Читать книгу: «Avant qu’il ne prenne», страница 4

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« Oui, » dit Roberts, la femme policière. « Mais les collectionner dans quel but exactement ? »

« Est-ce qu’il serait erroné de penser qu’il pourrait s’agir de crimes liés au sexe ? » demanda l’adjoint Wickline

« Pas du tout, » dit Mackenzie. « En fait, si notre suspect est un timide, c’est là un autre élément de son profil. Les hommes timides qui s’attaquent de cette manière à des femmes sont généralement trop craintifs ou socialement marginalisés pour parvenir à draguer des femmes. C’est généralement le cas avec les violeurs qui font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas faire de mal aux femmes. »

Elle vit quelques regards admiratifs parmi les personnes présentes dans la salle. Mais vu le sujet de discussion, elle ne pouvait pas vraiment s’en sentir fière.

« Mais on ne peut pas en être certain ? » demanda Bateman.

« Non, » dit Mackenzie. « Et c’est là le côté urgent. Ce n’est pas juste un tueur dont on espère qu’il n’agira plus de nouveau. Ce type est dérangé et dangereux. Plus il nous faudra de temps pour le retrouver, plus il aura de temps pour faire ce qu’il veut avec ces femmes. »

CHAPITRE SEPT

L’estomac rempli de nourriture chinoise et avec une multitude d’informations en tête concernant les trois disparues, Mackenzie et Ellington quittèrent le commissariat de police de Bent Creek à 21h15. Le seul motel en ville – un Motel 6 qui semblait ne pas avoir été repeint, décoré ni entretenu depuis les années 80 – se trouvait à seulement cinq minutes de là. Ils ne furent pas surpris d’y trouver facilement deux chambres disponibles qu’ils réservèrent pour la nuit.

Quand ils sortirent du commissariat et se retrouvèrent à l’extérieur, Mackenzie jeta un coup d’œil autour d’elle. Bent Creek était vraiment une toute petite ville. Elle était tellement petite que les commerçants semblaient collaborer entre eux afin de veiller à une utilisation efficace de l’espace. C’était visible dans le fait qu’un petit bar se trouvait de l’autre côté du parking, en face du Motel 6. C’était logique, pensa Mackenzie. Toute personne qui avait besoin d’une chambre de motel à Bent Creek allait probablement avoir envie de prendre un verre quelque part.

Elle avait bien envie d’en prendre un d’ailleurs.

Ellington lui effleura le dos et s’avança en direction du bar. « Allons prendre un verre. C’est moi qui invite, » dit-il.

Elle commençait à apprécier l’humour plutôt simple qui s’était créé entre eux. Ils savaient tous les deux qu’il y avait une sorte de gêne mais ils étaient parvenus à la surmonter. Afin d’éviter qu’elle ne revienne, ils avaient créé une sorte de timide amitié sur base de leur travail – un travail qui leur demandait de penser de manière logique et d’approcher les choses de manière sérieuse. Pour l’instant, ça fonctionnait assez bien.

Elle le rejoignit pour traverser le parking et quand ils entrèrent dans le bar – qui portait le nom vraiment peu original de Bar de Bent Creek – les ténèbres de la nuit furent remplacées par une sorte d’obscurité enfumée qui n’existait que dans les pubs des petites villes. Au moment où ils prirent place au bar, un vieux morceau de Travis Tritt sortait du jukebox poussiéreux qui se trouvait dans un coin. Ils commandèrent une bière et, comme si ce verre en donnait en quelque sorte le signal, Ellington se remit tout de suite en mode professionnel.

« Je pense que ces chemins secondaires qui rejoignent la Route 14 valent la peine d’être examinés de plus près, » dit-il.

