. L’utilisation de ces canaux leur a permis de continuer à collecter les remboursements, de percevoir des commissions sur les paiements numériques et de donner à leurs clients un accès à l’épargne et aux retraits durant toute la crise. En revanche, les institutions dépourvues de canaux numériques ont vu leurs frais de fonctionnement augmenter. Ailleurs, la faible pénétration du numérique et la médiocrité des liaisons avec les plateformes de paiement mobile dans certains pays ont privé de nombreux clients d’un accès aux services de microfinance pendant les épisodes de confinement.

Les décideurs politiques et les autorités de réglementation ont mis en oeuvre diverses mesures pour soutenir les IMF et leurs clients. D’après les réponses des institutions de microfinance de 14 pays d’Afrique à une enquête menée par Symbiotics en décembre 2020 (CGAP et Symbiotics, 2021b), l’étendue des mesures réglementaires prises pour protéger le secteur pendant la pandémie a été moindre que sur les autres continents. Les interventions des autorités de réglementation semblent avoir surtout concerné les grands pays au secteur financier plus mature et s’être concentrées essentiellement sur les entités réglementées. L’ensemble précis des dispositions mises en oeuvre varie selon les sous-régions et les marchés, mais comprend des moratoires, des mesures de restructuration de la dette et l’assouplissement des ratios d’adéquation des fonds propres requis pour éviter les contraintes de liquidité (figure 2)[16]. Par exemple, la Banque d’Ouganda a donné aux institutions de microfinance la possibilité de proposer des moratoires ou des restructurations au cas par cas à tout moment entre le 1er avril 2020 et le 30 mars 2021, avec un maximum de deux rééchelonnements autorisés par prêt. Le cumul des intérêts a été autorisé, y compris la capitalisation des intérêts (conversion des intérêts en capital ou intérêts sur les intérêts), tandis que les frais prélevés devaient être « raisonnables ». Seuls les prêts dont les remboursements étaient à jour étaient initialement concernés, mais la Banque d’Ouganda a ensuite autorisé les moratoires, même pour les prêts présentant des arriérés.

Figure 2 : IMF africaines faisant état de mesures réglementaires spéciales, au 31 mars 2021 ; nombre de pays concernés


Source : enquête Symbiotics MFI Africa, avril 2021. Échantillon : 14 pays.

Si les mesures de politique publique ont aidé le secteur de la microfinance à faire face à la crise, la plupart des programmes de moratoire ont, en fin de compte, fait grimper le coût total pour les emprunteurs par le biais des intérêts courus (et parfois des frais). Les emprunteurs peuvent finir par payer plus d’intérêts et perdre l’accès à de nouveaux prêts (CGAP, 2020b). L’expérience de la pandémie fournit aussi des enseignements importants pour mieux se préparer à la prochaine crise en adaptant les mesures de réponse telles que les moratoires aux besoins spécifiques des IMF et de leurs clients. Le CGAP propose cinq principes pour guider les autorités de réglementation dans l’élaboration de mesures centrées sur le client aux fins d’atténuer l’impact du COVID-19 sur le secteur de la microfinance (encadré 3).

Encadré 3 : Principes directeurs du CGAP pour les réponses des instances de réglementation aux conséquences de la crise sanitaire sur le secteur de la microfinance

1. Être pro-pauvres. Les clients pauvres doivent bénéficier d’une aide efficace et d’un accès continu aux services, et être protégés.

2. Être claires et prévisibles. Les mesures de réponse doivent avoir un calendrier, un champ d’application et une stratégie de sortie clairs.

3. Avoir une large couverture. Les mesures de réponse doivent couvrir tous les prestataires de services de microfinance réglementés.

4. Préserver la sécurité et la solidité des fournisseurs de microfinance. Les mesures de réponse doivent équilibrer les avantages et les risques des changements réglementaires.

5. Ajuster la supervision. Les mesures de réponse doivent réduire la charge de la supervision tout en renforçant le contrôle fondé sur les risques.

Sur la voie de la reprise ?

Les portefeuilles de microfinance africains se sont contractés et le risque de crédit a fortement augmenté, de sorte que la reprise sera probablement difficile. Les enquêtes du CGAP et de Symbiotics (CGAP, 2021) indiquent que les volumes de prêts se sont considérablement contractés au début de la crise (figure 3). La figure 3 présente la trajectoire de croissance des décaissements en microfinance pour le portefeuille de Symbiotics, en confrontant les données d’avant la crise pour 2019 et les données au début de la pandémie en mars 2020 et en mars 2021. Les volumes décaissés ont entamé une remontée en 2020, mais ils n’ont pas encore retrouvé, en valeur réelle, leur niveau de 2019.

Figure 3 : Croissance nominale des décaissements moyens mensuels par rapport à mars 2019


Source : Symbiotics

Figure 4 : Ratio moyen de risque de crédit


Source : analyse par le CGAP et MicroFinanza Rating (MFR) (CGAP, 2021d).

