Читайте только на ЛитРес

Книгу нельзя скачать файлом, но можно читать в нашем приложении или онлайн на сайте.

Читать книгу: «Historical Characters», страница 38

Шрифт:

The brilliant talents, the genial and generous spirit of Mr. Canning procured him partisans who served him with their heart, and animating his country by a sympathy with his spirit, inspired a sort of affectionate interest in his fortunes. The calm and steady prudence, the sober and moderate language, the punctilious devotion to business, the constant attention to practical and useful improvements, the comprehensive acquirements, the gradual abandonment of early prejudices, won by degrees for Sir Robert Peel a sort of judicial pre-eminence which made men obey his decisions who were displeased with his manners, and who even differed from his opinions. Thus was he finally elevated to a height in the general esteem which was the more remarkable from its being gained by qualities which neither charmed individuals nor dazzled the public.

Each left a school. In the one we may learn how to sustain our renown and our power abroad; in the other how to advance our prosperity at home. Both were the citizens of a free state, but if I might venture to distinguish the peculiarities of these two illustrious Englishmen by a reference to classical examples, I would say that the one resembled a Greek in the most glorious times of Athens, the other reminded you of a Roman in the noblest epoch of the city of Romulus.

APPENDIX
TWO MEMOIRS, READ BY M. DE TALLEYRAND AT THE NATIONAL INSTITUTE

Essai sur les avantages à retirer de colonies nouvelles dans les circonstances présentes. Par le Citoyen Talleyrand. Lu à la séance publique, de l’Institut national, le 25 messidor, an V

Les hommes qui ont médité sur la nature des rapports qui unissent les métropoles aux colonies, ceux qui sont accoutumés à lire de loin les événements politiques dans leurs causes, prévoyaient depuis longtemps que les colonies américaines se séparaient un jour de leurs métropoles, et, par une tendance naturelle que les vices des Européens n’ont que trop accélérée, ou se réuniront entre elles, ou s’attacheront au continent qui les avoisine: ainsi le veut cette force des choses qui fait la destinée des états, et à laquelle rien ne résiste.

Si de tels événements sont inévitables, il faut du moins en retarder l’époque et mettre à profit le temps qui nous en sépare.

Des mesures désastreuses ont porté dans nos colonies la dévastation. L’humanité, la justice, la politique même, commandent impérieusement que, par des mesures fermes et sages, on s’efforce enfin de réparer ces ruines.

Mais, en même temps, ne convient-il pas de jeter les yeux sur d’autres contrées, et d’y préparer l’établissement de colonies nouvelles, dont les liens avec nous seront plus naturels, plus utiles et plus durables? car il faut bien que le système de notre gouvernement intérieur amène dans nos rapports étrangers des changements qui lui soient analogues.

L’effet nécessaire d’une constitution libre est de tendre sans cesse à tout ordonner, en elle et hors d’elle, pour l’intérêt de l’espèce humaine: l’effet nécessaire d’un gouvernement arbitraire est de tendre sans cesse à tout ordonner, en lui et hors de lui, pour l’intérêt particulier de ceux qui gouvernent. D’après ces tendances opposées, il est incontestable que rien de commun ne peut exister longtemps pour les moyens, puisque rien de commun n’existait pour l’objet.

La tyrannie s’irrite des regrets alors qu’ils se manifestent; l’indifférence ne les entend pas: la bonté les accueille avec intérêt; la politique leur cherche un contre-poids: or le contre-poids des regrets, c’est l’espoir.

Les anciens avaient imaginé le fleuve de l’oubli, où se perdaient, au sortir de la vie, tous les souvenirs. Le véritable Léthé, au sortir d’une révolution, est dans tout ce qui ouvre aux hommes les routes de l’espérance.

“Toutes les mutations,” dit Machiavel, “fournissent de quoi en faire une autre.” Ce mot est juste et profond.

En effet, sans parler des haines qu’elles éternisent et des motifs de vengeance qu’elles déposent dans les âmes, les révolutions qui ont tout remué, celles surtout auxquelles tout le monde a pris part, laissent, après elles, une inquiétude générale dans les esprits, un besoin de mouvement, une disposition vague aux entreprises hasardeuses, et une ambition dans les idées, qui tend sans cesse à changer et à détruire.

