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Читать книгу: «Nouvelles lettres d'un voyageur», страница 12

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X
CONCHYLIOLOGIE
DE L'ILE DE LA RÉUNION 21

Dans un précédent article, nous avons appelé l'attention du monde savant et du monde instruit sur un ouvrage, intéressant à tous les points de vue22, science, industrie, moeurs, agriculture, histoire naturelle, etc. Il manquait à cette publication une annexe importante dont nous n'avons pas nommé l'auteur, et dont nous n'avions pas encore pu prendre connaissance. Ce travail nous est communiqué aujourd'hui, et nous voulons réparer une omission qui laisserait incomplète l'utilité des notes si précieuses de M. Maillard, d'autant plus qu'ici il ne s'agit plus seulement de compléter la description de notre belle colonie, mais bien d'apporter des matériaux au grand édifice de la science naturelle en général. C'est le savant M. Deshayes, illustré par d'immenses travaux sur cette matière, qui s'est chargé de la conchyliologie, ou, pour mieux dire, de la malacologie relative aux trouvailles et découvertes de M. Maillard. Cette annexe forme donc un travail du plus grand intérêt, et l'on peut dire qu'elle est un monument acquis à la science dans une de ses branches les plus ardues.

Beaucoup de personnes dans le monde se doutent peu du rôle immense que jouent les mollusques dans l'économie de notre planète. On s'en pénètre en lisant les pages par lesquelles M. Deshayes ouvre l'étude spéciale dont nous nous occupons ici. La conscience et la modestie, conditions essentielles du vrai savoir, obligent ce grand explorateur à nous dire que la connaissance de vingt mille espèces provenant de toutes les régions du monde n'est rien encore, et que de trop grands espaces sont encore trop peu connus pour qu'il soit possible d'entreprendre un travail d'ensemble satisfaisant. Si un pareil chiffre et celui qu'on nous fait entrevoir nous étonnent, reportons-nous au noble et poétique livre de M. Michelet, la Mer, et notre imagination au moins se représentera la puissante fécondité qui se produit au sein des eaux, et qui n'a aucun point de comparaison avec ce qui se passe sur la terre.

C'est là que la nature, échappant à la destruction dont l'homme est l'agent fatal, et se dérobant à plusieurs égards à son investigation, enfante sans se lasser des êtres innombrables dont l'existence éphémère se révèle plus tard par l'apparition de continents nouveaux, ou par l'extension des continents anciens. Cette intéressante et universelle formation de la terre par les mollusques commence aux premiers âges du monde. C'est sous cette forme élémentaire d'abord et de plus en plus compliquée que la vie apparaît, mais avec quelle profusion étonnante! Notre monde, nos montagnes, nos bassins, les immenses bancs calcaires qui portent nos moissons ou qui servent à la construction de nos villes ne sont en grande partie qu'un amoncellement, une pâte de coquillages, les uns d'espèce si menue, qu'il faut les reconnaître au microscope, les autres doués de proportions colossales relativement aux espèces actuellement vivantes. Ainsi les grands et les petits habitants des mers primitives ont bâti la terre et ont constitué ses premiers éléments de fécondité. Ils ont disparu pour la plupart, ces travailleurs du passé à qui Dieu avait confié le soin d'établir le sol où nous marchons; mais leur oeuvre accomplie sur une partie du globe, n'oublions pas que la plus grande partie du globe est encore à la mer et que la mer travaille toujours à se combler par l'entassement des dépouilles animales qui s'y accumulent et par le travail ininterrompu des coraux et des polypiers, enfin qu'on peut admettre l'idée de leur déplacement partiel sans secousse, sans cataclysme, et sans que les générations qui peuplent la terre s'en aperçoivent autrement qu'en se transmettant les unes aux autres les constatations successives de cette insensible révolution.

Le rôle des habitants de la mer et celui des mollusques en particulier, à cause de leur abondance inouïe, est donc immense dans l'ordonnance de la création. Tout en constatant les importants et vastes travaux de ses devanciers et de ses contemporains adonnés à ce genre de recherches, M. Deshayes ne pense pas que le moment soit venu d'entreprendre la grande statistique de la mer. Des documents que nous possédons, on pourrait, selon lui, tirer des notions d'une assez grand valeur; «mais, dans l'état actuel de la science, ce travail, dit-il, ne satisferait pas les plus impérieux besoins de la géologie et de la paléontologie, car il ne s'agit pas de savoir quelle est la population riveraine de certains points de la terre: il est bien plus important de connaître la distribution des mollusques dans les profondeurs de la mer, de déterminer l'étendue des surfaces qu'ils habitent, la nature du fond qu'ils préfèrent, et ce sont ces recherches, ce sont ces documents qui manquent à la science.»

