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Читать книгу: «Un jardin sur l'Oronte», страница 2

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III

Cette soirée transforma le jeune homme. Ces palais, leurs richesses, leurs eaux fraîchissantes, leur éclat, qu'il avait jusqu'alors admirés d'un cœur assez atone, reçurent un sens de la volupté que la Sarrasine en pouvait ressentir, et dans ces jardins pleins d'ennui, les roses, les lis et les cyprès s'humanisèrent d'une espèce de parenté avec cette fée. De son côté l'Émir éprouva un renouveau de plaisir à constater sur cet étranger la puissance de sa merveille secrète, et quand Guillaume lui dit: «Seigneur, tandis que cette péri chantait, j'ai compris comment ceux qui meurent sans péché ne se lassent jamais des harpes du paradis», l'imprudent, touché de folie, se laissa aller à répondre:

– Ah! si tu la voyais!

Une si folle exclamation prouve combien les mœurs de l'Islam s'étaient relâchées en Syrie, au voisinage des chrétiens. Mais l'on peut croire aussi que la Sarrasine avait manœuvré pour mettre une distraction dans la monotonie des heures du harem.

Guillaume essaya d'éviter une entrevue qu'il craignait et désirait. Certains mots de ce chant céleste étaient venus le blesser comme les coups d'une lance d'argent. «Chez ma mère et chez mes sœurs, qui ressemblaient à des religieuses, il y avait, se disait-il, quelque chose de cette douceur de voix et de ce ressort de l'âme, et dans mon église d'enfance les hymnes montaient parfois sous les voûtes avec cette véhémence, qui donne envie de mourir. Alors comment se fait-il que j'éprouve à l'idée de voir cette dame une sorte de crainte sacrée?»

Il dut céder à son hôte et à la fatalité.

Une après-midi, Guillaume, sous les arcades d'une cour intérieure, attendit avec l'Émir que la Sarrasine parût. Il eût voulu, agenouillé dans l'ombre, et sa figure dans les mains, admirer sans être vu ce cantique vivant. Enfin, il y eut, sur les dalles, le piétinement d'un groupe de femmes, et les tentures écartées, l'ange du désir apparut à visage découvert. Ce fut comme si l'on étalait à nu devant le jeune homme les secrets de son propre cœur. La figure de cette élue, ainsi qu'avait fait son chant, le révéla à lui-même, et le conduisit aux sources de sa vie: il crut voir paraître, avec des visages de beauté et de bonté, toute la suite de femmes dont il était issu et les étoiles que ses plus secrets désirs appelaient.

– C'est ma sœur du ciel, se dit-il, et je l'aurais aimée avec une plaie sur la joue.

Ses voiles étaient brodés de grandes glycines et son écharpe peinte. Son visage et tout son être exprimaient la même mélodie que son chant, sans doute la musique d'une âme faite d'amour et de grâce, et dont la flamme immortelle jaillissait de ses grands yeux. Ses petits seins et tout son corps se dessinaient sous une tunique d'azur et de cramoisi, dans un gilet d'or, boutonné par de grosses perles, au-dessus d'une ceinture de gaze, et de larges pantalons de soie orange serraient sa cheville où jouait un anneau d'or.

Elle répandait autour d'elle une joie étincelante, aussitôt suivie du mélancolique sentiment que nulle minute ne peut être fixée. Et par ce chemin de tristesse on pénétrait jusqu'aux mondes qu'elle portait dans son cœur. Mais comment le jeune chrétien se fût-il orienté dans ce ciel de lumière, quand il était submergé sous les songes d'amour et les désirs de mort?

