Читайте только на ЛитРес

Книгу нельзя скачать файлом, но можно читать в нашем приложении или онлайн на сайте.

Читать книгу: «Dominique», страница 15

Шрифт:

Il était dix heures à peu près quand Madeleine entra, changée à faire peur et méconnaissable aussi, comme un convalescent que la mort a touché de près.

«Mon père, dit-elle sur un ton d'inflexible audace, j'ai besoin d'être seule un moment avec M. de Bray.»

M. d'Orsel se leva sans hésiter, embrassa paternellement sa fille et sortit.

«Vous partez demain, me dit Madeleine en me parlant debout, et j'étais debout comme elle.

– Oui, lui dis-je.

– Et nous ne nous reverrons jamais!»

Je ne répondis pas.

«Jamais, reprit-elle; entendez-vous? Jamais. J'ai mis entre nous le seul obstacle qui puisse nous séparer sans idée de retour.»

Je me jetai à ses pieds, je pris ses deux mains sans qu'elle y résistât; je sanglotais. Elle eut une courte faiblesse qui lui coupa la voix; elle retira ses mains, et me les rendit dès qu'elle eut repris sa fermeté.

«Je ferai tout mon possible pour vous oublier. Oubliez-moi, cela vous sera plus facile encore. Mariez-vous, plus tard, quand vous voudrez. Ne vous imaginez pas que votre femme puisse être jalouse de moi, car à ce moment-là je serai morte ou heureuse, ajouta-t-elle, avec un tremblement qui faillit la renverser. Adieu.»

Je restai à genoux, les bras étendus, attendant un mot plus doux qu'elle ne disait pas. Un dernier retour de faiblesse ou de pitié le lui arracha.

«Mon pauvre ami! me dit-elle; il fallait en venir là. Si vous saviez combien je vous aime! Je ne vous l'aurais pas dit hier; aujourd'hui cela peut s'avouer, puisque c'est le mot défendu qui nous sépare.»

Elle, exténuée tout à l'heure, elle avait retrouvé par miracle je ne sais quelle ressource de vertu qui la raffermissait à mesure. Je n'en avais plus aucune.

Elle ajouta, je crois, une ou deux paroles que je n'entendis pas; puis elle s'éloigna doucement comme une vision qui s'évanouit, et je ne la revis plus, ni ce soir-là, ni le lendemain, ni jamais.

Je partis au lever du jour sans voir personne. J'évitai de traverser Paris, et je me fis conduire directement à la maison d'extrême banlieue qu'habitait Augustin. C'était un dimanche; il était chez lui.

Au premier coup d'œil, il comprit qu'un malheur m'était arrivé. D'abord, il crut que madame de Nièvres était morte, parce que, dans sa parfaite honnêteté d'homme et de mari, il n'imaginait pas de malheur plus grand. Quand je lui eus fait connaître le véritable accident qui me réduisait à l'un de ces veuvages qu'on n'avoue pas:

«J'ignore ces chagrins-là, me dit-il; mais je vous plains de toute mon âme.»

Et je ne doutais pas qu'il ne me plaignît en effet du fond du cœur, pour peu qu'il raisonnât d'après les pires désastres qu'il pouvait envisager dans l'avenir incertain de sa propre vie.

Il travaillait quand je le surpris. Sa femme était auprès de lui, et elle avait sur ses genoux un petit enfant de six mois qui leur était né pendant mon exil. Ils étaient heureux. Leur situation prospérait, je pus m'en apercevoir à des signes de relative opulence. Ils me donnèrent à coucher. La nuit fut effroyable; une tempête de fin d'automne régna sans discontinuité depuis le soir jusqu'après le soleil levé. Je ne fis pas autre chose, dans le morne bercement de ce long murmure de vent et de pluie, que de penser au tumulte que le vent devait produire autour de la chambre et du sommeil de Madeleine, si Madeleine dormait. Ma force de réfléchir n'allait pas au delà de cette sensation puérile et toute physique. L'orage étant dissipé, Augustin m'obligea de sortir dès le matin. Il avait une heure à lui avant de se rendre à Paris. Il me conduisit dans les bois, ravagés par le vent de la nuit; l'eau courait encore dans les sentiers plongeants, et roulait les dernières feuilles de l'année.