Il résulte de ceci que, dans la mer, la vie a son ordonnance logique comme partout ailleurs, et que ce vaste abîme ne renferme pas l'horreur du chaos, ainsi qu'au premier aperçu l'imagination épouvantée se la représente. Tous ces grands tumultes, ces ouragans, ces fureurs qui agitent sa surface passent sans rien déranger au calme mystérieux de ses profondeurs et aux lois de la vie, qui s'y renouvelle dans des conditions voulues. «Pour entreprendre des investigations complètes, dit encore M. Deshayes, il faut mesurer les profondeurs, reconnaître la nature des fonds, suivre les zones d'égale profondeur, établir séparément la liste des espèces habitées par chacune d'elles: bientôt on reconnaît des populations différentes attachées à des profondeurs déterminées.»

Donc, si c'est avec raison que les géologues considèrent les coquilles, selon la belle expression de M. Léon Brothier, comme «les médailles commémoratives des grandes révolutions du globe», il est de la plus haute importance d'étudier leur existence actuelle, destinée probablement à marquer un jour les phases du monde terrestre futur, enfoui encore dans un milieu inaccessible à la vie humaine. C'est une grande étude à faire et qui n'effraye pas la persévérance de ces hommes paisibles et respectables dont la mission volontaire est d'interroger la nature dans ses plus minutieux secrets. Notre siècle, positif et avide de jouissances immédiates, sourit à la pensée d'une vie consacrée à un travail qui lui semble puéril; mais les esprits sérieux savent qu'à la suite de ces vaillantes investigations, la lumière se fait, l'hypothèse devient certitude, et que, d'un ensemble d'observations de détail, jaillissent tout à coup des vérités qui ébranlent de fond en comble les plus importantes notions de notre existence. C'est la grande entreprise que la science accomplit de nos jours, et c'est par elle que les préjugés font nécessairement place à de saines croyances.

Nous avons donné de sincères éloges aux notes de M. Maillard sur ses travaux de recherches à l'île de la Réunion; nous ne pouvons mieux les compléter qu'en citant encore M. Deshayes. «Pour ce qui a rapport aux mollusques (de cette région), nous pouvons l'affirmer, et le catalogue le constate, personne avant M. Maillard n'en avait réuni une collection aussi complète… Parmi tant d'espèces contenues dans cette collection, il eût été bien étrange de n'en rencontrer aucune qui fût nouvelle. Loin de ce résultat négatif, nous avons eu le plaisir d'en reconnaître un grand nombre qui jusqu'alors avaient échappé aux recherches d'autres naturalistes. On remarquera surtout une addition notable à ces mollusques aborigènes et fluviatiles sur lesquels notre savant ami M. Morelet avait entrepris des recherches. Nous ne pouvions confier à de meilleures mains le soin de déterminer les espèces contenues dans ce catalogue.» Suit la description de trois genres nouveaux et de plus de cent espèces avec treize planches d'un travail exquis dues à l'habile dessinateur M. Levasseur. Cet ouvrage se recommande donc à tous les explorateurs de la faune malacologique comme un document d'une valeur incontestable.

XI
A PROPOS DU CHOLÉRA DE 1865

Le choléra est parti, des douleurs sont restées: des veuves, des orphelins, de la misère. La charité administrative et la charité privée ont donné de grands secours. Mais, quand le chef de famille est frappé, la misère se prolonge ou se renouvelle. La mère est épuisée et les enfants dépérissent. En ce moment, ce qui manque le plus, c'est le vêtement, et l'hiver va sévir! Le XVIIIe arrondissement a particulièrement souffert. Huit cent vingt et un décès représentent une masse sérieuse de veuves découragées et d'enfants sans ressources.

M. Arrault, secrétaire du conseil de salubrité, a vu ces douleurs, il les a racontées avec émotion dans le Siècle. Il a fait un appel aux mères heureuses, il a demandé les vieux vêtements des enfants heureux. On s'est empressé de lui envoyer de quoi vêtir une grande partie de ses orphelins. L'Avenir national veut l'aider dans son oeuvre de dévouement et de charité en publiant à son tour ce bon et simple remède à la plupart des maladies de l'enfance indigente, des habits et des chaussures! Non pas seulement des habits d'enfants, mais des vestes, des rebuts de toute sorte sont employés par les veuves qui coupent, ajustent, essayent, utilisent, s'aidant les unes les autres et retrouvant dans le travail le courage et l'espoir. Secours et moralisation: voilà ce que l'on peut donner avec de vieux chiffons.

