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Читать книгу: «Le tour de la France par deux enfants», страница 22

Bruno G.
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CXII. – Paris. – La longueur de ses rues. – L'éclairage du soir. – Les omnibus

Que de mouvement et d'activité, mais aussi que de peines et de fatigues dans l'existence des grandes villes!

Le soir même nos trois amis, après avoir rendu visite au vieux sabotier Étienne et à sa femme, repartirent pour la France. Ils avaient résolu d'aller retrouver Guillaume, en passant par Paris pour y recevoir les fonds de l'oncle Frantz.

André et Julien étaient ravis de passer par Paris. – Nous n'y resterons pas longtemps, dit l'oncle Frantz; néanmoins je profiterai de notre passage pour vous faire connaître un peu la capitale de notre chère France.

Cette fois on avait pris trois places dans le chemin de fer.

On arriva le lendemain à cinq heures du matin. Après avoir installé ses malles dans une chambre voisine de la gare, on revêtit ses habits neufs, on mangea un morceau de pain et de fromage d'un grand appétit et l'on se mit en route.

Les magasins commençaient à s'ouvrir, les omnibus se mettaient en mouvement; Julien s'émerveillait de voir tant de monde aller et venir.

Cependant il ne tarda pas à trouver que les rues de Paris étaient bien longues et que ses petites jambes n'avaient jamais été à pareille épreuve.

– Sais-tu, lui dit André, comme on parcourait l'interminable rue de Rivoli, qui s'étend depuis la place de la Concorde jusqu'au delà de l'Hôtel-de-Ville, sais-tu quelle longueur feraient toutes les rues de Paris si elles étaient à la suite les unes des autres.

– Oh! point du tout, dit Julien; André, dis-le-moi vite si tu le sais.

– Eh bien, elles feraient une rue longue de neuf cents kilomètres, c'est-à-dire plus longue que le chemin de Paris à Marseille; et un homme qui accomplirait à pied quarante kilomètres par jour mettrait vingt-cinq jours pour parcourir cette rue.

– Oh! dit Julien, faut-il qu'il y ait des rues dans ce Paris!.. Est-ce qu'on les éclaire toutes quand vient le soir?

– Certainement, dit l'oncle Frantz; ce n'est plus comme autrefois, où les rues du vieux Paris n'étaient point éclairées. Chaque soir trente mille becs de gaz s'allument, les magasins s'illuminent et toutes les voitures passent avec des lanternes brillantes.

– Cela doit faire un bel éclairage, s'écria Julien en sautant pour tâcher d'oublier qu'il était fatigué; je vais être content de voir cela. Tout de même, il faut de bonnes jambes aux Parisiens, car il y a joliment à marcher pour aller d'un bout de leur ville à l'autre.

– Les voitures les aident, petit Julien, dit Frantz. Vois tous ces omnibus qui s'entre-croisent dans les rues. Moyennant 15 centimes on te fera monter sur le haut et tu seras traîné pendant une heure d'un point de Paris à l'autre.

– Oh! comme c'est bien inventé, cela! dit l'enfant. Je vois que tout le monde en profite pour aller à ses affaires, car les omnibus sont remplis de voyageurs. Tiens, s'écria-t-il, voici une voiture pleine de facteurs avec leurs boîtes aux lettres devant eux.

– Tous les facteurs sont conduits en voiture vers les quartiers différents qu'ils ont à desservir, dit l'oncle Frantz; sans cela leurs jambes n'y suffiraient pas, et les lettres mettraient trop de temps à arriver.

Tout en causant on parvint enfin à la maison du banquier, non loin des Halles centrales. L'oncle Frantz entra chez le banquier et y reçut l'assurance que le lendemain matin il toucherait les 6,500 francs qui lui étaient dus. Tranquilles sur ce point, nos trois amis reprirent leur promenade.

CXIII. – Les Halles et l'approvisionnement de Paris. – Le travail de Paris

Villes et champs ont besoin les uns des autres. L'ouvrier des villes nous donne nos vêtements et une foule d'objets nécessaires à notre entretien; le travailleur des champs nous donne notre nourriture

On se trouvait tout près des Halles centrales, l'oncle Frantz y conduisit les enfants. Il était neuf heures du matin, c'est-à-dire le moment de la plus grande animation. Julien n'en pouvait croire ses yeux ni ses oreilles. – Oh! oh! s'écria-t-il, c'est bien sûr une des grandes foires de l'année! Que de monde et que de choses il y a à vendre!