Cela est vrai, surtout quand la révolution s’est faite au nom de la liberté. “Un gouvernement libre,” dit quelque part Montesquieu, “c’est-à-dire, toujours agité,” &c. Une telle agitation ne pouvant pas être étouffée, il faut la régler; il faut qu’elle s’exerce non aux dépens, mais au profit du bonheur public.

Après les crises révolutionnaires, il est des hommes fatigués et vieillis sous l’impression du malheur, dont il faut en quelque sorte rajeunir l’âme. Il en est qui voudroient ne plus aimer leur pays, à qui il faut faire sentir qu’heureusement cela est impossible.

Le temps et de bonnes lois produiront sans doute d’heureux changements; mais il faut aussi des établissements combinés avec sagesse: car le pouvoir des lois est borné, et le temps détruit indifféremment le bien et le mal.

Lorsque j’étais en Amérique, je fus frappé de voir qu’après une révolution, à la vérité très-dissemblable de là nôtre, il restait aussi peu de traces d’anciennes haines, aussi peu d’agitation, d’inquiétude; enfin qu’il n’y avait aucun de ces symptômes qui, dans les états devenus libres, menacent à chaque instant la tranquillité. Je ne tardai pas à en découvrir une des principales causes. Sans doute cette révolution a, comme les autres, laissé dans les âmes des dispositions à exciter ou à recevoir de nouveaux troubles; mais ce besoin d’agitation a pu se satisfaire autrement dans un pays vaste et nouveau, où des projets aventureux amorcent les esprits, où une immense quantité de terres incultes leur donne la facilité d’aller employer loin du théâtre des premières dissensions une activité nouvelle, de placer des espérances dans des spéculations lointaines, de se jeter à la fois au milieu d’une foule d’essais, de se fatiguer enfin par des déplacements, et d’amortir ainsi chez eux les passions révolutionnaires.

Heureusement le sol que nous habitons ne présente pas les mêmes ressources: mais des colonies nouvelles, choisies et établies avec discernement, peuvent nous les offrir; et ce motif pour s’en occuper ajoute une grande force à ceux qui sollicitent déjà l’attention publique sur ce genre d’établissements.

Les diverses causes qui ont donné naissance aux colonies dont l’histoire nous a transmis l’origine, n’étaient pas plus déterminantes; la plupart furent beaucoup moins pures; ainsi l’ambition, l’ardeur des conquêtes, portèrent les premières colonies des Phéniciens132 et des Égyptiens dans la Grèce; la violence, celle des Tyriens à Carthage133; les malheurs de la guerre, celle des Troyens fugitifs en Italie134; le commerce, l’amour des richesses, celle des Carthaginois dans les135 îles de la Méditerranée, et sur les côtes de l’Espagne et de l’Afrique; la nécessité, celles des Athéniens dans l’Asie mineure,136 lorsqu’ils devinrent trop nombreux pour leur territoire borné et peu fertile; la prudence, celle des Lacédémoniens à Tarente, qui, par elle, se délivrèrent de citoyens turbulents; une forte politique, les nombreuses colonies des Romains137, qui se montraient doublement habiles en cédant à leurs colons une portion des terres conquises, et parce qu’ils apaisaient le peuple, qui demandait sans cesse un nouveau partage, et parce qu’ils faisaient ainsi, des mécontents mêmes, une garde sûre dans le pays qu’ils avaient soumis; l’ardeur du pillage et la fureur guerrière (bien plus que l’excès de population), les colonies ou plutôt les irruptions des peuples du Nord138 dans l’empire romain; une piété romanesque et conquérante, celles des Européens139 dans l’Asie.

Après la découverte de l’Amérique, on vit la folie, l’injustice, le brigandage de particuliers altérés d’or, se jeter sur les premières terres qu’ils rencontrèrent. Plus ils étaient avides, plus ils s’isolaient; ils voulaient non pas cultiver, mais dévaster: ce n’étaient pas encore là de véritables colonies. Quelque temps après, des dissensions religieuses donnèrent naissance à des établissements plus réguliers: ainsi les Puritains se réfugièrent au nord de l’Amérique; les Catholiques d’Angleterre, dans le Maryland; les Quakers, dans la Pensylvanie: d’où Smith conclut que ce ne fût point la sagesse, mais plutôt les vices des gouvernements d’Europe, qui peuplèrent le nouveau monde.

