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Читать книгу: «Eureka», страница 5

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Je réponds que l'objection prend naissance ici dans une supposition tout à fait gratuite de la part du critique, – la supposition d'un principe dynamique à une époque où il n'existait pas de principes, en quoi que ce soit; – je me sers naturellement du mot principe dans le sens même que le critique attribue à ce mot.

Au commencement des choses, nous ne pouvons admettre, nous ne pouvons comprendre qu'une Première Cause, le Principe vraiment suprême, la Volonté de Dieu. L'action primitive, c'est-à-dire l'Irradiation de l'Unité, doit avoir été indépendante de tout ce que le monde appelle principe, parce que ce que nous désignons sous ce terme n'est qu'une conséquence de la réaction de cette action primitive; – je dis action primitive; car la création de la molécule matérielle absolue doit être considérée comme une conception plutôt que comme une action dans le sens ordinaire du mot. Ainsi nous regarderons l'action primitive comme une action tendant à l'établissement de ce que nous appelons maintenant principes. Mais cette action primitive elle-même doit être entendue comme une Volition continue. La Pensée de Dieu doit être comprise comme donnant naissance à la Diffusion, comme l'accompagnant, comme la régularisant, et finalement comme se retirant d'elle après son accomplissement. Alors commence la Réaction, et par la Réaction, le principe, dans le sens où nous employons le mot. Il serait prudent, toutefois, de limiter l'application de ce mot aux deux résultats immédiats de la cessation de la Volition Divine, c'est-à-dire aux deux agents, Attraction et Répulsion. Chaque autre agent naturel dérive, plus ou moins immédiatement, de ces deux-là et serait en conséquence plus convenablement désigné sous le nom de sous-principe.

On peut objecter en troisième lieu que le mode particulier de distribution des atomes que j'ai exposé est une hypothèse et rien de plus.

Or, je sais que le mot hypothèse est une lourde massue, empoignée immédiatement, sinon soulevée, par tous les petits penseurs, à la première apparence d'une proposition portant, plus ou moins, le costume d'une théorie. Mais il n'y a ici aucune bonne raison pour jouer de ce terrible marteau de l'hypothèse, même pour ceux qui sont capables de le soulever, géants ou mirmidons.

Je maintiens d'abord que le mode tel que je l'ai décrit est le seul par lequel nous puissions concevoir que la Matière ait été répandue de manière à satisfaire à la fois aux deux conditions d'irradiation et de distribution généralement égale. J'affirme ensuite que ces conditions elles-mêmes se sont imposées à ma pensée comme résultats inévitables d'un raisonnement aussi logique que celui sur lequel repose n'importe quelle démonstration d'Euclide; et j'affirme, en troisième lieu, que, quand même l'accusation d'hypothèse serait aussi bien appuyée qu'elle est, en fait, vaine et insoutenable, la validité et l'infaillibilité de mon résultat n'en serait cependant pas infirmée, même dans le plus petit détail.

Je m'explique: – la Gravitation newtonienne, loi de la Nature, loi dont l'existence ne peut être mise en question qu'à Bedlam, loi qui, une fois admise, nous donne le moyen d'expliquer les neuf dixièmes des phénomènes de l'Univers, – loi que nous sommes, à cause de cela même, et sans en référer à aucune autre considération, disposés à admettre et que nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître comme loi, – mais loi dont ni le principe ni le modus operandi du principe n'ont été jusqu'à présent décalqués par l'analyse humaine, – loi enfin qui n'a été trouvée susceptible d'aucune explication, ni dans son détail, ni dans sa généralité, – se montre décidément explicable et expliquée sur tous les points, pourvu seulement que nous donnions notre assentiment à … à quoi? A une hypothèse? Mais si une hypothèse, – si la plus pure hypothèse, une hypothèse à l'appui de laquelle, comme dans le cas de la Loi newtonienne, pure hypothèse elle-même, ne se présente pas l'ombre d'une raison à priori, —si une hypothèse, même aussi absolue que tout ce que celle-ci comporte, nous permet d'assigner un principe à la Loi newtonienne, – nous permet de considérer comme remplies des conditions si miraculeusement, si ineffablement complexes et en apparence inconciliables, comme celles impliquées dans les rapports que nous révèle la Gravitation, – quel être rationnel poussera la sottise jusqu'à appeler plus longtemps «hypothèse», même cette absolue hypothèse, – à moins qu'il ne persiste ainsi en sous-entendant que c'est simplement par pur amour pour l'irrévocabilité des mots?

