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Читать книгу: «Enzo, le nouveau Messie», страница 2

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Marie rêvait de devenir Marie Madeleine. A priori, il s’agirait simplement de rajouter “Madeleine” à son prénom. A cette époque, comme postérieurement d’ailleurs, le prénom “Marie” était utilisé à toutes les sauces. Mais non, ce n’était pas suffisant pour faire oublier la vierge qu’elle était. Il fallait passer à l’acte. Marie désirait pour cela, devenir la Marie Madeleine possédée par Dolce. La Marie Madeleine possédée par d’autres était un cauchemar de maladresse. Dans l’intimité, la vierge essayait de reproduire ses gestes, ses mimiques, ses suppliques, ses râles qui étaient tellement gracieux… Elle voulait être prête, lorsqu’elle se ferait assaillir par l’élu, le seul, l’unique, le grand amour. Elle s’imaginait que son prince charmant lui irait comme un gant, que son engin s’imbriquerait parfaitement dans ses profondeurs. Et la rencontre se ferait de façon si romantique, elle n’avait pas de doute là-dessus. Par exemple, elle se plaindrait comme à son habitude des souliers de torture faits par Ellesse, la première cordonnière que la Terre ait portée. La semelle était en bois et très souvent, les gens se faisaient des entailles accusées et pouvaient même mourir d’une gangrène se propageant à travers tout le corps. Marie ronchonnerait devant son bellâtre et lèverait son pied, pour l’en séparer de son instrument de torture. À ce moment-là, le gentleman ramasserait le soulier et de son canif fraîchement aiguisé par son meilleur silex, il taillerait cette chaussure à la perfection, lissant d’une main forte, qui savait râper là où il fallait. Les raclures sauteraient, n’altérant que très peu l’intensité des regards échangés. Il savait profiler sa plante, sans avoir le besoin de la voir. Il connaissait déjà par cœur les traits de sa bien-aimée. Ensuite, Marie passerait sa main, une fois le travail d’orfèvre fini, et elle s’exalterait devant autant de perfection. Si cet homme pouvait réparer sa godasse, nul doute qu’il pourrait lui enlever tous les maux de la planète, à commencer par sa maudite virginité ! Finalement, en coïncidence avec le coucher du soleil sur la plage, le gentleman s’inclinerait du genou droit devant sa promise et saisirait le pied nu, dans le but de lui enfiler délicatement la ballerine. Elle lui allait à merveille, comme il savait que son sexe se sentirait “chez lui” en son intérieur. Et la défunte pucelle et nouvelle star de l’érotisme (comme dans les téléfilms du dimanche soir sur la chaîne française M6 des années 1990-2000 où les actrices suggéraient la sensualité par des accessoires tels que des pots de fleurs ombrageant certaines parties de leur corps, pensa Dieu) s’inclinerait et braillerait délicatement, à la façon de Marie Madeleine montée par Dolce…

Malheureusement, ce ne fut pas ainsi que les choses se passèrent. Deux inconnus apparurent au royaume. Ils approchèrent Gilead du haut de leurs montures chevaleresques. Ils semblaient venir de très loin, puisque leurs peaux étaient bien basanées. Ils débarquaient du Sud lointain, d’une région vraiment plus aride que celle de la descendance d’Adam et Ève. En été, c’étaient des plaines qui s’étendaient sur des centaines de kilomètres, des plaines de paille sèche. Ils mouraient tellement de chaud qu’ils étaient en proie à de nombreuses hallucinations, surtout le premier, Quijote Cristo. Car ce très grand vieillard arborait une apparence frêle. En plein milieu de ces énormes territoires déserts, son cerveau lui faisait voir des cylindres énormes, blancs, munis de deux paires d’ailes, qui tournaient dans le sens des aiguilles d’une montre. Il se sentait en danger et s’en prenait violemment à ces monstres dénaturant le paysage, à ces engins prêts à voler. Non, il ne leur laisserait pas le temps de s’enfuir. Mais Sancho Panza, beaucoup plus petit et grassouillet, le ramenait sur terre et lui disait qu’il n’en pouvait plus de cette terre justement, si infertile. “Toutes ces conditions sont inhumaines, tu ne vois pas que cela te rend complètement dingue ? Regarde-moi, je n’en peux plus, je transpire tellement que j’attire tous les insectes. La nuit, ils me sucent de partout et pas ce que j’aimerais.” Sancho voulait découvrir de nouveaux horizons, des terres abondantes et luxurieuses en végétation. Il était persuadé que cette planète abritait de tels endroits. Il fallait juste se mettre en marche. Ils suivirent l’étoile qui brillait le plus, la nuit et après des centaines de kilomètres, ils trouvèrent enfin cette contrée verdoyante. Arrivés dans la première bourgade, la première personne qu’ils croisèrent furent Marie, à Gilead.

