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Читать книгу: «Le médecin malgré lui», страница 3

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Sganarelle

Mais, Messieurs, dites-moi, ne vous trompez-vous point vous-mêmes? Est-il bien assuré que je sois médecin?

Lucas

Oui, par ma figue!

Sganarelle

Tout de bon?

Valère

Sans doute.

Sganarelle

Diable emporte si je le savois!

Valère

Comment! vous êtes le plus habile médecin du monde.

Sganarelle

Ah! ah!

Lucas

Un médecin qui a guari je ne sais combien de maladies.

Sganarelle

Tudieu!

Valère

Une femme étoit tenue pour morte il y avoit six heures; elle étoit prête à ensevelir, lorsqu'avec une goutte de quelque chose vous la fîtes revenir et marcher d'abord par la chambre.

Sganarelle

Peste!

Lucas

Un petit enfant de douze ans se laissit choir du haut d'un clocher, de quoi il eut la tête, les jambes et les bras cassés; et vous, avec je ne sai quel onguent, vous fîtes qu'aussitôt il se relevit sur ses pieds et s'en fut jouer à la fossette.15

Sganarelle

Diantre!

Valère

Enfin, Monsieur, vous aurez contentement avec nous, et vous gagnerez ce que vous voudrez en vous laissant conduire où nous prétendons vous mener.

Sganarelle

Je gagnerai ce que je voudrai?

Valère

Oui.

Sganarelle

Ah! Je suis médecin, sans contredit. Je l'avois oublié, mais je m'en ressouviens. De quoi est-il question? où faut-il se transporter?

Valère

Nous vous conduirons. Il est question d'aller voir une fille qui a perdu la parole.

Sganarelle

Ma foi, je ne l'ai pas trouvée.

Valère

Il aime à rire. Allons, Monsieur.

Sganarelle

Sans une robe de médecin?

Valère

Nous en prendrons une.

Sganarelle,

présentant sa bouteille à Valère. Tenez cela, vous: voilà où je mets mes juleps.

(Puis, se tournant vers Lucas en crachant.) Vous, marchez là-dessus, par ordonnance du médecin.

Lucas

Palsanguenne! velà un médecin qui me plaît. Je pense qu'il réussira, car il est bouffon.

ACTE II

SCÈNE PREMIÈRE

GÉRONTE, VALÈRE, LUCAS, JACQUELINE
Valère

Oui, Monsieur, je crois que vous serez satisfait, et nous vous avons amené le plus grand médecin du monde.

Lucas

Oh! morguenne! il faut tirer l'échelle après ceti-là, et tous les autres ne sont pas daignes de li déchausser ses souillez.

Valère

C'est un homme qui a fait des cures merveilleuses.

Lucas

Qui a gari des gens qui estiant morts.

Valère

Il est un peu capricieux, comme je vous ai dit, et parfois il a des moments où son esprit s'échappe et ne paroît pas ce qu'il est.

Lucas

Oui, il aime à bouffonner, et l'an diroit par fois, ne v's en déplaise, qu'il a quelque petit coup de hache à la tête.

Valère

Mais, dans le fond, il est toute science, et bien souvent il dit des choses tout à fait relevées.

Lucas

Quand il s'y boute, il parle tout fin drait comme s'il lisoit dans un livre.

Valère

Sa réputation s'est déjà répandue ici, et tout le monde vient à lui.

Géronte

Je meurs d'envie de le voir, faites-le moi vite venir.

Valère

Je le vais quérir.

Jacqueline

Par ma fi! Monsieu, ceti-ci fera justement ce qu'ant fait les autres. Je pense que ce sera queussi queumi; et la meilleure médeçaine que l'an pourroit bailler à votre fille, ce seroit, selon moi, un biau et bon mari pour qui allé eût de l'amiquié.

Géronte

Ouais! nourrice, ma mie, vous vous mêlez de bien des choses!

Lucas

Taisez-vous, notre ménagère Jacquelaine: ce n'est pas à vous à bouter là votre nez.

Jacqueline

Je vous dis et vous douze que tous ces médecins n'y feront rian que de l'iau claire, que votre fille a besoin d'autre chose que de ribarbe et desené, et qu'un mari est une emplâtre qui garit tous les maux des filles.

Géronte

Est-elle en état maintenant qu'on s'en voulût charger, avec l'infirmité qu'elle a? Et lorsque j'ai été dans le dessein de la marier, ne s'est-elle pas opposée à mes volontés?

Jacqueline

Je le crois bian! vous li vouilliez bailler eun homme qu'allé n'aime point. Que ne preniais-vous ce monsieu Liandre, qui li touchoit au cœur? Allé auroit été fort obéissante; et je m'en vas gager qu'il la prendroit, li, comme allé est, si vous la li vouillais donner.

Géronte

Ce Léandre n'est pas ce qu'il lui faut: il n'a pas du bien comme l'autre.

Jacqueline

Il a un oncle qui est si riche, dont il est hériquié.

