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Читать книгу: «Ivanhoe. 2. Le retour du croisé», страница 7

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Cependant, le courageux bouffon ne se vit pas plus tôt en sûreté, qu'il hésita s'il ne retournerait point partager le sort d'un maître auquel il était réellement attaché. «J'ai ouï vanter les délices de la liberté, se dit-il à lui-même, mais je voudrais bien qu'un homme sage m'apprît ce que je puis faire de celle dont je jouis maintenant.» Comme il disait ces mots, il s'entendit appeler par quelqu'un à voix basse. «Wamba,» disait-on; et en même temps un chien qu'il reconnut pour être Fangs sauta près de lui pour le lécher. «Gurth,» répondit Wamba avec la même précaution; et immédiatement le gardeur de cochons parut devant lui.

«De quoi s'agit-il? lui dit ce dernier avec inquiétude. Que veulent dire ces cris, ce cliquetis de lances?» – «C'est une bagatelle analogue au temps, dit Wamba; ils sont tous prisonniers.» – «Qui, prisonniers?» s'écria Gurth avec impatience. «Milord, milady, Athelstane, Hundibert et Oswald.» – «Ciel! dit Gurth, comment sont-ils devenus prisonniers, et de qui?» – «Notre maître a été trop prompt à combattre, dit le bouffon, Athelstane ne l'a pas été assez, et personne parmi les autres n'a été prêt. Ils sont prisonniers des casaques vertes et des masques noirs. Tous nos hommes gisent étendus sur le gazon comme les pommes que tu jettes à tes pourceaux; j'en rirais en vérité, si je pouvais m'empêcher de pleurer.» Et le bouffon effectivement versa des larmes d'une sincère douleur.

La physionomie de Gurth s'anima. «Mon ami, s'écria-t-il tu as une arme, et ton coeur fut toujours meilleur que ton cerveau; nous ne sommes que deux, mais une attaque soudaine de deux hommes bien résolus fera beaucoup; suis-moi.» – «Où, et pour quel dessein?» dit le bouffon. – «Pour délivrer Cedric.» – «Mais vous avez renoncé à son service,» reprit Wamba. «J'y ai renoncé quand il était heureux; suis-moi.»

Comme le bouffon se disposait à obéir, un autre individu apparaissant au milieu d'eux, leur commanda de s'arrêter. Son costume et ses armes l'auraient fait prendre pour un de ces outlaws qui venaient d'assaillir Cedric, car il avait comme eux un riche baudrier à son épaule, avec un cor de chasse non moins reluisant; mais il ne portait point de masque. Son air calme, sa voix imposante, suffirent pour que, malgré la nuit, Wamba reconnût Locksley, le yeoman qui avait gagné le prix au tir de l'arc, en dépit du prince Jean.

«Que signifie tout cela, dit l'archer? et qui donc s'avise de piller, rançonner, et de faire des prisonniers dans cette forêt?» – «Vous n'avez qu'à regarder leurs casaques, répondit Wamba, et voir s'ils ne sont pas des enfans de maraude, car ils sont habillés comme vous, et deux pois verts ne se ressemblent pas davantage.» – «Je le saurai bien vite, reprit Locksley, et je vous défends, sous peine de mort, de bouger de l'endroit où vous êtes avant mon retour. Obéissez, et vous vous en trouverez mieux vous et vos maîtres. Cependant il faut que je me déguise entièrement comme eux.» Il dit et ôte son baudrier avec le cor de chasse et la plume de son casque; il remet le tout à Wamba; puis, tirant de sa poche un masque, il s'en couvre le visage, et part en répétant ses injonctions à Gurth et à son compagnon.