L'oncle se mit à rire de la naïveté de Julien.

– Une foire! s'écria-t-il; mais, mon ami, il n'y en a jamais aux Halles; le bruit et le mouvement que tu vois aujourd'hui sont le bruit et l'animation de chaque jour.

– Quoi! c'est tous les jours comme cela!

– Tous les jours. Il faut bien que ce grand Paris mange. Songe qu'il renferme plus de deux millions d'habitants, dont un demi-million d'ouvriers qui travaillent avec courage depuis l'aube jusqu'au soir. Tous ces habitants, en revenant du travail, de leurs affaires, de leurs plaisirs, ont bon appétit et espèrent trouver à dîner.

– Oh! dit le petit Julien, ils auront certes de quoi le faire. Jamais depuis que je suis au monde je n'ai vu en un seul jour tant de provisions. Regarde, André, ce sont des montagnes de choux, de salades; il y en a des tas hauts comme des maisons! Et des mottes de beurre empilées par centaines et par mille!

– Sais-tu, dit André, ce qu'il faut à peu près de bœufs et de vaches pour nourrir Paris pendant un an? J'ai vu cela dans un livre, moi; il faut cent soixante mille bœufs ou vaches, cent mille veaux, huit cent mille moutons et soixante mille porcs, sans compter la volaille, le poisson et le gibier.

– Mais, dit l'enfant, ce Paris est un Gargantua, comme on dit; où trouve-t-on tous ces troupeaux?

– Julien, dit l'oncle Frantz, ces armées de troupeaux arrivent à Paris de tous les points de la France: Paris a sept gares de chemins de fer; il a aussi la navigation de la Seine à laquelle aboutissent les réseaux des canaux français. Par toutes les voies les provisions lui arrivent. Tiens, regarde par exemple cet étalage de légumes: il y a là des choses qui ont passé la mer pour arriver à Paris; voici des artichauts, penses-tu qu'il puisse en pousser un seul en ce moment de l'année dans les campagnes voisines de Paris?

– Non, il fait encore trop froid.

– Eh bien, Alger où il fait chaud envoie les siens à Paris, qui les lui paie très cher. Ces fromages viennent du Jura, de l'Auvergne, du Mont-d'Or, que tu te rappelles bien; ces montagnes de beurre, ces paniers d'œufs viennent de la grasse Normandie et de la Bretagne: Paris mange chaque année pour dix-sept millions de francs d'œufs, ce qui suppose près de deux cents millions d'œufs.

– Mon Dieu, dit Julien, que de monde est occupé en France à nourrir Paris!

– Petit Julien, dit André, pendant que les agriculteurs sèment et moissonnent pour Paris, Paris ne reste pas à rien faire, lui, car c'est la ville la plus industrieuse du monde. Ses ouvriers travaillent pour la France à leur tour, et leur travail est d'un fini, d'un goût tels qu'ils n'ont guère de rivaux en Europe. Et les savants de Paris, donc! ils pensent et cherchent de leur côté; leurs livres et leurs découvertes nous arrivent en province.

– Oui, ajouta l'oncle Frantz, ils nous enseignent à cultiver notre intelligence, à chercher le mieux sans cesse, pour faire de la patrie une réunion d'hommes instruits et généreux, pour lui conserver sa place parmi les premières nations du monde.

CXIV. – Paris autrefois et aujourd'hui. – Notre-Dame de Paris

Paris est l'image en raccourci de la France, et son histoire se confond avec celle de notre pays

On quitta les Halles et on se dirigea vers la Cité, qui est une île formée par la Seine au milieu de Paris. Pour s'y rendre on traversa la Seine sur l'un des vingt-deux ponts que Paris possède. Au milieu, Frantz fit arrêter les enfants.

– Regardez, leur dit-il, voilà la Cité, le berceau de Paris. C'est là qu'il y a deux mille ans s'élevait une petite bourgade appelée Lutèce: on ne voyait alors en ce lieu qu'une centaine de pêcheurs, s'abritant à l'ombre des grands arbres et de la verdure que fertilisait le limon du fleuve. La Seine leur servait de défense et de rempart, et deux ponts placés de chaque côté du fleuve permettaient de le traverser.