Mais quel est actuellement le véritable état de la question? Quel est le fait? Non-seulement ce n'est pas une hypothèse que nous sommes priés d'adopter, pour expliquer le principe en question, mais c'est une conclusion logique que nous sommes invités, non pas à adopter si nous pouvons nous en dispenser, mais simplement à nier si cela nous est possible; —une conclusion d'une logique si exacte que la discuter, douter de sa validité, serait un effort au-dessus de nos forces; – une conclusion à laquelle nous ne voyons pas le moyen d'échapper, de quelque côté que nous nous tournions; un résultat que nous trouvons toujours en face de nous, soit que l'induction nous ait promenés à travers les phénomènes de ladite Loi, soit que nous redescendions, avec la déduction, de la plus rigoureusement simple de toutes les suppositions, – en un mot de la supposition de la Simplicité elle-même.

Et si maintenant, par pur amour de la chicane, on objecte que, bien que mon point de départ soit, comme je l'affirme, la supposition de l'absolue Simplicité, cependant la Simplicité, considérée en elle-même, n'est point un axiome, et que les déductions tirées des axiomes sont les seules incontestables, alors je répondrai:

Toute autre science que la Logique est une science de certains rapports concrets. L'Arithmétique, par exemple, est la science des rapports de nombre, – la Géométrie, des rapports de forme, – les Mathématiques en général, des rapports de quantité en général, de tout ce qui peut être augmenté ou diminué. Mais la Logique est la science du Rapport dans l'abstrait, du Rapport absolu, du Rapport considéré en lui-même. Ainsi, dans toute science autre que la Logique, un axiome est une proposition proclamant certains rapports concrets qui semblent trop évidents pour être discutés, comme quand nous disons, par exemple, que le tout est plus grand que sa partie; – et le principe de l'axiome Logique à son tour, ou dans d'autres termes, le principe d'un axiome dans l'abstrait, est simplement l'évidence de rapport. Or, il est clair, d'abord, que ce qui est évident pour un esprit peut n'être pas évident pour un autre; ensuite, que ce qui est évident pour un esprit à une époque peut n'être pas du tout évident à une autre époque pour le même esprit. Il est clair, de plus, que ce qui est évident aujourd'hui pour la majorité de l'humanité ou pour la majorité des meilleurs esprits humains, peut demain, pour ces mêmes majorités, être plus ou moins évident, ou même n'être plus évident du tout. On voit donc que le principe axiomatique lui-même est susceptible de variation, et que naturellement les axiomes sont susceptibles d'un semblable changement. Puisqu'ils sont variables, les vérités, auxquelles ils donnent naissance, sont aussi nécessairement variables, ou, en d'autres termes, sont telles, qu'il ne faut jamais s'y fier absolument, – puisque la Vérité et l'Immutabilité ne font qu'un.

Or, il est facile de comprendre qu'aucune idée axiomatique, aucune idée fondée sur le principe flottant de l'évidence de rapport, ne peut fournir, pour une construction quelconque de la Raison, une base aussi sûre, aussi solide, que cette idée (quelle qu'elle soit, n'importe où nous la puissions trouver, et si toutefois il est possible de la trouver quelque part), qui sera absolument indépendante, qui non-seulement ne présentera à l'esprit aucune évidence de rapport, grande ou petite, mais encore lui imposera la nécessité de n'en voir aucune. Si une telle idée n'est pas ce que nous appelons étourdiment un axiome, elle est au moins préférable, comme base logique, à tout axiome qui ait jamais été avancé, ou à tous les axiomes imaginables réunis; – et telle est précisément l'idée par laquelle commence mon procédé de déduction, que l'induction corrobore si parfaitement. Ma particule propre n'est que l'absolue Indépendance. Pour résumer ce que j'ai avancé, je suis parti de ce point que j'ai considéré comme-évident, à savoir que le Commencement n'avait rien derrière lui ni devant lui, – qu'il y avait eu en fait un Commencement, – que c'était un commencement et rien autre chose qu'un commencement, – bref que ce Commencement était … ce qu'il était. Si l'on veut que ce soit là une pure supposition, j'y consens.