«L'attendrons-nous, ami Gurth, dit Wamba, ou bien lui laisserons-nous ses jambes pour caution, en lui prouvant que nous en avons aussi? D'après ma faible intelligence, il a trouvé beaucoup trop vite le costume d'un voleur pour être lui-même un honnête homme.» – «Qu'il soit le diable s'il veut, dit Gurth, nous ne pouvons être plus mal en attendant son retour. S'il appartient aux outlaws, il doit avoir déjà donné l'alarme, et nous ne pourrions ni combattre ni fuir. D'ailleurs, j'ai eu tout récemment la preuve que les plus grands voleurs ne sont pas toujours les hommes les plus méchans.»

Locksley revint au bout de quelques minutes. «Je les ai vus, ami Gurth, lui dit-il; je me suis mêlé parmi eux; j'ai su qui ils sont et ce qu'ils veulent faire. Il n'y a pas de danger qu'ils fassent aucune violence à leurs prisonniers. Mais trois hommes ne suffisent pas pour tenter sur eux une attaque; ce serait une folie, car ils auraient affaire à de vigoureux champions, et ils ont placé des sentinelles pour donner l'éveil au moindre danger. Il faut donc réunir une force capable de triompher de leurs précautions. Vous êtes tous deux, comme je le pense, des serviteurs fidèles de Cedric le Saxon et l'ami des libertés anglaises: il ne sera pas dit que les secours lui manqueront; venez donc avez moi, et rassemblons des hommes.» Il dit; il leur fit signe de le suivre, et il entra dans le bois à grands pas, accompagné du fou et du gardeur de pourceaux.

Wamba n'était point d'humeur à voyager long-temps en silence. «Je crois, dit-il bas à Gurth en regardant le baudrier et le cor de chasse de Locksley, je crois que j'ai vu gagner ce prix dernièrement.» – «Et moi, reprit Gurth, je parierais que j'ai entendu la voix du brave archer qui remporta ce prix, et que la lune n'a pas vieilli de plus de trois jours depuis lors.» – «Mes braves amis, leur dit l'archer, qui, malgré leurs réflexions faites à voix basse, les avait compris, peu vous importe en ce moment qui je suis et ce que je suis. Si je parviens à délivrer votre maître, vous aurez raison de me regarder comme le meilleur de vos amis. Que j'aie tel ou tel nom, que je tire de l'arc bien ou mal, ou plus adroitement qu'un gardeur de vaches, ou qu'il me plaise de me promener au soleil et au clair de lune, ce sont des choses qui ne vous concernent pas, et dont vous feriez mieux de ne pas vous occuper.» – «Nos têtes sont dans la gueule du lion, et je ne sais comment nous pourrons nous en tirer, murmura le fou à l'oreille de Gurth.» – «Paix! répondit ce dernier, ne l'offense point par quelque trait de ta folie; j'ai pleine confiance en lui.»

CHAPITRE XX

«Lorsque les nuits d'automne étaient longues et tristes, et que les chemins de la forêt étaient sombres et fatigans, avec combien de délices l'oreille du pèlerin aimait à saisir les chants de l'ermite! La piété emprunte le secours de la musique, et la musique l'aile de la piété; et, comme l'oiseau qui salue le soleil, toutes deux prennent leur essor vers le ciel, et le prennent en répétant leurs airs touchans.»

L'Ermite de la fontaine de Saint-Clément.

Ce ne fut qu'au bout de trois heures d'une marche pénible que les deux serviteurs de Cedric et leur guide mystérieux arrivèrent à une clairière, au milieu de laquelle s'élevait un énorme chêne dont les branches entrelacées et touffues se développaient dans toutes les directions. Sous ce grand arbre étaient couchés trois, quatre ou cinq yeomen, pendant qu'un autre en sentinelle allait et venait, se promenant au clair de lune.