Géronte

Tous ces biens à venir me semblent autant de chansons. Il n'est rien tel que ce qu'on tient, et l'on court grand risque de s'abuser lorsque l'on compte sur le bien qu'un autre vous garde. La mort n'a pas toujours les oreilles ouvertes aux vœux et aux prières de messieurs les héritiers, et l'on a le temps d'avoir les dents longues lorsqu'on attend, pour vivre, le trépas de quelqu'un.

Jacqueline

Enfin, j'ai toujours ouï dire qu'en mariage, comme ailleurs, contentement passe richesse. Les pères et les mères ant cette maudite couteume de demander toujours: «Qu'a-t-il?» et: «Qu'a-t-elle?» Et le compère Piarre a marié sa fille Simonnette au gros Thomas pour un quarquié de vaigne qu'il avoit davantage que le jeune Robin, où allé avoit bouté son amiquié; et velà que la pauvre creiature en est devenue jaune comme eun coing, et n'a point profité tout depuis ce temps-là. C'est un bel exemple pour vous, Monsieu. On n'a que son plaisir en ce monde; et j'aimerois mieux bailler à ma fille un bon mari qui li fût agriable que toutes les rentes de la Biausse.

Géronte

Peste, Madame la nourrice! comme vous dégoisez! Taisez-vous, je vous prie; vous prenez trop de soin, et vous échauffez votre lait.

Lucas
(En disant ceci, il frappe sur la poitrine à Géronte.)

Morgue! tais-toi, t'es eune impartinante. Monsieu n'a que faire de tes discours, et il sait ce qu'il a à faire. Mêle-toi de donner à téter à ton enfant, sans tant faire la raisonneuse. Monsieu est le père de sa fille, et il est bon et sage pour voir ce qu'il li faut.

Géronte

Tout doux! oh! tout doux!

Lucas

Monsieu, je veux un peu la mortifier et li apprendre le respect qu'allé vous doit.

Géronte

Oui; mais ces gestes ne sont pas nécessaires.

SCÈNE II

VALÈRE, SGANARELLE, GÉRONTE, LUCAS, JACQUELINE
Valère

Monsieur, préparez-vous, voici notre médecin qui entre.

Géronte

Monsieur, je suis ravi de vous voir chez moi, et nous avons grand besoin de vous.

Sganarelle,
en robe de médecin, avec un chapeau des plus pointus

Hippocrate dit… que nous nous couvrions tous deux.

Géronte

Hippocrate dit cela?

Sganarelle

Oui.

Géronte

Dans quel chapitre, s'il vous plaît?

Sganarelle

Dans son chapitre des chapeaux.16

Géronte

Puisqu'Hippocrate le dit, il le faut faire.

Sganarelle

Monsieur le médecin, ayant appris les merveilleuses choses…

Géronte

À qui parlez-vous, de grâce?

Sganarelle

À vous.

Géronte

Je ne suis pas médecin.

Sganarelle

Vous n'êtes pas médecin?

Géronte

Non vraiment.

Sganarelle
(Il prend ici un bâton, et le bat comme on l'a battu.)

Tout de bon?

Géronte

Tout de bon. Ah! ah! ah!

Sganarelle

Vous êtes médecin maintenant: je n'ai jamais eu d'autres licences.

Géronte

Quel diable d'homme m'avez-vous là amené?

Valère

Je vous ai bien dit que c'étoit un médecin goguenard.

Géronte

Oui. Mais je l'envoirois promener avec ses goguenarderies.

Lucas

Ne prenez pas garde à ça, Monsieu, ce n'est que pour rire.

Géronte

Cette raillerie ne me plaît pas.

Sganarelle

Monsieur, je vous demande pardon de la liberté que j'ai prise.

Géronte

Monsieur, je suis votre serviteur.

Sganarelle

Je suis fâché…

Géronte

Cela n'est rien.

Sganarelle

Des coups de bâton…

Géronte

Il n'y a pas de mal.

Sganarelle

Que j'ai eu l'honneur de vous donner.

Géronte

Ne parlons plus de cela. Monsieur, j'ai une fille qui est tombée dans une étrange maladie.

Sganarelle

Je suis ravi, Monsieur, que votre fille ait besoin de moi; et je souhaiterois de tout mon cœur que vous en eussiez besoin aussi, vous et toute votre famille, pour vous témoigner l'envie que j'ai de vous servir.

Géronte

Je vous suis obligé de ces sentiments.

Sganarelle

Je vous assure que c'est du meilleur de mon âme que je vous parle.

Géronte

C'est trop d'honneur que vous me faites.

Sganarelle

Comment s'appelle votre fille?

Géronte

Lucinde.

Sganarelle

Lucinde! Ah! beau nom à médicamenter! Lucinde!

Géronte

Je m'en vais voir un peu ce qu'elle fait.

Sganarelle

Qui est cette grande femme-là?

Géronte

C'est la nourrice d'un petit enfant que j'ai.