D’autres grands déplacements sont dus aussi à une politique ombrageuse, ou à une politique faussement religieuse: ainsi l’Espagne rejeta de son sein les Maures; la France, les Protestants; presque tous les gouvernements, les Juifs; et partout on reconnut trop tard l’erreur qui avait dicté ces déplorables conseils. On avait des mécontents; on voulut en faire des ennemis: ils pouvaient servir leur pays; on les força de lui nuire.

Cette longue expérience ne doit pas être perdue pour nous. L’art de mettre les hommes à leur place est le premier, peut-être, dans la science du gouvernement: mais celui de trouver la place des mécontents est, à coup sûr, le plus difficile; et, présenter à leur imagination des lointains, des perspectives où puissent se prendre leurs pensées et leurs désirs, est, je crois, une des solutions de cette difficulté sociale.

Dans le développement des motifs qui ont déterminé l’établissement d’un très-grand nombre de colonies anciennes, on remarque aisément qu’alors même qu’elles étaient indispensables, elles furent volontaires; qu’elles étaient présentées par les gouvernements comme un appât, non comme une peine: on y voit surtout dominer cette idée, que les états politiques devaient tenir en réserve des moyens de placer utilement hors de leur enceinte cette surabondance de citoyens qui, de temps en temps, menaçaient la tranquillité. Ce besoin, au reste, était fondé sur une origine vicieuse: c’était, ou une première loi agraire qui suscitait de menaçantes réclamations qu’il fallait calmer, ou une constitution trop exclusive qui, faite pour une classe, faisait craindre la trop grande population des autres.

C’est en nous emparant de ce qu’ont de plus pur ces vues des anciens, et en nous défendant de l’application qu’en ont faite la plupart des peuples modernes, qu’il convient, je pense, de s’occuper, dès les premiers jours de la paix, de ce genre d’établissements, qui, bien conçus et bien exécutés, peuvent être, après tant d’agitations, la source des plus précieux avantages.

Et combien de Français doivent embrasser avec joie cette idée! combien en est-il chez qui, ne fût-ce que pour des instants, un ciel nouveau est devenu un besoin! et ceux qui, restés seuls, ont perdu, sous le fer des assassins, tout ce qui embellissait pour eux la terre natale; et ceux pour qui elle est devenue inféconde, et ceux qui n’y trouvent que des regrets, et ceux même qui n’y trouvent que des remords; et les hommes qui ne peuvent se résoudre à placer l’espérance là où ils éprouvèrent le malheur; et cette multitude de malades politiques, ces caractères inflexibles qu’aucun revers ne peut plier, ces imaginations ardentes qu’aucun raisonnement ne ramène, ces esprits fascinés qu’aucun événement ne désenchante; et ceux qui se trouvent toujours trop resserrés dans leur propre pays; et les spéculateurs avides, et les spéculateurs aventureux; et les hommes qui brûlent d’attacher leur nom à des découvertes, à des fondations de villes, à des civilisations; tel pour qui la France constituée est encore trop agitée, tel pour qui elle est trop calme; ceux enfin qui ne peuvent se faire à des égaux, et ceux aussi qui ne peuvent se faire à aucune dépendance.

Et qu’on ne croie pas que tant d’éléments divers et opposés ne peuvent se réunir. N’avons-nous pas vu dans ces dernières années, depuis qu’il y a des opinions politiques en France, des hommes de tous les partis s’embarquer ensemble, pour aller courir les mêmes hasards sur les bords inhabités du Scioto? Ignore-t-on l’empire qu’exercent sur les âmes les plus irritables, le temps, l’espace, une terre nouvelle, des habitudes à commencer, des obstacles communs à vaincre, la nécessité de s’entr’aider remplaçant le désir de se nuire, le travail qui adoucit l’âme, et l’espérance qui la console, et la douceur de s’entretenir du pays qu’on a quitté, celle même de s’en plaindre? etc.