« Je pense la même chose, » dit-elle. « Je trouve bizarre qu’ils ne soient mentionnés nulle part parmi les notes résumées sur ce tableau par la police. »

« Peut-être parce qu’ils connaissent mieux la géographie de cette région que nous, » suggéra Ellington. « Ce n’est peut-être que des sentiers en terre battue qui ne mènent nulle part. Il y a une raison pour laquelle tu n’as pas posé la question au moment où tu menais la réunion ? »

« J’ai failli, » dit-elle. « Mais ils avaient fait un tellement bon boulot en rassemblant toutes ces informations… que je n’ai pas voulu froisser des susceptibilités. Le fait d’avoir un département de police coopératif qui se plie en quatre pour nous, c’est nouveau pour moi. Mais je poserai la question demain. Si c’était vraiment important et vital, ils y auraient sûrement déjà pensé ou ils nous l’auraient au moins mentionné. »

Ellington hocha la tête et avala une gorgée de sa bière. « Oh, j’allais presqu’oublier, » dit-il. « J’étais vraiment désolé d’apprendre la nouvelle concernant Bryers. Je n’ai travaillé avec lui que quelques fois et ce n’était pas de manière proche. Mais il avait l’air d’être un type vraiment bien. Et un très bon agent aussi, d’après ce que j’en ai entendu. »

« Oui, c’était vraiment un chouette gars, » dit Mackenzie.

« Je ne sais pas si tu as envie de le savoir ou pas, » dit Ellington, « mais il y a eu beaucoup de polémique concernant le fait que tu sois son partenaire au moment où tu as été admise. Bryers était un élément recherché. Un des meilleurs. Mais quand on lui a fait part de l’idée, il était partant à fond. Je pense qu’il avait toujours voulu être un mentor. Et je pense qu’il a eu la chance de travailler avec un bon élément pour son premier essai. »

« Merci, » dit-elle. « Mais je n’ai pas encore vraiment l’impression d’avoir fait mes preuves. »

« Pourquoi ? »

« Et bien… je ne sais pas. Peut-être que ça arrivera quand je serai capable de résoudre une affaire sans que McGrath ne soit fâché sur moi pour un détail ou un autre. »

« Il ne se fâche que parce qu’il attend beaucoup de toi. Tu es arrivée telle une mèche de dynamite déjà allumée. »

« C’est la raison pour laquelle il nous a fait partenaires sur cette affaire ? »

« Non. Je pense que la raison pour laquelle il voulait que je travaille sur cette affaire est plutôt liée à mes connexions avec le bureau local d’Omaha. Et entre nous, il veut vraiment que tu réussisses sur ce coup. Il veut que tu fasses un malheur. Avec moi comme partenaire, tu ne vas pas pouvoir recourir à une de tes conclusions en solo auxquelles tu es si encline. »

Elle eut envie de se défendre sur ce point mais elle savait qu’il avait raison. Alors, elle opta plutôt pour vider sa bouteille en silence. Le jukebox déversait maintenant du Bryan Adams et elle finit par commander sa deuxième bière.

« Alors dis-moi, » dit Mackenzie. « Si on n’était par partenaires sur cette affaire, comment est-ce que tu l’aborderais ? Tu adopterais quelle approche ? »

« Comme toi. En collaborant étroitement avec les forces de police locales et en essayant de m’en faire des amis. En prenant des notes et en élaborant des théories. »

« Et tu es parvenu à une théorie en particulier ? » demanda-t-elle.

« Aucune que tu n’aies pas déjà mentionnée dans cette salle de conférence. Je pense qu’on va dans la bonne direction… je pense que ce type est une sorte de collectionneur. Un timide est un solitaire. Je suis presque certain qu’il n’enlève pas ces femmes pour les tuer. Tu as tout à fait raison sur tous ces points. »

« Le truc qui me dérange vraiment, » dit Mackenzie, « c’est de penser à toutes les autres raisons qui peuvent le motiver à kidnapper et à collectionner des femmes. »

« Tu as remarqué que le shérif Bateman a pris soin d’avoir une femme policier dans la pièce durant toute la réunion ? » demanda Ellington.

