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Читать книгу: «Le tour de la France par deux enfants», страница 2

Bruno G.
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VI. – Une déception. – La persévérance

Il n'est guère d'obstacle qu'on ne puisse surmonter avec de la persévérance

Une déception attendait nos jeunes amis à leur arrivée dans la maison isolée du garde Fritz, située aux environs de la forêt. Fritz, grand vieillard à barbe grise, d'une figure énergique, était étendu sur son lit qu'il n'avait pas quitté depuis plusieurs jours. Le vieux chasseur était tombé en descendant la montagne et s'était fait une fracture à la jambe.

– Voyez, mes enfants, dit-il après avoir lu la lettre; je ne puis bouger de mon lit. Comment pourrais-je vous conduire? Et je n'ai auprès de moi que ma vieille servante, qui ne marche pas beaucoup mieux que moi.

André fut consterné, mais il n'en voulut rien faire voir pour ne point inquiéter le petit Julien.

Toute la nuit il dormit peu. Le matin de bonne heure, avant même que Julien s'éveillât, il s'était levé pour réfléchir. Il se dirigea sans bruit vers le jardin du garde, voulant examiner le pays, qu'il n'avait vu que le soir à la brune.

Assis sur un banc au bord de la Sarre, qui coule le long du jardin entre deux haies de bouleaux et de saules, André se tourna vers le sud, et il regarda l'horizon borné par les prolongements de la chaîne des Vosges.

– C'est là, se dit-il, que se trouve la France, là que je dois la nuit prochaine emmener mon petit Julien, là qu'il faut que je découvre, sans aucun secours, un sentier assez peu fréquenté pour n'y rencontrer personne et passer librement la frontière. Mon Dieu, comment ferai-je?

Et il continuait de regarder avec tristesse les montagnes qui le séparaient de la France, et qui se dressaient devant lui comme une muraille infranchissable.

Des pensées de découragement lui venaient; mais André était persévérant: au lieu de se laisser accabler par les difficultés qui se présentaient, il ne songea qu'à les combattre.

Tout à coup il se souvint d'avoir vu dans la chambre du garde forestier une grande carte du département, pendue à la muraille: c'était une de ces belles cartes dessinées par l'état-major de l'armée française, et où se trouvent indiqués jusqu'aux plus petits chemins.

– Je vais toujours l'étudier, se dit André. A quoi me servirait d'avoir été jusqu'à treize ans le meilleur élève de l'école de Phalsbourg, si je ne parvenais à me reconnaître à l'aide d'une carte? Allons! du courage! n'ai-je pas promis à mon père d'en avoir? Je dois passer la frontière et je la passerai.

VII. – La carte tracée par André. – Comment il tire parti de ce qu'il a appris a l'école

Quand on apprend quelque chose, on ne sait jamais tout le profit qu'on en pourra retirer un jour

Le garde Fritz approuva la résolution et la fermeté d'André. – A la bonne heure! dit-il. Quand on veut être un homme, il faut apprendre à se tirer d'affaire soi-même. Voyons, mon jeune ami, décrochez-moi la carte: si je ne puis marcher, du moins je puis parler. Vous avez si bonne volonté et je connais si bien le pays, que je pourrai vous expliquer votre chemin.

Alors tous deux, penchés sur la carte, étudièrent le pays.

Julien, de son côté, s'était assis sagement auprès d'eux, s'efforçant de retenir ce qu'il pourrait. Le garde parlait, montrant du doigt les routes, les sentiers, les raccourcis, faisant la description minutieuse de tous les détails du chemin. André écoutait; puis il essaya de répéter les explications; enfin il dessina lui-même tant bien que mal sa route sur un papier, avec les différents accidents de terrain qui lui serviraient comme de jalons pour s'y reconnaître.

«Ici, écrivait-il, une fontaine; là, un groupe de hêtres à travers les sapins; plus loin, un torrent avec le gué pour le franchir, un roc à pic que contourne le sentier, une tour en ruines.»

Enfin rien de ce qui pouvait aider le jeune voyageur ne fut négligé. – Tout ira bien, lui disait Fritz, si vous ne vous hâtez pas trop. Rappelez-vous que, quand on se trompe de chemin dans les bois ou les montagnes, il faut revenir tranquillement sur ses pas, sans perdre la tête et sans se précipiter: c'est le moyen de retrouver bientôt le vrai sentier.