Pour finir cette partie de mon sujet, je suis pleinement autorisé à déclarer que la Loi, que nous nommons habituellement Gravitation, existe en raison de ce que la Matière a été, à son origine, irradiée atomiquement, dans une sphère limitée2 d'Espace, d'une Particule Propre, unique, individuelle, inconditionnelle, indépendante et absolue, selon le seul mode qui pouvait satisfaire à la fois aux deux conditions d'irradiation et de distribution généralement égale à travers la sphère, – c'est-à-dire par une force variant en proportion directe des carrés des distances comprises entre chacun des atomes irradiés et le centre spécial d'Irradiation.

J'ai déjà dit pour quelles raisons je présumais que la Matière avait été éparpillée par une force déterminée, plutôt que par une force continue ou infiniment continuée. D'abord, en supposant une force continue, nous ne pourrions comprendre aucune espèce de réaction; et ensuite nous serions obligés d'accepter l'idée inadmissible d'une extension infinie de Matière. Sans nous appesantir sur l'impossibilité de cette conception, remarquons que l'extension infinie de la Matière est une idée qui, si elle n'est pas positivement contredite, du moins n'est pas du tout confirmée par les observations télescopiques; – c'est un point à éclaircir plus tard; et cette raison empirique qui nous fait croire que la Matière est originellement finie se trouve confirmée d'une manière non empirique. Ainsi, par exemple, en admettant, pour le moment, la possibilité de comprendre l'Espace rempli par les atomes irradiés, c'est-à-dire en admettant, autant que nous le pouvons, que la succession des atomes irradiés n'ait absolument pas de fin, il est suffisamment clair que, même après que la Volonté Divine s'est retirée d'eux et que la tendance à retourner vers l'Unité a eu, d'une manière abstraite, permission de se satisfaire, cette permission aurait été futile et inefficace, sans valeur pratique et sans effet quelconque. Aucune Réaction n'aurait pu avoir lieu; aucun mouvement vers l'Unité n'aurait pu se faire; aucune loi de gravitation n'aurait pu s'établir.

Expliquons mieux la chose. Accordez que la tendance abstraite d'un atome quelconque vers un autre atome quelconque est le résultat inévitable de la diffusion de l'Unité normale, ou ce qui est la même chose, admettez qu'un atome donné quelconque se propose de se mouvoir dans une direction donnée quelconque, il est clair que, s'il y a une infinité d'atomes de tous les côtés de l'atome qui se propose de se mouvoir, il ne pourra jamais se mouvoir, dans la direction donnée, vers la satisfaction de sa tendance, en raison d'une tendance précisément égale et contre-balançante dans la direction diamétralement opposée. En d'autres termes, il y a exactement autant de tendances derrière que devant l'atome hésitant; car c'est une pure sottise de dire qu'une ligne infinie est plus longue ou plus courte qu'une autre ligne infinie, ou qu'un nombre infini est plus gros ou plus petit qu'un autre nombre infini. Ainsi l'atome en question doit rester stationnaire à jamais. Dans les conditions impossibles que nous nous sommes efforcés de concevoir, simplement pour l'amour de la discussion, il n'y aurait eu aucune aggrégation de Matière, – ni étoiles, ni mondes, – rien qu'un Univers éternellement atomique et illogique. En effet, de quelque façon que vous considériez la chose, l'idée d'une Matière illimitée est non-seulement insoutenable, mais impossible et perturbatrice de tout ordre.