Nous marchâmes longtemps ainsi, avant que j'eusse pu recueillir l'ombre d'une idée lucide parmi les déterminations urgentes qui m'avaient amené chez Augustin. Je me rappelai enfin que j'avais des adieux à lui faire. Il crut d'abord que c'était un parti désespéré, pris seulement depuis la veille, et qui ne tiendrait pas contre de sages réflexions; puis, quand il vit que ma résolution datait de plus loin, qu'elle était le résultat d'examens sans réplique, et que tôt ou tard elle se serait accomplie, il ne discuta ni l'opinion que j'avais de moi-même, ni le jugement que je portais sur mon temps; il me dit seulement:

«Je pense et je raisonne à peu près comme vous. Je me sens peu de chose, et ne me crois pas non plus de beaucoup inférieur au plus grand nombre; seulement, je n'ai pas le droit que vous avez d'être conséquent jusqu'au bout. Vous désertez modestement; moi je reste, non par forfanterie, mais par nécessité, et d'abord par devoir.

– Je suis bien las, lui dis-je, et de toutes les manières j'ai besoin de repos.»

Nous nous séparâmes à Paris en nous disant: Au revoir! comme on fait d'ordinaire quand il en coûterait trop de se dire adieu, mais sans prévoir le lieu ni l'époque où nous pourrions nous retrouver. J'avais de courtes affaires à régler dont je chargeai mon domestique. J'allai seulement prendre congé d'Olivier. Il se disposait à quitter la France. Il ne me questionna pas sur mon séjour à Nièvres: en m'apercevant, il avait deviné que tout était fini.

Je n'avais plus à lui parler de Julie, il n'avait plus à me parler de Madeleine. Les liens qui nous avaient unis depuis plus de dix années venaient de se rompre à la fois, au moins pour longtemps.

«Tâche d'être heureux», me dit-il, comme s'il n'y comptait pas plus pour moi que pour lui-même.

Trois jours après mon départ de Nièvres, j'étais à Ormesson. J'y passai la nuit seulement auprès de madame Ceyssac, que mon retour éclaira sur bien des choses, et qui me donna à entendre qu'elle avait souvent déploré mes erreurs dans sa tendre pitié de femme pieuse et de demi-mère. Le lendemain, sans prendre une heure de véritable repos, dans cette course lamentable qui me ramenait au gîte comme un animal blessé qui perd du sang et ne veut pas défaillir en route, le lendemain soir, à la nuit tombée, j'arrivais en vue de Villeneuve. Je mis pied à terre aux abords du village; la voiture continua de suivre la route pendant que je prenais un chemin de traverse qui me conduisait chez moi par le marais.

Il y avait quatre jours et quatre nuits qu'une douleur fixe me bridait le cœur et me tenait les yeux aussi secs que si je n'eusse jamais pleuré. Au premier pas que je fis sur le chemin des Trembles, il y eut en moi un tressaillement de souvenirs qui rendit la douleur plus cuisante et cependant un peu moins tendue.

Il faisait très froid. La terre était dure, la nuit presque complète, au point que la ligne des côtes et la mer ne formaient plus qu'un horizon compact et tout noir. Un reste de rougeur s'éteignait à la base du ciel et blêmissait de minute en minute. Un chariot passait au loin près de la falaise; on l'entendait cahoter et crier sur le pavé gelé. L'eau des marais était prise; par endroits seulement, de larges carrés d'eau douce, qui ne gelaient point, continuaient de se mouvoir doucement, et demeuraient blanchâtres. Six heures sonnèrent au clocher de Villeneuve. Le silence et l'obscurité devenaient si grands, qu'on aurait cru qu'il était minuit. Je marchais sur les levées, et je ne sais comment je me rappelai qu'à cet endroit-là même autrefois, dans de froides nuits pareilles, j'avais chassé des canards. J'entendais au-dessus de ma tête le susurrement rapide et singulier que font ces oiseaux en volant très vite. Un coup de fusil retentit. Je vis la lueur de la poudre, et l'explosion m'arrêta court. Un chasseur sortit de sa cachette, descendit vers la mare et se mit à y piétiner; un autre lui parla. Dans cet échange de paroles brèves dites assez bas, mais que la nuit rendait très distinctes, je saisis comme un son de voix qui me frappa.

