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Читать книгу: «Discours civiques», страница 4

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ANNÉE 1793

IX. PROCÈS DE LOUIS XVI

(Janvier 1793)

Après les succès de Dumouriez contre les forces prussiennes, la majorité girondine du Conseil exécutif décida, sur les instances du général, l’envahissement des Pays-Bas! Le 1er décembre 1792, Danton partit, avec Lacroix, rejoindre les armées, sur l’ordre de la Convention. Le 14 janvier il revenait à Paris et, le surlendemain, prenait part aux débats du procès du Roi. Parlant sur la question du jugement, il demanda qu’il fût rendu à la simple Majorité.

* * *

On a prétendu que telle était l’importance de cette question, qu’il ne suffisait pas qu’on la vidât dans la forme ordinaire. Je demande pourquoi, quand c’est par une simple majorité qu’on a prononcé sur le sort de la nation entière, quand on n’a pas même pensé à soulever cette question lorsqu’il s’est agi d’abolir la royauté, on veut prononcer sur le sort d’un individu, d’un conspirateur avec des formes plus sévères et plus solennelles. Nous prononçons comme représentant par provision la souveraineté. Je demande si, quand une loi pénale est portée contre un individu quelconque, vous renvoyez au peuple, ou si vous avez quelques scrupules à lui donner son exécution immédiate? Je demande si vous n’avez pas voté à la majorité absolue seulement la république, la guerre; et je demande si le sang qui coule au milieu des combats ne coule pas définitivement? Les complices de Louis n’ont-ils pas subi immédiatement la peine sans aucun recours au peuple et en vertu de l’arrêt d’un tribunal extraordinaire? Celui qui a été l’âme de ces complots mérite-t-il une exception? Vous êtes envoyés par le peuple pour juger le tyran, non pas comme juges proprement dits, mais comme représentants: vous ne pouvez dénaturer votre caractère; je demande qu’on passe à l’ordre du jour sur la proposition de Lehardy; je me motive et sur les principes et sur ce que vous avez déjà pris deux délibérations à la simple majorité.

* * *

Présent lors de l’appel nominal sur la troisième question; «Quelle peine Louis Capet, ci-devant roi des Français, a-t-il encourue?», il vota la mort, motivant en ces termes son opinion:

* * *

Je ne suis point de cette foule d’hommes d’État qui ignorent qu’on ne compose point avec les tyrans, qui ignorent qu’on ne frappe les rois qu’à la tête, qui ignorent qu’on ne doit rien attendre de ceux de l’Europe que par la force de nos armes. Je vote pour la mort du tyran.

* * *

Son intervention dans la séance du 17 janvier fut marquée d’un incident assez vif. Le président ayant annoncé l’arrivée d’une lettre des défenseurs de Louis XVI et d’une missive du ministre d’Espagne en faveur du monarque, Garan-Coulon prit la parole et dès le premier mot fut interrompu par Danton. Louvet s’écria, de sa place: «Tu n’es pas encore roi, Danton!» A ce grief girondin habituel, les rumeurs éclatèrent, tandis que Louvet continuait: «Quel est donc ce privilège? Je demande que le premier qui interrompra soit rappelé à l’ordre». A cette impertinence de l’auteur de Faublas, Danton riposta: «Je demande que l’insolent qui dit que je ne suis pas roi encore soit rappelé à l’ordre du jour avec censure…» Et s’adressant à Garan-Coulon, il ajouta: «Puisque Garan prétend avoir demandé la parole avant moi, je la lui cède». Garan ayant parlé en faveur de l’audition des défenseurs du Roi, Danton prit la parole pour appuyer cet avis, et s’élever en termes vigoureux et éloquents contre la prétention du ministre d’Espagne: Je consens à ce que les défenseurs de Louis soient entendus après que le décret aura été prononcé, persuadé qu’ils n’ont rien de nouveau à vous apprendre, et qu’ils ne vous apportent point de pièces capables de faire changer votre détermination. Quant à l’Espagne, je l’avouerai, je suis étonné de l’audace d’une puissance qui ne craint pas de prétendre à exercer son influence sur votre délibération. Si tout le monde était de mon avis, on voterait à l’instant, pour cela seul, la guerre à l’Espagne. Quoi! on ne reconnaît pas notre République et l’on veut lui dicter des lois? On ne la reconnaît pas, et l’on veut lui imposer des conditions, participer au jugement que ses représentants vont rendre? Cependant qu’on entende si on le veut cet ambassadeur, mais que le président lui fasse une réponse digne du peuple dont il sera l’organe et qu’il lui dise que les vainqueurs de Jemmapes ne démentiront pas la gloire qu’ils ont acquise, et qu’ils retrouveront, pour exterminer tous les rois de l’Europe conjurés contre nous, les forces qui déjà les ont fait vaincre. Défiez-vous, citoyens, des machinations qu’on ne va cesser d’employer pour vous faire changer de détermination; on ne négligera aucun moyen; tantôt, pour obtenir des délais, on prétextera un motif politique; tantôt une négociation importante ou à entreprendre ou prête à terminer. Rejetez, rejetez, citoyens, toute proposition honteuse; point de transaction avec la tyrannie; soyez dignes du peuple qui vous a donné sa confiance et qui jugerait ses représentants, si ses représentants l’avaient trahi.

