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Conclusion

Les apports de fonds propres sont une source importante de financement pour les entreprises, et il reste encore, en Afrique, une demande de capitaux qui n’est pas satisfaite. Les fonds de capital-investissement et de capital-risque jouent un rôle essentiel dans la réponse à cette demande, mais la pandémie crée un environnement ingrat pour les levées de fonds, qui ont chuté de 34 % entre 2019 et 2020. L’un des principaux obstacles – qui persiste en 2021 – est la difficulté pour les investisseurs potentiels d’instruire les dossiers à distance, dans le contexte des restrictions de déplacement imposées par la situation sanitaire. Malgré tout, le niveau d’activité relatif aux opérations est resté globalement le même en 2020 qu’en 2019, la seule réaction à la pandémie étant la réorientation des investissements vers les secteurs de l’informatique et de la santé. Le nombre de sorties du marché africain a fortement reculé avec l’arrêt des introductions en Bourse et la baisse des rachats par l’actionnaire entrepreneur. Si les levées de fonds ne reprennent pas, les cessions secondaires pourraient elles aussi se raréfier.

Au-delà du niveau des levées de fonds, les marchés africains sont confrontés à d’autres défis – le faible degré de développement du secteur financier, la rentabilité généralement jugée trop basse des investissements non cotés et la valorisation élevée des actions –, qui font qu’il peut être difficile de repérer des occasions d’investissements suffisamment rentables sur le marché du non-coté. Mais les marchés africains disposent aussi de certains avantages qui ouvrent le champ des possibles, tels que la masse croissante des actifs nationaux sous gestion, dont une partie pourrait être canalisée vers les investissements non cotés, la performance relativement élevée des investissements ESG, ou encore le développement de la classe consommatrice. Pour exploiter ces possibilités, il faudra avoir jugulé la menace que représente le COVID-19 : plus lent sera le déploiement des vaccins, plus tardive sera la reprise des investissements non cotés et des autres activités économiques – sans parler, bien sûr, des conséquences humaines. L’accélération du déploiement des vaccins en Afrique est une nécessité, et il y a urgence à ce que les pays développés y pourvoient, dans la perspective d’un bénéfice important dépassant les limites du continent.

Bibliographie

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[1] Banque européenne d’investissement.

L’auteur tient à remercier Sabrina Katz de la Global Private Capital Association pour ses précieux commentaires et pour les données qu’elle a fournies, ainsi que Claudio Cali, Enrico Canu, Marius Chirila, Matthieu Ducorroy et Nina Fenton qui ont donné leur avis sur les premières ébauches de l’article.

Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position de la BEI. Toute erreur qui pourrait subsister relève de la responsabilité de l’auteur.

[2] L’Emerging Markets Private Equity Association (EMPEA) est devenue, en juin 2021, la Global Private Capital Association (GPCA). Pour de plus amples informations, consulter le site de la GPCA, www.GlobalPrivateCapital.org.

[3] Le mandat géographique d’un fonds est précisé dans les clauses appropriées de l’accord entre les commanditaires et le gestionnaire du Fonds.

[4] Voir Diop, 2018 pour un développement sur ce sujet.

4
Services financiers numériques

Claudio Cali[1]

Laura Wollny[2]

Arthur Minsat[3]

Elisa Saint Martin[3]