En nous figurant les atomes compris dans une sphère, nous concevons tout de suite une satisfaction possible pour la tendance à la réunion. Le résultat général de la tendance de chacun vers chacun étant une tendance de tous vers le centre, la marche générale de la condensation, ou le rapprochement, commence immédiatement, par un mouvement commun et simultané, avec la retraite de la Volition Divine; les rapprochements individuels ou coalescences – non pas fusions – d'atome à atome étant sujets à des variations presque infinies dans le temps, le degré et la condition, en raison de l'excessive multiplicité de rapports produite par les différences de forme qui caractérisaient les atomes au moment où ils se séparaient de la Particule Propre; produite également par l'inégalité particulière et subséquente de distance de chacun à chacun.

Ce que je désire faire entrer dans l'esprit du lecteur, c'est la certitude que, tout d'abord (la force diffusive ou Volition Divine s'étant retirée), de la condition des atomes telle que je l'ai décrite, ont dû, sur d'innombrables points à travers la sphère Universelle, naître d'innombrables agglomérations, caractérisées par d'innombrables différences spécifiques de forme, de grosseur, de nature essentielle, et de distance réciproque. Le développement de la Répulsion (Electricité) doit naturellement avoir commencé avec les premiers efforts particuliers vers l'Unité, et avoir marché constamment en raison de la Coalescence, – c'est-à-dire de la Condensation, ou, conséquemment, de l'Hétérogénéité.

Ainsi les deux Principes proprement dits, l'Attraction et la Répulsion, le Matériel et le Spirituel, s'accompagnent l'un l'autre dans la plus étroite confraternité. Ainsi le Corps et l'Ame marchent de concert.

VIII

Si maintenant, en imagination, nous choisissons, à travers la sphère Universelle, une quelconque de ces agglomérations considérées dans leurs phases primaires, et si nous supposons que cette agglomération commençante a eu lieu sur ce point où existe le centre de notre Soleil, ou plutôt où il existait originellement (car le Soleil change perpétuellement de position), nous nous rencontrerons infailliblement avec la plus magnifique des théories, et, pendant un certain temps au moins, nous avancerons avec elle, – je veux dire avec la Cosmogonie de Laplace; – quoique Cosmogonie soit un terme trop compréhensif pour l'objet dont l'auteur traite en réalité, qui est seulement la constitution de notre système solaire, c'est-à-dire d'un système parmi la myriade de systèmes analogues qui composent l'Univers proprement dit, – cette sphère Universelle, cet omni-compréhensif et absolu Kosmos qui forme le sujet de mon présent discours.

Laplace, se confinant dans une région évidemment limitée, celle de notre système solaire, avec son entourage comparativement immédiat, et supposant purement, c'est-à-dire sans établir aucune base quelconque, par induction ou par déduction, une grande partie de ce que j'essayais tout à l'heure de fixer sur une base plus solide qu'une pure hypothèse; – supposant, par exemple, la matière répandue (sans prétendre expliquer cette diffusion) à travers l'espace occupé par notre système, et même un peu au delà; répandue à l'état de nébulosité hétérogène et obéissant à la loi toute-puissante de la Gravitation, dont il ne s'avise pas de conjecturer le principe; – supposant toutes ces choses (qui sont parfaitement vraies, bien qu'il n'eût pas logiquement le droit de les supposer), Laplace, dis-je, a montré, dynamiquement et mathématiquement, que les résultats naissant forcément de telles circonstances sont ceux, et ceux-là seuls, que nous voyons manifestés dans la condition actuelle du système solaire.

Je m'explique. – Supposons que cette agglomération particulière dont nous avons parlé, celle qui a eu lieu au point marqué par le centre de notre Soleil, ait continué jusqu'à ce qu'une vaste quantité de matière nébuleuse y ait pris une forme à peu près sphérique; son centre coïncidant évidemment avec le centre actuel ou plutôt le centre originel de notre Soleil, et sa périphérie s'étendant au delà de l'orbite de Neptune, la plus éloignée de nos planètes; – en d'autres termes, supposons que le diamètre de cette sphère grossière ait été d'environ six mille millions de milles. Pendant des siècles, cette masse de matière a été se condensant, tant qu'à la longue elle a été réduite au volume que nous imaginons, ayant procédé graduellement depuis son état atomique et imperceptible jusqu'à ce que nous entendons par une nébulosité visible, palpable, ou appréciable d'une manière quelconque.