Au bruit des pas qui s'approchaient, la sentinelle donna soudain l'alarme; les dormeurs furent à l'instant debout et prêts à tirer leurs arcs. Six flèches placées sur la corde furent dirigées vers le lieu d'où arrivaient les voyageurs. Mais lorsque leur guide eut reconnu les archers, on fut salué et reçu avec des marques de respect et d'affection; dès lors toutes craintes d'une fâcheuse réception s'évanouirent. «Où est le meunier?» fut la première question. «Sur la route de Rotherham.» – «Avec combien d'hommes?» – «Avec six, et bon espoir de butin, s'il plaît à saint Nicolas.» – «Bien parlé, dit Locksley; où est Allan-a-Dalle?» – «Du côté de la rue de Watling, pour guetter le prieur de Jorvaulx.» – «Bien pensé, dit le capitaine; et le moine?» – «Dans sa cellule.» – «Je vais aller le chercher, dit Locksley. Vous autres, dispersez-vous, et rassemblez vos compagnons en plus grand nombre possible; car il y a du gibier à chasser, et il ne prendra pas la fuite. Trouvez-vous ici avant le point du jour. Attendez, ajouta-t-il, j'ai oublié le plus essentiel; que deux d'entre vous prennent la route du château de Front-de-Boeuf. Une bande de braves qui se sont déguisés en prenant notre costume, y conduisent les prisonniers. Serrez-les de près; car, s'ils atteignent le château avant que nous ayons réuni nos forces, il est de notre honneur de les en punir, et nous en trouverons les moyens. Serrez-les de près, vous dis-je, et dépêchez l'un de vous, le meilleur piéton, pour qu'il m'apporte des nouvelles de ces yeomen.» Ils obéirent sur-le-champ, et prirent diverses directions, pendant que leur chef et ses deux compagnons, qui le regardaient avec une crainte respectueuse, continuèrent à marcher vers la chapelle de Copmanhurst.

Dès qu'ils furent arrivés à la petite clairière que blanchissaient les pâles rayons de la lune, ayant devant eux la vénérable chapelle en ruine et le rustique ermitage, si bien placé pour une dévotion ascétique, Wamba se mit à chuchoter à l'oreille de Gurth: «Si telle est l'habitation d'un voleur, elle rend très applicable ce vieux proverbe: Plus on est près de l'église, plus on est loin de Dieu40.» – «Par mes sonnettes! ajouta-t-il, je crois qu'il en est ainsi: écoute seulement le psaume qu'on chante dans la cellule.» En effet, le cénobite et son hôte chantaient à plein gosier et de toute la force de leurs poumons, une vieille chanson bachique dont voici le refrain:

 
Allons, passe-moi la bouteille,
Aimable enfant, joyeux luron;
Allons, passe-moi la bouteille;
Apprends que le jus de la treille
Peut faire un brave d'un poltron;
Allons, passe-moi la bouteille!
 

«Ce n'est pas mal chanté,» dit Wamba, qui avait joint son fausset aux deux superbes voix des chanteurs. «Mais, au nom de tous les saints, qui aurait pu s'attendre à de pareilles matines à minuit, dans la cellule d'un ermite.» – «Ce n'est pas moi qui en suis étonné, dit Gurth, puisque l'ermite de Copmanhurst passe pour un bon vivant, et qu'il ne se gêne pas pour tuer un daim sur sa route. On ajoute même que le garde forestier s'est plaint à son official, et que l'on défendra au moine de porter le froc et le capuchon, s'il ne se conduit pas mieux.»

Tandis qu'ils s'entretenaient ainsi, les coups redoublés de Locksley à la porte, avaient enfin troublé l'anachorète et son hôte. «Par mon chapelet, dit l'ermite en s'arrêtant tout court au milieu d'une superbe cadence, voici de nouveaux voyageurs anuités; je ne voudrais pas pour mon froc, être vu dans un si joyeux exercice. Tout le monde a ses ennemis, sire chevalier fainéant, et il est des hommes assez méchans pour mal interpréter l'hospitalité que je vous offre, à vous voyageur fatigué, et pour regarder nos trois heures d'entretien comme une partie de débauche et d'ivrognerie; vices non moins opposés à ma profession qu'à mes penchans. «Les vils calomniateurs!» reprit le chevalier; «je voudrais être chargé de les punir. Néanmoins, bon père, il est vrai que tout le monde a ses ennemis, et qu'il y en a dans cette contrée auxquels j'aimerais mieux parler à travers la visière de mon casque d'airain, que tête nue. Mets donc, noir fainéant, ton pot en tête aussi vite que ta nature le permettra, dit l'ermite, pendant que j'ôterai ces gobelets d'étain, dont le dernier contenu a, bien malgré nous, coulé dans mon pâté; et pour noyer le bruit, car, puisqu'il faut l'avouer, je ne me sens pas à mon aise, fais chorus avec moi dans ce que je vais chanter; ne t'inquiète pas des paroles, car moi, je les connais à peine.»