«André!» criai-je.

Il y eut un silence, après quoi je répétai de nouveau: «André!

– Quoi?» dit une voix qui ne me laissa plus aucun doute.

André fit quelques pas à ma rencontre. Je le distinguais assez mal, quoiqu'il dépassât de toute la taille la levée obscure. Il avançait lentement, un peu à tâtons, sur ce chemin foulé par des pas d'animaux; il répétait: «Qui est là? qui m'appelle?» avec un émoi croissant, et comme s'il hésitait de moins en moins à reconnaître celui qui l'appelait et qu'il croyait si loin.

«André! lui dis-je une troisième fois, quand il n'eut plus qu'un ou deux pas à faire.

– Comment? quoi?.. Ah! monsieur! monsieur Dominique! dit-il en laissant tomber son fusil.

– Oui, c'est moi, c'est bien moi, mon vieux André!..»

Je me jetai dans les bras de mon vieux domestique. Mon cœur, à la fin de ces contraintes, éclata de lui-même et se fondit librement en sanglots.

XVIII

DOMINIQUE avait achevé son récit. Il s'arrêta sur ces dernières paroles dites avec la voix précipitée d'un homme qui se hâte et cette expression de pudeur attristée qui suit ordinairement des épanchements trop intimes. Ce que de pareilles confidences avaient dû coûter à une conscience ombrageuse et si longtemps fermée, je le devinais, et je le remerciai d'un geste attendri auquel il ne répondit que par un mouvement de tête. Il avait ouvert la lettre d'Olivier, dont l'adieu funèbre présidait pour ainsi dire à ce récit, et se tenait debout, les yeux tournés vers la fenêtre où s'encadrait un tranquille horizon de plaine et d'eau. Il demeura ainsi quelque temps dans un silence embarrassé que je ne voulus pas rompre. Il était pâle. Sa physionomie, légèrement altérée par la fatigue ou rajeunie par les lueurs passionnées d'une autre époque, reprenait peu à peu son âge, ses flétrissures et son caractère de grande sérénité. Le jour baissait à mesure que la paix des souvenirs s'établissait aussi sur son visage. L'ombre envahissait l'intérieur poudreux et étouffé de la petite chambre où se terminait cette longue série d'évocations dont plus d'une avait été douloureuse. Des inscriptions des murailles, on ne distinguait presque plus rien. L'image extérieure et l'image intérieure pâlissaient donc en même temps, comme si tout ce passé ressuscité par hasard rentrait à la même minute, et pour n'en plus sortir, dans le vague effacement du soir et de l'oubli.

Des voix de laboureurs qui longeaient les murs du parc nous tirèrent l'un et l'autre d'un embarras réel, celui de nous taire ou de reprendre un entretien brisé.

«Voici l'heure de descendre», dit Dominique; et je le suivis jusqu'à la ferme, où tous les soirs, à pareille heure, il avait quelques soins de surveillance à remplir.

Les bœufs rentraient du labour, et c'était le moment où la ferme s'animait. Accouplés par deux ou trois paires, – car à cause de la lourdeur des terres mouillées on avait dû tripler les attelages, – ils arrivaient traînant leur timon, le mufle soufflant, les cornes basses, les flancs émus, avec de la boue jusqu'au ventre. Les animaux de rechange qui n'avaient pas travaillé ce jour-là mugissaient au fond de l'étable en entendant revenir leurs actifs compagnons. Ailleurs, c'étaient les troupeaux déjà renfermés qui s'agitaient dans la bergerie; et des chevaux piétinaient et hennissaient, parce qu'on remuait du fourrage au-dessus de leurs mangeoires.

Les gens de service vinrent se ranger autour du maître, tête nue, avec des gestes un peu las. Dominique s'enquit minutieusement si des instruments de labour d'un emploi nouveau avaient produit les résultats qu'il en attendait; puis il donna ses ordres pour le lendemain; il les multiplia surtout au sujet des semailles; et je compris que toute la semence dont il indiquait ainsi la distribution n'était pas destinée à ses propres terres; il y avait là beaucoup de prêts sans doute, des avances faites ou des aumônes.