Marie était impressionnée par la sveltesse de Quijote. En plus, juché sur son cheval, elle eut en vision Marie Madeleine montée par Dolce, tout en remplaçant leurs têtes par Quijote et elle-même, comme ferait une adolescente des années 1990, qui collerait les images des 2Be3 sur sa pochette et en y accolant sa photographie. Quijote avait l’air d’un barbare avec cette peau si bronzée, si ridée, si esquintée, quasiment tuberculeuse. Cependant, il était haut et maigre et elle savait, par avance, de par ses multiples sessions de voyeurisme, que ce trait de personnalité augurait un énorme sexe, en bas. Plus les hommes étaient longilignes, plus le membre perpendiculaire au milieu rentrait profond. Elle se réjouissait. Elle devait écarter l’autre obèse. Elle indiqua à Sancho Panza le chemin pour aller chez McDonalds, le chasseur le plus prolifique de la tribu. Il avait toutes les viandes possibles et imaginables. Il savait les agrémenter de tomates, de laitue et d’une sauce blanche dont lui seul avait le secret. Pour cela, il disait qu’il faisait monter la graisse des animaux… En allant à son restaurant, Marie eut la sensation que les aliments n’étaient pas aussi bons qu’il le prétendait. Cette viscosité pâlichonne lui rappelait les jaillissements de foutre des mauvais amants de Marie Madeleine. Pas de Dolce, qui lançait son sperme magnifiquement en l’air, par des jets fins, mais surpuissants. Cela avait de quoi occuper ce “gros sac” de Sancho Panza pendant longtemps et effectivement, il mangea du McDonalds pendant dix jours consécutifs. Le dernier jour, Sancho Panza fut récompensé par un double étage de viande, de laitue et tomates, ainsi que d’une masse de pain que McDonalds venait de fabriquer, en travaillant le blé dans une installation faite à cet effet : un moulin.