« Oui, Roberts. J’ai supposé que c’était dans le but de maintenir la conversation centrée sur les faits et non sur des spéculations. Spéculations concernant les raisons pour lesquelles le suspect pourrait retenir ces femmes. Parler de viol et d’abus sexuel est un peu plus facile quand il n’y a pas de femme à proximité. »

« Et toi, ce genre de sujet te dérange ? » demanda Ellington.

« Avant, oui, ça me dérangeait. Mais malheureusement, je m’y suis presque fait. Ça ne me dérange plus maintenant. » Ce n’était pas vrai à cent pour cent mais elle n’avait pas envie qu’Ellington le sache. La vérité, c’était que c’était ce genre de choses qui la motivait à être le meilleur d’elle-même.

« C’est nul, tu ne trouves pas ? » demanda-t-il. « Cette part d’humanité qui finit par s’insensibiliser à de telles choses ? »

« Oui, c’est vrai, » dit-elle. Elle se cacha durant un instant derrière sa bière, un peu étonnée qu’Ellington ait franchi un tel pas. C’était peut-être insignifiant pour lui mais ça montrait un certain degré de vulnérabilité.

Elle finit sa bière et la fit glisser vers le bord du bar. Quand le barman s’approcha, elle lui fit un signe de la main. « Non, ça va, merci, » dit-elle. Puis, en se tournant vers Ellington, elle dit : « Tu as dit que tu invitais, c’est bien ça ? »

« Oui, c’est bien ça. Attends un instant et je te raccompagne jusqu’à ta chambre. »

Le léger sentiment d’excitation qu’elle ressentit en entendant cette phrase la mit mal à l’aise. Afin d’interrompre tout de suite cette sensation, elle secoua la tête. « Ce n’est pas nécessaire, » dit-elle. « Je peux prendre soin de moi. »

« Je sais que tu peux, » dit-il, en faisant glisser son propre verre vide vers le bord du bar. « Je prendrai une autre bière, » dit-il au barman.

Mackenzie lui fit un signe de la main en partant. Au moment où elle traversait le parking, une petite partie d’elle-même ne pouvait s’empêcher de se demander ce que ça lui ferait de rentrer au motel accompagnée d’Ellington, poussée par l’incertitude qui les attendait une fois que les portes seraient fermées et les persiennes baissées.

***

Il lui fallut moins de vingt minutes pour que cette petite pointe d’excitation ne disparaisse. Comme à son habitude, elle se mit à travailler pour se distraire de telles tentations. Elle alluma son ordinateur et ouvrit ses emails. Elle y trouva plusieurs messages envoyés par la police de Bent Creek durant la dernière demi-journée – encore une autre façon qu’ils avaient de vraiment la gâter.

Ils avaient envoyé des cartes de la région, les rapports de police concernant les quatre seuls cas de disparition dans le coin durant les dix dernières années, l’analyse de trafic menée par l’état de l’Iowa en 2012, et même une liste de toutes les arrestations effectuées durant les cinq dernières années impliquant des individus ayant des antécédents d’agression. Mackenzie se mit à examiner les informations, en réservant une attention particulière aux dossiers des quatre personnes disparues.

Pour deux d’entre eux, il avait été supposé qu’il s’agissait là de cas de fugues et après avoir lu les rapports de police, Mackenzie était du même avis. Les deux dossiers étaient des exemples types d’adolescents torturés, qui en avaient assez de vivre dans une petite ville et qui avaient fini par quitter la maison familiale plus tôt que leurs parents ne l’auraient voulu. L’un d’entre eux, une adolescente de quatorze ans, avait fini par contacter sa famille il y a deux ans pour leur dire qu’elle vivait plutôt confortablement à Los Angeles.

Les deux autres étaient plus difficiles à comprendre par contre. Un des dossiers concernait un garçon de dix ans qui avait été enlevé sur la plaine de jeux d’une église. Il avait disparu depuis trois heures avant qu’on ne se rende compte de sa disparition. Des rumeurs locales évoquaient le fait que sa grand-mère l’avait enlevé en raison d’une situation familiale compliquée. En tenant compte du drame familial, du sexe et de l’âge de la victime, Mackenzie doutait qu’il y ait là une connexion avec les kidnappings actuels.