Dans la nuit du 17 au 18 janvier, alors que Vergniaud avait déjà prononcé l’arrêt condamnant par 366 voix Louis XVI à la peine de mort, la Convention décida de délibérer sur la question: Y aura-t-il sursis, oui ou non, à l’exécution du décret gui condamne Louis Capet? L’appel nominal commencé, malgré la fatigue de l’Assemblée, à huit heures et demie, se termina vers minuit. On sait que, par 380 voix contre 310, ce sursis fut rejeté. Tallien avait demandé à la Convention de décider sur-le-champ de la question du sursis. Danton était intervenu aux débats dans ces termes:

On vous a parlé d’humanité, mais on en a réclamé les droits d’une manière dérisoire… Il ne faut pas décréter, en sommeillant, les plus chers intérêts de la patrie. Je déclare que ce ne sera ni par la lassitude, ni par la terreur qu’on parviendra à entraîner la Convention nationale à statuer, dans la précipitation d’une délibération irréfléchie, sur une question à laquelle la vie d’un homme et le salut public sont également attachés. Vous avez appris le danger des délibérations soudaines; et certes, pour la question qui nous occupe, vous avez besoin d’être préparés par des méditations profondément suivies. La question qui vous reste à résoudre est une des plus importantes. Un de vos membres, Thomas Payne, a une opinion importante à vous communiquer. Peut-être ne sera-t-il pas sans importance d’apprendre de lui ce qu’en Angleterre… (_Murmures.) Je n’examine point comment on peut flatter le peuple, en adulant en lui un sentiment qui n’est peut-être que celui d’une curiosité atroce. Les véritables amis du peuple sont à mes yeux ceux qui veulent prendre toutes les mesures nécessaires pour que le sang du peuple ne coule pas, que la source de ses larmes soit tarie, que son opinion soit ramenée aux véritables principes de la morale, de la justice et de la raison. Je demande donc la question préalable sur la proposition de Tallien; et que, si cette proposition était mise aux voix, elle ne pût l’être que par l’appel nominal.

X. POUR LEPELETIER ET CONTRE ROLAND

(21 janvier 1793)

Le dimanche 20 janvier, dans le sous-sol du restaurant Teisier, au Palais-Royal, un ancien garde du corps nommé Deparis, tua d’un coup de sabre Michel Lepeletier de Saint-Fargeau. Dans sa séance du 21, la Convention décida d’accorder à ce dernier les honneurs du Panthéon, tandis que, désireux de frapper les contre-révolutionnaires qu’ils présumaient être les instigateurs de l’assassinat, plusieurs députés demandaient des visites domiciliaires pareilles à celles-là mêmes que Danton demanda le 28 août 1892. S’associant à la première proposition, Danton s’éleva contre la seconde. La Convention ordonna néanmoins la mesure, qui fut exécutée dans la nuit qui suivit. On retrouvera dans ce beau et rude discours du conventionnel un nouvel écho de la lutte contre la Gironde. Elle allait bientôt atteindre son paroxysme et proscrire toute clémence. Mais une fois encore l’amour de la patrie passa avant toute querelle politique, et jamais plus belle profession de foi patriotique ne fut mêlée à plus d’abnégation.

* * *

Ce qui honore le plus les Français, c’est que dans des moments de vengeance le peuple ait surtout respecté ses représentants. Que deviendrions-nous, si, au milieu des doutes que l’on jette sur une partie de cette assemblée, l’homme qui a péri victime des assassins n’était pas patriote! O Lepeletier, ta mort servira la République; je l’envie, ta mort. Vous demandez pour lui les honneurs du Panthéon; mais il a déjà recueilli les palmes du martyre de la Liberté. Le moyen d’honorer sa mémoire, c’est de jurer que nous ne nous quitterons pas sans avoir donné une Constitution à la République. Qu’il me sera doux de vous prouver que je suis étranger à toutes les passions!