La vierge Marie commença à aguicher Quijote de la même manière que le faisait la pute Marie Madeleine avec n’importe lequel de ces amants. Elle se lécha les babines et se massa les mamelons. Direct, Quijote n’en put plus et voulut la culbuter. Il sortit son énorme arme et la pucelle crut par moments que sa mâchoire se désagrègeait. Elle avalait comme elle pouvait, mais cela atteignait sa glotte, donc des relents du repas de midi lui venaient. Elle mit les dents et Quijote la repoussa violemment. Il sortit la langue de sa bouche, de façon à lui montrer les formes adéquates de la fellation. Marie s’exécuta et se surprit à aimer cela. A chaque léchée, elle sentait que Quijote grandissait dans sa bouche. Il sentait comme la viande passée de quelques jours de chez McDonalds, mais elle ne savait pas pourquoi, elle était excitée. Quijote la souleva et l’emmena sur une botte de foin, de toutes ses forces athlétiques sèches. Il lui enleva son cache-sexe et découvrit la forêt amazonienne. Oui, Quijote découvrit l’Amérique bien avant Christophe Colomb ! Des branches velues venaient recouvrir “L’Origine du Monde”. Des mini-mygales paraissaient parcourir son pubis. Quijote continuait à masturber son sexe et la peur de Marie confessant sa virginité, alliée à la densité feuillue présentée le firent devenir plus allongé. Il voulait arriver jusqu’à sa cavité par le biais de sa langue, toutefois la vue était vraiment trop brouillée pour y voir quelque chose dans ce ciel ombragé. Il se releva soudainement et lui enfila son sexe, jusqu’au fond. Marie couina. Elle avait trop mal. Elle le repoussa. Cependant, Quijote était un vrai chevalier : il ne quittait jamais sa monture. Elle s’obligea alors à penser à Dolce prenant Marie Madeleine et elle feignit le plaisir. Elle inclina la tête en arrière maladroitement. Néanmoins, le cavalier rentrait de nouveau dans les recoins les plus caverneux, faisant redresser la tête de la vierge qui trahissait que son âme disparaissait dans cette violente étreinte. Quijote était sur elle et ne la laissait plus s’échapper, elle bougeait les jambes, comme une tortue renversée sur sa carapace. Le manque d’expérience de Marie l’excitait. Tellement, qu’il jaillit dans sa grotte. En pleine extase, il leva la tête quand soudainement, il aperçut au loin l’objet de ses cauchemars : le moulin de McDonalds. Quijote se retira violemment et cria comme une lavette, en proie à ses élucubrations. Il grimpa sur son cheval et s’enfuit loin, très loin. Il ne se sentait pas encore de taille pour affronter ses pires ennemis, les moulins…

Prise d’hébétude devant la fuite inopinée du goujat, la sotte mit la main dans son vagin et deux liquides se mélangeaient, un rouge et un blanc. Et ce n’était pas deux types de vin ! Elle finit par vomir, ajoutant un autre chromatisme à ces fluides corporels. Tout à coup, un pigeon blanc vola au-dessus d’elle et lui cagua sur le visage, complétant alors la peinture, digne d’un Picasso. Elle était persuadée que c’était un dernier signe de Dieu, un mauvais présage, une punition pour son péché capital. Elle se jura que plus jamais, mais alors plus jamais, elle ne pratiquerait le coït. Cependant, le poids de la virginité enlevé, elle se sentait beaucoup moins niaise qu’avant et cet événement traumatique lui rendit sa légèreté de l’âme, d’autant plus que son bourreau avait pris la poudre d’escampette. Elle chantonnait toute la journée “ Like a virgin ! Touched for the very first time !” (“Comme une vierge ! Touchée pour la toute première fois !” en français).

Quijote laissa derrière lui Sancho Panza devenu un accroc au McDonalds. Lui était ravi des mets exquis préparés dans cet établissement. Au dixième jour, McDonalds le vira en lui disant qu’il devait apporter une contribution à la communauté. Ceci dit, dans le but de l’encourager dans son œuvre philanthropique, il lui offrit son double étage d’hamburger qu’il appela “Big Mac”. Sancho pouffa tout d’abord. Il se ravisa ensuite et se résigna à labourer les terres en vertu de l’économie de troc établie depuis peu dans cette partie de la Terre. Peu importe, il ne supportait plus sa région natale de Castilla-La Mancha. Même sa diarrhée chronique en valait la peine !

Marie tomba enceinte. Elle se figura que cet enfant était un miracle. Après tout, la seule fois qu’elle couchait et bingo, embarrassée d’un petit être humain ! Elle se devait de lui donner un prénom qui rappellerait d’une certaine façon Quijote. Mais comment l’associer à un événement qu’elle considérait réellement comme dramatique ? Elle rembobina, non sans mal, le film de la relation sexuelle. Et elle se rappelait le sexe du chevalier. Elle en avait pris plaisir, du moins dans sa bouche. Sucer était fantastique. “Je suce” dit-elle en elle-même. “Je suce, je suce, je suce !” En un éclair, elle pensa : “Et si je l’appelais, Jesuce ? Non, il faut dissimuler un petit peu.” Elle continua à dérouler le fil de sa réflexion et en vint à vouloir donner un accent du sud pour “Jesuce”, en guise d’hommage à son père. Elle n’avait pas de problème, puisque Sancho Panza, le meilleur ami de Quijote était resté à Gilead. Lui, il dirait plutôt “Yésouz”. Un flash divin la transperça « J E S Ú S » !