Le quatrième dossier était plus prometteur mais semblait toujours assez léger. La première similitude était que ça impliquait un accident de voiture. En 2009, Sam et Vicki McCauley étaient sortis de route durant une tempête de neige. Quand la police et l’ambulance arrivèrent sur place, Sam était mourant et il décéda sur le trajet vers l’hôpital. Il avait supplié de savoir comment allait sa femme. D’après ce que la police avait pu en déduire, Vicki McCauley avait été projetée en-dehors du véhicule mais son corps n’a jamais pu être retrouvé.

Mackenzie examina le rapport de police à deux reprises mais ne parvint pas à y trouver une description précise de ce qui avait causé l’accident. Les mots conditions de verglas étaient utilisés à plusieurs reprises et, bien que ce soit une bonne raison, Mackenzie pensait que ce serait tout de même une bonne idée d’y regarder de plus près. Elle relut le rapport plusieurs fois, ainsi que celui concernant la disparition de Delores Manning. Le fait qu’ils impliquent tous les deux un accident de voiture semblait être la seule connexion entre les deux.

Elle changea alors d’approche et essaya d’intégrer les trois victimes actuelles dans ces scénarios. Mais c’était pratiquement impossible. Les deux affaires inexpliquées étaient probablement des fugues et bien que toutes deux soient des femmes, ça laissait bien trop d’options ouvertes. De plus, les trois victimes actuelles avaient été enlevées dans leurs voitures. Peut-être parce que se retrouver bloqué sur la route arrivait relativement souvent. Mais ça n’avait quand même rien à voir avec l’enlèvement d’adolescentes fugueuses. Ça ne collait pas.

Ce type ne veut pas de fugueuses ou d’adolescentes torturées qui partent de chez elles pour provoquer leurs parents. Il cherche des femmes. Des femmes qui se trouvent, pour une raison ou une autre, seules dans leur voiture pendant la nuit. Peut-être qu’il se rend compte de l’espoir qu’inspire un inconnu apparemment bien intentionné – surtout chez les femmes.

Mais d’un autre côté, elle savait que la plupart des femmes s’attendraient au pire venant d’un inconnu sur le côté de la route. Spécialement si leur voiture était en panne et qu’il faisait noir.

Peut-être qu’elles le connaissaient, alors…

Mais ça avait l’air très peu probable aussi. D’après les informations qu’ils avaient obtenues de Tammy et Rita Manning, Delores ne connaissait probablement personne à Bent Creek.

Elle reprit le dossier des McCauley, principalement parce qu’il s’agissait de la seule affaire avec certaines similarités. Elle afficha à nouveau sa boîte de réception et ouvrit l’email le plus récent envoyé par la police de Bent Creek. Elle y répondit en écrivant :

Un tout grand merci pour votre aide. Je me demandais si vous pourriez me fournir d’autres informations dès que possible. J’aimerais avoir une liste de tous les membres de la famille des McCauley vivant dans un rayon de quatre-vingt kilomètres, ainsi que leurs coordonnées. Si vous avez le numéro de l’agent de Delores Manning, ce serait vraiment super aussi.

Elle se sentait presque paresseuse de demander des informations de cette manière. Mais vu qu’ils s’offraient aussi facilement à les aider, elle pensait bien utiliser la police de Bent Creek autant que possible en tant que ressource.

Une fois qu’elle eut terminé, Mackenzie ouvrit un autre dossier… un dossier qu’elle était parvenue à laisser de côté depuis presque trois semaines maintenant. Elle l’ouvrit, en consulta les documents et afficha une photo.

C’était une carte de visite avec le nom de son père griffonné à l’arrière. De l’autre côté, visible sur une autre photo, se trouvait le nom de l’entreprise en caractères gras : Antiquités Barker : Neuf ou Ancien Rare Collection.