Introduction

La transformation numérique des secteurs financiers africains présente un énorme potentiel de stimulation du développement et de la croissance, même si les risques qui y sont associés doivent être gérés de manière appropriée. L’essor des services financiers numériques sur le continent, qui s’inscrit dans le cadre plus large d’une transformation numérique de nombreux pans des économies et des sociétés africaines[4], favorise l’inclusion financière de groupes précédemment non desservis ou insuffisamment desservis[5], contribuant ainsi à augmenter les revenus et à réduire la pauvreté. Par exemple, une étude réalisée en 2016 a révélé que le système de paiement mobile M-PESA faisait progresser la consommation et la résilience financière des ménages kényans en leur permettant d’économiser davantage et d’affecter leurs fonds de manière plus efficace. Les auteurs de l’étude estiment que l’introduction de M-PESA aurait aidé 200 000 ménages kényans à se hisser audessus du seuil de pauvreté[6]. Les petites et moyennes entreprises (PME) peuvent également bénéficier plus que proportionnellement de la fourniture de services financiers moins chers et plus efficaces grâce à la transformation numérique (Disse et Sommer, 2020 ; Sahay et al., 2020), ce qui leur permet de tirer la croissance économique. Par exemple, avec la baisse des coûts administratifs, il peut devenir plus rentable pour les banques de s’adresser aux petites entreprises. Par ailleurs, la concurrence de nouvelles sources de financement, telles que les plateformes de financement participatif, peut inciter les bailleurs de fonds à se tourner vers les PME afin de faire face à la concurrence (Benni, 2021 ; Disse et Sommer, 2020 ; Jurd de Girancourt et al., 2020). En outre, la transformation numérique du secteur financier peut avoir des effets positifs plus larges sur la croissance et le développement, par exemple en aidant à intégrer les petites entreprises dans le secteur formel, avec à la clé une augmentation de la capacité des États à percevoir des recettes. Elle peut également aider les institutions financières à devenir plus efficaces en permettant une prestation de services plus ciblée et en renforçant la transparence et la traçabilité des flux financiers. Inversement, la transformation numérique des services financiers comporte un certain nombre de risques nouveaux ou accentués. Il s’agit notamment des risques pour les particuliers et les ménages, qui doivent bénéficier d’une protection des consommateurs suffisante, du danger de voir apparaître une fracture numérique si l’accès à ces services est inégal et d’aléas de niveau systémique, examinés plus en détail ci-dessous. Compte tenu de son rôle de catalyseur dans la promotion de l’accès aux services financiers et du développement durable, ainsi que de la nécessité d’une action et d’une coopération réglementaires pour atténuer les risques, la transformation numérique occupe une place de premier plan dans l’agenda politique en Afrique[7].

La crise du COVID-19 a accéléré la transformation numérique des secteurs financiers africains. En réponse à la pandémie, de nombreux décideurs politiques ont encouragé les paiements numériques afin de réduire l’utilisation de l’argent liquide et de permettre aux entreprises et aux ménages de faire face aux restrictions des déplacements et de l’activité économique. L’évolution en cours vers des sociétés sans argent liquide s’en est trouvée renforcée. Par exemple, l’État nigérian s’attache à mettre en place une infrastructure pour l’identification numérique afin de renforcer l’économie numérique du pays. L’identification numérique améliore les processus de certaines institutions financières, notamment s’agissant des exigences de connaissance des clients et de l’évaluation du risque de crédit[8]. Autres exemples, la Banque centrale du Kenya a levé le plafond appliqué au volume des virements numériques et la Banque centrale du Ghana a mis en place une solution universelle de paiement utilisant les codes QR, connectée aux comptes bancaires des clients, pour effectuer des paiements dans les commerces (GSMA, 2021a). La Banque centrale de la République de Guinée a assoupli les exigences en matière d’identification pour l’ouverture de comptes de monnaie électronique et a recommandé de réduire les frais facturés pour les services électroniques (FMI, 2020c). De nombreux fournisseurs de services financiers africains ont également procédé à des ajustements pendant la crise afin de promouvoir et de faciliter l’utilisation des canaux numériques. On peut notamment citer la réduction des frais de transaction, le relèvement des limites appliquées aux opérations et aux soldes, la facilitation de l’ouverture des comptes et la simplification des procédures des opérations (Benni, 2021 ; FMI, 2020c ; Sahay et al., 2020). Bien que, pendant la crise, les prestataires de services d’argent mobile aient subi une baisse significative de leurs recettes, qui proviennent principalement des frais facturés à la clientèle (GSMA, 2021a), les services de paiement numériques ont connu une hausse marquée du nombre d’utilisateurs et du volume des opérations, et l’utilisation du commerce en ligne par les clients et les fournisseurs a enregistré une hausse sensible (Benni, 2021 ; GSMA, 2020a ; Kazeem, 2020 ; Sahay et al., 2020).