À ces mots, il entonna avec une voix de tonnerre un De profundis, pendant qu'il desservait le banquet, et que le chevalier noir, étouffant de rire, endossait son armure à la hâte, en prêtant à l'ermite le secours de sa voix.

«Quelles diables de matines chantez-vous là?» dit une voix du dehors. «Que le ciel vous pardonne, sire voyageur, dit l'ermite, dont le bruit et peut-être les libations nocturnes l'empêchaient de distinguer des accens qui lui étaient assez familiers.» – «Passez votre chemin au nom de Dieu, et de saint Dunstan, et ne troublez pas les dévotions de mon saint frère et de moi.» – «Prêtre fou, cria une voix de dehors, ouvre à Locksley.» – «Tout est sauvé, tout est bien,» dit l'ermite au chevalier. «Mais qui est celui-là, demanda le noir fainéant, il m'importe de le savoir.» – «Qui il est?» répondit l'ermite; «je te dis que c'est un ami.» – «Mais quel ami? Ce peut être un ami pour toi, et non pour moi.» – «Quel ami!» C'est une de ces questions qu'il est plus aisé de faire que de résoudre. Quel ami? ah, ah! je m'en souviens un peu, c'est l'honnête garde forestier dont je t'ai parlé tout à l'heure.» – «Oui, un honnête garde, comme tu es un pieux ermite, répliqua le chevalier; je n'en doute pas, mais ouvre-lui la porte, si tu ne veux pas qu'il l'enfonce.»

Les chiens, qui d'abord s'étaient mis à aboyer, reconnaissant par instinct la voix de celui qui frappait, se mirent à gratter la porte et à faire patte de velours en murmurant comme pour intercéder en faveur de celui qui frappait. L'ermite ouvrit enfin, et Locksley entra suivi de ses deux compagnons.

«Quel est donc ce nouveau commensal que tu as avec toi?» dit l'archer à l'ermite. «Un frère de notre ordre, répondit le solitaire en secouant la tête; nous avons passé toute la nuit en oraison.» – «C'est un moine de l'Église militante, je pense, dit Locksley, et l'on en voit assez depuis quelque temps. Je viens te dire, mon cher moine, qu'il faut quitter le rosaire et t'armer d'un bâton; nous avons besoin de tous nos hommes, clercs ou laïques. Mais, ajouta-t-il en le tirant à part, es-tu fou d'admettre chez toi un chevalier que tu ne connais pas? As-tu donc oublié nos règlemens?» – «Que je ne connais pas!» reprit le moine hardiment. «Je le connais aussi bien que le mendiant connaît son écuelle.» – «Et quel est donc son nom?» demanda Locksley. – «Son nom dit l'ermite, son nom est sire Anthony de Scrablestone41: comme si je buvais avec quelqu'un sans savoir son nom!» – «Tu as bu, cher moine, beaucoup plus que de raison, et je crains, dit l'archer, que tu n'aies bavardé de même.» – «Brave archer, dit le noir fainéant, ne sois pas si dur envers mon joyeux hôte, il n'a pu me refuser l'hospitalité, elle a été forcée.» – «Forcée! répéta l'ermite, attends que j'aie changé ce froc blanc pour une verte casaque; et si je ne fais pas tourner douze fois un bâton à deux bouts sur ta tête, je consens à n'être ni un vrai moine, ni un Robin des bois.»