Quand la brune fut venue, André et Julien se remirent en route, après avoir remercié de tout leur cœur le garde Fritz, qui de son lit leur répétait en guise d'adieu:

«Courage, courage! avec du courage et du sang-froid on vient à bout de tout.»

VIII. – Le sentier à travers la foret. – Les enseignements du frère ainé. – La grande Ourse et l'étoile polaire

Le frère aîné doit instruire le plus jeune par son exemple et, s'il le peut, par ses leçons

A l'ouest, derrière les Vosges, le soleil venait de se coucher; la campagne s'obscurcissait. Sur les hautes cimes de la montagne, au loin, brillaient les dernières lueurs du crépuscule, et les noirs sapins, agitant leurs bras au souffle du vent d'automne, s'assombrissaient de plus en plus.

Les deux frères avançaient sur le sentier, se tenant par la main; bientôt ils entrèrent au milieu des bois qui couvrent toute cette contrée.

Julien marchait la tête penchée, d'un air sérieux, sans mot dire. – A quoi songes-tu, mon Julien? demanda André.

– Je tâche de bien me rappeler tout ce que disait le garde, fit l'enfant, car j'ai écouté le mieux que j'ai pu.

– Ne t'inquiète pas, Julien; je sais bien la route, et nous ne nous égarerons pas.

– D'ailleurs, reprit l'enfant de sa voix douce et résignée, si l'on s'égare, on reviendra tranquillement sur ses pas, sans avoir peur, comme le garde a dit de le faire, n'est-ce pas, André?

– Oui, oui, Julien, mais nous allons tâcher de ne pas nous égarer.

– Pour cela, tu sais, André, il faut regarder les étoiles à chaque carrefour; le garde l'a dit, je t'y ferai penser.

– Bravo, Julien, répondit André, je vois que tu n'as rien perdu de la leçon du garde; si nous sommes deux à nous souvenir, la route se fera plus facilement.

– Oui, dit l'enfant; mais je ne connais pas les étoiles par leur nom, et je n'ai pas compris ce que c'est que le grand Chariot.

– Je te l'expliquerai quand nous nous arrêterons.

Tout en devisant ainsi à voix basse, les deux frères avançaient et la nuit se faisait plus noire.

André avait tant étudié le pays toute la journée, qu'il lui semblait le reconnaître comme s'il y avait déjà passé. Malgré cela, il ne pouvait se défendre d'une certaine émotion: c'était la première fois qu'il suivait ainsi les sentiers de la montagne, et cela dans l'obscurité du soir. Toutefois c'était un courageux enfant, et qui n'oubliait jamais sa tâche de frère aîné: songeant que le petit Julien devait être plus ému que lui encore en face des grands bois sombres, André s'efforçait de surmonter les impressions de son âge, afin d'enhardir son jeune frère par son exemple et d'accomplir courageusement avec lui son devoir.

A un carrefour ils s'arrêtèrent. André regarda le ciel derrière lui.

– Vois, dit-il à son frère, ces sept étoiles brillantes, dont quatre sont en carré comme les quatre roues d'un char, et trois autres par devant, comme le cocher et les chevaux: c'est ce qu'on appelle le grand Chariot ou encore la grande Ourse; non loin se trouve une étoile assez brillante aussi, et qu'on voit toujours immobile exactement au nord: on l'appelle pour cela l'étoile polaire. Grâce à cette étoile, on peut toujours reconnaître sa route dans la nuit. La vois-tu bien? Elle est juste derrière nous: cela prouve que nous sommes dans notre chemin; nous marchons vers le sud, c'est-à-dire vers la France.

André, qui ne négligeait point les occasions d'instruire son frère en causant, lui enseigna aussi vers quel point la lune se lèverait bientôt, et à la pensée qu'elle allait éclairer leur route, les enfants se réjouirent de tout leur cœur.

IX. – Le nuage sur la montagne. – Inquiétude des deux enfants

Le courage ne consiste pas à ne point être ému en face d'un danger, mais à surmonter son émotion: c'est pour cela qu'un enfant peut être aussi courageux qu'un homme

Après un petit temps de repos ils se remirent en route. Mais tout à coup l'obscurité augmenta. Julien effrayé se serra plus près de son grand frère.

Bientôt les étoiles qui les avaient guidés jusqu'alors disparurent. Un nuage s'était formé au sommet de la montagne, et, grossissant peu à peu, il l'avait enveloppée tout entière. Les enfants eux-mêmes se trouvèrent bientôt au milieu de ce nuage. Entourés de toutes parts d'un brouillard épais, ils ne voyaient plus devant eux.