Marie eut une grossesse délicate. Trois mois à vomir de partout et elle ne comprenait pas tout l’intérêt de la mise en cloque puis de la mise à bas. Elle pensait que les femmes se faisaient martyriser à coup de marteau-piqueur, ou bien, en version biblique, à coup de pierres granitiques taillées. Oui, le granit a une grande dureté, soit dit en passant ! Et ce “granite-piqueur” était un vrai cauchemar… Comment Marie Madeleine avait-elle pris autant de plaisir ? Bon, avec Dolce, cela pouvait se comprendre, vu ses muscles proéminents antagoniques à cette peau “dolce” sans poils. Voudrait-on faire du dur à partir du doux ? De toute façon, Dolce avec son regard vert de lynx, c’était un homme, un vrai ! On pouvait lui mettre toute sorte d’accoutrements ou pas, il transperçait tout de son regard, de son sexe, de son âme.

Après les trois mois de vomissements, la panse de Marie augmentait. Elle était arrivée à se sentir étrangère à ce qui se tramait à l’intérieur. Plus le mioche poussait en elle, moins elle avait de place pour ses autres organes et plus son ergonomie interne fut violée. Marie commençait à le détester. Les circonstances de sa création avaient été abominables. Quoi espérer de mieux dans ce qui était réellement le pire de tout le processus ? Il était positionné par le cul, ce petit enfoiré de Jesús. Elle dut pousser à fond. Dieu vit la scène et ne put s’empêcher de voir le premier tête-à-tête de Ripley avec l’Alien, déchiquetant la chair par le biais de ses deux paires de mâchoires. Il adorait cette quadrilogie. Avec ses fesses venant en premier, Dieu eut la sensation de voir trois paires de lèvres gigantesques : les lèvres extérieures de Marie, les lèvres intérieures de Marie et les lèvres destinées aux résidus de Jesús. “C’est moche ! C’est moche ! Il crève à coup sûr !” Elle l’aperçut ensanglanté comme quand son vagin fut conquis, le parallélisme lui provoqua des frissons. Quel traumatisme que de faire rentrer le sperme ! Mais en comparaison, faire sortir un petit être de là… Rien à voir ! Passée l’horreur, l’acte fut considéré par la vierge comme un miracle : Jesús naquit en l’An 4 avant lui-même.

Jesús constituait un vrai prodige de la nature, tout de même. Bam, la vierge se faisait pénétrer et bam, elle nous sortait un garnement, de mauvaise manière, mais qui survécut. Même son aspect était miraculeusement… hideux ! Il avait déjà de longs cheveux à la Mick Jagger. Jesús était devenu tout pour Marie. Plus de culbute. Comme elle en avait horreur, donc elle ne se concentrerait uniquement que sur son fils. Elle n’avait pas autre chose à faire ! Elle adorait lui donner le lait, comme elle affectionnait tout particulièrement de sortir celui des vaches. Le lait était le sens de la vie. Cela débutait par ces grandes évacuées masculines durant la création et cela finissait par l’élixir blanc maternel, en vue de l’évolution. Marie aimait sortir son mamelon partout. Très “m’as-tu-vu”, ou plutôt très “as-tu-vu-mes-seins”. Elle était heureuse de l’amplification de sa cage thoracique et surtout, elle jouait un rôle dans la communauté. Elle avait procréé, première chose utile qu’avait jamais faite Marie.