Sganarelle

Peste! le joli meuble que voilà! Ah! nourrice, charmante nourrice, ma médecine est la très humble esclave de votre nourricerie, et je voudrois bien être le petit poupon fortuné qui tétât le lait (il lui porte la main sur le sein) de vos bonnes grâces. Tous mes remèdes, toute ma science, toute ma capacité est à votre service, et…

Lucas

Avec votre parmission, Monsieu le médecin, laissez là ma femme, je vous prie.

Sganarelle

Quoi! est-elle votre femme?

Lucas

Oui.

Sganarelle
(Il fait semblant d'embrasser Lucas, et, se tournant du côté de la nourrice, il l'embrasse.)

Ah! vraiment, je ne savois pas cela, et je m'en réjouis pour l'amour de l'on et de l'antre.

Lucas

en le tirant.

Tout doucement, s'il vous plaît.

Sganarelle

Je vous assure que je suis ravi que vous soyez unis ensemble. Je la félicite d'avoir (il fait encore semblant d'embrasser Lucas, et, passant dessous ses bras, se jette au col de sa femme) un mari comme vous; et je vous félicite, vous, d'avoir une femme si belle, si sage, et si bien faite comme elle est.

Lucas
en le tirant encore

Eh! testigué! point tant de compliment, je vous supplie.

Sganarelle

Ne voulez-vous pas que je me réjouisse avec vous d'un si bel assemblage?

Lucas

Avec moi, tant qu'il vous plaira; mais avec ma femme, trêve de sarimonie.

Sganarelle

Je prends part également au bonheur de tous deux, et (il continue le mime jeu), si je vous embrasse pour vous en témoigner ma joie, je l'embrasse de même pour lui en témoigner aussi.

Lucas
en le tirant derechef

Ah! vartigué, Monsieu le médecin, que de lantiponages!

SCÈNE III

SGANARELLE, GÉRONTE, LUCAS, JACQUELINE
Géronte

Monsieur, voici tout à l'heure ma fille qu'on va vous amener.

Sganarelle

Je l'attends, Monsieur, avec toute la médecine.

Géronte

Où est-elle?

Sganarelle,
se touchant le front

Là dedans.

Géronte

Fort bien.

Sganarelle,
en voulant toucher les tétons de la nourrice

Mais, comme je m'intéresse à toute votre famille, il faut que j'essaye un peu le lait de votre nourrice et que je visite son sein.

Lucas
le tirant et lui faisant faire la pirouette

Nanin, nanin, je n'avons que faire de ça.

Sganarelle

C'est l'office du médecin de voir les tétons des nourrices.

Lucas

Il gnia office qui quienne, je sis votte sarviteur.

Sganarelle

As-tu bien la hardiesse de t'opposer au médecin? Hors de là!

Lucas

Je me moque de ça.

Sganarelle,
en le regardant de travers

Je te donnerai la fièvre.

Jacqueline,
prenant Lucas par le bras et lui faisant aussi faire la pirouette

Ote-toi de là aussi. Est-ce que je ne sis pas assez grande pour me défendre moi-même, s'il me fait queuque chose qui ne soit pas à faire?

Lucas

Je ne veux pas qu'il te tâte, moi.

Sganarelle

Fi, le vilain, qui est jaloux de sa femme!

Géronte

Voici ma fille.

15.19, 18. Jouer à la fossette. Sorte de jeu, aussi appelé bloquette, auquel les enfants s'amusent arec des noyaux, des chiques ou des billes.
  20, 9. La vache est à nous. On trouve cette expression dans l'Amant indiscret, de Quinault, imprimé en 1656.
  24, 17. Il y a fagots et fagots. Sur cette expression, de venue proverbiale, voir dans le Moliériste un ingénieux et spirituel article de M. Éd. Thierry (1, p. 11 à 14), 1879.
  25, 5. Un double, c'est-à-dire un double denier, ou la sixième partie d'un sou.
  26, 17. Lantiponer, mot populaire qui signifie lanterner, tenir des discours frivoles, inutiles et interminables. V. à la page 43, l. 2, le mot lantiponage.
16.– 15. Hippocrate dit, dans ton chapitre des chapeaux. Hippocrate est cité dans un livre publié à Lyon l'année même où Molière séjournait dans cette ville (1655): Tractatut de pileo, cæterisque capitis tegminibus tam sacris quam profanis, par Anselme Solerius.
  On trouve le même genre de facétie dans les Fanfares et courvées abbadesques des Roule Bontemps (1613):
  «Galien et Aristote, au livre des Grosses et grasses. Cicéron, au livre V de sa Divination, section i, Du fromage a 24 sous la livre.»
  Et encore, dans le Nouveau Recueil de Farces françaises de Picot et Nyrop, p. 191:
Ces paroles, on trouveraAu livre des tripes d'un veau.Capitula plein d'herbe verde.  Deux ans après le Médecin, l'Intimé dira dans les Plaideurs:
  De vi, paragrapho. Messieurs, Caponibus.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 сентября 2017
Объем:
61 стр. 2 иллюстрации
Правообладатель:
Public Domain

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