Et c’était tout. Elle savait déjà que cet endroit n’existait pas – d’autant qu’elle et le FBI sachent – ce qui rendait les choses d’autant plus frustrantes. Elle regarda la carte et sentit une pointe au cœur. Elle se trouvait à environ deux heures et demie de route de l’endroit où son père était mort et à environ trois heures du lieu où cette carte de visite avait été retrouvée – presque vingt ans après la mort de son père.

Ce n’était pas son affaire… enfin, pas vraiment. McGrath lui avait donné une sorte d’autorisation officieuse d’aider quand elle le pouvait mais pour l’instant, il n’y avait aucune piste. Elle pensa à Kirk Peterson, le détective qui avait trouvé les nouveaux indices permettant de rouvrir l’enquête concernant la mort de son père. Elle faillit l’appeler mais elle réalisa qu’il était déjà 23h45. Et de toute façon, de quoi pourraient-ils bien parler d’autre que du manque de piste concernant l’affaire ?

Mais elle avait besoin de l’appeler. Peut-être après l’affaire en cours, quand elle pourrait accorder toute son attention à Peterson et à l’enquête. Il était temps qu’elle se débarrasse de ce poids.

Elle se prépara pour aller dormir, se brossa les dents et enfila un léger pantalon de survêtement et un t-shirt. Juste avant de se mettre au lit, elle consulta ses emails une dernière fois sur son téléphone.

Elle vit que la demande d’informations qu’elle avait envoyée à la police de Bent Creek avait déjà été répondue, en moins de dix-sept minutes après qu’elle ait envoyé l’email. Elle prit note des informations dans son dossier et dressa mentalement un programme pour la journée à venir. Finalement, elle éteignit les lumières et se mit au lit.

Elle n’aimait pas finir une journée en éteignant les lumières sur des questions sans réponses. C’était un sentiment qui la dérangeait et auquel elle ne pensait pas pouvoir s’habituer. Mais elle s’était adaptée depuis longtemps, ayant trouvé la manière de dormir quelques heures pendant que les réponses à ses questions rôdaient dans l’obscurité, hors de sa portée.

CHAPITRE HUIT

Mackenzie venait de finir de s’habiller quand on frappa à la porte de sa chambre. Elle jeta un coup d’oeil à travers le judas et vit Ellington. Il tenait une petite boîte en carton avec deux tasses de café posées dessus. Elle ouvrit la porte et le laissa entrer, incertaine de savoir comment elle se sentait par rapport au fait qu’il soit prêt avant elle. Elle avait toujours été fière de sa rapidité et de sa capacité à être prête tôt. On dirait qu’elle avait maintenant de la concurrence dans ce domaine.

« Est-ce que j’interromps le rituel compliqué du matin d’une femme qui se prépare ? » plaisanta-t-il en posant la boîte et les cafés sur une petite table près du lit refait.

« Non, je viens de terminer à l’instant, » dit-elle, en s’emparant du café.

Ellington ouvrit la boîte et dévoila une demi-douzaine de beignets. « Je sais, c’est un cliché, » dit-il. « Mais… rien de tel que des beignets frais, non ? »

En guise de réponse, elle en prit un et mordit dedans.

« Alors, qu’est-ce qui est prévu pour aujourd’hui ? » demanda-t-il.

« Pourquoi tu me poses la question ? »

Il haussa les épaules et prit un beignet. « Allons droit au but, White. J’en sais assez sur toi pour savoir que tu travailles beaucoup mieux quand tu gères les choses. Ça ne veut pas dire que tu n’es pas un bon renfort ou une bonne partenaire. Mais les faits sont là. Je n’ai aucun problème à ce que tu prennes la direction des opérations ici. J’ai autant envie que McGrath de te voir réussir. Alors, je répète ma question : qu’est-ce qui est prévu pour aujourd’hui ? »

« Et bien, j’ai jeté un oeil hier soir sur les dossiers de disparitions de ces dix dernières années, » répondit Mackenzie. « Il n’y a qu’une affaire qui vaille la peine d’y regarder de plus près – un accident de voiture durant une tempête de neige où une femme fut éjectée du véhicule et son corps ne fut jamais retrouvé. Vicki McCauley. »

« C’est arrivé il y a combien de temps ? » demanda Ellington.

