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Читать книгу: «Poésies», страница 3

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Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize…

«Français de soixante-dix,

bonapartistes, républicains,

souvenez-vous de vos pères en 92, etc.»

Paul de Cassagnac, Le Pays

 
Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize,
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse
Sui l’âme et sur le front de toute humanité;
 
 
Homme extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les cœurs sautaient d’amour sous les haillons,
ô Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer dans tous les vieux sillons;
 
 
vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
ô million de Christs aux yeux sombres et doux;
 
 
Nous vous laissions dormir avec la République,
Nous, courbés sous les rois comme sous une trique:
– Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous!
 

Fait à Mazas, 3 septembre 1870

VENUS ANADYOMENE

 
Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés;
 
 
Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent; le dos court qui rentre et qui ressort;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates;
 
 
L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement; on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…
 
 
Les reins poilent deux mots gravés: CLARA VENUS;
– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.
 

PREMIERE SOIREE

 
– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
 
 
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
 
 
– Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, – mouche au rosier.
 
 
– Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.
 
 
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent: «Veux-tu finir!»
– La première audace permise,
Le rire feignait de punir!
 
 
– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux:
– Elle jeta sa tête mièvre
En arrière: «Oh! c’est encor mieux!..
 
 
Monsieur, j’ai deux mots à te dire…»
– Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…
 
 
– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
 

LES REPARTIES DE NINA

 
LUI. – Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein? nous irions,
Ayant de l’air plein la narine,
Aux frais rayons
 
 
Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour?..
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d’amour
 
 
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs:
 
 
Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir
Rosant à l’air ce bleu qui cerne
Ton grand œil noir
 
 
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou:
 
 
Riant à moi, brutal d’ivresse,
Qui te prendrais.
Comme cela, – la belle tresse,
Oh! – qui boirais
 
 
Ton goût de framboise et de fraise,
ô chair de fleur!
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur,
 
 
Au rose églantier qui t’embête
Aimablement:
Riant surtout, à folle tête,
À ton amant!..
 
 
– Ta poitrine sur ma poitrine,
Mêlant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois!..
 
 
Puis, comme une petite morte,
Le cœur pâmé,
Tu me dirais que je te porte,
L’œil mi-fermé…
 
 
Je te porterais, palpitante,
Dans le sentier:
L’oiseau filerait son andante:
Au Noisetier. .
 
 
Je te parlerais dans ta bouche:
J’irais, pressant
Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
Ivre du sang
 
 
Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
Aux tons rosés:
Et te parlant la langue franche…
Tiens!.. – que tu sais…
 
 
Nos grands bois sentiraient la sève
Et le soleil
Sablerait d’or fin leur grand rêve
Vert et vermeil.
 
 
Le soir?.. Nous reprendrons la route
Blanche qui court
Flânant, comme un troupeau qui broute,
Tout à l’entour
 
 
Les bons vergers à l’herbe bleue
Aux pommiers tors!
Comme on les sent toute une lieue
Leurs parfums forts!
 
 
Nous regagnerons le village
Au ciel mi-noir;
Et ça sentira le laitage
Dans l’air du soir;
 
 
Ça sentira l’étable, pleine
De fumiers chauds,
Pleine d’un lent rythme d’haleine,
Et de grands dos
 
 
Blanchissant sous quelque lumière;
Et, tout là-bas,
Une vache fientera, fière,
À chaque pas…
 
 
– Les lunettes de la grand-mère
Et son nez long
Dans son missel; le pot de bière
Cerclé de plomb,
 
 
Moussant entre les larges pipes
Qui, crânement,
Fument: les effroyables lippes
Qui, tout fumant,
 
 
Happent le jambon aux fourchettes
Tant, tant et plus:
Le feu qui claire les couchettes
Et les bahuts.
 
 
Les fesses luisantes et grasses
D’un gros enfant
Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
Son museau blanc
 
 
Frôlé par un mufle qui gronde
D’un ton gentil,
Et pourlèche la face ronde
Du cher petit…
 
 
Que de choses verrons-nous, chère,
Dans ces taudis,
Quand la flamme illumine, claire,
Les carreaux gris!..
 
 
– Puis, petite et toute nichée
Dans les lilas
Noirs et frais: la vitre cachée,
Qui rit là-bas…
 
 
Tu viendras, tu viendras, je t’aime!
Ce sera beau.
Tu viendras, n’est-ce pas, et même…
ELLE. – Et mon bureau?
 

LES EFFARES

 
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
 
 
À genoux, cinq petits, – misère! —
Regardent le boulanger faire
Le lourd pain blond…
 
 
Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise, et qui l’enfourne
Dans un trou clair.
 
 
Ils écoutent le bon pain cuire.
Le boulanger au gras sourire
Chante un vieil air.
 
 
Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge,
Chaud comme un sein.
 