Ils s'arrêtèrent, bien inquiets; mais tous deux, pour ne pas s'affliger l'un l'autre, n'osèrent se le dire.

– Donne-moi ton paquet, dit André à Julien; je le joindrai au mien; ton bâton sera libre, il me servira à tâter la route comme font les aveugles, afin que nous ne nous heurtions pas aux racines ou aux pierres. J'irai devant; tu tiendras ma blouse, car mes deux mains vont être embarrassées; mais je t'avertirai, je te guiderai de mon mieux. N'aie pas peur, mon Julien. Tu ne vas plus avoir rien à porter, tu pourras marcher facilement.

– Oui, dit l'enfant d'une voix tremblante qu'il s'efforçait de rendre calme.

Ils se remirent en marche, lentement, avec précaution. Malgré cela, André à un moment se heurta contre une de ces grosses pierres qui couvrent les chemins de montagne; il tomba, et faillit rouler du haut des rochers, entraînant avec lui le petit Julien.

Les deux enfants comprirent alors le danger qu'ils couraient.

– Asseyons-nous, dit André tout ému, en attirant Julien près de lui.

– André, s'écria Julien, nous avons des allumettes et un bout de bougie. Le garde a dit de ne les allumer que dans un grand besoin; crois-tu qu'il serait dangereux de les allumer maintenant?

– Non, mon Julien; la brume est si épaisse que notre lumière ne risque pas d'être aperçue et d'attirer l'attention des soldats allemands qui gardent la frontière.

André, en achevant ces mots, alluma sa petite bougie, et Julien fut bien étonné de voir quelle faible et tremblante lueur elle répandait au milieu de l'épais brouillard. Pourtant on se remit en marche aussitôt, car il fallait être en France avant le lever du soleil. Julien, qui n'était plus embarrassé de son paquet, prit la bougie d'une main, et la protégeant de l'autre contre le vent, il avança, non sans trébucher souvent sur le chemin pierreux.

Ce qu'André craignait surtout, c'était de s'être égaré au milieu de la brume. Au bout de quelques instants il prit le papier sur lequel il avait marqué le plan de sa route, et, suivant du regard la ligne qui devait lui indiquer son chemin, il se demanda: «Est-ce bien cette ligne que je suis?»

Puis il dit à Julien: – Si nous avons marché sans nous tromper, nous devons être assez près d'une vieille tour en ruines; mais je ne la vois point. Toi qui as d'excellents yeux, regarde toi-même, Julien.

Julien regarda, mais il ne vit rien non plus.

Ils reprirent leur marche, cherchant avec anxiété à percer du regard les ténèbres. Mais ils n'apercevaient toujours point la vieille tour. De plus la bougie touchait à sa fin; elle s'éteignit. Les deux enfants n'avaient plus qu'un parti à prendre: s'arrêter, attendre.

X. – La halte sous le sapin. – La prière avant le sommeil. – André reprend courage

Enfants, la vie entière pourrait être comparée à un voyage où l'on rencontre sans cesse des difficultés nouvelles

André s'approcha d'un grand sapin dont les branches s'étendaient en parasol et pouvaient leur servir d'abri contre la rosée nocturne.

– Viens, dit-il à son jeune frère, viens près de moi: nous serons bien là pour attendre.

Julien s'approcha, silencieux; André s'aperçut que, sous l'humidité glaciale du brouillard, l'enfant frissonnait; ses petites mains étaient tout engourdies par le froid.

– Pauvre petit, murmura André, assieds-toi sur mes genoux: je vais te couvrir avec les vêtements renfermés dans notre paquet de voyage; cela te réchauffera, et si tu peux dormir en attendant que le brouillard se lève, tu reprendras des forces pour la longue route qu'il nous reste à faire.

L'enfant était si las qu'il ne fit aucune objection. Il passa un de ses bras autour du cou de son frère, et déjà ses yeux fatigués se fermaient lorsqu'il lui revint une pensée.

– André, dit-il, puisque je vais dormir, je vais faire ma prière du soir.

– Oui, mon Julien, nous la dirons ensemble.

Et les deux orphelins, perdus au milieu de cette grande et triste solitude de la montagne, élevèrent dans une même prière leurs jeunes cœurs vers le ciel.

Peu de temps après, Julien s'était endormi. Sa petite tête reposait confiante sur l'épaule d'André; le frère aîné, de son mieux, protégeait l'enfant contre la fraîcheur de la nuit, et il écoutait sa respiration tranquille: ce bruit léger troublait seul le silence qui les enveloppait.