Non, il n’est pas si facile qu’on le pense de haïr toujours: ce sentiment ne demande souvent qu’un prétexte pour s’évanouir; il ne résiste jamais à tant de causes agissant à la fois pour l’éteindre.

Tenons donc pour indubitable que ces discordances d’opinions, aussi bien que celles de caractères, ne forment point obstacle à de nouvelles colonies, et se perdront toutes dans un intérêt commun, si l’on sait mettre à profit les erreurs et les préjugés qui ont flétries jusqu’à ce jour les nombreuses tentatives de ce genre.

Il n’entre point dans le plan de ce mémoire de présenter tous les détails d’un établissement colonial, mon but n’étant que d’éveiller l’attention publique, et d’appeler sur ce sujet des méditations plus approfondies et les connaissances de tous ceux qui ont des localités à présenter.

Toutefois je ne m’interdirai point d’énoncer quelques-uns des principes les plus simples, sur lesquels ces établissements doivent être fondés; j’ai besoin de me rassurer moi-même contre la crainte de voir renouveler des essais désastreux. Je pense qu’on sentira le besoin de s’établir dans des pays chauds, parce que ce sont les seuls qui donnent des avances à ceux qui y apportent de l’industrie; dans des lieux productifs de ce qui nous manque et desireux de ce que nous avons, car c’est là le premier lien des métropoles et des colonies. On s’occupera, sans doute, à faire ces établissements vastes, pour que hommes et projets y soient à l’aise; variés, pour que chacun y trouve la place et le travail qui lui conviennent. On saura, surtout, qu’on ne laisse pas s’embarquer inconsidérément une multitude d’hommes à la fois, avant qu’on ait pourvu aux besoins indispensables à un premier établissement; et l’on se rappellera que c’est par la plus inepte des imprévoyances que les expéditions de Mississipi en 1719, et de Cayenne en 1763, ont dévoré tant de milliers de Français.

Jusqu’à présent les gouvernements se sont fait une espèce de principe de politique de n’envoyer, pour fonder leurs colonies, que des individus sans industrie, sans capitaux et sans mœurs. C’est le principe absolument contraire qu’il faut adopter; car le vice, l’ignorance et la misère ne peuvent rien fonder: ils ne savent que détruire.

Souvent on a fait servir les colonies de moyens de punition; et l’on a confondu imprudemment celles qui pourraient servir à cette destination, et celles dont les rapports commerciaux doivent faire la richesse de la métropole. Il faut séparer avec soin ces deux genres d’établissements: qu’ils n’aient rien de commun dans leur origine, comme ils n’ont rien de semblable dans leur destination; car l’impression qui résulte d’une origine flétrie a des effets que plusieurs générations suffisent à peine pour effacer.

Mais quels seront les liens entre ces colonies nouvelles et la France? L’histoire offre des résultats frappants pour décider la question. Les colonies grecques étaient indépendantes; elles prospérèrent au plus haut point. Celles de Rome furent toujours gouvernées; leurs progrès furent presque nuls, et leurs noms nous sont à peine connus. La solution est encore aujourd’hui là, malgré la différence des temps et des intérêts. Je sais qu’il est difficile de convaincre des gouvernements qui ne savent pas sortir de l’habitude, qu’ils retireront le prix de leurs avances et de leur protection sans recourir à des lois de contrainte: mais il est certain que l’intérêt bien entendu de deux pays est le vrai lien qui doit les unir; et ce lien est bien fort lorsqu’il y a aussi origine commune: il se conserve même lorsque la force des armes a déplacé les relations. C’est ce qu’on aperçoit visiblement dans la Louisiane, restée française quoique sous la domination espagnole depuis plus de trente ans; dans le Canada, quoiqu’au pouvoir des Anglais depuis le même nombre d’années: les colons de ces deux pays ont été Français; ils le sont encore, et un tendance manifeste les porte toujours vers nous. C’est donc sur la connaissance anticipée des intérêts réciproques, fortifiés par ce lien si puissant d’origine commune, que l’établissement doit être formé, et sur la force de cet intérêt qu’il faut compter pour en recueillir les avantages. A une grande distance, tout autre rapport devient, avec le temps, illusoire, ou est plus dispendieux que productif: ainsi, point de domination, point de monopole; toujours la force qui protège, jamais celle qui s’empare; justice, bienveillance; voilà les vrais calculs pour les états comme pour les individus; voilà la source d’une prospérité réciproque. L’expérience et le raisonnement s’unissent enfin pour repousser ces doctrines pusillanimes qui supposent une perte partout où il s’est fait un gain. Les principes vrais du commerce sont l’opposé de ces préjugés: ils promettent à tous les peuples des avantages mutuels, et ils les invitent à s’enrichir tous à la fois par l’échange de leurs productions, par des communications libres et amicales, et par les arts utiles de la paix.