Muni de sa figure d’homme des cavernes à la “Fraggle Rock”, Jesús provoquait plus de rigolades que d’attendrissement de la part des autres. Sa mère n’en avait que faire. Il était parfait, le seul, l’unique. Mais, tout Gilead s’en prenait de plus en plus à ce bâtard au paraître orangé, couleur intermédiaire entre le blanc sain et le bronzé castillan d’apparence toute aussi saine. Cependant, l’orange, ce n’était que la couleur qui venait juste après une grosse jaunisse. Et à cette époque le jaune n’était pas chinois, mais plutôt équivalent à lépreux ! Dieu voyait Donald Trump en miniature en Jesús. “Qui voudrait bien de cela ?” pensait-il. Justement, Marie fit plus ample connaissance avec un charpentier, Leroy du clan Merlin. Ce n’était pas une lumière, ceci dit, un grand manie-tout. Elle ne savait pas pourquoi, Leroy se prit d’affection pour Jesús. Parfait, selon Marie, qui avait besoin de quelqu’un pour faire rentrer des vivres dans le foyer. Leroy fabriquait des armatures de bois à Gilead et cela leur garantissait des viandes de chez McDonalds en échange, par exemple. De plus, il était asexué donc, comme Marie, il n’était vraiment pas tourné vers la chose, ce qui faisait bien le compte de la “fausse Vierge touchée juste une fois”. Leroy, ainsi que tout Gilead, savaient que Jesús n’était pas de lui. C’est pourquoi celui-ci garda l’identité de Jesús Cristo, Jésus Christ pour la version française du livre.

Malgré ses disgrâces handicapantes et le fait qu’il attirait les railleries de ses congénères, Jésus aimantait au contraire la curiosité des immigrants, des gens du voyage et autres personnages les plus ubuesques jamais rencontrés dans notre contrée paumée. Tout d’abord, trois Arabes venus en chameau, vêtus comme des drags queens, selon l’opinion condescendante, depuis le Ciel, de Dieu. Gaspard, Melchior et Balthazar venaient “dealer”, mais ils s’étaient trompés de localité, visiblement. Ils avaient déjà amassé une bonne quantité d’or en chemin, en échange de leur haschisch fait artisanalement. Ils avaient pour consigne de trouver un homme travaillant la boiserie, dans le but de lui vendre la marchandise. Tout naturellement, ils pensèrent qu’il s’agissait de Leroy, le père adoptif de Jésus. Ils étaient des trafiquants certes, mais ils connaissaient les bons usages. Après avoir complimenté faussement Marie, ils firent de même avec le petit Jésus. “C’est un vrai petit roi, celui-là !” s’exclamait un des maures. Une fois le troc effectué entre Leroy et les rois mages d’Orient, haschisch contre des assemblages d’ébéniste, les visiteurs se remirent en marche. Cependant, ils laissèrent un lingot d’or au passage, juste à côté du berceau de Jésus, faisant la joie des villageois, qui n’avaient jamais rien vu d’aussi étincelant de leur vie. Ils se rappelaient les briquets tombés des cieux et pensaient que Dieu leur donnait un autre signe d’amélioration de leur existence. À partir de ce moment-là, ils inclurent l’or comme monnaie d’échange pour le marchandage. Tout avait un prix et les faveurs et contre-faveurs en nature disparurent dans la société de bien, “au blanc”. Ils continuaient à subsister en tant que pots-de-vin dans la société de mal, c’est-à-dire “au noir”. Ils avaient instauré des salaires à la hauteur des prestations réalisées de tout un chacun. Celle qui balayait les maisons, María du clan Da Costa, recevait le SMIC de Gilead, parce qu’il fut déterminé qu’il ne fallait pas beaucoup de connaissances artisanales dans la réalisation de cette tâche. En revanche, Leroy fut un des plus riches villageois, aussi par le fait que l’or venait de lui, du moins de son amorphe de Jésus. Pour le plus grand plaisir de Marie qui accumulait toutes les pièces de monnaie. Elle adorait économiser, elle ne savait pas trop pourquoi. Elle songeait qu’un jour cet acte serait de grande nécessité.