Ces précautions prises, il me ramena sur la terrasse. Le temps s'était éclairci. La saison, alternée de soleil, de tiédeur et de pluie, et remarquablement douce, quoique nous eussions passé la mi-novembre, était bien faite pour mettre en joie tout esprit foncièrement campagnard. La journée, si maussade à midi, s'achevait par une soirée d'or. Les enfants jouaient dans le parc, pendant que madame de Bray allait et venait dans l'allée qui conduisait au bois, surveillant leurs jeux à petite distance. Ils se poursuivaient, à travers les fourrés, avec des cris imités de bêtes chimériques, et les plus propres à les effrayer. Des merles, les derniers oiseaux qui se fassent entendre à cette heure tardive, leur répondaient par ce sifflement bizarre et saccadé pareil à de tumultueux éclats de rire. Un reste de jour éclairait paisiblement la longue tonnelle; les pampres déjà clair-semés formaient sur le ciel très pâle autant de découpures aiguës, et des rats pillards qui rôdaient le long des poutrelles égrenaient avec précaution les quelques raisins flétris qui restaient aux vignes. Ce calme déclin d'une journée soucieuse menant à des lendemains plus sereins, l'assurance du ciel qui s'embellissait, ces joies d'enfants pour animer le vieux parc à demi dépouillé; la mère confiante, heureuse, servant de lien affectueux entre le père et les enfants; celui-ci grave, songeur, mais raffermi, parcourant à petits pas la riche et féconde allée tendue de treilles; cette abondance avec cette paix, cet accomplissement dans le bonheur: – tout cela formait, après notre entretien, une conclusion si noble, si légitime et si évidente, que je pris le bras de Dominique et le serrai plus affectueusement encore que de coutume.

«Oui, me dit-il, mon ami, me voici arrivé. A quel prix? vous le savez; avec quelle certitude? vous en êtes témoin.»

Il y avait dans son esprit un mouvement d'idées qui se continuait; et, comme s'il eût voulu s'expliquer plus clairement sur des résolutions qui se manifestaient d'ailleurs d'elles-mêmes, il reprit encore, lentement et sur un tout autre ton:

«Bien des années se sont passées depuis le jour où je suis rentré au gîte. Si personne n'a oublié les événements que je viens de vous raconter, personne ne semble du moins se les rappeler; le silence que l'éloignement et le temps ont amené pour toujours entre quelques personnages de cette histoire leur a permis de se croire mutuellement pardonnés, réhabilités et heureux. Olivier est le seul, j'aime à le supposer, qui se soit obstiné jusqu'à la dernière heure dans ses systèmes et dans ses soucis. Il avait désigné, vous vous en souvenez, l'ennemi mortel qu'il redoutait plus que tous les autres; on peut dire qu'il a succombé dans un duel avec l'ennui.

– Et Augustin? lui demandai-je.

– Celui-ci est le seul survivant de mes vieilles amitiés. Il est au bout de sa tâche. Il y est arrivé en droite ligne, comme un rude marcheur au but d'un difficile et long voyage. Ce n'est point un grand homme, c'est une grande volonté. Il est aujourd'hui le point de mire de beaucoup de nos contemporains, chose rare qu'une pareille honnêteté parvenant assez haut pour donner aux braves gens l'envie de l'imiter.

