Читать книгу: «Avant qu’il ne prenne», страница 2

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CHAPITRE DEUX

Mackenzie arriva à l’aéroport en courant, juste à temps pour arriver à la porte d’embarquement. Elle se précipita dans l’avion cinq minutes après que les passagers aient commencé à embarquer et s’avança dans l’allée, légèrement essoufflée, frustrée et décontenancée. Elle se demanda durant un instant si Ellington était arrivé à temps mais, franchement, elle était surtout soulagée de ne pas avoir raté son vol. Ellington était un grand garçon – il pouvait prendre soin de lui-même.

Elle eut réponse à sa question quand elle trouva son siège. Ellington était déjà dans l’avion, assis confortablement dans le siège à côté du sien. Il lui sourit depuis sa place à côté du hublot et lui fit un signe de la main. Elle hocha la tête et poussa un soupir de soulagement.

« Une journée difficile ? » demanda-t-il.

« Et bien, ça a commencé par un enterrement, puis une réunion avec McGrath, » dit Mackenzie. « Après ça, j’ai dû courir jusque chez moi pour faire ma valise et me précipiter à travers Dulles pour attraper ce vol de justesse. Et il n’est pas encore midi. »

« Alors les choses ne peuvent qu’aller en s’améliorant, » plaisanta Ellington.

En rangeant son sac dans le compartiment au-dessus d’elle, Mackenzie dit : « On verra. Mais au fait, le FBI n’a pas des avions privés ? »

« Oui, mais seulement pour des cas extrêmement urgents. Et pour des employés vedettes. Cette affaire n’est pas urgente et nous ne sommes certainement pas des employés vedettes. »

Lorsqu’elle fut finalement installée dans son siège, elle prit un moment pour se détendre. Elle jeta un coup d’œil en direction d’Ellington et vit qu’il feuilletait un dossier identique à celui qu’elle avait vu dans le bureau de McGrath.

« Que penses-tu de cette affaire ? » demanda Ellington.

« Je pense qu’il est trop tôt pour spéculer, » dit-elle.

Il leva les yeux au ciel et fronça les sourcils d’un air espiègle. « Tu dois certainement avoir une sorte de premier feeling. Alors, c’est quoi ? »

Bien qu’elle n’ait aucune envie de dévoiler son opinion qui pourrait s’avérer erronée par la suite, elle appréciait le fait de se lancer tout de suite dans le vif du sujet. Ça montrait bien qu’il était le travailleur acharné et l’agent déterminé que McGrath lui avait décrit – le type d’agent qu’elle espérait bien qu’il soit.

« Je pense que le fait que nous parlions de disparitions et non de meurtres laisse de l’espoir, » dit-elle. « Mais étant donné que les victimes ont toutes été enlevées sur des routes de campagne me fait penser que ce type est du coin et qu’il connaît le terrain. Il se peut qu’il ait kidnappé ces femmes, puis qu’il les ait tuées, cachant leurs corps quelque part dans la forêt ou dans une cachette qu’il serait seul à connaître. »

« Tu as eu l’occasion d’éplucher le dossier en profondeur ? » demanda-t-il, en désignant le dossier d’un geste de la tête.

« Non. Je n’ai pas eu le temps. »

« Vas-y, jette un œil, » dit Ellington, en lui tendant le dossier.

Mackenzie se mit à lire le peu d’informations disponibles pendant que les hôtesses faisaient les recommandations de sécurité. Elle était toujours occupée à consulter le dossier quelques instants plus tard quand l’avion décolla en direction de Des Moines. Il n’y avait pas beaucoup d’informations dans le dossier, mais assez pour que Mackenzie ait une idée de l’approche à adopter une fois qu’ils seraient arrivés.

Delores Manning était la troisième femme portée disparue en neuf jours. La première femme était une personne du coin, dont la disparition avait été signalée par sa fille. Naomi Nyles, quarante-sept ans, également enlevée sur le bord de la route. La deuxième victime était une femme de Des Moines du nom de Crystal Hall. Il y avait un léger dossier à son sujet, essentiellement quelques incidents de débauche datant de sa jeunesse mais rien de sérieux. Lorsqu’elle fut enlevée, elle était venue dans le coin pour visiter une exploitation bovine. Le premier cas de disparition n’avait montré aucun signe d’acte criminel – juste une voiture abandonnée sur le côté de la route. Le deuxième véhicule abandonné était un petit pickup avec un pneu crevé. Le pickup avait été retrouvé en plein milieu d’un changement de roue, le cric se trouvait encore sous l’essieu et le pneu crevé était appuyé sur le côté de la camionnette.