Quelques années plus tard, un gros bonhomme dans un anorak tout rouge avec des extrémités de laine blanche, tout droit venu de la Laponie, passait par Gilead avec son traîneau de cerfs. Comme chaque année, il voulait apporter des tonnes de jouets, la nuit du 24 au 25 Décembre 2020, surtout que la planète en avait plus besoin que n’importe quelle autre année contemporaine : un terrible virus faisait des ravages partout sur Terre. Il avait des tonnes de Barbie et Ken avec leurs décapotables roses, des GI Joe, des Lego et Playmobil, ainsi que des canards de bains avec extrémité pour ces dames et des godemichets doubles pour les couples gays passifs, entre autres. Ce retour en arrière perturba Santa Claus. Il avait dû dépasser la limite des quatre-vingt-huit miles à l’heure du convecteur temporel et en consultant son iPhone, le voilà arrivé à l’an 0 après Jésus Christ, celui-là même n’ayant que quatre ans. Le premier enfant qu’il vit, c’était Jésus en chair et os. Tout d’abord, il ne le reconnut pas en raison de son apparence de moucheton laid, mais la Vierge et le charpentier, à côté, ne laissaient pas de place au doute. Simplement, il ne l’imaginait pas aussi repoussant. Santa Claus savait toutefois que l’imagerie biblique était sujette à des siècles d’appréciation subjective des événements, en commençant par les potes alcooliques de Jésus qui donnèrent leurs premières versions altérées des faits. Cette erreur chronologique devait signifier quelque chose, sûrement le sauvetage de cette infâme année 2020. Se retrouvant à cet endroit précis, le 25 décembre de l’année 0, il laissa tout à Jésus, oubliant que les canards vibrateurs faisaient partie des étrennes, ainsi que les godes pour double pénétration anale. Marie le remercia de cette grande générosité et pensa qu’il devait être plein aux as, vu son énorme bidon, tout en étant un vieillard. Toutes ses possessions venues d’une autre contrée lointaine… “Ouah !” Elle examina plus particulièrement un des canards. Elle l’actionna et le fit vibrer. Soudainement, une connexion se créa en elle et elle s’enfonça la pointe du canard. Cela lui provoqua un plaisir énorme et indicible, et elle se mit à penser à Dolce. “Oh mon doux Dolce ! C’est dommage que je ne sois pas aussi pute que la Marie Madeleine !” Puis, lui vint le traumatisme du maladroit et monstrueux pénis de Quijote. Elle ressortit de sa chambre ébouillantée et épouvantée et cria : “Le Père Noël est une ordure ! Ces jouets sont là pour corrompre notre jeunesse ! D’après le troisième commandement, Santa Claus doit mourir !” Il voulut s’expliquer mais le décalage des époques aggrava le tout. Il désira s’échapper, reprendre ses rênes et faire marche avant, en 2020. Or, les villageois de Gilead l’arrêtèrent. Santa Claus fut exécuté et embroché comme une grosse truie avec un citron dans la bouche, ainsi que les rênes qui étaient si appétissants, lors d’un barbecue avec un feu allumé par les briquets, précédemment envoyés par Dieu. Et voilà comment Noël s’arrêta pour toujours en l’An 2020, même si cette année marqua un autre tournant dans le monde. Ceci était une toute autre histoire…

Revenons-en à nos zigotos de l’An 4 ou 0, selon le référentiel de temps pris en compte ! Au vu des multiples événements bizarres associés à Jésus, il fut très vite montré comme un enfant prodige, alors qu’il n’avait rien de tel. “Qu’est-ce qu’il est moche ce mioche, mais qu’est-ce qu’il a le cul bordé de nouilles !” s’esclaffait Dieu depuis la mousse party de nuages qu’il avait organisée avec d’autres déités mondaines.

Après une enfance chancelante mais finalement fabuleuse, Jésus prit une allure bien plus rassurée dans son adolescence. Il avait toujours une tignasse de rocker. Ce qui se raffermit en lui, fut son enveloppe. Il devint très athlétique et abandonna ponctuellement son teint de faux alcoolique. Sans nul doute ses meilleures années correspondaient au solstice de sa vie. Il avait tout un tas de camarades comme lui, des vrais baroudeurs : Marc, Jean, Luc, Matthieu et Pierre, entre autres. Toutes les filles néanmoins, n’avaient d’yeux que pour Jésus, avec son allure de “Conan le Barbare” des temps anciens. Sa réputation en fut rehaussée quand il accomplit des soi-disant miracles avec l’aide de ses collègues fripouilles. Quel était le but recherché ? Pouvoir se faire les nanas qu’ils voulaient, pardi !