Peu à peu Paris s'est agrandi. Son histoire a été celle de la France. A mesure que la France sortait de la barbarie, Paris, séjour du gouvernement, s'élevait et prenait une importance rapide. Nul événement heureux ou malheureux pour la patrie, dont Paris et ses habitants n'aient subi le contre-coup. Et tout dernièrement encore enfants, rappelez-vous que Paris, mal approvisionné, souffrant de la faim et du froid, a résisté six mois aux Allemands quand on ne le croyait pas capable de tenir plus de quinze jours. Séparé de tout le pays par le cercle de fer des ennemis, il n'avait point d'autres nouvelles de la patrie que celles qui lui arrivaient sur l'aile des pigeons messagers échappés aux balles allemandes.

– Oh! j'aime Paris, dit Julien, et je suis bien content de le connaître… Mon oncle, ajouta-t-il ingénument, quand nous serons aux champs, nous ferons pousser du blé nous aussi pour nourrir la France et le grand Paris.

Tout en causant on avait traversé le pont et l'on arriva en face de Notre-Dame, l'église métropolitaine de Paris. Ce fut le tour d'André de dire ce qu'il savait.

– Petit Julien, vois-tu cette belle église tout ornée de dentelles découpées dans la pierre, de statues taillées avec art; elle aussi a assisté aux premiers jours de la France. La première église de Paris fut bâtie ici il y a quinze cents ans, elle s'appelait Notre-Dame. Lorsqu'elle devint trop petite et commença à tomber en ruines, on entreprit la construction de celle-ci sur la place même où était l'ancienne Notre-Dame, et on mit un siècle à la construire. Les voûtes de Notre-Dame, depuis lors, n'ont cessé de retentir chaque fois que la France était en péril ou en fête. Elles ont été l'écho des soupirs de tout un peuple. Leurs cloches ont sonné non seulement pour la naissance et la mort d'un homme, mais pour les espérances et les deuils de la patrie entière.

– Oh! dit Julien, entrons donc nous aussi à Notre-Dame, voulez-vous, mon oncle? et nous y prierons Dieu tous les trois pour la grandeur de la France.

CXV. – L'Hôtel-Dieu. – Les grandes écoles et les bibliothèques de Paris

La charité est plus grande en notre siècle qu'autrefois; mais elle ne fera que s'accroître sans cesse, et un jour viendra sans doute où on s'étonnera de toutes les misères qui sont encore aujourd'hui sans secours

– Mon oncle, dit Julien en sortant de l'église, qu'est-ce que c'est que ce grand bâtiment qui est là tout près?

– C'est l'Hôtel-Dieu, le premier et le plus ancien hôpital de Paris. Paris en a seize autres, et malgré cela Paris manque souvent de lits pour ses malades. Alors on donne des secours à domicile en attendant qu'il se trouve une place vide. Il n'y a pas longtemps que ces nombreux hôpitaux existent; la moitié date de notre siècle. L'Hôtel-Dieu seul fut bâti il y a douze cents ans par saint Landry, évêque de Paris.

Plus nous allons, mes enfants, plus la charité se fait grande aux cœurs de tous les hommes, plus ils s'aiment entre eux, car jamais on n'eut plus de pitié qu'en notre siècle pour ceux qui souffrent. Songez-y, au siècle dernier, Louis XVI, ayant visité les hôpitaux, vit avec étonnement les malades entassés cinq ou six dans le même lit, si bien que l'un mourait au milieu des autres et restait à côté d'eux sans qu'on s'en aperçût. Si pareille chose se voyait de nos jours, quel est celui qui ne parlerait pas bien vite d'y porter remède?

– Mon Dieu, dit Julien, on était donc bien pauvre dans ce temps-là?

– Oui, mon enfant, il y avait alors peu d'industrie en France, partant pas assez de travail et point d'argent. Le peuple ne savait ni lire ni écrire; conséquemment il faisait tout par routine. La terre cultivée avec ignorance rapportait très peu et les famines étaient fréquentes.

– Je suis bien content que ce ne soit plus comme cela, dit Julien, et que chacun songe maintenant à s'instruire.

Tout en écoutant l'oncle Frantz, nos enfants suivaient les quais. Le long du chemin ils passèrent devant le joli clocher doré de la Sainte-Chapelle, le Palais de justice, le quai aux Fleurs couvert d'étalages des fleurs les plus variées.