Je ne suis point l’accusateur de Pétion; à mon sens il eut des torts. Pétion peut avoir été faible; mais, je l’avoue avec douleur, bientôt la France ne saura plus sur qui reposer sa confiance. Quant aux attentats dont nous avons tous gémi, l’on aurait dû vous dire clairement que nulle puissance n’aurait pu les arrêter. Ils étaient la suite de cette rage révolutionnaire qui animait tous les esprits. Les hommes qui connaissent le mieux ces événements terribles furent convaincus que ces actes étaient la suite nécessaire de la fureur d’un peuple qui n’avait jamais obtenu justice. J’adjure tous ceux qui me connaissent de dire si je suis un buveur de sang, si je n’ai pas employé tous les moyens de conserver la paix dans le conseil exécutif. Je prends à témoin Brissot lui-même. N’ai-je pas montré une extrême déférence pour un vieillard dont le caractère est opiniâtre, et qui aurait dû au contraire épuiser tous les moyens de douceur pour rétablir le calme? Roland, dont je n’accuse pas les intentions, répute scélérats tous ceux qui ne partagent pas ses opinions. Je demande pour le bien de la République qu’il ne soit plus ministre; je désire le salut public, vous ne pouvez suspecter mes intentions. Roland, ayant craint d’être frappé d’un mandat dans des temps trop fameux, voit partout des complots; il s’imagine que Paris veut s’attribuer une espèce d’autorité sur les autres communes. C’est là sa grande erreur. Il a concouru à animer les départements contre Paris, qui est la ville de tous. On a demandé une force départementale pour environner la Convention. Eh bien, cette garde n’aura pas plus tôt séjourné dans Paris, qu’elle y prendra l’esprit du peuple. En doutez-vous maintenant? Je puis attester sans acrimonie que j’ai acquis la conviction que Roland a fait circuler des écrits qui disent que Paris veut dominer la République.

Quant aux visites domiciliaires, je m’oppose à cette mesure dans son plein, dans un moment où la nation s’élève avec force contre le bill rendu contre les étrangers; mais il vous faut un comité de sûreté générale qui jouisse de la plénitude de votre confiance; lorsque les deux tiers des membres de ce conseil tiendront les fils d’un complot, qu’ils puissent se faire ouvrir les maisons.

Maintenant que le tyran n’est plus, tournons toute notre énergie, toutes nos agitations vers la guerre. Faisons la guerre à l’Europe. Il faut, pour épargner les sueurs et le sang de nos concitoyens, développer la prodigalité nationale. Vos armées ont fait des prodiges dans un moment déplorable, que ne feront-elles pas quand elles seront bien secondées? Chacun de nos soldats croit qu’il vaut deux cents esclaves. Si on leur disait d’aller à Vienne, ils iraient à Vienne ou à la mort. Citoyens, prenez les reines d’une grande nation, élevez-vous à sa hauteur, organisez le ministère, qu’il soit immédiatement nommé par le peuple.

Un autre ministère est entre les mains d’un bon citoyen, mais il passe ses forces; je ne demande pas qu’on le ravisse à ses fonctions, mais qu’elles soient partagées.

Quant à moi, je ne suis pas fait pour venger des passions personnelles, je n’ai que celle de mourir pour mon pays; je voudrais, an prix, de mon sang, rendre à la patrie le défenseur qu’elle a perdu.

XI. SUR LA RÉUNION DE LA BELGIOUE A LA FRANCE

(31 janvier 1793)

Les premiers succès de Dumouriez dans les Pays-Bas causèrent un enthousiasme indescriptible. La théorie girondine de la propagande révolutionnaire armée recevait sa sanction. Danton monta à la tribune dans la séance du 31 janvier, comprenant tout le parti que pouvait tirer la jeune République de l’annexion de la Belgique au moment où, sur ce territoire, se livrait une guerre décisive. Le soir même, Danton partait pour les frontières. On sait que c’est durant ce voyage que mourut, le l0 février 1793, sa première femme Antoinette-Gabrielle Charpentier.