Tout d’abord, ce fut l’illusion de marcher sur l’eau. Comment le faire, si le principe d’Archimède allait à leur encontre. “Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du volume d’eau déplacé”… Faisant fi de l’énoncé d’Archimède, ils donnèrent leur crédibilité à la troisième loi de Newton. “Lorsqu’un corps exerce une force sur un autre, le second exerce toujours sur le premier une force d’intensité égale, selon la même direction, mais de sens opposé.” Les fourbes placèrent de grandes pierres dans l’eau, quasiment jusqu’à la surface. Cela changeait complètement la donne. Jésus demanda à Ellesse des sabots non dérapant dans le but de réaliser cette performance et ils attendraient simplement le mauvais temps pour ajouter à l’illusion d’optique. Ce fut le cas, le “boys band” appela tous les villageois de Gilead, un jour où il se mit à pleuvoir des cordes. Jésus faillit tomber. Toutefois, il marchait sous un torrent de pluie sur le ruisseau, littéralement ! Les foules l’acclamaient. Les filles lui jetaient leur cache-sexe pour l’appâter et se mettaient à danser, comme si elles avaient pris de l’ecstasy à un festival pluvieux de Solidays. Opération réussie, partouze garantie ! Et Jésus n’avait pas encore 18 ans : l’infraction du troisième commandement n’était pas problématique, au vu de l’étrangeté des faits exécutés.

Trente-quatre autres épisodes de la sorte vinrent compléter cette supercherie durant seize, peut-être dix-sept ans de plus. Cela laissait le temps à Jésus pour bien planifier les événements miraculeux, enfin miraculeux, seulement dans l’illusion d’optique opérée. Le plus important selon Jésus, c’était celui de la transformation de l’eau en vin. Il mit des grappes de raisin dans un tonneau, muni d’un tube acheminant l’eau depuis le récipient cylindrique et bombé. Il se faisait un plaisir d’exploser les raisins avec l’eau dans le tonneau, en face de la foule. Le fluide des grappes giclait sur lui, comme une promesse de ses futures giboulées sur les seins de ces dames, attentives devant la matérialisation de ce nouvel exploit. Mais là, les regards étaient plutôt de défiance, puisque les péquenauds de Gilead ne voyaient pas dans la cuve opaque, où était évacué le breuvage fruité. Jésus avait déjà répété la performance et il savait qu’il lui fallait du temps pour faire fermenter le liquide. Au bout d’une dizaine de jours, Jésus et ses “Backstreet Boys” invitèrent tout Gilead à festoyer. Oui, l’eau s’était convertie en vin et les filles encore une fois sous l’ivresse du liquide et de l’exploit, se déshabillaient désinhibées. Quelle récompense de Dieu !

Il y eut un autre épisode similaire, où il semblait que Satan s’était invité aussi. Jésus voulait inviter tous ses douze potes dans le but de les gratifier de leur complicité. C’était lui, le premier bénéficiant des miracles et il se sentait redevable envers les “Backstreet Boys”. Bon, bien sûr, son souci de protagonisme le fit se placer au milieu. L’objectif était de les remercier, mais il ne fallait pas pousser Mémé dans les orties quand même ! Il commanda des viandes fraîches de McDonalds et ils se donnèrent à cœur joie, sur les chairs des dépouilles, tels des cannibales. Plus que de la nourriture, ils consommèrent de l’alcool à n’en plus finir. Et ce qui arriva les dérouta tellement qu’ils se jurèrent que personne n’en saurait exactement les détails. “Ce qui se passe à la Cène, reste à la Cène” proclama Jésus, en mettant une pièce de monnaie d’or dans son fion puis la léchant avec sa langue, au summum de la nuit de luxure, qu’ils s’étaient donné entre machos. Complètement bourrés ou plutôt, déjà avec une gueule de bois incommensurable, Marc, Jean, Luc et Matthieu eurent l’idée de laisser des écrits de tout ce qu’ils avaient accompli, une sorte de testament pour l’humanité qui les garantirait du moins, pendant leur existence, des parties de sexe, jusqu’à même bien entrés dans l’âge délicat des vieillards.