La transformation numérique était à l’origine portée par de nouveaux entrants dans les secteurs financiers africains, mais les résultats de l’enquête 2021 de la Banque européenne d’investissement (BEI) sur le secteur bancaire en Afrique révèlent que le secteur bancaire élargit actuellement son offre numérique. Cette évolution a été motivée en partie par la demande des clients et en partie par les défis posés par le COVID-19. Au départ, le secteur bancaire n’était pas à l’avant-garde de la révolution de la finance numérique, dont les pionniers ont principalement été les prestataires de services d’argent mobile. Toutefois, au début de l’année 2021, près de 90 % des banques interrogées indiquaient que la pandémie avait accéléré la transformation numérique de leurs processus internes et 89 % estimaient que le passage des clients vers les canaux numériques survivrait à la pandémie. Ces résultats concordent avec ceux d’autres enquêtes récentes, dans lesquelles des cadres bancaires d’Afrique et du monde entier déclaraient être convaincus que la transformation numérique serait le principal facteur à l’oeuvre dans l’évolution du secteur (Deloitte, 2020 ; Economist Intelligence Unit, 2020 ; PwC, 2019). Les acteurs non bancaires continuent de combler les lacunes en matière de finance numérique et coopèrent de plus en plus avec les banques. En outre, la diffusion des smartphones peut apporter de nouveaux changements dans la fourniture de services financiers mobiles, puisque les services basés sur des applications devraient multiplier les possibilités pour les institutions financières ainsi que les plateformes internationales de paiement (Institut de la finance internationale, 2021).

Le présent chapitre fournit des détails sur l’utilisation des services financiers numériques en Afrique, sur les rôles joués par différents prestataires de services et sur la nécessité d’améliorer et d’actualiser la réglementation afin d’atténuer les risques. Il présente également de manière synthétique certaines des possibilités offertes par les services financiers numériques et les défis qu’il convient de relever pour libérer tout le potentiel de la révolution numérique et améliorer le fonctionnement du secteur financier. Les conclusions du module sur la transformation numérique de l’enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique ont également servi de base au rapport sur la finance numérique dans le secteur des microentreprises et petites et moyennes entreprises (MPME) et la résilience et l’innovation durant la pandémie de COVID-19, élaboré par le Forum mondial des PME (SME Finance Forum, 2021, à paraître) pour le compte du Partenariat mondial pour l’inclusion financière (Global Partnership for Financial Inclusion – GPFI) du G20.

Encadré 1 : Qu’est-ce que la FinTech ?

Le terme FinTech, ou technologie financière, recouvre l’utilisation des avancées technologiques, telles que l’accès aux téléphones portables et à l’internet, l’informatique en nuage et l’intelligence artificielle, pour offrir une gamme de services financiers en ligne ou sur des téléphones mobiles. Ces services comprennent les paiements numériques (argent mobile, par exemple) et les produits d’épargne, les technologies de l’assurance et de la gestion de patrimoine (tels que les conseillers-robots), l’octroi de prêts en ligne par l’intermédiaire de marchés numériques, la levée de capitaux au moyen du financement participatif et les services d’approvisionnement des marchés, tels que l’identification numérique et la notation de crédit alternative (Cambridge Centre for Alternative Finance (CCAF) et al., 2020). De nombreux produits numériques sont utilisés en Afrique : services de virement et de paiement, plateformes de négociation en ligne et technologies de l’assurance (Cambridge Centre for Alternative Finance (CCAF) et al., 2020).