Du reste, les pays propres à recevoir nos colonies sont en assez grand nombre; plusieurs rempliraient parfaitement nos vues.

En nous plaçant dans la supposition où nos îles d’Amérique s’épuiseraient, ou même nous échapperaient, quelques établissements le long de la côte de l’Afrique, ou plutôt dans les îles qui l’avoisinent, seraient faciles et convenables. Un auteur recommandable par les vues qui se manifestent dans ses ouvrages, tous inspirés par l’amour du bien public, le citoyen Montlinot, dans un très-bon mémoire qu’il vient de publier, indique le long de cette côte un archipel d’îles dont plusieurs, quoique fertiles, sont inhabitées et à notre disposition.

M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit, qui déjà en 1769 prévoyait la séparation de l’Amérique de l’Angleterre et craignait le partage de la Pologne, cherchait dès cette époque à préparer par des négociations la cession de l’Egypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines le jour où elles nous échapperaient. C’est dans le même esprit que le gouvernement anglais encourage avec tant de succès la culture du sucre au Bengale; qu’il avait, avant la guerre, commencé un établissement à Sierra-Leona, et qu’il en préparait un autre à Boulam. Il est d’ailleurs une vérité qu’il ne faut pas chercher à se taire: la question si indiscrètement traitée sur la liberté des noirs, quel que soit le remède que la sagesse apporte aux malheurs qui en ont été la suite, introduira, tôt ou tard, un nouveau système dans la culture des denrées coloniales: il est politique d’aller au-devant de ces grands changements; et la première idée qui s’offre à l’esprit, celle qui amène le plus de suppositions favorables, paraît être d’essayer cette culture aux lieux mêmes où naît le cultivateur.

Je viens à peine de marquer quelques positions; il en est d’autres que je pourrais indiquer également: mais, ici surtout, trop annoncer ce qu’on veut faire est le moyen de ne le faire pas. C’est d’ailleurs aux hommes qui ont le plus et le mieux voyagé, à ceux qui ont porté dans leurs recherches cet amour éclairé et infatigable de leur pays; c’est à notre Bougainville, qui a eu la gloire de découvrir ce qu’il a été encore glorieux pour les plus illustres navigateurs de l’Angleterre de parcourir après lui; c’est à Fleurieu, qui a si parfaitement observé tout ce qu’il a vu, et si bien éclairé du jour d’une savante critique les observations des autres; c’est à de tels hommes à dire au gouvernement, lorsqu’ils seront interrogés par lui, quels sont les lieux où une terre neuve, un climat facilement salubre, un sol fécond et des rapports marqués par la nature, appellent notre industrie et nous promettent de riches avantages pour le jour du moins où nous saurons n’y porter que des lumières et du travail.

De tout ce qui vient d’être exposé, il suit que tout presse de s’occuper de nouvelles colonies: l’exemple des peuples les plus sages, qui en ont fait un des grands moyens de tranquillité; le besoin de préparer le remplacement de nos colonies actuelles pour ne pas nous trouver en arrière des événements; la convenance de placer la culture de nos denrées coloniales plus près de leurs vrais cultivateurs; la nécessité de former avec les colonies les rapports les plus naturels, bien plus faciles, sans doute, dans des établissements nouveaux que dans les anciens; l’avantage de ne point nous laisser prévenir par une nation rivale, pour qui chacun de nos oublis, chacun de nos retards en ce genre est une conquête; l’opinion des hommes éclairés qui ont porté leur attention et leurs recherches sur cet objet; enfin la douceur de pouvoir attacher à ces entreprises tant d’hommes agités qui ont besoin de projets, tant d’hommes malheureux qui ont besoin d’espérance.