Les trois cas de disparition semblaient avoir eu lieu durant la nuit, quelque part entre 22h et 3h du matin. Jusqu’à présent, neuf jours après le premier enlèvement, il n’y avait pas un seul élément de preuve et absolument aucun indice.

Comme elle le faisait toujours, Mackenzie analysa les informations à plusieurs reprises, afin de bien les mémoriser. Ce n’était pas difficile dans ce cas vu qu’il n’y avait pas grand-chose à se rappeler. Elle revint plusieurs fois sur les photos du contexte où avaient eu lieu les enlèvements – des routes de campagne qui serpentaient à travers bois, tel un énorme serpent n’ayant nulle part où aller.

Elle se laissa glisser dans l’esprit d’un tueur utilisant ces routes et l’obscurité de la nuit pour couverture. Il devait sûrement être quelqu’un de patient. Et étant donné l’obscurité, il devait probablement avoir l’habitude d’être seul. L’obscurité ne le tracassait pas. Peut-être même qu’il préférait travailler la nuit, non seulement pour la couverture qu’elle lui offrait mais également pour la sensation de solitude et d’isolement. Ce type était probablement un solitaire. Il les enlevait sur le bord de la route, apparemment dans différentes situations stressantes. Réparation de voiture, pneus crevés. Ce qui voulait dire qu’il n’agissait probablement pas dans le seul but de tuer. Il voulait juste les femmes. Mais pourquoi ?

Et maintenant concernant la dernière victime, Delores Manning ? Peut-être qu’elle était du coin avec des antécédents dans la région, pensa Mackenzie. C’est soit ça, ou soit elle était juste vraiment téméraire pour rouler sur ces routes de campagne à une telle heure de la nuit… Peu importe que ce soit un bon raccourci, c’était plutôt imprudent.

Elle espérait que ce soit le cas. Elle espérait que la femme soit une téméraire. Car le courage, peu importe sa forme, pouvait aider les gens à gérer des situations critiques. C’était plus qu’une qualité, c’était une caractéristique psychologique profonde qui permettait aux gens de s’en sortir. Elle essaya de visualiser Delores Manning, l’auteur au succès prometteur, serpentant sur ces routes de nuit. Téméraire ou non, ce n’était pas une image encourageante.

Quand Mackenzie eut terminé, elle rendit le dossier à Ellington. Elle regarda en direction du hublot derrière lui, où les flocons blancs des nuages passaient à la dérive. Elle ferma les yeux durant un instant et se replongea là-bas, pas dans l’Iowa mais au Nebraska voisin. Un endroit rempli d’immenses terres et de gigantesques forêts au lieu d’un trafic surchargé et de hauts buildings. Ça ne lui manquait pas mais l’idée d’y retourner, même pour le travail, l’enthousiasmait d’une manière qu’elle ne s’expliquait pas vraiment.

« White ? »

Elle ouvrit les yeux au moment où elle entendit son nom. Elle se tourna vers Ellington, légèrement gênée qu’il l’ait vue l’esprit totalement ailleurs. « Oui ? »

« Tu as eu l’air déconnectée durant un instant. Tout va bien ? »

« Oui, tout va bien, » dit-elle.

Et le fait est qu’elle allait vraiment bien. Les six premières heures de la journée avaient été physiquement et émotionnellement épuisantes, mais maintenant qu’elle était assise, suspendue dans les airs et avec un partenaire temporaire peu probable, elle se sentait bien.

« Je peux te poser une question ? » demanda Mackenzie.

« Vas-y. »

« As-tu fait une demande pour travailler avec moi sur cette affaire ? »

Ellington ne répondit pas tout de suite. Elle voyait bien qu’il réfléchissait avant de répondre et elle se demanda quelle raison il pouvait bien avoir pour lui mentir.