Il crut voir du fond de son rêve, le sang lui bourdonnant aux tempes et au cœur, l'Émir qui voulait qu'elle chantât, tandis qu'elle, debout, les yeux baissés et semblant fermer ses paupières sur une image frémissante, restait plusieurs minutes à répéter en esprit sa chanson pour elle seule. Il la contemplait. Elle assemblait ses forces et faisait le plein dans son cœur. On eût dit un aiglon qui va risquer son premier vol. Quelle présence de la jeunesse, de la beauté et de tout ce qu'il y a de pur dans le monde! Son sourire d'azur et d'argent avait l'éclat de la mer, le matin, quand elle se brise au rivage du Liban. Deux femmes debout derrière elle semblaient prêtes à la retenir, soit qu'elle s'évanouît, soit qu'elle voulût regagner trop tôt le ciel des péris, et avec des mots de nourrice l'encourageaient, tandis qu'elle paraissait dire:

«Je ne puis pas, vous voyez bien que je vais mourir!» Et ses poignets, ses petites mains aux ongles roses avaient autant d'expression que son visage pour révéler la timidité de son âme. Enfin elle s'approcha, et, s'appuyant sur l'épaule de son maître, le pria sans paroles qu'il la dispensât de chanter.

L'Émir fut flatté de cette angoisse qu'elle éprouvait à paraître devant un étranger, et l'imprudent ne désira que davantage obtenir d'elle ce qu'il lui fallait pour l'instant ajourner. Quant au jeune chrétien, il songeait en lui-même: «L'inconnu qui pleure, à la tombée du soir, en écoutant le muezzin, est plus près de ce haut chanteur inconnu que ce musulman du cœur de cette femme qu'il prendra cette nuit dans ses bras. Sans illusion d'espoir, je veux qu'elle agisse sur mon âme et qu'elle y fasse prévaloir mes parties les meilleures.»

Il comprenait qu'il avait entendu un chant magique et pour la vie subi une toute-puissante fascination.

IV

L'Émir n'épuisait pas sa satisfaction de l'éblouissement du jeune chrétien:

– Songe, lui disait-il, aux milliers de roses qu'il fallut presser pour obtenir une goutte d'un tel parfum! Ses mère et grand'-mères ont toujours vécu dans le sérail des rois; si haut que la mémoire remonte, elle a pour aïeux les chefs qui commandaient à Damas, à Homs, à Hamah, et l'Asie ne peut rien fournir de mieux. C'est une réussite qu'après nous, plus jamais, aucun homme ne reverra. Mais de la roseraie où Allah fit cette vendange, une douzaine d'autres jeunes femmes que je possède exhalent le parfum. Je puis te les montrer. Écoute, reste avec nous, je t'en donnerai une à respirer.

Guillaume avoua qu'il ne pensait plus à partir.

Alors l'Émir l'embrassa et lui dit:

– Ami chrétien, rentre dans ta maison, et dès ce soir tu verras venir celle que l'on a choisie pour toi, une toute jeune beauté qui n'a pas encore éprouvé la vie, mais en qui la sagesse habite.

Guillaume ressentait bien quelque remords de laisser repartir ses compagnons et de demeurer en païennerie, mais sa mission était remplie, la paix signée. Chose étrange, sa foi n'avait jamais été plus vive que dans ce moment. «Voilà seulement, se disait-il, que je me fais une idée de ce que sont les anges. Il n'est rien de difficile que je ne sois prêt à exécuter pour prendre place dans la vie éternelle auprès de cette Sarrasinoise qui, j'ignore comment, ne peut pas manquer de mériter d'être sauvée.»

Il méditait ainsi, quand une chaise à porteurs s'arrêta devant sa maison et qu'un grand nègre en tira à bout de bras et lui porta jusque sur son divan une charmante fille, rieuse et courtoise, sans rien lui dire que:

– Isabelle, de la part de l'Émir.

Quand ils furent seuls, celle-ci lui fit son compliment:

– Dans le sérail, on m'appelle la savante. Je serai donc Isabelle, pour votre plaisir, – Isabelle la savante, pour vos plus hautes joies. Il m'est permis de vous l'avouer, c'est une meilleure que moi qui m'envoie. Celle dont je viens veut que ma voix, mon visage et mes complaisances vous servent, et qu'en les accueillant vous y trouviez un gage de sympathie. Je la quitte et je peux à chaque heure la rejoindre. Je pense que vous autoriserez qu'entre elle et moi jamais il n'y ait de secret, et vous ne direz pas que je vous ai trahi, si je lui confie nos propos, nos actions et lui donne un regard sur notre intimité.

– Mais d'elle, Isabelle, ne puis-je rien savoir?