Le lendemain, à l’aube, Jésus, encore complètement saoul, alla dans l’atelier de son père adoptif Leroy et tomba dans un coma éthylique sur deux planches croisées, munies de clous à leurs extrémités. Leroy ne savait pas encore quoi faire avec réellement, peut-être des poutres pour la toiture de Satan. Jésus mourut là, cloué dans cette croix boisée. Cependant, il ne souffrit pas, car il était complètement inconscient. Les Backstreet Boys le découvrirent et le réveillèrent. Dernier miracle : il ouvrit ses grands yeux marrons inexpressifs en temps normal, mais là, tout injectés de sang et de douleur. Il cria un “Aïe !” et mourut de nouveau, cette fois-ci, pour de vrai.

Les “Backstreet Boys” étaient tellement attristés, d’une part un peu par la mort de la star du groupe et surtout par le fait qu’ils ne baiseraient plus ces demoiselles, jusqu’alors trop crédules. Ils se rappelaient leur promesse d’écrire ce testament. Une autre cène au caractère politiquement correct cette fois-ci, eut lieu, afin de joindre toutes leurs idées ensemble : “ Plus c’est gros, mieux c’est ! dit Jean.

– Ok, on va même changer les lieux et dire que c’est dans des terres lointaines imaginaires, le lieu de toutes les péripéties avec d’autres personnages qui n’ont jamais existé ! renchérit Matthieu.

– On va déformer toute la réalité, ainsi que les légendes de Gilead, ce qui arriva à Adam et Eve, modifier les commandements, on peut inventer aussi une espèce de déluge avec un grand gaillard, par exemple, qui a fabriqué un bateau pour sauver l’humanité et les animaux”, rebondit Marc.

Enfin, Luc trama le coup final en rapport à l’épopée du personnage principal : “Jésus était un messager envoyé par Dieu pour faire le bien, un « Messie ». Tout plaisir doit être pensé comme un péché, pour que les filles ne couchent pas si facilement, mais seulement avec nous !

- Comment appelle-t-on l’œuvre ? Le Bib ? osa Luc, après quelques suggestions de ses camarades, en référence au biberon de lait dédié à ces demoiselles.

- Il nous faut quelque chose de moins flagrant… Hum je sais, on met « bib » et après « le ». Le Bible ! déclara Jean sous l’effet d’un éclair de génie, comme dirait Archimède : « Eureka ! »

- Changeons le genre pour pas que cela soit associé à nous. LA BIBLE !” conclut Matthieu.

Les “Backstreet Boys” sans leur protagoniste, le “Nick Carter” de la Bible, écrivirent donc leurs Testaments, en en faisant plusieurs tomes, l’Ancien, le Nouveau pour délimiter les histoires dans le temps, tout en ne sachant pas qu’ils auraient autant de succès. Ils confectionnaient le livre le plus vendu au monde, en suivant leurs élucubrations lors de nombreuses beuveries, sans leur chef Jésus. “Jésus si tu nous regardes !” proclama un jour, Matthieu, en levant son verre de vin vers le ciel.

Non, ce n’était pas Jésus qui regardait, mais Dieu, outré. “Ils ont osé inventer qu’un dieu a envoyé Jésus sur Terre… Non, personne ne croirait cela…” Il était perturbé devant les manipulations de ces usurpateurs. Il consulta alors le Tribunal Divin, dans le but de savoir si la gestion de la croyance créée chez les “hominidés évolués” lui incombait. Devant l’engouement futur que susciterait la nouvelle religion, la réponse fut unanime et affirmative, au grand désespoir de Dieu…

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