On peut envoyer à M. Arrault, qui se charge d'acquitter les frais de transport, – rue Lepic, n° 11, à Montmartre, – tous les objets destinés à cette oeuvre de bienfaisance opportune et généreuse.

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LES AMIS DISPARUS

I
NÉRAUD PÈRE

Nous venons de perdre un de ces hommes rares qui ont traversé les vicissitudes de notre vie politique sans y rien laisser flétrir de leur noble caractère. Le vieillard probe et sage que nous avons conduit ces jours-ci à son dernier lit de repos, a parcouru sa longue carrière, sinon avec éclat, du moins avec honneur. C'est une de ces gloires modestes qui restent dans le cercle de la famille, mais qui l'agrandissent au point d'y faire entrer tout ce qu'il y a d'honnête dans une province. C'est un de ces exemples qui demeurent pour l'encouragement ou pour la condamnation des hommes publics appelés à leur succéder.

Magistrat de sûreté durant la Révolution, à l'époque d'une réaction antiroyaliste, il n'usa de sa dictature qu'avec indulgence et générosité. Plus tolérant que la lettre des lois, il ne voulut entendre ni punir bien des plaintes vives et bien des regrets imprudemment exprimés.

Sous l'Empire, fidèle à un profond sentiment de son indépendance et de sa dignité, nous l'avons vu blâmer avec force et franchise, en présence de ses supérieurs, l'insupportable tyrannie qui trouvait alors tant d'agents fanatiques ou cupides. Sous la Restauration, poursuivant de ses railleries spirituelles les prétentions d'une génération surannée, nous l'avons encore vu lutter tranquillement contre les tendances du pouvoir.

Quoique haï personnellement par M. de Peyronnel, quoique dénoncé maintes fois et tourmenté dans l'exercice de ses fonctions, il fut l'allié sincère du parti national et favorisa toujours l'opposition libérale de son vote. Sous la Convention comme sous l'Empire et comme sous la Restauration, il fut donc toujours le même; ferme, bon et tolérant.

Il eut une vertu, grande chez un magistrat: il resta homme, il crut au repentir des coupables. Entre ses mains, l'accusation demeura sobre de poursuites, délicate dans les moyens, décente et modérée dans l'invocation des châtiments.

Le trait dominant de son caractère, c'était une grande bienveillance pour les hommes, une gaieté railleuse pour leurs vices et leurs travers.

Son enjouement aimable et sa douce philosophie le conservèrent jeune dans un âge avancé. Pendant ses dernières années, sa tête s'affaiblit, mais son coeur resta jusqu'à la fin affectueux et simple. Il avait oublié le nom et la demeure de ses amis; mais, lorsqu'il les rencontrait, son regard et son sourire attestaient que leur image ne s'était point effacée de son âme.

II
GABRIEL DE PLANET

Le Berry vient de perdre un des hommes les plus aimants et les plus aimés qui aient vécu en ce monde, où tout est remis en discussion, et où il est si rare, à présent, de voir toutes les opinions, toutes les classes se réunir autour d'une tombe pour la bénir.

Gabriel de Planet est mort le 30 décembre 1854, d'une phthisie pulmonaire, à l'âge de quarante-cinq ans. Porté à sa dernière demeure par des ouvriers et des bourgeois, sans distinction de parti ni d'état, il laisse des regrets unanimes, incontestés.

Né gentilhomme, Planet avait conçu, dès sa première jeunesse, l'idée nette et le sentiment profond de l'équité fraternelle. Il n'a jamais varié un seul jour dans cette religion de son coeur et de son esprit; et pourtant, la rare tolérance de son jugement, la bienveillance de son caractère et le charme conciliant de son commerce l'ont rendu cher à des hommes dont la croyance et les instincts semblaient élever une barrière infranchissable entre eux et lui. Il a été estimé et apprécié de la Fayette, des deux Cavaignac, de Royer-Collard, de Michel (de Bourges), de Delatouche, de Bethmont, des deux Garnier-Pagès, de l'archevêque de Bourges, de MM. Mater et Duvergier de Hauranne, de MM. Devillaines et de Boissy, de MM. Dufaure, Goudchaux, Duclerc et de cent autres qui, en apprenant sa mort et la douleur quelle nous cause, s'écrieront sans hésiter: «Et moi aussi, je l'ai aimé!»