« C’est arrivé en 2009. J’ai reçu des informations concernant un membre de la famille qui vit dans la région et ça vaut sûrement la peine d’y regarder de plus près. Je voudrais aussi appeler l’agent de Delores Manning. Peut-être qu’elle connaît des détails sur sa vie personnelle qui pourraient nous aider. Le fait que Manning ait de la famille aussi proche de l’endroit où les disparitions ont eu lieu me fait penser que sa vie personnelle vaut certainement la peine d’être examinée. »

« OK alors, on s’y met, » dit Ellington.

Mackenzie regarda son téléphone et vit qu’il était 7h50. Elle lui sourit et prit une gorgée de son café. C’était un café noir, ce qu’elle n’aimait pas de trop en général, mais elle n’allait pas se plaindre.

« Tu es plutôt matinal, on dirait ? » dit-elle.

« Ça dépend de l’affaire sur laquelle je travaille. Plus il y a des réponses à trouver, plus j’ai facile à sortir du lit. »

« Et bien, vu que nous avons pour l’instant un total de zéro réponse sur cette affaire, j’imagine que tu t’es réveillé très tôt ce matin. »

Il hocha la tête et prit une gorgée de son café alors qu’ils sortaient de la chambre et se dirigeaient vers le parking. Quand ils entrèrent dans la voiture – Ellington derrière le volant et Mackenzie affichant déjà le numéro de l’agent de Delores Manning – Mackenzie pensa qu’Ellington avait raison. C’était effectivement plus facile de se mettre en chasse sur le terrain quand il n’y avait aucune réponse à leur disposition. Le sentiment qu’il y avait des indices à découvrir qui pourraient les mener aux trois femmes disparues rendait la matinée un peu plus prometteuse. Et elle était encore plus impatiente de se mettre au travail.

***

Quand Mackenzie eut Harriett Wheeler au téléphone, elle sut tout de suite qu’elle l’avait reveillée. Wheeler, qui était l’agent de Delores Manning depuis quatre ans, avait l’air fatiguée et de mauvaise humeur quand elle répondit au téléphone à la quatrième sonnerie.

« Allô ? »

« Bonjour, madame Wheeler. C’est l’agent Mackenzie White du FBI. Je me demandais si vous pourriez répondre à quelques questions. »

« Au sujet de Delores, j’imagine ? »

« Oui, au sujet de Delores. Je m’excuse de vous appeler aussi tôt mais je suis sûre que vous comprendrez qu’il est important d’agir rapidement. »

« Oui, je comprends. J’ai sauté sur le téléphone car j’espérais que ce soit la police ou peut-être Delores elle-même qui appelait pour me dire que tout allait bien. Mais j’imagine qu’elle est toujours portée disparue ? »

« Oui. Alors toute nouvelle information que vous pourrez nous fournir nous aidera sûrement à la retrouver plus rapidement. »

« Et bien, j’ai déjà parlé avec la police. »

« Je sais. Ma principale question concerne les gens que Delores connaissait. Saviez-vous que sa famille vivait ici dans l’Iowa ? »

« Je le savais, mais elle n’en parlait presque jamais. J’ai l’impression qu’elle avait un peu honte de sa situation familiale. »

C’est assez facile à comprendre, pensa Mackenzie, en se rappelant la visite d’hier au parc à mobilhomes.

« Est-ce que quelqu’un d’autre savait qu’elle faisait ce voyage ? » demanda Mackenzie.