Puis on arriva dans le quartier des Écoles, et l'on vit en passant une foule de jeunes gens qui allaient aux cours de la Sorbonne, du Collège de France, de l'École de médecine, de l'École de droit. Julien s'émerveillait aussi de voir tant de boutiques de livres, avec de belles cartes aux devantures.

André s'arrêta longtemps devant un magasin où l'on fabriquait des instruments de précision: cet art qui lui rappelait son métier l'intéressait. Derrière la vitrine on apercevait les ouvriers au travail, polissant l'acier, limant, ajustant avec une adresse merveilleuse les appareils les plus compliqués. – Oh! s'écriait André, comme on travaille bien à Paris!

Plus loin on admira des instruments d'optique, longues vues marines, microscopes pour observer les plantes et les animaux invisibles, thermomètres marquant le chaud et le froid, baromètres annonçant le beau temps ou la tempête.

– Mon oncle, disait Julien, c'est donc à Paris qu'on fait tous ces instruments qui servent à la science?

– Oui certes, Julien, et nous voici en ce moment dans le quartier savant de Paris. Là est l'Institut de France, où se réunissent les cinq Académies composées des hommes les plus illustres; là sont les écoles de premier ordre que la France ouvre à ses enfants: l'École normale supérieure, d'où sortent les professeurs qui enseigneront dans les lycées et collèges; l'École polytechnique, où s'instruisent les officiers qui commanderont les régiments français et les futurs ingénieurs qui feront pour la France des travaux difficiles, ponts, aqueducs, canaux, ports, machines à vapeur. C'est encore dans ce quartier que se trouve l'École de médecine, où se préparent un grand nombre de nos médecins, et l'École de droit, d'où sortent beaucoup de nos avocats.

– Oh! dit Julien, que de mouvement on se donne à Paris, que de peines on prend pour s'instruire! Je me rappelle que le petit Dupuytren avait étudié la médecine à Paris et que Monge a professé à l'École polytechnique.

– Paris a aussi d'admirables bibliothèques, dit l'oncle Frantz, comme la Bibliothèque nationale, qui contient deux millions de volumes. Là sont rassemblés les livres les plus savants; professeurs ou élèves les consultent chaque jour; de tout ce travail, de tous ces efforts sont sortis et sortiront encore la gloire, la richesse et l'honneur de la patrie.

En causant ainsi on marchait toujours et on commençait à être bien las; on songea à se reposer un peu et à réparer ses forces: le morceau de pain et de fromage du matin était déjà loin.

L'oncle Frantz entra avec ses neveux dans un petit restaurant, et pour une modique somme on fit un bon repas, car nos amis n'étaient pas difficiles, et en marchant depuis le matin ils avaient gagné un robuste appétit.

– Maintenant, dit Frantz, nous allons monter en omnibus et nous rendre au Jardin des Plantes, où se trouvent réunis les plantes et les animaux curieux du monde entier.

– Oh! dit Julien, quel bonheur! Aller en voiture et voir des bêtes, que me voilà content!

CXVI. – Une visite au Jardin des Plantes. – Les grands carnassiers. – Les singes

Visiter un jardin d'histoire naturelle, c'est comme si on faisait un voyage à travers toutes les parties du monde et tous les règnes de la nature

Les trois visiteurs montèrent sur le haut d'un omnibus, et la lourde voiture partit au trot, les emportant tout le long des quais animés qui bordent la Seine. Julien et André ouvraient leurs yeux tout grands pour tout voir.

Après une demi-heure, l'omnibus s'arrêta devant la grille d'un vaste parc, et nos trois amis entrèrent sous les arbres qui entrecroisent leurs branches au-dessus des allées.

Là, bien des gens allaient et venaient, mais c'était surtout vers la droite qu'on voyait une grande foule et ce fut par là que l'oncle Frantz mena Julien.

Ils arrivèrent devant des espèces de grandes cages grillées, derrière lesquelles on voyait s'agiter des bêtes féroces. Dans la plus grande, c'était un lion d'Afrique à la crinière brune qui tournait avec impatience autour de sa cage et bâillait en face de la foule. A côté de lui, dans d'autres cages, d'autres lions, les uns dormant, les autres couchés sur le dos: l'un d'eux, le plus jeune, était en train de s'amuser avec une grosse boule de bois qu'on laisse toujours dans la cage des lions; il la roulait comme un jeune chat fait d'une pelote de fil; il la lançait, puis bondissait après et la rattrapait. Et tout le monde de rire, y compris Julien.

– Si on ne dirait pas un gros chat! s'écria-t-il.