Reçu avocat après 1830, Planet habita Bourges et apprit la science des affaires avec Michel. Il fit, sous sa direction, la Revue du Cher avec M. Duplan, aujourd'hui rédacteur du Pays, puis vint s'établir à la Châtre, où il acheta une étude d'avoué qui prospéra entre ses mains et lui créa des relations étendues et variées qu'il a gardées, comme autant d'amitiés fidèles, jusqu'à sa mort. Il les a dues autant à sa remarquable capacité qu'à son activité infatigable, et à un zèle dont ses clients ont su lui tenir compte. Nommé préfet du Cher sous le général Cavaignac, il a été d'emblée un des meilleurs administrateurs de France, et grâce â son esprit liant et persuasif, il a exercé des fonctions calmes et faciles dans des temps difficiles et troublés. Envoyé à la préfecture de la Corrèze à l'avènement de la Présidence, il donna sa démission, n'ayant jamais eu d'autre ambition que celle d'être utile dans sa province. L'Assemblée nationale s'occupait alors de composer le Conseil d'État, Planet y obtint un nombre de voix insuffisant, mais assez élevé pour témoigner de son mérite et de la considération dont il jouissait. Depuis, il a vécu à la campagne, adonné à la culture d'un admirable jardin créé par lui sur des collines sauvages, dans le but principal d'occuper de nombreux ouvriers sans ressources. Il avait aussi l'espoir de combattre, par le mouvement et la volonté, l'incurable mal qui détruisait son être. Jusqu'à son dernier jour, il a conservé cette volonté de vivre pour être utile et serviable; jusqu'à sa dernière heure, il s'est préoccupé du bonheur de ses amis, du bien-être des malheureux, de la charité, de l'affection et du devoir.

Il a été l'homme de dévouement par excellence. Il a fait autant de bonnes actions et rendu autant de services importants qu'il a compté de moments dans sa vie. Son activité décuplait le temps et tenait du prodige. D'autres sont les martyrs d'instincts héroïques, il a été, lui, le martyr de sa propre bonté. Tolérant par nature, navré des souffrances d'autrui, malade d'une angoisse fiévreuse jusqu'à ce qu'il eût réussi à les faire cesser, accablé de fatigues physiques et morales, toujours ranimé par le désir du bien, toujours prêt à reprendre sa tâche écrasante, il a vécu bien littéralement pour aimer, et il est mort jeune pour avoir bien réellement vécu ainsi.

Planet était naïf comme un enfant, avec un esprit pénétrant et une finesse déliée. Il était un type de stoïcisme envers lui-même, de tendre indulgence envers les autres. Les contrastes de cette âme exquise et simple, souffrante et enjouée, étonnaient et charmaient en même temps, Nulle intimité n'a été plus douce et plus sûre que la sienne. Souvenez-vous de lui, vous tous qui l'avez reconnu, et cherchez qui lui ressemble! Pour nous, qui l'avons fraternellement chéri pendant vingt-cinq ans, sans jamais découvrir une tache dans son âme ardente, un travers dans son admirable bon sens, une défaillance dans sa charité, une lacune dans son affection, nous ne le remplacerons pas! mais nous l'aimerons toujours, étant de ceux pour qui la mort ne détruit rien.

A PLANET
 
L'avant-dernier des jours qui finissent l'année,
Planet nous a quittés pour un monde meilleur;
Il a rejoint, là-haut, la troupe fortunée
De ceux que Dieu remplit d'un éternel bonheur.
 
 
Je crois à ce beau rêve où l'âme se transporte
Pour accepter le mal qui règne parmi nous;
Mais j'y crois à demi: des cieux j'ouvre la porte,
Mais sans la refermer à tout jamais sur tous.
 
 
Je crois, ou crois sentir que Dieu, dans sa clémence,
Dans sa justice aussi, nous reprend tous en lui;
Que, dans son sein fécond, retrempant l'existence,
Il nous ôte l'effroi d'un monde évanoui.
 
 
Mais je pense qu'ayant renouvelé notre être,
Et l'ayant affranchi du cuisant souvenir,
Il nous dit: «Recommence, homme, tu vas renaître,
Et retourner là-bas pour vivre et pour mourir.
 