« Juste les librairies où elle allait faire la séance de dédicaces et nos types des relations publiques. Mais ils étaient ici au bureau toute la semaine dernière. »

« Ça faisait combien de temps que Delores était sur les routes ? »

« Quatre jours. Elle a commencé au Nebraska avant d’aller dans l’Iowa et après elle avait une séance de dédicaces prévue à Chicago. Après ça, c’était retour à New York. »

« Est-ce que quelqu’un voyageait avec elle ? »

« Non. Elle adorait partir seule sur les routes. C’était son troisième voyage à travers le pays pour des séances de dédicaces. Hormis le fait même d’écrire, je pense que c’était un des aspects qu’elle préférait de ce travail. »

« Avait-elle des ennemis en particulier auxquels vous pourriez penser ? Peut-être même la concurrence en termes d’écriture ou de ventes ? »

« Pas du tout, » dit Wheeler. « Delores est vraiment adorable. Si elle avait des ennemis, ils étaient discrets et je n’en ai jamais entendu parler. »

Sur ce, Mackenzie se retrouva sans questions à poser. Ça s’était passé plutôt comme elle l’avait imaginé. Wheeler en savait juste assez concernant Delores pour dire qu’elles avaient une relation professionnelle confortable. En dehors de ça, il n’y avait pas vraiment de connexion.

« Et bien, merci pour le temps que vous m’avez consacré. Et n’hésitez surtout pas à m’appeler directement si quelque chose vous revient. »

« Bien sûr, » dit Wheeler. « Merci. »

Mackenzie raccrocha et regarda par la fenêtre. Ils avaient déjà dépassé les forêts de Bent Creek et roulaient en direction d’une petite ville à une demi-heure de route.

« Rien de neuf avec l’agent ? » demanda Ellington.

« Non, » dit Mackenzie. « Mais elle a dit que Delores avait déjà traversé trois fois le pays pour des séances de dédicaces. Donc elle devait être une voyageuse expérimentée. J’imagine que ça veut dire que des routes secondaires ne lui faisaient pas vraiment peur. »

« Donc pas vraiment quelque chose de neuf ni d’utile, » dit Ellington.

« Pas vraiment, » dit Mackenzie. « Alors… le prochain arrêt, c’est la famille de McCauley. La seule information dont nous disposions, c’est qu’il s’agit de la tante de Vicki McCauley, mais dans le cadre d’une famille reconstituée. »

« Alors tu penses que c’est aussi un semblant d’espoir ? » demanda Ellington.

« J’imagine qu’on va très vite le savoir. »

Le silence s’installa dans la voiture et y resta pendant dix bonnes minutes. Mackenzie pressentait des débuts de conversation dans l’air mais aucune ne se concrétisait. Et c’était très bien comme ça. Elle et Bryers n’avaient jamais non plus été très adeptes des conversations superficielles. Si Ellington était un peu comme elle (et elle commençait à trouver qu’il l’était sous beaucoup d’aspects), il était probablement occupé à penser à l’enquête et aux informations dont ils disposaient.

« Alors, ça te manque de vivre dans le coin ? » lui demanda-t-il, de but en blanc.

« Dans le coin ? » demanda-t-elle. « Mais ce n’est pas le Nebraska. »

Il gloussa et dit, « Je sais mais c’est un peu la même chose. »

Il avait raison mais elle n’avait pas envie de l’admettre. Elle continua à regarder par la fenêtre et elle put dire en toute certitude qu’il y avait des aspects du paysage qui lui manquaient. Les paysages sinueux, le calme absolu (spécialement la nuit quand les crickets sortaient en nombre pour chanter), et l’impression que le monde était infini. Ces choses-là lui manquaient. Mais en ce qui concernait son statut dans la vie, ça, ça ne lui manquait pas du tout.

« Non, pas vraiment, » dit-elle, optant pour la réponse courte.