– Pour moi, reprit M. de Bray, j'ai suivi très tard, avec moins de mérite, moins de courage, avec autant de bonheur, l'exemple que ce cœur solide m'avait donné presque au début de sa vie. Il avait commencé par le repos dans des affections sans trouble, et j'ai fini par là. Aussi, j'apporte dans mon existence nouvelle un sentiment qu'il n'a jamais connu, celui d'expier une ancienne vie certainement nuisible et de racheter des torts dont je me sens encore aujourd'hui responsable, parce qu'il y a, selon moi, entre toutes les femmes également respectables, une solidarité instinctive de droits, d'honneur et de vertus. Quant au parti que j'ai adopté de me retirer du monde, je ne m'en suis jamais repenti. Un homme qui prend sa retraite avant trente ans et y persiste témoigne assez ouvertement par là qu'il n'était pas né pour la vie publique, pas plus que pour les passions. Je ne crois pas d'ailleurs que l'activité réduite où je vis soit un mauvais point de vue pour juger les hommes en mouvement. Je m'aperçois que le temps a fait justice au profit de mes opinions de beaucoup d'apparences qui jadis auraient pu me causer l'ombre d'un doute, et comme il a vérifié la plupart de mes conjectures, il se pourrait qu'il eût aussi confirmé quelques-unes de mes amertumes. Je me rappelle avoir été sévère pour les autres à un âge où je considérais comme un devoir de l'être beaucoup pour moi-même. Chaque génération plus incertaine qui succède à des générations déjà fatiguées, chaque grand esprit qui meurt sans descendance, sont des signes auxquels on reconnaît, dit-on, un abaissement dans la température morale d'un pays. J'entends dire qu'il n'y a pas grand espoir à tirer d'une époque où les ambitions ont tant de mobiles et si peu d'excuses, où l'on prend communément le viager pour le durable, où tout le monde se plaint de la rareté des œuvres, où personne n'ose avouer la rareté des hommes…

– Et si la chose était vraie! lui dis-je.

– Je serais disposé à le croire, mais je me tais sur ce point comme sur beaucoup d'autres. Il n'appartient pas à un déserteur de faire fi des innombrables courages qui luttent, là même où il n'a pas su demeurer. D'ailleurs, il s'agit de moi, de moi seul, et, pour en finir avec le principal personnage de ce récit, je vous dirai que ma vie commence. Il n'est jamais trop tard, car si une œuvre est longue à faire, un bon exemple est bientôt donné. J'ai le goût et la science de la terre, – mince amour-propre que je vous prie de me pardonner. – Je fertiliserai mes champs mieux que je n'ai fait de mon esprit, à moins de frais, avec moins d'angoisse et plus de rapport, pour le plus grand profit de ceux qui m'entourent. J'ai failli mêler l'inévitable prose de toutes les natures inférieures à des productions qui n'admettaient aucun élément vulgaire. Aujourd'hui, très heureusement pour les plaisirs d'un esprit qui n'est point usé, il me sera permis d'introduire quelque grain d'imagination dans cette bonne prose de l'agriculture et…»

Il cherchait un mot qui rendît modestement le véritable esprit de sa nouvelle mission.

«Et de la bienfaisance? lui dis-je.

– Soit, dit-il, j'accepte le mot pour madame de Bray, car ceci la regarde exclusivement.»

En ce moment même, madame de Bray ramenait ses enfants essoufflés et tout en nage. Il y eut un instant de complet silence pendant lequel, comme à la fin d'une symphonie qui expire en d'infiniment petits accords, on n'entendit plus que le chuchotement des merles branchés qui jasaient encore, mais ne riaient plus.

Très peu de jours après cette conversation, qui m'avait fait pénétrer dans l'intimité d'un esprit dont la plus réelle originalité était d'avoir strictement suivi la maxime ancienne de se connaître soi-même, une chaise de poste s'arrêta dans la cour des Trembles.

Il en descendit un homme à cheveux rares, gris et coupés court, petit, nerveux, avec tout l'extérieur, la physionomie, l'assiette et la précision d'un homme peu ordinaire et préoccupé d'affaires graves, même en voyage; parfaitement mis d'ailleurs, et là encore on pouvait définir des habitudes élevées de situation, de monde et de rang. Il examina vivement ce qu'on apercevait du château, la tonnelle, un coin du parc; il leva les yeux vers les tourelles et se retourna pour considérer les petites fenêtres en lucarne de l'ancien appartement de Dominique.

Dominique arrivait sur la terrasse; ils se reconnurent.

«Ah! quelle surprise, mon bien cher ami! dit Dominique, en marchant au-devant du visiteur, les deux mains cordialement ouvertes.

– Bonjour, de Bray», dit celui-ci avec l'accent net et franc d'un homme dont la vérité semblait avoir, pendant toute sa vie, rafraîchi les lèvres.

C'était Augustin.

FIN
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 сентября 2017
Объем:
280 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

С этой книгой читают