* * *

Ce n’est pas en mon nom seulement, c’est au nom des patriotes belges, du peuple belge, que je viens demander aussi la réunion de la Belgique. Je ne demande rien à votre enthousiasme, mais tout à votre raison, mais tout aux intérêts de la République Française. N’avez-vous pas préjugé cette réunion quand vous avez décrété une organisation provisoire de la Belgique. Vous avez tout consommé par cela seul que vous avez dit aux amis de la liberté: organisez-vous comme nous. C’était dire: nous accepterons votre réunion si vous la proposez. Eh bien, ils la proposent aujourd’hui. Les limites de la France sont marquées par la nature. Nous les atteindrons dans leurs quatre points: à l’Océan, au Rhin, aux Alpes, aux Pyrénées. On nous menace des rois! Vous leur avez jeté le gant, ce gant est la tête d’un roi, c’est le signal de leur mort prochaine. On vous menace de l’Angleterre! Les tyrans de l’Angleterre sont morts. Vous avez la plénitude de la puissance nationale. Le jour où la Convention nommera des commissaires pour savoir ce qu’il y a dans chaque commune d’hommes et d’armes, elle aura tous les Français. Quant à la Belgique, l’homme du peuple, le cultivateur veulent la réunion. Lorsque nous leur déclarâmes qu’ils avaient le pouvoir de voter, ils sentirent que l’exclusion ne portait que sur les ennemis du peuple, et ils demandèrent l’exclusion de votre décret. Nous avons été obligés de donner la protection de la force armée au receveur des contributions auquel le peuple demandait la restitution des anciens impôts. Sont-ils mûrs, ces hommes-là? De cette réunion dépend le sort de la République dans la Belgique. Ce n’est que parce que les patriotes pusillanimes doutent de cette réunion, que votre décret du 15 a éprouvé des oppositions. Mais prononcez-la et alors vous ferez exécuter les lois françaises, et alors les aristocrates, nobles et prêtres, purgeront la terre de la liberté. Cette purgation opérée, nous aurons des hommes, des armes de plus. La réunion décrétée, vous trouverez dans les Belges des républicains dignes de vous, qui feront mordre la poussière aux despotes. Je conclus donc à la réunion de la Belgique.

XII. SUR LES SECOURS A ENVOYER A DUMOURIEZ

(8 mars 1793)

La trahison de Dumouriez fut précédée des revers qui amenèrent par la suite, au lendemain de sa convention avec Mack, l’évacuation de la Belgique par les armées françaises. Danton, au cours de sa mission, eut l’occasion de voir et de juger les déplorables résultats de la campagne. Au moment où il revenait à Paris, avec Lacroix, l’avant-garde de l’armée abandonnait Liège à l’ennemi. La Convention décréta les mesures proposées par Danton dans ce discours:

* * *

Nous avons plusieurs fois fait l’expérience que tel est le caractère français, qu’il lui faut des dangers pour trouver toute sou énergie. Eh bien, ce moment est arrivé. Oui, il faut dire à la France entière: «Si vous ne volez pas au secours de vos frères de la Belgique, si Dumouriez est enveloppé en Hollande, si son armée était obligée de mettre bas les armes, qui peut calculer les malheurs incalculables d’un pareil événement? La fortune publique anéantie, la mort de 600.000 Français pourraient en être la suite!»

Citoyens, vous n’avez pas une minute à perdre; je ne vous propose pas en ce moment des mesures générales pour les départements, votre comité de défense vous fera demain son rapport. Mais nous ne devons pas attendre notre salut uniquement de la loi sur le recrutement; son exécution sera nécessairement lente, et des résultats tardifs ne sont pas ceux qui conviennent à l’imminence du danger qui nous menace. Il faut que Paris, cette cité célèbre et tant calomniée, il faut que cette cité qu’on aurait renversée pour servir nos ennemis qui redoutent son brûlant civisme contribue par son exemple à sauver la patrie. Je dis que cette ville est encore appelée à donner à la France l’impulsion qui, l’année dernière, a enfanté nos triomphes. Comment se fait-il que vous n’ayez pas senti que, s’il est bon de faire les lois avec maturité, on ne fait bien la guerre qu’avec enthousiasme? Toutes les mesures dilatoires, tout moyen tardif de recruter détruit cet enthousiasme, et reste souvent sans succès. Vous voyez déjà quels en sont les misérables effets.

Tous les Français veulent être libres. Ils se sont constitués en gardes nationales. Aux termes de leur serments, ils doivent tous marcher quand la patrie réclame leur secours.