« C’est joli dans un certain sens. Pas d’édifices ni de trafic. J’ai failli déménager en Arizona pour la même raison quand j’ai terminé l’université. »

« Ah bon ? Pourquoi l’Arizona ? »

« Pourquoi pas ? J’ai toujours trouvé que les photos du désert, prises dans cette région, étaient vraiment magnifiques. Mais Washington est venu frapper à ma porte et je n’ai pas pu résister à la tentation du flingue, du badge et de ces trois initiales… F, B, I. »

Elle comprenait ce qu’il voulait dire en parlant de tentation. C’était probablement la meilleure manière de le décrire. Même quand elle travaillait en tant que détective au Nebraska, il y avait un rêve à l’autre bout d’une ligne invisible, qui l’appelait, l’attirant de manière inéluctable.

Et maintenant elle était ici, aux limites de ce rêve et cherchant à mieux le comprendre. Avec cette idée en tête, elle ne put s’empêcher de sourire. C’était un sourire qui éliminait toute nostalgie pour cette partie du pays et qui lui donnait l’envie de se consacrer uniquement à Washington et à la vie qu’elle s’y construisait.

***

Frances Foster vivait dans une jolie maison de style colonial au bout d’une route de campagne sans nom. La localité où elle vivait faisait ressembler Bent Creek à une véritable métropole. Mackenzie ne compta qu’un seul feu rouge avant qu’Ellington ne quitte la route principale pour tourner dans la rue secondaire où Frances Foster vivait.

Mackenzie avait appelé à l’avance, utilisant le numéro de téléphone qu’on lui avait fourni, et Frances se tenait déjà devant la porte d’entrée. Elle la tenait ouverte pour eux avant même qu’ils n’arrivent au porche. Elle avait l’air d’avoir la cinquantaine, ce qui ne s’accordait absolument pas avec le t-shirt Poudlard qu’elle portait.

Ils firent les présentations et se dirigèrent à l’intérieur. Mackenzie remarqua à nouveau qu’Ellington prenait soin de rester en arrière et de lui laisser mener les opérations.

« Nous vous remercions de nous consacrer un peu de votre temps, » dit Mackenzie alors que Frances les guidait vers le salon

« Mais il n’y a pas de problèmes, » dit Frances. « C’est toujours bizarre d’entendre le nom de Vicki. Et il y a des moments où je l’entends et où j’oublie presqu’elle est morte dans des circonstances aussi bizarres. »

Elle les conduisit dans une grande pièce à l’arrière qui ressemblait à un bureau. En jetant un regard autour d’elle, Mackenzie put déduire que Frances travaillait depuis la maison. Un MacBook était posé à côté d’un grand ordinateur de bureau. Une pile ordonnée de papiers se trouvait sur la droite de l’ordinateur, en face d’une étagère contenant davantage de papiers bien rangés, d’outils pour écrire et d’une agrafeuse.

Frances prit place dans son fauteuil à roulettes derrière le bureau, le faisant pivoter pour leur faire face. Mackenzie s’assit sur une petite chaise dans le coin et Ellington décida de rester debout.

« Est-ce que vous étiez proche de Vicki ? » demanda Mackenzie.

« On ne peut pas dire qu’on était les meilleures amies du monde, » dit Frances. « Mais quand il y avait une réunion de famille, on finissait toujours pas se trouver un coin tranquille pour papoter. »

« Vous aviez donc des intérêts en commun ? » demanda-t-elle.

« J’imagine qu’on peut dire ça, » dit Frances. Elle fit signe en direction de son t-shirt Poudlard. « J’ai toujours été un grand enfant. Et bien que Vicki ait vingt-cinq ans quand elle est morte, je l’ai toujours vue comme une enfant car elle aimait beaucoup tout ce qui était un peu enfantin. Les films de Disney, Harry Potter, Marvel, ce genre de choses. »

« Est-ce que vous la connaissiez bien personnellement ? Est-ce qu’elle vous parlait de son travail ou de ses problèmes de couple ? »

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299 ₽
Возрастное ограничение:
16+
Дата выхода на Литрес:
10 октября 2019
Объем:
271 стр. 3 иллюстрации
ISBN:
9781640290655
Правообладатель:
Lukeman Literary Management Ltd
Формат скачивания:
epub, fb2, fb3, ios.epub, mobi, pdf, txt, zip

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