Or, la condition de cette masse implique une rotation autour d'un axe imaginaire, – rotation, qui, commençant avec les premiers symptômes d'aggrégation, a depuis lors toujours acquis de la vélocité. Les deux premiers atomes qui se sont rencontrés, partant de points non diamétralement opposés, ont dû, se précipitant un peu au delà l'un de l'autre, former un noyau pour le mouvement rotatoire en question. Comment ce mouvement a augmenté en vélocité, on le voit aisément. Les deux atomes sont rejoints par d'autres; – une aggrégation est formée. La masse continue à tourner tout en se condensant. Mais tout atome situé à la circonférence subit naturellement un mouvement plus rapide qu'un atome placé plus près du centre. Néanmoins l'atome éloigné, avec sa vélocité supérieure, se rapproche du centre, portant avec lui cette vélocité supérieure à mesure qu'il avance. Ainsi chaque atome marchant vers le centre, et s'attachant finalement au centre de la condensation, ajoute quelque chose à la vélocité originelle de ce centre, c'est-à-dire accroît le mouvement rotatoire de la masse.

Supposons maintenant cette masse condensée à ce point qu'elle occupe précisément l'espace circonscrit par l'orbite de Neptune, et que la vélocité avec laquelle se meut, dans la rotation générale, la surface de la masse, soit précisément celle avec laquelle Neptune accomplit maintenant sa révolution autour du Soleil. A cette époque déterminée, nous comprenons que la force centrifuge constamment croissante, l'emportant sur la force centripète non croissante, a dû faire se dégager et se séparer les couches extérieures les moins condensées, à l'équateur de la sphère, là où prédominait la vélocité tangentielle; de sorte que ces couches ont formé autour du corps principal un anneau indépendant circonvenant les régions équatoriales; – juste comme la partie extérieure d'une meule, chassée par une excessive vélocité de rotation, formerait un anneau autour de la meule, si la solidité de la superficie n'y faisait obstacle; mais si cette matière était du caoutchouc, ou toute autre d'une consistance à peu près semblable, le phénomène en question se manifesterait infailliblement.

L'anneau, chassé ainsi par la masse nébuleuse, a dû naturellement accomplir sa révolution, comme anneau individuel, juste avec la même vélocité qui le faisait tourner comme surface de la masse. En même temps, la condensation continuant toujours, l'intervalle entre l'anneau projeté et le corps principal a dû s'accroître sans cesse, tant qu'à la fin le premier s'est trouvé à une vaste distance du dernier.

Or, en admettant que l'anneau ait possédé, par quelque arrangement en apparence accidentel de ses éléments hétérogènes, une constitution presque uniforme, cet anneau, dans ces conditions, n'aurait jamais cessé de tourner autour du corps principal; mais, comme on pouvait s'y attendre, if paraît qu'il y a eu dans la disposition de ses éléments assez d'irrégularité pour les faire se grouper autour de centres d'une solidité supérieure; et ainsi la forme annulaire a été détruite1. Sans aucun doute, la bande a été bientôt rompue en plusieurs morceaux, et l'un de ces morceaux, d'un volume plus considérable, a absorbé les autres en lui; le tout s'est tassé, sphériquement, en une planète. Que ce dernier corps ait continue, comme planète, le mouvement de révolution qui le caractérisait quand il était anneau, cela est suffisamment évident; et l'on voit aussi facilement qu'il a dû, de sa nouvelle condition de sphère, tirer un mouvement additionnel. Si nous considérons l'anneau comme n'étant pas encore rompu, nous voyons que sa partie extérieure, pendant que la totalité tourne autour du corps générateur, se meut avec plus de rapidité que sa partie intérieure. Donc, quand la rupture s'est faite, une partie dans chaque fragment a dû se mouvoir avec plus de vélocité que les autres. Le mouvement supérieur prédominant a dû faire tourner chaque fragment sur lui-même, c'est-à-dire lui imprimer une rotation; et le sens de cette rotation a été naturellement le sens de la révolution d'où elle avait pris naissance. Tous les fragments ayant subi ladite rotation l'ont, en se réunissant, forcément communiquée à la planète formée par leur cohésion. Cette planète fut Neptune. Ses éléments continuant à se condenser, et la force centrifuge produite dans sa rotation l'emportant à la longue sur la force centripète, comme nous l'avons vu dans le cas du globe générateur, un anneau a été également projeté de la surface équatoriale de cette planète; cet anneau, [non] uniforme dans sa constitution, a été rompu, et ses divers fragments, absorbés par le plus massif de tous, ont été collectivement sphérifiés en une lune. Le phénomène répété une seconde fois a donné pour résultat une seconde lune. Ainsi nous trouvons expliquée la planète Neptune avec les deux satellites qui l'accompagnent.