 
»Tâche qu'à ton retour, je te retrouve digne
De rester près de moi pendant l'éternité; .
Pour te faire obtenir cette faveur insigne,
Ne t'ai-je pas cent fois rendu ta volonté?
 
 
»Je n'ai jamais puni d'une peine éternelle,
L'homme ingrat et chétif qui ne peut m'offenser.
J'ai fait courte et fragile une phase mortelle,
Où croyant vivre, enfant, tu ne fais que passer.
 
 
«Reprends donc ton fardeau, refais ta rude tâche!
C'est dur! mais c'est un jour dans l'abîme du temps.
Ce jour mal employé ne sert de rien au lâche,
Mais il peut conquérir le Ciel aux militants.»
 
 
Des révélations que nous ouvre la tombe,
Nous ne conservons pas le souvenir distinct:
Sous le poids de la chair l'esprit divin succombe,
Mais nous en retenons un doux et vague instinct.
 
 
L'enfant, dès qu'il connaît le baiser de sa mère,
Aime avant de comprendre. – Aimer est le besoin
Qui s'éveille avec lui dès qu'il touche la terre,
Et que, plus qu'on ne croit, il rapporte de loin.
 
 
L'enfant, dès qu'il comprend le son de la parole,
Aide au tableau qu'on fait pour lui du paradis,
Il le voit, il l'a vu! et nulle parabole
N'embellit ce beau lieu présent à ses esprits.
 
 
Oui, l'enfant se souvient; mais il faut qu'il oublie,
Afin de s'attacher à ce monde sans foi;
Il faut que par lui-même il essaye la vie,
Afin de dire à Dieu: «J'ai souffert, reprends-moi.»
 
 
C'est alors que, selon le plus ou moins de flamme
Qu'elle a su raviver dans cet obscur séjour,
Pour plus ou moins de temps, le juge prend cette âme.
Et lui rend la santé, la jeunesse, l'amour.
 
 
Mais il est des mortels dont la course est remplie
De mérites si purs et d'un prix si parfait,
Que, leur peine remise, ou leur tâche accomplie,
De l'éternel repos ils goûtent le bienfait.
 
 
Planet, humble martyr, âme douce et naïve,
Toi qui restas enfant jusque dans l'âge mûr,
Par le besoin d'aimer, par la croyance vive,
Par le coeur et l'esprit, va donc, ton sort est sûr!
 
 
Tu luttas quarante ans contre un mal sans remède,
Tu naquis condamné, c est-à-dire béni.
Dieu t'avait dit là-haut: «Au malheur, viens en aide;
Meurs à la peine: alors, ton temps sera fini».
 
 
Il vécut pour bénir, pour consoler, pour prendre
Sur ses bras, tout le poids des misères d'autrui:
Pour souffrir de nos maux, pour ranimer la cendre
De nos coeurs épuisés que l'espoir avait fui.
 
 
Simple dans sa parole, éloquent à son heure,
Ingénieux en l'art de la persuasion,
Habile à pénétrer ce qu'en secret on pleure,
Indulgent aux douleurs de la confession;
 
 
Énergique au besoin, apôtre de tendresse,
Sans parti pris d'orgueil, sans rigueur de savant,
Du véritable juste il avait la sagesse,
Du conseil décisif il avait l'ascendant.
 
 
Les esprits froids ont dit: «Cet homme a la manie
De faire des ingrats, puisqu'il fait des heureux».
Dieu dit: «De la bonté, cet homme eut le génie,
C'est la seule grandeur que je couronne aux cieux».
 

III
CARLO SOLIVA 23

SONNET TRADUIT DE L'ITALIEN
 
Du beau dans tous les arts, disciple intelligent,
Tu possédas longtemps la science profonde
Que n'encourage point la vanité d'un monde
Insensible et rebelle au modeste talent.
 
 
Dans le style sacré, dans le style élégant,
Sur le divin Mozart ta puissance se fonde,
Puis dans Cimarosa, ton âme se féconde,
Et de Paesiello tu sors jeune et vivant.
 
 
C'est que, sous notre ciel, tu sentis la Nature
L'emporter dans les coeurs sur la science pure,
Et qu'au doux chant natal tu fus initié.
 
 
Si, dans ce peu de mots, je ne puis de ta vie
Résumer les travaux, la force et le génie,
Laissons dire le reste aux pleurs de l'amitié!
 
21.Par M. Deshayes.
22.Notes sur l'île de la Réunion, par Louis Maillard.
23.Compositeur italien.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 октября 2017
Объем:
230 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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