Il dit, se dépouille de sa robe et revient avec un justaucorps, un caleçon de bougran noir, une casaque verte et un haut-de-chausses de même couleur. Aide-moi à nouer mes pointes,» dit-il à Wamba, «et tu auras un bon verre de vin pour ta peine.» – «Grand merci pour ta robe, dit Wamba; mais crois-tu qu'il soit permis de t'aider à te métamorphoser de saint ermite en un braconnier pécheur?» – «Ne crains rien, répondit l'ermite; je confesserai les péchés de mon habit vert à mon froc blanc, et de nouveau tout ira bien.» – «Amen,» reprit le fou. «Un pénitent vêtu de drap fin devrait avoir un confesseur portant la haire, et votre froc peut encore absoudre à ce titre mon habit bariolé par dessus le marché.»

Parlant ainsi, il aida le moine à attacher les nombreuses pointes comme on appelait les lacets qui fixaient le haut-de-chausses au pourpoint. De son côté Locksley tira le chevalier à l'écart, et lui dit; «Avouez-le, sire fainéant, c'est vous qui avez décidé la victoire à l'avantage des indigènes contre les étrangers au second jour du tournoi d'Ashby.» – «Et qu'en adviendrait-il, si vous disiez vrai, mon brave yeoman?» – «Je vous regarderais comme disposé à prendre parti en faveur du plus faible.» – «C'est le devoir d'un chevalier, et je ne voudrais pas qu'on pût penser autrement de moi.» – «Mais pour mon dessein, reprit l'archer, tu devrais être aussi bon Anglais que bon chevalier, car l'objet dont j'ai à te parler est du devoir non seulement de l'honnête homme, mais plus spécialement d'un véritable Anglais.» – «Vous ne pouvez, reprit le chevalier, vous adresser à personne à qui les intérêts de la patrie et la vie du dernier citoyen soient plus chers qu'à moi-même.» – «Je le désire de bon coeur, dit l'archer, car ce pays n'eut jamais plus besoin qu'à présent de ceux qui l'aiment. Écoute-moi donc et je te ferai connaître un projet auquel, si tu es réellement ce que tu me parais, tu pourras joindre une honorable coopération. Une bande de vauriens, sous le déguisement d'hommes qui valent mieux qu'eux, se sont emparés d'un noble compatriote, appelé Cedric le Saxon, de sa fille ou pupille et de son ami Athelstane de Coningsburgh, et les ont conduits au château situé près de cette forêt, nommé Torsquilstone. Veux-tu, en bon chevalier et loyal Anglais, nous aider à les délivrer.» – «J'y suis obligé par mes voeux, répondit le chevalier, mais je voudrais savoir qui vous êtes, vous qui demandez mon assistance en leur faveur.»

«Je suis un homme sans nom, dit Locksley, mais je suis l'ami de mon pays et des amis de mon pays. Il faut vous contenter de ce peu de mots sur mon compte, pour le moment; vous le devez d'autant plus que vous-même désirez continuer à demeurer inconnu. Croyez cependant que ma parole, quand je l'ai donnée, est aussi inviolable que si je portais des éperons d'or.» – «Je le crois, dit le chevalier, j'ai été accoutumé à observer la physionomie humaine, et je remarque sur la tienne de la franchise et de la résolution. Je ne te ferai donc plus de questions, et je t'aiderai de bon coeur à rendre la liberté à ces captifs opprimés; après quoi je me flatte que nous ferons plus ample connaissance, et que nous serons contens l'un de l'autre.»

«Ainsi donc,» dit à Gurth Wamba qui, venant d'achever l'équipement, s'était rapproché du gardeur de pourceaux, et avait entendu la fin de la conversation; «ainsi donc, nous avons un nouvel auxiliaire: je me flatte que la valeur du chevalier sera d'une meilleure trempe que la religion de l'ermite, ou l'honnêteté de l'yeoman: car ce Locksley me paraît un vrai braconnier, et le prêtre un grand hypocrite.» – «Paix! Wamba, dit Gurth; tout cela peut être, mais si le diable cornu venait m'offrir son aide pour délivrer Cedric et lady Rowena, je doute que j'eusse assez de religion pour refuser l'offre de ce terrible ennemi, et le chasser de ma présence.