« Et bien, j’ai entendu parler de cette affaire et, comme tu le sais, j’ai des rapports professionnels avec le bureau local d’Omaha. Et puisqu’il s’agit là du bureau local le plus proche de notre objectif dans l’Iowa, je me suis proposé. Quand il m’a demandé si ça ne me dérangeait pas de travailler avec toi sur l’enquête, je n’ai pas discuté. »

Elle hocha de la tête et commença à se sentir presque coupable de s’être demandée s’il avait une autre raison pour avoir eu envie de travailler sur cette affaire. Alors qu’elle nourrissait une certaine forme de sentiments à son égard (qu’ils soient strictement physiques ou d’une certaine manière émotionnels, elle n’en était pas vraiment sûre), il ne lui avait jamais donné de raison de penser qu’il ressentait la même chose. Elle ne se rappelait que trop bien comment elle l’avait dragué lorsqu’elle l’avait rencontré pour la première fois au Nebraska et comment ses avances avaient été rejetées.

Espérons qu’il ait tout oublié de cet épisode, pensa-t-elle. Aujourd’hui, je suis une autre personne, il est bien trop occupé pour y penser et maintenant nous travaillons ensemble. C’est de l’histoire ancienne.

« Et toi ? » demanda-t-elle. « Quelles sont tes premières impressions ? »

« Je pense qu’il n’a pas l’intention de tuer ces femmes, » dit Ellington. « Pas d’indices, aucune trace, et, comme toi, je pense qu’il doit s’agir d’un gars du coin. Je pense qu’il les collectionne peut-être… dans quel but, je ne vais pas spéculer à ce sujet. Mais si j’ai raison, ça m’inquiète. »

Ça inquiétait aussi Mackenzie. Si ce type kidnappait des femmes, il finirait par manquer de place. Et peut-être aussi qu’il finirait par perdre de l’intérêt… ce qui signifiait qu’il devrait arrêter tôt ou tard. Et bien que ce soit une bonne chose en théorie, ça voudrait aussi dire qu’ils risqueraient de perdre sa trace, en l’absence d’autres scènes d’enlèvement où il pourrait éventuellement laisser des indices.

« Je pense que tu as raison sur le fait qu’il les collectionne, » dit-elle. « Il les attaque à un moment de vulnérabilité – à un moment où elles sont occupées par leur voiture ou des pneus crevés. Ça veut dire qu’il les prend par surprise plutôt que de les attaquer de front. Il est probablement timide. »

Il eut un rictus et dit, « Oui, c’est bien observé. »

Sa grimace se transforma en un sourire duquel elle préféra détourner les yeux, sachant qu’il leur arrivait trop souvent de se fixer du regard et de laisser ce moment s’attarder un peu trop longtemps. Elle regarda en direction du ciel bleu et des nuages tandis que le Midwest s’approchait rapidement sous leurs pieds.

***

Vu qu’ils voyageaient avec très peu de bagages, Mackenzie et Ellington traversèrent l’aéroport sans aucun problème. Durant la dernière partie du vol, Ellington avait informé Mackenzie qu’un programme avait déjà été décidé (probablement pendant qu’elle se ruait à son appartement, puis à l’aéroport). Ils allaient rencontrer deux agents locaux et collaborer avec eux afin de résoudre cette affaire le plus tôt possible. Vu qu’ils n’avaient aucun bagage à récupérer au carrousel, ils purent retrouver les agents très rapidement.

Ils se retrouvèrent dans l’un des innombrables Starbucks de l’aéroport. Elle laissa Ellington ouvrir la voie car il était manifeste que McGrath le considérait comme responsable sur cette affaire. Sinon pour quelle autre raison aurait-il uniquement informé Ellington de l’endroit où retrouver les agents locaux ? Et pour quelle autre raison aurait-il averti Ellington assez tôt, lui laissant assez de temps pour arriver confortablement à l’heure pour son vol ?

Il était difficile de rater les deux agents. Mackenzie soupira intérieurement quand elle vit que c’était tous les deux des hommes. L’un d’entre eux avait l’air d’être une nouvelle recrue. Il était impossible que ce type ait plus de vingt-quatre ans. Son partenaire par contre avait l’air plus endurci et plus âgé – probablement sur le point d’atteindre la cinquantaine.

Ellington se dirigea directement vers eux et Mackenzie le suivit. Aucun des deux agents ne se leva mais le plus âgé tendit la main vers Ellington au moment où ils s’approchaient de la table.