– Et pourquoi donc, Seigneur?

– Je pourrai l'entendre, la voir, m'avancer dans son amitié?

– Elle en a le désir et en créera les moyens. Elle demande que vous lui soyez entièrement attaché d'esprit, et que vous laissiez tout autre soin que de lui plaire. Elle ne perdra pas de vue votre fortune et la conduira avec plus d'application que vous-même. Personne ne peut lui résister. C'est une abeille, petite et pleine de miel, qui vole avec un terrible aiguillon.

– Je crains de mal entendre et de m'égarer dans des ruses de filles cruelles qui se moquent d'un étranger.

– Votre crainte même, elle l'a prévue. Tout ce qui vous trouble, elle sait que vous êtes en train de me le dire. Elle m'a donné ses instructions. «Prends-le dans tes bras, m'a-t-elle commandé, et murmure-lui à l'oreille que nous avons modifié le proverbe. Le proverbe affirme qu'entre la coupe et les lèvres il y a la mort. Mais nous disons qu'entre la coupe et les lèvres, il y a Isabelle, – Isabelle qui vient passer avec toi des nuits de plaisir en causant de tes amours impossibles.

V

Guillaume, tout rempli du chant et de la beauté de la Sarrasine, et qui ne pouvait penser à rien d'autre, questionnait chaque nuit Isabelle sans qu'elle se lassât de répondre.

Il craignait que les deux femmes ne le jugeassent mal.

– Vous trouvez peut-être déplaisant, lui disait-il, que je laisse ainsi repartir les miens et que je demeure dans Qalaat où je suis un étranger? J'ai peur que votre reine ne me croie un mauvais garçon, capable de se laisser séduire par le luxe et l'oisiveté. Dites-lui bien que c'est une pensée irrésistible qui m'empêche de m'en retourner avec mes compagnons. Je crois que je mourrais. Pensez-vous qu'elle me mésestime et nie soupçonne de manquer à ma religion? Toute religion nous commande de nous modeler sur les personnes célestes, et celles d'ici sont les meilleures que j'aie vues.

– Laissez, petit chrétien! lui répondait-elle en riant. Ma maîtresse serait contente que vous eussiez quitté votre religion pour elle, et vous en ferait changer trente-six fois pour s'assurer de sa force.

– Ses actes sont donc calculés?

– Tu vois comment elle a su prouver à l'Émir que les chants qu'elle lui offre sont plus puissants que les divertissements chrétiens. C'est décisif qu'après l'avoir entendue tu ne désires plus retourner à ce que la veille tu préférais à tout.

«Ah! pensa le jeune homme avec tristesse, elle est habile.»

Isabelle regardait avec autant d'étonnement que d'amitié les yeux de feu de ce jeune étranger, car elle n'avait pas jusqu'alors l'idée que l'on pût voir dans une femme un être surnaturel.

– Ne pourrai-je pas un jour causer avec cette divinité? lui disait-il.

– Si fait, petit chrétien, mais en attendant je te peins à elle avec les plus jolies couleurs, et sache qu'elle m'écoute avec curiosité, car le poète l'a dit: «La cage a beau être couverte de peintures et d'ornements, l'oiseau cherche des yeux une ouverture!»

Il en revenait toujours à son désir de l'approcher et de l'entendre.

– Ne sois pas malheureux, lui répondait la jeune incendiaire. Cela viendra quelque jour. Tu nous verras, le soir, à l'heure des jardins, quand nous sommes toutes assises autour d'elle et tu diras avec le poète: «Est-ce de la poussière de musc semée autour d'une pelouse, ou sont-ce des violettes répandues au pied d'une rose?» Quand cela sera? Eh! laisse-toi conduire. Elle agit comme les péris par des mouvements gracieux et sans violence, et rien ne résiste à sa magie.

Peu de temps après, l'Émir chargea Guillaume d'un service qui l'obligeait à le rejoindre dans les kiosques et à traverser fréquemment les jardins.