André, malgré lui, sentit une grande tristesse lui monter au cœur. – Réussirons-nous jamais à arriver en France? se disait-il. Quelquefois les brouillards dans la montagne durent plusieurs jours. Qu'allons-nous devenir si celui-ci tarde à se dissiper?

Une fatigue extrême s'était emparée de lui. La bise glaciale, qui faisait frissonner les pins, le faisait lui aussi trembler sur le sol où il était assis. Parfois le vent soulevait autour de lui les feuilles tombées à terre: inquiet, André dressait la tête, craignant que ce ne fût le bruit de pas ennemis et que quelqu'un tout à coup ne se dressât en face de lui pour lui dire en langue allemande: – Que faites-vous ici? Qui êtes-vous? Où allez-vous?

Ainsi le découragement l'envahissait. Mais alors un cher souvenir s'éleva en son cœur et vint à son aide. Il se rappela le regard profond de son père mourant, lorsqu'il avait placé la main de Julien dans la sienne pour le lui confier; il crut entendre encore ce mot plus faible qu'un souffle passer sur les lèvres paternelles: France. Et lui aussi le redit tout bas ce mot: France! patrie!.. Et il se sentit honteux de son découragement.

– Enfant que je suis, s'écria-t-il, est-ce que la vie n'est pas faite tout entière d'obstacles à vaincre? Comment donc enseignerai-je à mon petit Julien à devenir courageux, si moi-même je ne sais pas me conduire en homme?

Réconforté par ce souvenir plus puissant que tous les obstacles, priant l'âme de son père de leur venir en aide dans ce voyage vers la patrie perdue, il sut mettre à attendre le même courage qu'il avait mis à agir.

XI. – Le brouillard se dissipe. – Arrivée d'André et de Julien sur la terre française

Quand on a été séparé de sa patrie, on comprend mieux encore combien elle vous est chère

Peu à peu la douce tranquillité du sommeil de Julien sembla gagner André, lui aussi. Dans l'immobilité qu'il gardait pour ne pas éveiller l'enfant, il sentit ses yeux s'appesantir par la fatigue. Il eut beau lutter avec fermeté contre le sommeil, malgré lui ses paupières se fermèrent à demi.

Après un temps assez long, comme il était à moitié plongé dans une sorte de rêve, il lui sembla, à travers ses paupières demi-closes, apercevoir une faible clarté. Il tressaillit, secouant par un dernier effort le sommeil qui l'envahissait, il ouvrit les yeux tout grands. Le brouillard était encore autour de lui, mais il était devenu à demi lumineux. De pâles rayons pénétraient à travers la brume: la lune venait de se lever.

Bientôt la brume elle-même devint moins épaisse, elle se dissipa comme un mauvais rêve. A travers chacune des branches du vieux sapin, les étoiles brillantes se montrèrent dans toute leur splendeur, et à peu de distance la vieille tour qu'André avait tant cherchée se dressa devant lui inondée de lumière.

Le cœur d'André battit de joie. Il serra son jeune frère dans ses bras.

– Réveille-toi, mon Julien, s'écria-t-il; regarde! le brouillard et l'obscurité sont dissipés; nous allons pouvoir enfin repartir.

Julien ouvrit les yeux; en voyant ce ciel lumineux, il se mit à sourire naïvement, et frappant ses petites mains l'une contre l'autre, il sauta de plaisir.

– Que Dieu est bon! dit-il, et que la montagne est belle à présent que la voilà toute éclairée par ces jolis rayons de lune!.. Ah! voici la vieille tour; André, nous n'avons pas perdu la bonne route, partons vite.

Aussitôt on refit les paquets de voyage. Cette gaie lumière avait fait oublier les fatigues précédentes. Les deux enfants reprirent allègrement leur bâton; tout en marchant, on mangea une petite croûte de pain, et on se rafraîchit en partageant une pomme que la mère Étienne avait mise dans la poche de Julien.

Les enfants continuèrent à marcher courageusement tout le reste de la nuit, et aussi vite qu'ils pouvaient. Le ciel était si lumineux que la route était devenue facile à reconnaître. Leur seule préoccupation était à présent d'échapper aux surveillants de la frontière, jusqu'à ce qu'on eût franchi le col de la montagne qui sépare en cet endroit la France des pays devenus allemands. Les jeunes voyageurs s'avançaient avec attention, sans bruit, passant comme des ombres à travers ce pays boisé.