– C'est que les lions sont en effet des carnassiers de la race des chats, dit l'oncle Frantz. Mais ce sont des chats avec lesquels il ne ferait pas trop bon jouer; même sans vouloir vous faire du mal, il suffirait d'un coup de la queue de ce lion pour vous terrasser, et du petit bout de sa griffe pour vous enlever un morceau de chair.

– Mais, dit Julien, ils doivent bien s'ennuyer d'être toute la journée enfermés dans ces cages. Il faut que les barreaux soient bien solides pour qu'ils ne puissent les briser.

– Ne t'inquiète pas, Julien, dit l'oncle en souriant, ce sont de bons barreaux de fer sur lesquels ni leurs dents ni leurs ongles ne peuvent rien.

Et on continua la promenade. A côté, c'était le tigre royal qui est presque aussi grand que le lion, mais bien plus féroce. Il tournait avec une inquiétude fiévreuse tout autour des barreaux, en regardant les yeux à demi ouverts, d'un air hypocrite.

Plus loin, c'étaient les panthères et le jaguar accroupi comme pour faire un bond. A quelque distance on entendait des rires, et la foule se pressait devant une grande et haute cage en forme de rotonde.

– Oh! dit Julien, qu'est-ce qu'il y a là?

C'étaient les singes. Il y en avait une grande quantité réunis, et tout cela courait, gesticulait, criait en se disputant. A l'intérieur se trouvaient des barreaux et une sorte d'arbre: le long des branches les singes montaient et descendaient, se lançant en l'air et s'accrochant aux branches tantôt avec leurs mains, tantôt avec leur queue. L'un d'eux, s'attachant ainsi à l'arbre avec sa queue comme avec une corde, se balançait au bout. D'autres singes venaient près du grillage pour recevoir des mains des spectateurs les friandises qu'on voulait bien leur donner.

– Quel malheur que je n'aie rien sur moi! dit Julien en retournant ses poches.

André chercha dans les siennes et y trouva un morceau de pain qu'il s'empressa d'offrir à un jeune singe. Mais celui-ci, après l'avoir pris, fit la grimace et le laissa tomber.

– Voyez-vous! dit l'oncle Frantz; c'est qu'ils sont habitués à recevoir des pierres de sucre, et d'autres choses meilleures que du pain sec. Et puis ils n'ont pas grand appétit, sans cela ils trouveraient bien le pain bon.

CXVII. – (Suite.) La fosse aux ours. L'éléphant

Julien serait resté volontiers toute une journée à regarder les singes, mais il y avait encore bien des choses à voir.

– Allons maintenant rendre visite à Martin, dit l'oncle.

– Martin, dit Julien avec étonnement; qui est-ce donc?

– Tu vas le voir, répondit l'oncle Frantz.

Et on s'approcha d'un petit mur, qui bordait comme un parapet une large fosse. Julien s'avança et aperçut au fond un ours de belle taille près d'un réservoir d'eau vive. L'ours paraissait de bonne humeur, il galopait de droite et de gauche en se dandinant et en regardant du coin de l'œil la rangée de spectateurs. Puis tout d'un coup, comme s'il eût compris ce que tout le monde attendait de lui, il s'avança gravement vers un arbre mort placé au milieu de sa fosse, et l'empoignant entre ses fortes pattes, il se hissa assez rapidement jusqu'aux branches les plus hautes. Là, presque au niveau de la foule, il regarda tout le monde avec satisfaction. On le salua par une acclamation, et on lui lança force bouchées de pain en récompense. Julien émerveillé riait de plaisir, car il n'avait jamais vu d'ours grimper aux arbres.

– Mais cela n'a pas l'air méchant, un ours, dit Julien.

– Mon Dieu, non, dit l'oncle Frantz, à condition qu'il n'ait pas grand'faim et qu'on ne l'irrite pas. Il y en a parmi les ours auxquels il ne faudrait pas trop se fier. Tiens, regarde celui-ci, dit-il en montrant à Julien dans une autre fosse un ours blanc de haute taille qui se promenait la tête basse en grognant de temps à autre. Celui-là vient des glaces du nord. Là, il n'y a point de végétation, rien que de la glace; et l'ours, qui partout ailleurs se nourrit de préférence de plantes, est réduit à ne vivre que d'animaux et surtout de poissons, auxquels il fait la chasse; aussi est-ce la race d'ours la plus féroce.