Le nombre d’entreprises de technologie financière et de services qu’elles fournissent s’est multiplié rapidement depuis la fondation du prestataire de services d’argent mobile M-PESA, l’exemple de FinTech africaine le plus connu. Crée en 2007 par Vodafone et Safaricom au Kenya et en Tanzanie, M-PESA a depuis étendu ses activités à des pays comme le Lesotho, le Mozambique et le Ghana. Des fournisseurs de services d’argent mobile sont désormais actifs dans toute l’Afrique (tels que MTN Mobile Money, Tigo et Airtel) et proposent une large gamme de services (Disse et Sommer, 2020 ; GSMA, 2021a), souvent dans le cadre de partenariats avec des banques, des services de transfert de fonds et des services d’assurance (Ahmad et al., 2020 ; GSMA, 2021a ; Sy et al., 2019). M-PESA, par exemple, fournit non seulement des services de virement et de paiement numériques, mais aussi des produits d’épargne, des prêts, des assurances maladie et des solutions pour les propriétaires de petites entreprises. Certaines entreprises de technologie financière s’associent également avec des États ou des organisations humanitaires pour la gestion de transferts sociaux. C’est notamment le cas de M-Birr et de HelloCash en Éthiopie (GSMA, 2021a). Les entreprises de technologie financière ont pénétré d’autres pans du secteur financier, palliant ainsi des lacunes des marchés. Les prestataires de services d’assurance tels que MicroEnsure[9] et Inclusivity[10] utilisent la technologie pour mettre différents produits d’assurance à la disposition des ménages à faible revenu en facilitant les paiements et la collecte de données. En outre, un certain nombre de plateformes de financement participatif axées sur l’Afrique, telles qu’Afrikwity (basée à Paris), Fundkiss (basée à Maurice) et Thundafund (basée en Afrique du Sud), constituent une nouvelle source de financement, qui peut bénéficier à des initiatives innovantes ou de petite taille et à des groupes auparavant non desservis ou insuffisamment desservis[11].

Au-delà des services financiers, les solutions de technologie financière proposées par un certain nombre d’entreprises innovantes pourraient potentiellement révolutionner divers secteurs de l’économie. Jumia, le premier marché en ligne d’Afrique, fournit une plateforme de commerce électronique aux vendeurs et propose des solutions de paiement, de logistique et commerciales. Sokowatch fournit des services d’analyse de données aux entreprises informelles des grandes villes du Kenya, de la Tanzanie, de l’Ouganda et du Rwanda. Toujours au Kenya, Twiga renforce l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire en utilisant des solutions numériques pour relier les fournisseurs de denrées alimentaires aux vendeurs[12].

Le secteur financier joue un rôle majeur pour orienter les financements vers les investissements dans la transformation numérique et l’innovation. Les fonds de capital-investissement et de capital-risque jouent un rôle particulièrement important en fournissant des financements à long terme qui absorbent les risques aux entreprises jeunes et innovantes dans ce secteur relativement nouveau. La BEI soutient le secteur du capital-investissement et du capital-risque en Afrique, notamment via l’initiative Boost Africa. Ce partenariat conclu avec la Commission européenne et la Banque africaine de développement vise à stimuler l’esprit d’entreprise et l’innovation dans toute l’Afrique, à développer les compétences des jeunes entrepreneurs et à soutenir les start-ups et les entreprises innovantes du domaine du numérique, en mettant l’accent en particulier sur les jeunes entrepreneurs et les femmes. L’initiative vise à permettre et à renforcer l’entrepreneuriat et l’innovation sur l’ensemble du continent d’une manière commercialement viable en combinant des financements destinés aux phases initiales de développement des entreprises et l’accès aux mécanismes locaux de soutien technique, au renforcement des compétences et aux réseaux d’aide aux entrepreneurs locaux. Le soutien de la Commission européenne permet à la Banque d’effectuer des investissements subordonnés absorbant les risques dans des fonds de capital-risque à fort impact et de proposer une assistance technique et des opportunités de formation aux fonds et aux sociétés et entrepreneurs qu’elle soutient.

Adoption des services financiers numériques en Afrique

L’essor des services financiers numériques a été l’un des principaux moteurs de la progression récente de l’inclusion financière en Afrique. Entre 2014 et 2017, l’inclusion financière numérique[13] en Afrique subsaharienne[14] a fait un bond en avant, tandis que l’inclusion financière au moyen des canaux traditionnels (non numériques) a marqué le pas (Sahay et al., 2020). En 2017, une moyenne de 42 % de la population âgée de 16 ans et plus détenait un compte auprès d’une institution financière ou d’un fournisseur de services d’argent mobile en Afrique, contre seulement 30 % en 2014 (Banque mondiale, 2017). L’Afrique compte maintenant 560 millions de comptes mobiles enregistrés, qui ont mobilisé près de 500 milliards d’USD en 2020, ce qui représente 65 % de la valeur totale des opérations mobiles au niveau mondial (GSMA, 2021a).