Mémoires sur les relations commerciales des Etats-Unis avec l’Angleterre, par le Citoyen Talleyrand. Lu le 15 germinal, an V

Il n’est pas de science plus avide de faits que l’économie politique L’art de les recueillir, de les ordonner, de les juger la constitue presque tout entière; et, sous ce point de vue, elle a peut-être plus à attendre de l’observation que du génie; car, arrive le moment où il faut tout éprouver, sous peine de ne rien savoir; et c’est alors que les faits deviennent les vérificateurs de la science, après en avoir été les matériaux.

Toutefois il faut se garder de cette manie qui voudrait toujours recommencer les expériences; et ne jamais rien croire, pour avoir le droit de tout ignorer; mais on ne doit pas moins repousser cette témérité qui, dédaignant tout ce qui est positif, trouve plus commode de deviner que de voir.

Que faut-il donc? Unir sans cesse les produits de l’observation à ceux de la pensée; admettre, sans doute, les résultats que donnent certains faits généraux bien constants, bien d’accord, et vus tout entiers; mais en même temps, savoir appeler, dans les nouvelles questions et même dans les profondeurs de quelques-unes des anciennes, le secours de faits nouveaux ou nouvellement observés. Il faut se défendre des premiers aperçus, ces axiomes de la paresse et de l’ignorance; et enfin se défier beaucoup de ces principes ambitieux qui veulent tout embrasser; ou plutôt, corrigeant l’acception d’un mot dont on a tant abusé, n’appeler du nom de principe que l’idée première dans l’ordre du raisonnement, et non l’idée générale; que ce qui précède, non ce qui domine.

Plein de ces vérités auxquelles tout nous ramène, j’ai cru pouvoir présenter à la classe de l’institut à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir quelques observations que j’ai été à portée de faire en Amérique, et dont les conséquences m’ont plus d’une fois étonné.

Je me suis persuadé que quelques-unes de ces observations, vérifiées sur toute l’étendue d’un pays longtemps encore nouveau, pourraient être apportées au dépôt de l’économie politique, et y être reçues avec l’intérêt qu’on accorde en histoire naturelle à la plus simple des productions ramassée par un voyageur sur sa route.

Malheureusement, l’esprit de système est dans les sciences ce que l’esprit de parti est dans les sociétés: il trouve les moyens d’abuser même des faits; car il les dénature, ou il en détourne les conséquences; raison de plus, non pour les dédaigner, mais pour apprendre à bien connaître et ce qu’ils sont et ce qu’ils prouvent.

On dit proverbialement qu’il ne faut pas disputer sur les faits. Si ce proverbe parvient un jour à être vrai, il restera bien peu de disputes parmi les hommes.

Un fait remarquable dans l’histoire des relations commerciales, et que j’ai été à portée de bien voir, m’a fait connaître particulièrement jusqu’à quel point il importe d’être observateur attentif de ce qui est, alors qu’on s’occupe de ce qui sera et de ce qui doit être. Ce fait est l’activité toujours croissante des relations de commerce entre les Etats-Unis et l’Angleterre; activité qui, par ses causes et ses résultats, n’appartient pas moins à l’économie politique qu’à l’histoire philosophique des nations.

Lorsque, après cette lutte sanglante, lutte où les Français défendirent si bien la cause de leurs nouveaux alliés, les Etats-Unis de l’Amérique se furent affranchis de la domination anglaise, toutes les raisons semblaient se réunir pour persuader que les liens de commerce qui unissaient naguère ces deux portions d’un même peuple allaient se rompre, et que d’autres liens devaient se former: le souvenir des oppressions qui avaient pesé sur les Américains; l’image plus récente des maux produits par une guerre de sept ans; l’humiliation de dépendre de nouveau, par leurs besoins, d’un pays qui avait voulu les asservir; tous les titres militaires subsistent dans chaque famille américaine pour y perpétuer la défiance et la haine envers la Grande-Bretagne.