Sur ce propos on quitta la fosse aux ours. On alla admirer la belle taille et la mine intelligente de l'éléphant, qui, enfermé dans une sorte de rotonde, attrapait avec sa trompe les bouchées de pain qu'on lui donnait, et les introduisait ensuite dans sa bouche. Comme on lui présentait en ce moment un gros morceau de pain qu'il ne pouvait saisir avec sa trompe à travers les barreaux, il fit comprendre d'un geste qu'il ne pouvait le prendre ainsi, et relevant la tête il ouvrit une gueule énorme où eussent pu entrer à la fois une vingtaine de pains de même grosseur. On lança par dessus la grille le morceau dans sa gueule, qu'il referma aussitôt avec satisfaction.

L'Autruche est un oiseau de l'ordre des échassiers, dont la taille, gigantesque pour un oiseau, dépasse deux mètres. Ses ailes sont impropres au vol, mais elle les étend comme des bras quand elle court. Elle vit en Afrique et en Asie. Elle est si vorace qu'elle avale sans danger tout ce qui se présente, bois, pierres, aiguilles, clous. Ses œufs pèsent plus d'un kilogramme. Pour les faire éclore, elle les cache dans le sable que le soleil d'Afrique chauffe toute la journée. On se sert dans certaines contrées de l'autruche comme monture; elle court plus vite que les meilleurs chevaux.

– C'est un bien intelligent animal, dit l'oncle Frantz; il est, dit-on, plus intelligent encore que le cheval, dont il tient lieu dans les pays chauds.

A côté de l'éléphant il y avait l'énorme hippopotame, qui vit dans les rivières de l'Afrique, le rhinocéros avec sa corne plantée au bout du museau et sa peau épaisse comme une cuirasse, sur laquelle les balles glissent sans pouvoir l'entamer. Nos trois visiteurs virent encore la girafe aux longues jambes, si longues qu'elle est forcée de s'agenouiller pour boire, moment dont le lion profite souvent pour bondir sur elle et la déchirer. Ils virent l'autruche, cet énorme oiseau qui galope plus vite qu'un cheval et franchit de grandes distances dans le désert: en certains pays les hommes l'ont apprivoisée et montent sur son dos comme sur celui d'un cheval. Ils virent encore bien d'autres animaux, une vaste volière contenant des oiseaux de toute sorte dont le charmant plumage miroitait au soleil, et ailleurs, dans des cages spéciales, des vautours, des aigles; puis, par tout le jardin, dans de petites cabanes, c'étaient des moutons de toute sorte, des chèvres, des espèces étrangères de biches et de bœufs, des loups, des renards, des animaux sauvages.

Ils passèrent enfin devant les vastes serres qui étaient à demi entr'ouvertes, car le temps était beau et le soleil donnait en plein. Là s'étalaient les plantes des pays chauds avec leurs feuilles et leurs fleurs étranges.

– Mon oncle, dit Julien, savez-vous à quoi servent toutes ces serres pleines de plantes et tous ces arbres étrangers.

– Mais, Julien, elles servent d'abord à nous faire connaître et étudier la végétation des autres pays; il y a toute une grande science qui s'appelle l'histoire naturelle et qui étudie les plantes et les animaux de la nature; eh bien, c'est ici, dans ce vaste jardin, que cette science trouve à sa portée les principaux êtres qu'elle étudie. On fait au Jardin des Plantes des cours sur la taille des arbres, sur les semis, sur les plantations. Tiens, Julien, ajouta l'oncle, vois-tu là-bas ce grand arbre dont les branches s'étendent en parasol? C'est le cèdre que Jussieu a rapporté et planté pour la première fois en France.

– Je le reconnais, dit Julien, j'en ai vu l'image dans mon livre: oh! comme il est grand!

– Eh bien, dit l'oncle, il y a eu bien d'autres arbres et d'autres plantes qui ont été introduits en France par le Jardin des Plantes: les acacias qu'on trouve partout aujourd'hui n'existaient pas en France jadis et ont été plantés ici pour la première fois. Les dahlias, les reines marguerites, qui ornent maintenant tous nos parterres, viennent également de ce jardin. On s'efforce ainsi de transporter et de faire vivre chez nous les plantes et les animaux utiles ou agréables. Nous empruntons aux pays étrangers leurs richesses pour en embellir la patrie.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
25 июня 2017
Объем:
340 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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