Figure 1 : Valeur des opérations en argent mobile en Afrique, 2017-2020, données mensuelles pour décembre


Source : GSMA, 2021b.

L’argent mobile joue un rôle clé dans le développement des services financiers numériques en Afrique, soit en complément soit en remplacement des prestataires de services financiers existants. L’utilisation de l’argent mobile a augmenté de plus de 200 % sur l’ensemble du continent entre décembre 2015 et décembre 2020, la plupart des régions ayant enregistré une hausse chaque année (figure 1). L’Afrique subsaharienne est le chef de file mondial des comptes d’argent mobile, avec 53 % de l’ensemble des comptes de ce type qui sont actifs au niveau mondial (160 millions de comptes) et près des deux tiers du total des opérations mondiales effectuées en décembre 2020, qui s’élève à 70 milliards d’USD (GSMA, 2021a et 2021b)[15]. La réussite de l’argent mobile en Afrique s’explique en partie par son accessibilité accrue par rapport aux services financiers traditionnels : en 2019, on comptait 109 fois plus de points de vente actifs de comptes d’argent mobile que de succursales de banques commerciales pour 100 000 adultes (FMI, 2020a)[16].

Figure 2 : Déposants auprès de banques commerciales, comptes d’argent mobile actifs, opérations en argent mobile et opérations bancaires en ligne en 2019


Source : FMI, 2020a[17].

Dans de nombreux pays, les services d’argent mobile sont de plus en plus utilisés en dépit d’un accès généralisé aux services bancaires traditionnels. Dans certains pays, cependant, l’argent mobile compense la faible accessibilité des bailleurs de fonds traditionnels. En moyenne, la corrélation entre l’accès aux comptes bancaires commerciaux et l’argent mobile est positive, notamment dans un certain nombre de pays d’Afrique australe tels que la Namibie et le Botswana, qui combinent des niveaux relativement élevés d’accès aux banques traditionnelles et une utilisation importante de l’argent mobile (figure 3). En Afrique de l’Est et de l’Ouest, en revanche, les services d’argent mobile semblent remédier aux difficultés d’accès aux services financiers traditionnels. Ces régions se caractérisent par des volumes relativement importants d’opérations en argent mobile, tant du point de vue du total que par habitant (figure 1), et par un accès relativement faible aux comptes auprès des prestataires de services financiers traditionnels (figure 2). Dans des pays comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Rwanda, l’accès relativement limité aux services bancaires commerciaux a sans doute été à l’origine du vif intérêt pour l’argent mobile. La situation est différente dans les pays d’Afrique du Nord et en Afrique du Sud, où une plus grande proportion de la population a accès aux services financiers traditionnels. C’est probablement cette réalité qui explique l’adoption limitée de l’argent mobile dans le cas de l’Afrique du Sud et, partant, le faible volume des opérations en argent mobile par habitant pour l’ensemble de l’Afrique australe (comme le montre la figure 1).

Figure 3 : Déposants auprès de banques commerciales et comptes d’argent mobile, par pays


Source : FMI, 2020a[18].

Les banques commerciales mettent également des canaux numériques à la disposition de leurs clients. Les données disponibles sont limitées, mais donnent à penser que les banques d’Afrique australe, même en dehors de l’Afrique du Sud (mais à l’exclusion des Seychelles et de Maurice), proposent déjà d’importantes offres de services numériques, les opérations de banque mobile et de banque en ligne représentant en moyenne près de 50 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019 (figure 2). L’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest semblent moins avancées, même si cette impression pourrait être le reflet de l’absence de données pour les marchés les plus développés (Nigeria et Kenya). Il convient de noter que le développement de l’offre de services numériques par les banques traditionnelles n’indique pas nécessairement qu’elles touchent de nouveaux clients – dans de nombreux cas, il s’agit plus probablement de la traduction de la sophistication croissante des services offerts aux clients existants, qui sont déjà relativement bien desservis.

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9789286150654
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