Читать книгу: «Les poésies de Sapho de Lesbos», страница 3

Шрифт:

C'est ainsi que je suis arrivé à ressusciter Sapho en partie. Je laisse aux juges compétents à apprécier ce service rendu à la littérature tant ancienne que moderne.

Pour qu'on puisse se rendre compte de mon travail et le juger selon sa valeur, je donne à la fin de ma traduction toute la série des fragments que j'ai employés, dans l'ordre incorrect adopté, soit dans l'Anthologie, soit dans d'autres recueils; à chacun j'assigne un numéro, qui se reproduit dans l'ode à laquelle il appartient.

Je ne sais si cette hardiesse sera bien accueillie par les savants. Ce n'est point ici un caprice, ce n'est point un jeu d'esprit; c'est le fruit d'un travail consciencieux, d'une étude approfondie de mon modèle. Quand on aura réfléchi sur chacun des fragments qui composent telle ode, on sera convaincu que leur rapprochement était tout naturel.

Je suppose qu'un philologue, dans ses recherches, trouve quelque part, cette citation, par exemple:

 
Vixi puellis nuper idoneus,
Et militavi non sine gloria:
    Nunc arma, defunctumque bello
        Barbiton hic paries habebit,
Lævum marinæ qui Veneris latus
Custodit.
 

Que, dans un autre auteur, il trouve aussi la citation suivante:

 
        Hic, hic ponite lucida
Funalia, et vectes, et arcus
    Oppositis foribus minaces.
 

Et enfin, dans un autre auteur, cette citation:

 
O quæ beatam, diva, tenes Cyprum, et
Memphin carentem Sithonia nive,
    Regina, sublimi flagello
        Tange Chloen semel arrogantem.
 

Que, frappé du rapport, de la connexité d'idées que ces divers fragments peuvent avoir ensemble, il lui vienne tout à coup à l'esprit de les combiner, de les lier et d'en composer un tout, il obtiendra le résultat suivant:

AD VENEREM
 
Vixi puellis nuper idoneus,
Et militavi non sine gloria;
    Nunc arma, defunctumque bello
        Barbiton hic paries habebit,
 
 
Lævum marinæ qui Veneris latus
Custodit. Hic, hic ponite lucida
    Funalia, et vectes, et arcus
        Oppositis foribus minaces.
 
 
O quæ beatam, diva, tenes Cyprum, et
Memphin carentem Sithonia nive,
    Regina, sublimi flagello
        Tange Chloen semel arrogantem.
 

Il aura ajouté une ode aux œuvres d'Horace.

Je ferai une comparaison pour bien faire apprécier mon travail.

Je compare les fragments épars de Sapho aux débris d'une statue mutilée gisants çà et là sur le sol. Chacun de ces débris excite notre admiration, mais il fait naître aussi dans notre esprit un vif sentiment de regret; la valeur de ces débris serait bien plus précieuse si un art habile pouvait les réunir. Enfin un artiste hardi, et heureusement inspiré, se met à l'œuvre; il recueille, il rassemble tous ces débris séparés; des doigts rompus il forme une main; il ajoute cette main à un bras, il attache ce bras au corps; ainsi des autres membres; et peu à peu il voit, comme par enchantement, surgir un chef-d'œuvre: il a donné la vie à une statue, il a créé la Vénus de Praxitèle.

Quant au texte, j'ai mis à contribution tous les commentateurs, Wolf, Brunck, Schneider, Van Reenen et le savant Boissonade, qu'on ne peut se dispenser de consulter quand il s'agit des lyriques grecs.

LES POÉSIES DE SAPHO DE LESBOS

A SAPHO
 
Quel doux parfum de poésie,
Sapho, s'exhale de ton sein!
As-tu dérobé l'ambroisie
        Dans le banquet divin?
 
 
Aux traits brillants de ton génie
Tu sais unir, avec bonheur,
La voluptueuse harmonie
        De ton luth enchanteur!
 
 
L'amour qui t'enivre et t'enflamme,
Qui te transporte dans les cieux,
C'est le tendre soupir d'une âme
        Qui monte vers les dieux.
 
 
Dans tes accents quelle puissance,
Sapho! les Grâces sont tes sœurs;
On dirait que tu pris naissance
        Dans un bouquet de fleurs.
 
 
Que de fois, dans son sein qui gronde,
La mer a vu changer ses flots,
Depuis que dans la nuit profonde
        Tu goûtes le repos!
 
 
Toi, Sapho, jeune et belle encore,
Malgré le temps et sa rigueur,
Toi, tu brilles comme l'aurore,
        Dans toute ta fraîcheur!
 
 
Par l'éclat qu'on admire en elle,
La rose règne sur les fleurs;
Et toi, par ta grâce immortelle,
        Tu règnes sur les cœurs.
 
 
La palme a couronné ta lyre,
Sans rivale, aux jeux solennels,
Et la Grèce, dans son délire,
        T'éleva des autels.
 
 
Et de Lesbos à Syracuse,
Une voix, à travers les cieux,
A dit: Sois la dixième Muse…
        C'était la voix des dieux!
 
Возрастное ограничение:
0+
Дата выхода на Литрес:
26 июля 2019
Объем:
20 стр. 1 иллюстрация
Переводчик:
Правообладатель:
Public Domain
Формат скачивания:
epub, fb2, fb3, ios.epub, mobi, pdf, txt, zip

С этой книгой читают