Je demande, par forme de mesure provisoire, que la Convention nomme des commissaires qui, ce soir, se rendront dans toutes les sections de Paris, convoqueront les citoyens, leur feront prendre les armes, et les engageront, au nom de la liberté et de leurs serments, à voter la défense de la Belgique. La France entière sentira le contre-coup de cette impulsion salutaire. Nos armées recevront de prompts renforts; et, il faut le dire ici, les généraux ne sont pas aussi répréhensibles que quelques personnes ont paru le croire. Nous leur avions promis qu’au 1er février l’armée de la Belgique recevrait un renfort de 30.000 hommes. Rien ne leur est arrivé. Il y a trois mois qu’à notre premier voyage dans la Belgique ils nous dirent que leur position militaire était détestable, et que, sans un renfort considérable, s’ils étaient attaqués au printemps, ils seraient peut-être forcés d’évacuer la Belgique entière. Hâtons-nous de réparer nos fautes. Que ce premier avantage de nos ennemis soit, comme celui de l’année dernière, le signal du réveil de la nation. Qu’une armée, conservant l’Escaut, donne la main à Dumouriez, et les ennemis seront dispersés. Si nous avons perdu Aix-la-Chapelle, nous trouverons en Hollande des magasins immenses qui nous appartiennent.

Dumouriez réunit au génie du général l’art d’échauffer et d’encourager le soldat. Nous avons entendu l’armée battue le demander à grands cris. L’histoire jugera ses talents, ses passions et ses vices; mais ce qui est certain, c’est qu’il est intéressé à la splendeur de la République. S’il est secondé, si une armée lui prête la main, il saura faire repentir nos ennemis de leurs premiers succès.

Je demande que des commissaires soient nommés à l’instant.

XIII. SUR LA LIBÉRATION DES PRISONNIERS POUR DETTES

(9 mars 1793)

Ce fut une des mesures les plus humaines que celle réclamée par Danton dans ce discours. Avocat, il comprenait tout l’odieux du système; patriote, il en sentait tout l’absurde au moment où la défense de la République exigeait toutes les énergies, toutes les forces vives de la nation. La Convention s’associa à l’unanimité à la généreuse proposition de l’ancien ministre.

* * *

Non sans doute, citoyens, l’espoir de vos commissaires ne sera pas déçu. Oui, vos ennemis, les ennemis de la liberté seront exterminés, parce que vos efforts ne vont point se ralentir. Vous serez dignes d’être les régulateurs de l’énergie nationale. Vos commissaires, en se disséminant sur toutes les parties de la République, vont répéter aux Français que la grande querelle qui s’est élevée entre le despotisme et la liberté va être enfin terminée. Le peuple français sera vengé: c’est à nous qu’il appartient de mettre le monde politique en harmonie, de créer des lois concordantes avec cette harmonie. Mais avant de vous entretenir de ces grands objets, je viens vous demander la déclaration d’un principe trop longtemps méconnu, l’abolition d’une erreur funeste, la destruction de la tyrannie de la richesse sur la misère. Si la mesure que je propose est adoptée, bientôt ce Pitt, le Breteuil de la diplomatie anglaise, et ce Burke, l’abbé Maury du Parlement britannique, qui donnent aujourd’hui au peuple anglais une impulsion si contraire à la liberté, seront anéantis.

Que demandez-vous? Vous voulez que tous les Français s’arment pour la défense commune. Eh bien, il est une classe d’hommes qu’aucun crime n’a souillés, qui a des bras, mais qui n’a pas de liberté, c’est celle des malheureux détenus pour dettes; c’est une honte pour l’humanité, pour la philosophie, qu’un homme, en recevant de l’argent, puisse hypothéquer et sa personne et sa sûreté.

Je pourrais démontrer que la déclaration du principe que je proclame est favorable à la cupidité même, car l’expérience prouve que celui qui prêtait ne prenait aucune garantie pécuniaire, parce qu’il pouvait disposer de la personne de son débiteur; mais qu’importent ces considérations mercantiles? Elles ne doivent pas influer sur une grande nation. Les principes sont éternels, et tout Français ne peut être privé de sa liberté que pour avoir forfait à la société.

Que les propriétaires ne s’alarment pas. Sans doute quelques individus se sont portés à des excès; mais la nation, toujours juste, respectera les propriétés. Respectez la misère, et la misère respectera l’opulence. Ne soyons jamais coupables envers les malheureux, et le malheureux, qui a plus d’âme que le riche, ne sera jamais coupable.

Je demande que la Convention nationale déclare que tout citoyen français, emprisonné pour dettes, sera mis en liberté, parce qu’un tel emprisonnement est contraire à la saine morale, aux droits de l’homme, aux vrais principes de la liberté.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
30 августа 2016
Объем:
210 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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