Isabelle s'arrangea un jour pour qu'il y passât au moment où tout le harem s'y tenait. C'était aux heures douces du soir, sous le verger, une fête d'Asie. Le jardin de fleurs était devenu un paradis de filles. Toutes ces dames musulmanes, vêtues de soies éclatantes, couvertes de voiles de couleurs, chaussées de brodequins dorés, parées de colliers, de fards et d'odeurs, les unes marchant avec fierté comme des paons sur les pelouses, d'autres légères comme des gazelles, la plupart assises sous un cèdre, entouraient la Sarrasine. Des oiseaux de paradis autour d'un jeune aiglon. Elles mangeaient des sucreries et jouaient au trictrac, tandis que des colombes et des perdrix rouges sautillaient et picoraient autour d'elles et que des musiciens groupés à une petite distance de leur cercle éclatant, modulaient l'air fameux: «Sous les roses on joue de la harpe, sous le cyprès la flûte soupire, sous les jasmins, on récite les poèmes immortels et sous les jonquilles on cause d'amour.» Le vent s'était fait magicien et mêlait les couleurs, les parfums, les rires et la musique. Isabelle vint à la rencontre de Guillaume et le conduisit par la main à la Sarrasine. Il se fit un grand silence de tout le jardin. Pour voir le jeune homme, toutes les beautés s'étaient rapprochées, comme des biches si l'on apporte à l'une d'elles un gâteau, et se tenaient maintenant immobiles autour de leur reine, comme les pétales de la tulipe autour de son cœur noir. Et celle-ci lui dit:

– Sire Tristan, croyez-vous que nous sommes ici une suffisante collection de mandragores, de basilics et de turquoises, pour composer un philtre d'amour efficace?

Toutes se mirent à rire.

Alors il devina avec confusion qu'elles avaient entendu son récit de Tristan et Iseult à l'Émir, et que c'étaient elles les souris de la tribune, le soir du souper.

Elles crurent toutes reconnaître un effet de leur beauté dans sa timidité, mais c'était uniquement la crainte que donne l'amour, car leur variété ne servait à ses yeux qu'à rehausser leur reine, que seule il voyait.

– Chut! lui dit Isabelle, ne bougez pas.

Elle était occupée à faire un point à l'écharpe de la Sarrasine, et l'ombre du jeune homme tombait sur le large ruban, ce qui fait qu'après trois minutes, en jetant son aiguille, elle lui dit:

– Petit chrétien, je viens de te coudre à cette écharpe.

Et toutes d'applaudir. Les lèvres de rubis souriaient, les joues brillaient, les boucles de cheveux voltigeaient, certains regards étaient voilés par de longues paupières, et d'autres étrangement gais. Guillaume voyait les gouttes de sueur qui perlaient sur ces jeunes visages d'Orient, et comme pour comprendre ces gazouillements d'oiseaux il était obligé, si bien qu'il sût le langage sarrasinois, de surveiller de près le mouvement de leurs lèvres, il apercevait cette vivante humidité des jeunes bouches qui atteste aussi bien que le feu des prunelles que des beautés ne sont pas tout aériennes. Cette ardeur de l'âme qui se trahit dans leurs regards est leur qualité propre comme le parfum appartient aux fleurs, le chant aux oiseaux et la rosée aux matins d'automne. Il voyait tout cela aussi clairement qu'à leurs ceintures les nœuds de diamant, à leurs doigts les bagues et à leurs chevilles les pesants anneaux d'or. Mais il ne faisait attention qu'au bel œil étincelant de la Sarrasine et à cet air libre et guerrier qui la mettait au-dessus de toutes. Une immense joie le pénétrait à la pensée qu'elle n'avait pas refusé que l'ombre d'un humble étranger fût cousue à son écharpe de déesse.

Quand il fut parti, toutes commencèrent à le louer. Zobéide, qui était la plus joyeuse, dit en riant:

– Puisse-t-il être, madame, comme l'oiseau Homay qui assure une fortune éclatante à celle sur qui s'arrête son ombre.

– Bah! dit la grosse Badoura, fortune ou infortune, que je voudrais donc me réfugier sous l'ombre de ce bel oiseau.

Et toutes commencèrent à vouloir que la savante leur confiât ses secrets. Mais elle se tourna vers la sultane:

– Vous ne dites rien, madame.