L'ermite, entièrement accoutré comme un archer, avec l'épée et le bouclier, l'arc et le carquois, et une forte pertuisane sur l'épaule, quitta le premier sa cellule à la tête de la bande, après avoir eu soin de fermer la porte, sous le seuil de laquelle il déposa la clef. «Es-tu en état de nous servir, bon ermite, lui demanda Locksley, ou la bouteille brune roule-t-elle toujours dans ton cerveau offusqué par les vapeurs bachiques?» – «Pas plus que ne ferait une goutte de la fontaine de saint Dunstan, répondit le moine; il y a encore un certain bourdonnement dans ma tête et de l'instabilité dans mes jambes, mais vous verrez tout à l'heure qu'il n'y paraîtra plus.» Disant cela, il se coucha sur le bord du bassin dans lequel s'écoulaient les eaux de la fontaine, en formant dans leur chute quelques bulles qui dansaient à la lueur blanchâtre de la lune, et il se mit à boire comme s'il avait voulu tarir la source.

«Combien y a-t-il de temps, ermite de Copmanhurst, que tu n'as, dit le chevalier noir, avalé une aussi bonne gorgée d'eau?» – «Cela ne m'était jamais arrivé, répondit le moine, depuis qu'un baril de vin laissa échapper, par une fente hétérodoxe, tout le nectar qu'il renfermait, et ne m'offrit plus rien pour étancher ma soif, que la source libérale de mon saint patron.» Plongeant ensuite ses mains et sa tête dans la fontaine, il en effaça toutes les traces de son orgie nocturne. Ainsi revenu à la sobriété, le joyeux moine fit tournoyer sur sa tête, avec trois doigts, sa lourde pertuisane, comme s'il eût balancé un roseau et s'écria: «Où sont ces fourbes ravisseurs qui enlèvent de jeunes filles contre leur volonté? Je veux que le diable me torde le cou si je ne suis pas en état d'en terrasser une douzaine.»

«Est-ce que tu profères des juremens, saint ermite?» lui dit le chevalier noir. «Ne me parle plus d'ermite, répliqua le cénobite métamorphosé; par saint Georges et le Dragon, je ne suis plus un moine quand j'ai quitté le froc; sitôt que j'ai endossé ma casaque verte, je bois, je jure et je chiffonne une collerette aussi bien que le plus jovial forestier du West-Riding.» – «Allons, joyeux frocard, dit Locksley, silence; tu fais autant de bruit que tout un couvent, la veille d'une fête, quand le père est allé se mettre au lit. Venez aussi, mes dignes maîtres, ne nous amusons pas à causer davantage. Il faut réunir toutes nos forces; elles nous seront nécessaires, si nous devons escalader le château de Réginald de Front-de-Boeuf.»

«Quoi! dit le chevalier noir, est-ce Front-de-Boeuf qui arrête sur les grands chemins royaux les sujets de son prince? est-il devenu oppresseur et brigand?» – «Oppresseur, il le fut toujours,» dit Locksley. «Et pour brigand, dit le moine, je doute si jamais il fut moitié aussi honnête homme que bien des voleurs de ma connaissance.» – «En avant, chapelain, et silence, dit l'archer; il vaut mieux arriver avec célérité au lieu du rendez-vous, que de s'amuser à dire ce que la décence et la réserve devraient couvrir d'un voile.

40.The nearer the Church the farther from god.A. M.
41.Scrablestone, mot sans doute formé de stone, pierre, et de scrabled, égratignée: ce qui signifierait pierre égratignée ou endommagée.A. M.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 сентября 2017
Объем:
170 стр. 1 иллюстрация
Переводчик:
Правообладатель:
Public Domain

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