« Agents Heideman et Thorsson, c’est bien ça ? » demanda Ellington.

« C’est bien ça, » dit l’homme plus âgé. « Je suis Thorsson et voici mon partenaire, Heideman. »

« Ravis de vous rencontrer, » dit Ellington. « Je suis l’agent spécial Ellington et voici ma partenaire, l’agent White. »

Ils se serrèrent tous la main d’une manière qui était presque devenue pénible pour Mackenzie depuis qu’elle avait rejoint le Bureau. C’était comme une sorte de formalité, un truc bizarre qu’il fallait faire avant de s’attaquer à la tâche à accomplir. Au moment où Heideman lui serra la main, elle remarqua que sa poigne était faible et moite. Il n’avait pas l’air nerveux mais peut-être un peu timide ou introverti.

« À quelle distance se trouvent les scènes de crime ? » demanda Ellington.

« La plus proche est à environ une heure de route, » dit Thorsson. « Les autres sont toutes à dix ou quinze minutes l’une de l’autre. »

« Est-ce qu’il y a eu du neuf depuis tôt ce matin ? » demanda Mackenzie.

« Rien, » dit Thorsson. « C’est une des raisons pour laquelle nous vous avons appelés en renfort. Ce type a enlevé trois femmes jusqu’à maintenant et on n’a pas pu trouver l’ombre d’un indice. On en est arrivé à un tel point que l’État envisage l’utilisation de caméras le long de la route. Mais le problème, c’est qu’il est difficile de garder sous surveillance caméra plus de cent-vingt kilomètres de routes de campagne. »

« Enfin, techniquement, c’est possible, » dit Heideman. « Mais ça ferait une tonne de caméras et une énorme quantité d’argent. Alors certains responsables au niveau de l’État ne le considèrent que comme une mesure de dernier recours. »

« Est-ce qu’on peut commencer tout de suite et visiter la première scène de crime ? » demanda Ellington.

« Bien sûr, » dit Thorsson. « Vous ne devez pas d’abord régler la question de l’hôtel ou d’autres choses dans le style ? »

« Non, » dit Mackenzie. « Mettons-nous tout de suite au travail. Si vous dites qu’il y a tant de route que ça à faire, ne perdons pas de temps. »

Au moment où Thorsson et Heideman se levèrent, Ellington lui décocha un regard bizarre. Elle ne parvenait pas à savoir s’il était impressionné par sa détermination de se rendre le plus rapidement possible à la première scène de crime, ou s’il trouvait amusant qu’elle ne le laisse pas prendre entièrement les commandes dans cette enquête. Ce qu’elle espérait qu’il ne pourrait pas deviner, c’était que l’idée de se rendre à proximité d’un hôtel avec Ellington lui provoquait bien trop d’émotions en même temps.

Ils sortirent du Starbucks en file indienne. Mackenzie fut touchée quand Ellington l’attendit, afin de s’assurer qu’elle ne se retrouve pas en bout de file.

« Vous savez, » dit Thorsson, en regardant par-dessus son épaule, « Je suis content que vous ayez envie de vous rendre tout de suite sur place. Il y a une mauvaise ambiance qui se répand un peu partout à cause de cette affaire. Ça se sent quand on parle avec la police locale et ça commence par déteindre sur nous aussi. »

« Quel genre de mauvaise ambiance ? » demanda Mackenzie.

Thorsson et Heideman échangèrent un regard d’appréhension avant que les épaules de Thorsson ne s’affaissent quelque peu et qu’il réponde : « Que ça n’arrivera pas. Je n’ai jamais rien vu de tel. Il n’y a pas un seul indice. Ce type, c’est un fantôme. »

« Et bien, espérons qu’on puisse vous aider sur ce point, » dit Ellington.

« J’espère bien, » dit Thorsson. « Parce que pour l’instant, l’impression générale parmi tous ceux qui travaillent sur cette affaire, c’est qu’il se pourrait bien qu’on n’attrape jamais ce type. »

CHAPITRE TROIS

Mackenzie était assez surprise que le bureau local ait fourni une Suburban à Thorsson et à Heideman. Après son propre tacot et le modèle de voitures de location avec lesquelles elle s’était retrouvée ces derniers mois, elle avait l’impression de voyager en première classe, assise à l’arrière aux côtés d’Ellington. Quand ils arrivèrent à la première scène de crime une heure et dix minutes plus tard, elle fut néanmoins contente d’en sortir. Elle n’était pas habituée à ce genre de traitement et ça la mettait mal à l’aise.