En projetant de son équateur un anneau, le Soleil avait rétabli entre ses deux forces, centripète et centrifuge, l'équilibre rompu par le progrès de la condensation; mais cette condensation continuant toujours, l'équilibre fut de nouveau troublé par suite de l'accroissement de la rotation. Pendant que la masse s'était rétrécie au point de n'occuper que juste l'espace sphérique circonscrit par l'orbite d'Uranus, la force centrifuge, cela se comprend, avait pris une influence assez grande pour nécessiter un nouveau soulagement. Conséquemment, une seconde bande équatoriale fut lancée, qui, n'étant pas d'une constitution uniforme, a été brisée, comme dans le cas précédent de Neptune; les fragments tassés sont devenus la planète Uranus; et la vélocité de sa révolution actuelle autour du Soleil nous donne évidemment la mesure de la vitesse rotatoire de la surface équatoriale du Soleil au moment de la séparation. Uranus, tirant sa rotation des rotations combinées des fragments auxquels il devait sa naissance, comme nous l'avons expliqué pour le cas précédent, projeta alors successivement des anneaux, dont chacun, se brisant, se modela en lune. Trois lunes, à différentes époques, furent formées de cette façon par la rupture et la sphérification d'autant d'anneaux distincts non uniformes dans leur constitution.

Pendant que le Soleil se réduisait à n'occuper que juste l'espace circonscrit par l'orbite de Saturne, nous devons supposer que la balance entre ses deux forces, centripète et centrifuge, avait été dérangée par l'accroissement de la vitesse rotatoire, résultat de la condensation, au point de nécessiter un troisième effort vers l'équilibre, et qu'une bande annulaire, comme dans les deux cas précédents, fut conséquemment lancée, qui, bientôt rompue par la non-uniformité de ses parties, se consolida pour devenir la planète Saturne. Cette dernière projeta d'abord sept bandes, qui, après s'être rompues, se sphérifièrent en autant de lunes; mais elle paraît s'être subséquemment déchargée, à trois époques distinctes et peu éloignées l'une de l'autre, de trois anneaux dont la constitution se trouva, par un accident apparent, assez uniforme et assez solide pour ne fournir aucune occasion de rupture; aussi ils continuent à tourner sous la forme d'anneaux. Je dis accident apparent; car pour un accident dans le sens ordinaire, il n'y en eut évidemment aucun; le terme ici s'applique simplement au résultat d'une loi indiscernable ou que nous ne pouvons pas immédiatement étudier.

Se réduisant toujours de plus en plus, jusqu'à n'occuper que l'espace circonscrit par l'orbite de Jupiter, le Soleil éprouva bientôt le besoin d'un nouvel effort pour restaurer l'équilibre de ses deux forces, perpétuellement dérangé par l'accroissement continu de la vitesse de rotation. En conséquence Jupiter fut lancé hors du Soleil, passant de la condition annulaire à l'état planétaire, et, arrivé à ce second état, projeta à son tour, à quatre époques différentes, quatre anneaux, qui finalement se transformèrent en autant de lunes.