Remarque : défini comme la valeur moyenne de (portefeuille à risque 39 jours ou plus + prêts échus depuis moins de 30 jours mais restructurés + abandons de créances) / encours brut moyen du portefeuille).

Le recouvrement relativement graduel dans les décaissements s’explique en partie par la méfiance des institutions face à l’augmentation des risques de portefeuille. La figure 4 compare le ratio moyen de risque de crédit observé en 2019 avec la situation au quatrième trimestre 2020 sur la base de données de CGAP et MicroFinance Rating (MFR). La détérioration de la qualité des portefeuilles a été plus marquée en Afrique subsaharienne que dans les autres régions du monde. Compte tenu des perspectives macroéconomiques moroses et incertaines de la région, une nouvelle détérioration est probable. Si une proportion importante d’emprunteurs fait défaut, cela finira par peser sur l’adéquation des fonds propres. La nécessité de préserver et de restaurer les volants de fonds propres rendra difficile la relance des prêts par les IMF, ce qui pourrait avoir de profondes incidences sur les perspectives de reprise, notamment pour les plus vulnérables. Les ménages à faibles revenus et les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) en Afrique, y compris les populations très pauvres et difficiles à atteindre, comptent généralement sur les IMF comme unique source de financement externe.

Les perspectives varient entre les différents types de prestataires de microfinance, les plus petites institutions (également appelées institutions de deuxième et troisième rangs) étant les plus vulnérables. La figure 4 indique que, bien que le risque ait augmenté dans toutes les catégories examinées, l’augmentation a été la plus marquée parmi les prestataires de microfinance de petite et moyenne taille. L’analyse du CGAP révèle que les risques les plus importants se situent au niveau des IMF de deuxième et troisième rangs, comprenant principalement des institutions de petite à moyenne taille, qui sont généralement un peu moins matures et moins rentables, ainsi que des institutions de microfinance en phase de démarrage et des petites ONG. Au service des populations les plus pauvres qui ont été gravement touchées par la pandémie, ce groupe vulnérable d’institutions financières aura sans doute besoin d’un soutien accru pour se remettre de la crise. Des regroupements s’imposeront probablement au sein de ce segment, certaines institutions n’ayant pas la capitalisation suffisante pour encaisser l’impact de la pandémie. En revanche, les grandes institutions avaient généralement de meilleurs plans de gestion des risques et de continuité des activités en place avant la crise ; beaucoup d’entre elles disposaient de solides réserves de fonds propres qui leur ont permis de traverser la tempête. Ces institutions seront mieux placées pour se rétablir et pour stimuler la reprise en continuant à accorder des prêts. En revanche, les établissements présentant des faiblesses structurelles préexistantes auront du mal à se remettre de la crise et à relancer leur activité de prêt.

Les institutions de microfinance de premier rang semblent se rétablir plus rapidement en Afrique que dans les autres régions, mais il faudra du temps pour que tous les effets de la pandémie aient été constatés. Symbiotics a récemment mené une enquête auprès d’une quarantaine d’IMF en Afrique ; les données recueillies en date de mars 2021 sont résumées dans le dernier rapport du CGAP et de Symbiotics (CGAP et Symbiotics, 2021c). L’évolution de la taille du portefeuille et du nombre d’emprunteurs est illustrée par les figures 5 et 6, respectivement. Dans l’ensemble, les grandes IMF (de premier rang) semblent se redresser plus franchement que leurs homologues des autres régions pour ce qui est du nombre d’emprunteurs, des décaissements et de la rentabilité. Cependant, du point de vue de la qualité des actifs, le niveau du portefeuille à risque et le ratio de moratoires sont plus élevés que dans certaines autres régions, ce qui pourrait freiner la reprise. D’autre part, ce portefeuille présentait un risque plus élevé avant la crise que le portefeuille correspondant dans les autres régions en raison de la taille et de la nature des institutions de microfinance.

Figure 5 : Évolution du portefeuille, jusqu’au 31 mars 2021


Source : Symbiotics.

Figure 6 : Évolution du nombre d’emprunteurs, jusqu’au 31 mars 2021


Source : Symbiotics.

Il est possible de tirer des enseignements de l’expérience de la pandémie pour mieux se préparer aux crises futures et améliorer les services aux clients. Une fois la situation stabilisée, on peut espérer que les IMF utiliseront les enseignements de la pandémie pour renforcer leur souscription, améliorer leurs canaux de distribution, en particulier les services numériques, et se concentrer davantage sur le client afin de contribuer à étendre et intensifier l’inclusion financière. L’accroissement de l’utilisation des produits d’épargne formels pourrait améliorer les résultats en matière de développement et aider les populations à mieux gérer les urgences économiques. Le défi pour les prestataires de services financiers formels est de proposer des produits équitables, abordables et transparents qui répondent aux besoins des clients.

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9789286150654
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