Thorsson se gara sur le bord de la Route 14, une route de campagne à deux bandes qui serpentait à travers les forêts de l’Iowa. Des arbres l’entouraient des deux côtés. Durant les quelques kilomètres qu’ils avaient parcouru sur cette route, Mackenzie avait vu quelques chemins de terre secondaires qui semblaient avoir été oubliés depuis longtemps, fermés par deux poteaux reliés par une chaîne. À part ces quelques exceptions, il n’y avait rien d’autre que des arbres.

Thorsson et Heideman passèrent à côté de quelques policiers locaux qui leur firent un signe superficiel de la main au moment où ils les dépassèrent. Devant eux, il y avait une petite Subaru rouge devant deux voitures de police. Les deux pneus du côté conducteur étaient complètement à plat.

« En quoi consistent les forces de police dans le coin ? » demanda Mackenzie.

« En pas grand-chose, » dit Thorsson. « La ville la plus proche d’ici est une petite localité du nom de Bent Creek, comptant environ neuf cents habitants. Les forces de police sont constituées d’un shérif – qui se trouve avec les autres types qu’on vient de passer – deux adjoints et sept policiers. Quelques plus hauts gradés sont venus de Des Moines mais quand nous sommes arrivés, ils se sont retirés. C’est l’affaire du FBI maintenant. Ce genre de chose. »

« En d’autres mots, ils sont contents qu’on soit là ? » demanda Ellington.

« Oh oui, tout à fait. » dit Thorsson.

Ils s’approchèrent de la voiture et l’encerclèrent pendant un moment. Mackenzie regarda en arrière, en direction des policiers. Seulement l’un d’entre eux semblait intéressé par ce que les agents du FBI étaient occupés à faire. Et c’était bien mieux ainsi. Elle avait eu sa dose d’officiers de police locaux cherchant à interférer et rendant les choses plus difficiles qu’elles n’auraient dû l’être. Ce serait bien plus facile de pouvoir faire son boulot sans devoir marcher sur des œufs et essayer de ne pas froisser les sensibilités et les égos de la police locale.

« Est-ce qu’on a déjà relevé les empreintes sur la voiture ? » demanda Mackenzie.

« Oui, ce matin, » dit Heideman. « Allez-y, jetez un coup d’œil. »

Mackenzie ouvrit la portière du côté passager. En un coup d’œil, elle constata que les empreintes avaient peut-être été relevées mais que rien n’avait encore été retiré du véhicule et classé en tant que preuve. Il y avait encore un téléphone sur le siège passager. Un paquet de chewing-gum était posé sur quelques feuilles de papier pliées, éparpillées sur la console centrale.

« C’est la voiture de l’auteur, c’est bien ça ? » demanda Mackenzie.

« Oui, c’est ça, » dit Thorsson. « Delores Manning. »

Mackenzie continua à fouiller la voiture. Elle trouva les lunettes de soleil de Manning, un carnet d’adresses en grande partie vide, quelques exemplaires du livre The Tin House éparpillés sur le siège arrière et quelques pièces de monnaie. Dans le coffre, il n’y avait qu’une caisse de livres, dix-huit exemplaires d’un ouvrage intitulé L’amour entravé par Delores Manning.

« Est-ce qu’ils ont aussi relevé les empreintes ici ? » demanda Mackenzie.

« Non, je ne pense pas, » dit Heideman. « C’est juste une caisse de livres, non ? »

« Oui, mais il en manque quelques-uns. »

« Elle venait d’une séance de dédicaces, » dit Thorsson. « Il y a de grandes chances qu’elle en ait vendu ou offert quelques-uns. »

Ce ne valait pas la peine de continuer à argumenter alors elle laissa couler. Mais Mackenzie feuilleta tout de même deux des livres. Ils avaient tous les deux été signés par Manning sur la page de titre.