 
Et quand, pendant que minuit sonne,
Façonné, pétillant et jaune,
On sort le pain,
 
 
Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées,
Et les grillons,
 
 
Quand ce trou chaud souffle la vie
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,
 
 
Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres petits pleins de givre!
– Qu’ils sont là, tous,
 
 
Collant leurs petits museaux roses
Au grillage, chantant des choses,
Entre les trous,
 
 
Mais bien bas, – comme une prière…
Repliés vers cette lumière
Du ciel rouvert,
 
 
– Si fort, qu’ils crèvent leur culotte,
– Et que leur lange blanc tremblote
Au vent d’hiver…
 

20 septembre 1870

ROMAN

I
 
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants!
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.
 
 
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin!
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière;
Le vent chargé de bruits, – la ville n’est pas loin, —
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
 
II
 
– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche.
 
 
Nuit de juin! Dix-sept ans! – On se laisse griser
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
 
III
 
Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
– Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…
 
 
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…
 
IV
 
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
– Puis l’adorée, un soir a daigné vous écrire…!
 
 
– Ce soir-là,… – vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
 

29 septembre 1870

LE MAL

 
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu;
 
 
Tandis qu’une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant;
– Pauvres morts! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature! ô toi qui fis ces hommes saintement!.. —
 
 
– Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,
 
 
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir!
RAGES DE CESARS
L’Homme pâle, le long des pelouses fleuries,
Chemine, en habit noir, et le cigare aux dents:
L’Homme pâle repense aux fleurs des Tuileries
– Et parfois son œil terne a des regards ardents…
 
 
Car l’Empereur est soûl de ses vingt ans d’orgie!
Il s’était dit: «Je vais souffler la Liberté
Bien délicatement, ainsi qu’une bougie!»
La Liberté revit! Il se sent éreinté!
 
 
Il est pris. – Oh! quel nom sur ses lèvres muettes
Tressaille? Quel regret implacable le mord?
On ne le saura pas. L’Empereur a l’œil mort.
 
 
Il repense peut-être au Compère en lunettes…
Et regarde filer de son cigare en feu,
Comme aux soirs de Saint-Cloud, un fin nuage bleu.
 

REVE POUR L’HIVER

à… Elle


 
L’hiver nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
 
 
Tu fermeras l’œil, pour ne point voir par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
 
 
Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…
 
 
Et tu me diras: «Cherche!» en inclinant la tête,
– Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
– Qui voyage beaucoup…
 

En wagon, le 7 octobre 1870

AU CABARET-VERT

cinq heures du soir


 
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret- Vert: je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
 
 
Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte: je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
 
 
– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure! —
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
 
 
Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
 

Octobre 1870

LA MALINE

 
Dans la salle à manger brune, que parfumait
Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
Je ramassais un plat de je ne sais quel met
Belge, et je m’épatais dans mon immense chaise.
 
 
En mangeant, j’écoutais l’horloge, – heureux et coi.
La cuisine s’ouvrit avec une bouffée,
– Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
Fichu moitié défait, malinement coiffée
 
 
Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc,
En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,
Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m’aiser;
– Puis, comme ça, – bien sûr pour avoir un baiser —
Tout bas: «Sens donc, j’ai pris une froid sur la joue…»
 

Charleroi, octobre 1870

L’ECLATANTE VICTOIRE DE SARREBRUCK REMPORTEE AUX CRIS DE VIVE L’EMPEREUR!

Gravure belge brillamment coloriée, se vend à Charleroi, 35 centimes.
 
Au milieu, l’Empereur dans une apothéose
Bleue et jaune, s’en va, raide, sur son dada
Flamboyant; très heureux, – car il voit tout en rose,
Féroce comme Zeus et doux comme un papa;
 
 
En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste
Près des tambours dorés et des rouges canons,
Se lèvent gentiment. Pitou remet sa veste,
Et, tourné vers le Chef, s’étourdit de grands noms!
 
 
À droite, Dumanet, appuyé sur la crosse
De son chassepot, sent frémir sa nuque en brosse,
Et: «Vive l’Empereur!!» – Son voisin reste coi…
 
 
Un schako surgit, comme un soleil noir… – Au centre,
Boquillon rouge et bleu, très naïf, sur son ventre
Se dresse, et, – présentant ses derrières – «De quoi?..»
 

Octobre 1870

LE BUFFET

 
C’est un large buffet sculpté; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants;
 
 
Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand’mère où sont peints des griffons;
 
 
– C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
 
 
– ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.
 

Octobre 1870

MA BOHEME

(Fantaisie)
 
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal;
J’allais sous le ciel, Muse! et j’étais ton féal;
Oh! là! là! que d’amours splendides j’ai rêvées!
 
 
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
 
 
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
 
 
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur!
 
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
30 августа 2016
Объем:
70 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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