Ce fut vers le matin qu'ils atteignirent enfin le col.

Alors, se trouvant sur l'autre versant de la montagne, les deux enfants virent tout à coup s'étendre à leurs pieds les campagnes françaises, éclairées par les premières lueurs de l'aurore. C'était là ce pays aimé vers lequel ils s'étaient dirigés au prix de tant d'efforts.

Le cœur ému, songeant qu'ils étaient enfin sur le sol de la France et que le vœu de leur père était accompli, ils s'agenouillèrent pieusement sur cette terre de la patrie qu'ils venaient de conquérir par leur courage et leur volonté persévérante; ils élevèrent leur âme vers le ciel, et tout bas remerciant Dieu, ils murmurèrent:

– France aimée, nous sommes tes fils, et nous voulons toute notre vie rester dignes de toi!

Lorsque le soleil parut, empourprant les cimes des Vosges, ils étaient déjà loin de la frontière, hors de tout danger; et se tenant toujours par la main ils marchaient joyeusement sur une route française, marquant le pas comme de jeunes conscrits.

XII. – L'ordre dans les vêtements et la propreté. – L'hospitalité de la fermière lorraine

Voulez-vous qu'au premier coup d'œil on pense du bien de vous? Soyez propres et décents, les plus pauvres peuvent toujours l'être

Après plusieurs temps de repos suivis de marches courageuses, les deux enfants aperçurent enfin vers midi la petite pointe du clocher de Celles. Fritz leur avait laissé un mot de recommandation pour la veuve d'un cultivateur de ce village, et ils se réjouissaient d'arriver. Mais, avant de se présenter au village, André se souvint des conseils que Mme Étienne leur avait donnés.

«Mes enfants, leur avait-elle dit, partout où vous allez passer, personne ne vous connaîtra; ayez donc bien soin de vous tenir propres et décents, afin qu'on ne puisse vous prendre pour des mendiants ou des vagabonds. Si pauvre que l'on soit, on peut toujours être propre. L'eau ne manque pas en France, et rien n'excuse la malpropreté.»

– Julien, dit André à son frère, n'oublions pas les conseils de la bonne mère Étienne; mettons-nous bien propres avant de nous présenter chez les amis du garde.

– Oui, dit l'enfant, courons au bord de cette jolie rivière qui coule près de la route; nous nous laverons le visage et les mains.

– Ensuite, répondit André, je brosserai tes habits avec mon mouchoir, nous rangerons bien nos cheveux, nous frotterons nos souliers avec de l'herbe pour les nettoyer, et comme cela nous n'aurons pas l'air de deux vagabonds.

Aussitôt dit, aussitôt fait. En un clin d'œil ils eurent réparé le désordre causé par une nuit et une demi-journée de voyage dans les bois à travers la montagne.

Lorsqu'ils eurent fini leur toilette, André jeta un dernier coup d'œil sur son jeune frère, et il fut tout fier de voir la bonne mine de Julien, son air bien élevé et raisonnable.

Tous les deux alors se présentèrent dans le village et cherchèrent la maison de la veuve dont ils avaient l'adresse. On leur indiqua une ferme située à l'extrémité du village. En entrant dans la cour, ils virent un grand troupeau de belles oies lorraines, qui se réveillèrent en sursaut au bruit de leurs pas et les saluèrent de leurs cris. Ils s'avancèrent vers la porte de la maison, suivis du troupeau et accompagnés d'un bruyant tapage.

La fermière vint sur le pas de sa porte et regarda les enfants qui s'approchaient d'elle, chapeau à la main.

Dès le premier coup d'œil la ménagère, femme d'ordre et de soin, fut bien prévenue en faveur des enfants qu'elle voyait si propres et si soigneux de leur personne. Aussi, lorsqu'elle eut lu le billet de Fritz, elle fut tout à fait gagnée à leur cause.

«Quoi! pensa-t-elle, ces enfants ont fait seuls et la nuit une route si longue dans la montagne! Voilà de jeunes cœurs bien courageux et dignes qu'on leur vienne en aide.»

Elle les accueillit aussitôt avec empressement, et comme on se mettait à table, elle les plaça auprès d'elle.

Le dîner était frugal, mais l'accueil de la ménagère était si cordial et nos jeunes voyageurs si fatigués, qu'ils mangèrent du meilleur appétit la soupe aux choux et la salade de pommes de terre.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
25 июня 2017
Объем:
340 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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