Elle remit les livres en place dans la caisse et se mit à observer la route. Elle marcha le long du bord, à la recherche de toute trace qui signalerait une mise en scène ayant permis de crever les pneus. Elle regarda en direction d’Ellington et fut contente de voir qu’il était déjà occupé à examiner les pneus de près. De là où elle se trouvait, elle pouvait voir l’éclat des morceaux de verre sortant des roues.

Il y avait d’autres éclats de verre sur la route. Le peu de lumière qui parvenait à traverser les branches au-dessus d’elle s’y reflétait d’une manière qui était étrangement belle. Elle s’en approcha et s’agenouilla pour y regarder de plus près.

Il était clair que le verre avait été placé là de manière intentionnelle. Il se trouvait principalement le long de la ligne jaune discontinue au centre de la route. Les morceaux de verre avaient été éparpillés comme du sable mais la quantité la plus importante avait été placée de manière à s’assurer que toute voiture empruntant cette route ne manquerait pas de rouler dessus. Quelques éclats de plus grande taille se trouvaient toujours sur la route ; la voiture était apparemment passée à côté car ils n’étaient pas réduits en miettes. Elle prit un de ces grands morceaux de verre en main et l’examina.

Au premier coup d’œil, le verre était de couleur foncée mais lorsque Mackenzie l’examina de plus près, elle vit qu’il avait été peint en noir. Afin d’éviter qu’il reflète la lueur des phares, pensa-t-elle. Quelqu’un roulant de nuit remarquerait des morceaux de verre dans le faisceau de ses phares… mais pas s’ils étaient peints en noir.

Elle prit quelques morceaux parmi les débris et gratta quelques éclats de plus grande taille avec son ongle. Le verre en-dessous était de deux couleurs différentes ; il était principalement transparent mais certains morceaux montraient une légère teinte verte. Le verre était bien trop épais pour provenir d’une bouteille contenant une boisson ou d’une simple cruche. Il avait l’épaisseur de quelque chose qui aurait plutôt été fabriqué par un potier. Certains avaient l’air de mesurer facilement quatre centimètres de large, même après avoir été brisés et écrasés par la voiture de Delores Manning.

« Est-ce que quelqu’un a remarqué que ce verre avait été recouvert d’une couche de peinture ? » demanda-t-elle.

Sur le côté de la route, les policiers se regardèrent les uns les autres d’un air troublé. Même Thorsson et Heideman se regardaient d’un air perplexe.

« La réponse est non, » dit Thorsson.

« Est-ce qu’on a prélevé des morceaux pour les analyser ? » demanda Mackenzie.

« Prélevé, oui, » dit Thorsson. « Analysé, non. Mais une équipe y travaille pour l’instant. Nous devrions recevoir les résultats dans quelques heures. J’imagine qu’on aurait alors été informés concernant la couche de peinture. »

« Et ce verre n’a été retrouvé sur aucune autre des scènes de crime, c’est bien ça ? »

« C’est bien ça. »

Mackenzie se remit debout en continuant à observer les morceaux de verre, commençant à se faire une idée du genre de suspect qu’ils recherchaient.

Pas de morceaux de verre sur les scènes de crime précédentes, pensa-t-elle. Ce qui veut dire que le suspect cherchait à enlever cette femme en particulier. Pourquoi ? Peut-être que les deux premiers enlèvements n’étaient que des coïncidences. Peut-être que le suspect s’était juste retrouvé au bon endroit au bon moment. Et si c’était le cas, c’était définitivement un type du coin – un criminel des campagnes, pas un citadin. Mais il est intelligent et calculateur. Il n’agit pas à l’aveuglette.

Ellington s’approcha d’elle et examina les morceaux de verre. Sans la regarder, il demanda : « Des premières impressions ? »

« Quelques-unes. »

« Tel que ? »

« C’est un type de la campagne. Probablement quelqu’un du coin, comme nous le pensions. Je pense aussi que cet enlèvement-ci était planifié. Les pneus crevés… il l’a fait intentionnellement. S’il n’y avait pas de verre sur les autres scènes de crime, il l’a uniquement utilisé cette fois-ci. Ce qui me fait penser qu’il n’avait pas le contrôle des deux autres enlèvements. C’était juste un coup de bol de sa part. Mais celui-ci… à celui-ci, il y a travaillé. »

« Tu penses que ça vaut la peine de parler avec la famille ? » demanda Ellington.