Elles n'en purent tirer que ceci:

– Il est de bonne mine, et je suis bien aise que notre Seigneur se soit assuré un gage de cette valeur.

Isabelle rapporta à Guillaume ces propos (en taisant toutefois cette idée de gage), et dans sa joie il entama comme une suite de strophes, l'éloge de toutes ces dames.

– Oui, dit la Sagesse, en l'embrassant, chacune d'elles ferait une belle plume au chapeau d'un petit chrétien. Mais tu sais ce que dit le proverbe? «Bien que dans le corps de l'oiseau, il n'y ait pas une plume sans emploi, pourtant la plume de l'aile a la plus grande utilité.» C'est Oriante qui nous porte au ciel.

– Mais pourquoi donc, songea tout haut Guillaume, semblait-elle rire tout le temps?

– Elle est contente de ton admiration, comme elle le serait de trouver un chant, une écharpe, un sourire que d'autres ne posséderaient pas. Nous autres femmes, l'assentiment d'un jeune homme nous attendrit. Notre âme se repose dans le sentiment d'être aimée.

– Elle doit être un peu mobile.

– Rassure-toi, il y a chez elle un point fixe.

– Lequel donc?

– La volonté de nous dominer tous.

Guillaume désirait ardemment rencontrer de nouveau la Sarrasine, et cette fois causer avec elle seule. Isabelle s'y prêta. Elle lui dit une nuit d'avoir soin de traverser le jardin, dans la prochaine soirée, à l'heure où chante le muezzin.

Il fut exact et les vit venir toutes deux, si gaies et si nouvelles qu'il croyait ne pas les reconnaître, leurs voiles rejetés en arrière, parlant et riant à tue-tête, faisant lever et fuir les oiseaux et les papillons.

S'étant approché, il remercia la Sarrasine de lui avoir donné une amie comme Isabelle, avec qui il pouvait développer ses sentiments les plus secrets. Elle répondit qu'elle était heureuse d'avoir contribué à attacher à l'Émir et au royaume, par cette agrafe d'opale, un fidèle ami.

Bientôt ils eurent leurs ententes. Guillaume était prévenu des heures où la Sarrasine se promenait dans les jardins. Arrivait-il à l'avance, il cherchait le coin d'où il l'apercevrait le plus tôt et le mieux. Il aimait ce lent coup de poignard de la voir s'avancer paisiblement et longuement, quand elle sortait de son pavillon et sous des alternatives de lumière et d'ombre suivait la longue allée de feuillages. Si la petite cour prenait place sur les tapis de la pelouse, il osait peu à peu y passer des minutes plus longues, et c'était alors entre Oriante, Isabelle et lui une correspondance mystérieuse de gestes, de regards, de silences. Toutes ces femmes aimaient le jeune homme à cause de la distraction que son roman apportait dans la monotonie du sérail, et il respirait auprès de chacune d'elles un peu du parfum de leur reine. Mais Oriante parmi elles toutes faisait l'image la plus claire: rien d'inquiet ni de fiévreux, quelque chose d'aérien, une figure d'enfant que soulevait une joie immatérielle et dont le visage rieur rayonnait lumineusement. La nuit les surprenait parfois dans ces fêtes champêtres, car la douceur et la pureté du climat auraient permis de dormir en plein air. Alors il pouvait arriver qu'un émissaire du sultan vînt chercher la Sarrasine. Les autres femmes se réunissaient autour de Guillaume et cherchaient à l'enlever à ses pensées, Zobéide par sa gaieté vive, Badoura par sa franchise et sa cordialité, Isabelle en lui répétant que la Sarrasine avait pour lui la plus profonde amitié. Ainsi des jeunes plants de coudrier s'entrelacent pour former l'abri d'une charmille.

… Insensible empoisonnement par la musique, les couleurs, la poésie et le désir. Chaque jour lui versait quelques gouttes du mal dont il n'eût pas voulu guérir. Ces jardins fascinaient son âme et le rendaient sourd aux avertissements que le destin ne refuse jamais à ses pires victimes.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
30 июня 2017
Объем:
100 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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