Que si l’on ajoute ce sentiment si naturel qui devait porter les Américains à s’attacher par la confiance aux Français, leurs frères d’armes et leurs libérateurs; si l’on observe que ce sentiment s’était manifesté avec force lorsque la guerre se déclara entre l’Angleterre et la France; qu’à cette époque les discours du peuple américain, la grande majorité des papiers publics, les actes mêmes du gouvernement, semblaient découvrir une forte inclination pour la nation française, et une aversion non moins forte pour le nom anglais; toutes ces raisons si puissantes de leur réunion doivent entraîner vers ce résultat, que le commerce américain était pour jamais détourné de son cours, ou que, s’il inclinait du côté de l’Angleterre, il faudrait bien peu d’efforts pour l’attirer entièrement vers nous; dès lors de nouvelles inductions sur la nature des rapports entre la métropole et les colonies, sur l’empire des goûts et des habitudes, sur les causes les plus déterminantes de la prospérité du commerce, sur la direction qu’il peut recevoir des causes morales combinées avec l’intérêt, et, en dernière analyse, beaucoup d’erreurs économiques.

L’observation, et une observation bien suivie, peut seule prévenir ces erreurs.

Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité, au lieu d’en perdre, depuis l’époque de l’indépendance des Etats-Unis, et que, par conséquent, l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse.

Un fait inattaquable le démontre. L’Amérique consomme annuellement plus de trois millions sterling de marchandises anglaises; il y a quinze ans elle n’en consommait pas le moitié; ainsi, pour l’Angleterre, accroissement d’exportation d’objets manufacturés et, de plus, exemption des frais de gouvernement. Un tel fait, inscrit dans les registres de la douane, ne peut être contesté; mais, on l’a déjà dit, il n’est point de fait dont on n’abuse. Si l’on regardait celui-ci comme une suite nécessaire de toute rupture des colonies, même des colonies à sucre, avec la métropole, on se tromperait étrangement. Si, d’autre part, on voulait croire qu’il tient uniquement à des causes passagères, et qu’il est facile d’obtenir un résultat opposé, on ne se tromperait pas moins. Pour échapper à l’une et l’autre erreur, il ne s’agit que de bien connaître et de bien développer les causes du fait.

Il faut se hâter de le dire, la conduite irréfléchie de l’ancien gouvernement de France a, plus qu’on ne pense, préparé ce résultat favorable à l’Angleterre. Si, après la paix qui assura l’indépendance de l’Amérique, la France, eût senti tout le prix de sa position, elle eût cherché à multiplier les relations qui pendant la guerre s’étaient heureusement établies entre elle et ses alliés, et qui s’étaient interrompues avec la Grande-Bretagne: alors, les anciennes habitudes étant presque oubliées, on eût pu du moins lutter avec quelque avantage contre tout ce qui pouvait les rappeler. Mais que fit la France à cette époque? Elle craignit que ces mêmes principes d’indépendance qu’elle avait protégés de ses armes chez les américains, ne s’introduisissent chez elle, et à la paix elle discontinua et découragea toutes relations avec eux. Que fit l’Angleterre? elle oublia ses ressentiments, et rouvrit promptement ses anciennes communications, qu’elle rendit plus actives encore. Dès lors, il fut décidé que l’Amérique servirait les intérêts de l’Angleterre. Que faut-il en effet pour cela? qu’elle le veuille et qu’elle le puisse. Or, volonté et pouvoir se trouvent réunis ici.

Ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination, c’est l’intérêt. Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné, que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes: or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre.

L’identité de langage est un premier rapport dont on ne saurait trop méditer l’influence. Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage, qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules. Dans toutes les parties de l’Amérique que j’ai parcourues, je n’ai pas trouvé un seul Anglais qui ne se trouva Américain, pas un seul Français qui ne se trouva étranger.

132.Cécrops, Cadmus et Danäus.
133.Didon.
134.Enée.
135.Syracuse.
136.Milet, Ephèse.
137.Grand nombre de petites colonies dans le pays latin; aucune ne devint célèbre.
138.Invasion des Huns, Goths, Vandales, Cimbres, etc.
139.Croisades.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
30 июня 2017
Объем:
782 стр. 4 иллюстрации
Правообладатель:
Public Domain

С этой книгой читают