Elle n’arrivait pas à savoir si c’était une sorte de mise à l’épreuve, comme Bryers l’avait fait dans le passé, ou s’il était vraiment intéressé par sa méthodologie et son approche.

« Ça pourrait être le moyen le plus rapide d’obtenir des réponses pour l’instant, » dit-elle. « Même si ça finit par ne rien nous apprendre, ce sera une chose de faite. »

« On dirait le discours d’un robot, » dit Ellington, en souriant.

Ignorant sa remarque, Mackenzie retourna en direction de la voiture d’où Thorsson et Heideman continuaient à les observer.

« Est-ce qu’on sait où vit Delores Manning ? » demanda-t-elle.

« Et bien, elle vit à Buffalo, dans l’état de New York, » dit Thorsson. « Mais elle a de la famille près de Sigourney. »

« C’est aussi dans l’Iowa, non ? »

« Oui, » dit Thorsson. « Sa mère vit à environ dix minutes de là. Son père est décédé. Personne ne les a encore informés de sa disparition. D’après ce qu’on sait, elle n’a disparu que depuis environ vingt-six heures. Et bien qu’on ne puisse pas le confirmer, on ne peut pas s’empêcher de se demander si elle a rendu visite à sa famille alors qu’elle était si près pour sa séance de dédicaces à Cedar Rapids. »

« Je pense qu’ils devraient probablement être informés, » dit Mackenzie.

« Je pense de même, » dit Ellington, en les rejoignant.

« Alors, allez-y, » gloussa Thorsson. « Sigourney est à environ une heure et quart de route. Nous adorerions vous accompagner, » ajouta-t-il sur un ton sarcastique, « mais ça ne fait pas partie des ordres reçus. »

Au moment où il finit sa phrase, un des policiers les rejoignit. Le badge qu’il portait indiquait qu’il s’agissait du shérif de la région.

« Vous avez besoin de nous pour quoi que ce soit ? » demanda-t-il.

« Non, » dit Ellington. « Peut-être juste le nom d’un hôtel décent dans le coin. »

« Il n’y a qu’un seul hôtel et il est à Bent Creek, » dit le shérif. « Alors c’est le seul que je puisse vraiment vous recommander. »

« OK alors, on va suivre votre recommandation. Nous aurions aussi besoin d’une voiture de location à Bent Creek. »

« Je peux arranger ça pour vous, » répondit le shérif, sans en dire davantage.

Se sentant légèrement décalée, Mackenzie se dirigea vers la Suburban et prit place sur le siège arrière. Alors que les trois autres agents entraient dans le véhicule, Mackenzie se mit à penser à ces chemins de terre battue qui donnaient sur la Route 14. À qui appartenait cette propriété ? Où menaient ces routes en terre ?

Alors qu’ils roulaient en direction de Bent Creek, l’esprit de Mackenzie se mit à s’interroger de plus en plus sur ces routes de campagne… certaines questions étaient plutôt secondaires mais d’autres étaient assez urgentes. Elle les rassembla tout en songeant au verre brisé qui se trouvait sur la route. Elle essaya d’imaginer quelqu’un peignant ce verre en cherchant intentionnellement à ce qu’une voiture tombe en panne.

Ça traduisait plus qu’une simple intention. Ça indiquait une planification méticuleuse et une connaissance du trafic le long de la Route 14 à cette heure-là de la nuit.

Notre type est intelligent d’une manière plutôt dangereuse, pensa-t-elle. Il est également organisé et semble ne s’attaquer qu’à des femmes.

Elle commençait à dresser mentalement un profil correspondant à un tel suspect et elle ressentit instantanément une sensation de pression… la nécessité d’agir rapidement. Elle sentait qu’il était là, quelque part dans ce coin paumé au milieu des arbres et des routes sinueuses, à briser des morceaux de verre et à les peindre en noir.

Et à planifier l’enlèvement d’une autre victime.

299 ₽
Возрастное ограничение:
16+
Дата выхода на Литрес:
10 октября 2019
Объем:
271 стр. 3 иллюстрации
ISBN:
9781640290655
Правообладатель:
Lukeman Literary Management Ltd
Формат скачивания:
epub, fb2, fb3, ios.epub, mobi, pdf, txt, zip

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