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Читать книгу: «Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 1», страница 18

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Le client obéit en silence, et trouva l'infortuné Walîd à demi mort de frayeur. Il le rassura, lui remit la somme que l'émir lui offrait et lui rapporta les paroles qu'il l'avait entendu dire. «Hélas! dit alors Walîd avec un profond soupir, le crime commis par un autre retombe sur moi! Ce fils rebelle qui est allé au devant de la mort qu'il méritait, m'entraîne dans sa perte, moi qui ne recherchais que le repos et qui me serais contenté d'un petit coin dans la tente de mon frère! Mais j'obéirai à son ordre; se soumettre avec résignation à ce que Dieu a résolu, c'est un devoir!» De retour auprès de son maître, le client lui annonça que Walîd faisait déjà ses préparatifs pour quitter l'Espagne, et lui répéta les paroles qu'il l'avait entendu prononcer. «Mon frère dit la vérité, s'écria alors le prince en souriant avec amertume; mais qu'il n'espère pas de me tromper par de telles paroles et de me cacher sa pensée intime. Je le connais, et je sais que s'il pouvait étancher dans mon sang sa soif de vengeance, il n'aurait pas un moment d'hésitation380

Exécré par les chefs arabes et berbers, brouillé avec ses clients, trahi par ses proches, Abdérame se trouva de plus en plus isolé. Dans les premières années de son règne, lorsqu'il jouissait encore d'une certaine popularité, du moins à Cordoue, il aimait à parcourir presque seul les rues de la capitale et à se mêler au peuple; maintenant, défiant et ombrageux, il était inaccessible, ne sortait presque plus de son palais, et quand il le faisait, il était toujours entouré d'une garde nombreuse381. Depuis la grande insurrection des Yéménites et des Berbers de l'Ouest, il vit dans l'augmentation des troupes mercenaires le seul moyen de maintenir ses sujets dans l'obéissance. Il acheta donc aux nobles leurs esclaves qu'il enrôla, fit venir d'Afrique une foule de Berbers, et porta ainsi son armée permanente à 40,000 hommes382, aveuglément dévoués à sa personne, mais tout à fait indifférents aux intérêts du pays.

Rompre les Arabes et les Berbers à l'obéissance et les obliger à contracter des habitudes d'ordre et de paix, telle a été la préoccupation constante d'Abdérame. Pour réaliser cette pensée, il a employé tous les moyens auxquels les rois du quinzième siècle ont eu recours pour triompher de la féodalité. Mais c'était un triste état que celui auquel l'Espagne se trouvait réduite par la fatalité des situations, un triste rôle que celui que les successeurs d'Abdérame auraient à remplir: la route qui leur avait été tracée par le fondateur de la dynastie, c'était le despotisme du sabre. Il est vrai qu'un monarque ne pouvait gouverner les Arabes et les Berbers d'une autre façon; si la violence et la tyrannie étaient d'un côté, le désordre et l'anarchie étaient de l'autre. Les différentes tribus auraient pu former autant de républiques, unies, si cela se pouvait, contre l'ennemi commun, les chrétiens du nord, par un lien fédératif; c'eût été une forme de gouvernement en harmonie avec leurs instincts et leurs souvenirs; mais ni les Arabes ni les Berbers n'étaient faits pour la monarchie.

FIN DU TOME PREMIER

NOTES

Note A, p. 97

Quelques-uns de ces chroniqueurs théologiens qui ont voulu plier l'histoire musulmane à leurs vues étroites et fausses, prétendent que deux généraux, l'un et l'autre de la famille d'Omaiya, Obaidallâh, fils de Ziyâd, et Amr, fils de Saîd, surnommé Achdac, refusèrent de commander l'armée destinée à réduire les deux villes saintes. Je crois que c'est une fable, tout comme les cent pièces d'or qui auraient été données à chaque soldat, car le plus ancien des chroniqueurs de cette classe, Fâkihî, ne dit rien de ce refus, ce que pourtant il n'aurait pas manqué de faire, s'il en avait eu connaissance; mais supposé même que ce ne soit pas une fable, alors le refus des deux généraux n'a pas été motivé par des scrupules religieux, comme les dévots chroniqueurs voudraient le faire croire, mais par leur rancune contre le calife. Obaidallâh, comme l'a très-bien observé M. Weil (t. I, p. 330, dans la note), était mécontent parce qu'il ne croyait pas ses services assez récompensés, et parce que Yézîd, qui lui avait promis le gouvernement de Khorâsân outre celui de l'Irâc, n'avait pas tenu cette promesse. Achdac avait également des griefs contre Yézîd, qui lui avait ôté le gouvernement du Hidjâz. Aussi répond-il, chez Ibn-Khaldoun: «J'ai su contenir ce pays, moi; [mes successeurs n'ont pas su le faire] et maintenant le sang va couler,» c'est-à-dire: «puisqu'on a cru devoir suivre une politique opposée à la mienne, je ne veux me mêler de rien.»

Note B, p. 134

D'après Ibn-Badroun (p. 185) et d'autres auteurs, Merwân n'aurait gagné la bataille de Râhit que par une perfidie. Sur le conseil d'Obaidallâh ibn-Ziyâd, il aurait attaqué les Caisites à l'improviste pendant une trêve que Dhahhâc lui avait accordée. Ce récit me paraît inventé, à une époque assez récente, par les Caisites ou par les ennemis des Omaiyades, car les meilleurs écrivains, tels qu'Ibn-al-Athîr, Masoudî, l'auteur du Raihân etc., et les poètes caisites de cette époque, qui, si le fait était vrai, n'auraient pas manqué de reprocher à leurs ennemis leur conduite déloyale, ne disent absolument rien ni d'un armistice qui aurait été conclu, ni d'une perfidie.

Note C, p. 221

Isidore ne donne pas à cette victime de la haine de Haitham d'autre nom que celui de Zat (c'est-à-dire Sad). Je crois que ce Sad était Kelbite et qu'il était le fils du poète Djauwâs, car le Kelbite Abou-'l-Khattâr, qui plus tard devint gouverneur de l'Espagne, se glorifie, dans un poème dont j'ai traduit un fragment (p. 274), d'avoir vengé la mort d'Ibn-Djauwâs, et j'ignore quel personnage il aurait pu désigner par ce nom, si ce n'est le Sad d'Isidore. Ce qui me porte à croire que l'Ibn-Djauwâs dans le poème d'Abou-'l-Khattâr est bien réellement le fils (ou peut-être le petit-fils) du poète, c'est la circonstance que ce nom de Djauwâs est si rare que Tibrîzî, en nommant, dans son Commentaire sur le Hamâsa (p. 638), tous ceux qui l'ont porté, n'en nomme que quatre, parmi lesquels il n'y a qu'un seul Kelbite, Djauwâs le poète.

FIN DES NOTES DU TOME PREMIER
380.Maccarî, t. II, p. 32, 33.
381.Maccarî, t. II, p. 25.
382.Maccarî, ibid.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
11 августа 2017
Объем:
340 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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