Se rétrécissant toujours, jusqu'à ce que sa sphère n'occupât que juste l'espace défini par l'orbite des Astéroïdes, le Soleil se déchargea d'un anneau qui paraît avoir eu huit centres de solidité supérieure, et en se brisant, avoir produit huit fragments, dont pas un ne possédait une masse assez considérable pour absorber les autres. Tous conséquemment, comme planètes distinctes, mais comparativement petites, se mirent à tourner dans des orbites dont les distances respectives peuvent être, jusqu'à un certain point, considérées comme la mesure de la force qui les a séparés; – toutes les orbites néanmoins se trouvant assez rapprochées pour nous permettre de les considérer comme une, en comparaison des autres orbites planétaires.

Le Soleil, se réduisant toujours et ne remplissant plus que juste l'orbite de Mars, se déchargea alors de cette planète par le mode déjà si souvent décrit. Toutefois, puisqu'il n'a pas de lune, Mars n'a pas pu engendrer d'anneau. En fait, une phase se produisait dans la carrière du corps générateur, centre de tout le système. La décroissance de sa nébulosité, qui était en même temps l'accroissement de sa [densité et encore la décroissance de sa] condensation dont résultait la constante rupture de l'équilibre, a dû, à partir de cette époque, atteindre un point où les efforts pour le rétablissement de cet équilibre ont été de plus en plus inefficaces, juste à mesure qu'ils étaient moins fréquemment nécessaires. Ainsi les phénomènes dont nous avons parlé ont dû donner partout des signes d'épuisement, – dans les planètes d'abord, et ensuite dans la masse génératrice. Ne tombons pas dans cette erreur qui suppose que le décroissement d'intervalle observé entre les planètes, à mesure qu'elles se rapprochent du Soleil, est en quelque sorte un indice de fréquence croissante dans les crises qui leur ont donné naissance. C'est justement l'inverse qui doit être supposé. Le plus long intervalle de temps a dû séparer les émissions des deux planètes intérieures, et le plus court la naissance des deux extérieures. Mais la diminution d'espace est la mesure de la densité du Soleil, et en même temps elle est en raison inverse de son aptitude à la condensation dans tout le cours des phénomènes dont nous avons fait l'histoire.

Cependant, s'étant réduit jusqu'à ne plus remplir que l'orbite de notre Terre, la sphère-mère a chassé hors d'elle-même encore un autre corps, – la Terre, – dans une condition de nébulosité qui a permis à ce corps de se décharger à son tour d'un autre corps qui est notre Lune. Mais là se sont arrêtées les formations lunaires.

Finalement, se confinant aux orbites, d'abord de Vénus et ensuite de Mercure, le Soleil a lancé ces deux planètes intérieures; ni l'une ni l'autre n'a engendré de lune.

Ainsi, de son volume originel, ou, pour parler plus exactement, de la condition sous laquelle nous l'avons d'abord considéré, c'est-à-dire d'une masse nébuleuse à peu près sphérique possédant certainement un diamètre de plus de cinq mille six cents millions de milles, le grand astre central, origine de notre système solaire-planétaire-lunaire, s'est graduellement réduit, obéissant à la loi de la Gravitation, à un globe d'un diamètre de huit cent quatre-vingt-deux mille milles seulement; mais il ne s'ensuit pas du tout que sa condensation soit absolument complète, ou qu'il ne possède plus la puissance de projeter encore une planète.

2.Une sphère est nécessairement limitée; mais je préfère la tautologie au danger de n'être pas compris E. P.
1.Laplace a supposé sa nébulosité hétérogène, simplement parce que cela lui permettait d'expliquer le morcellement des anneaux; car si la nébulosité avait été homogène, ils ne se seraient pas brisés. J'arrive au même résultat (hétérogénéité des masses secondaires résultant immédiatement des atomes) simplement par une considération à priori de leur but général, qui est le Relatif. E. P.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
30 сентября 2017
Объем:
171 стр. 2 иллюстрации
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Правообладатель:
Public Domain

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