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Читать книгу: «Chronique de 1831 à 1862, Tome 4 (de 4)», страница 17

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L'Impératrice d'Autriche est attaquée du larynx; on en est inquiet à Vienne. Elle se rend à Madère et sera au moins onze jours en mer pour l'atteindre. Les enfants restent à Vienne. Cette absence, cette séparation, dans les circonstances actuelles, a quelque chose de sinistre.

Sagan, 9 novembre 1860.– Il paraît que l'Impératrice mère de Russie est morte en chrétienne, de la façon la plus édifiante, la plus touchante. C'est un grand réveil à la nature que le glas de la mort.

Le pauvre Empereur d'Autriche fait grande pitié. Il est revenu très morne de Varsovie, regrettant d'y avoir été, blessé du mauvais esprit des Hongrois qui se laissent exciter par Kossuth et Cie; et enfin, ce qui l'achèvera, ce sera le départ de l'Impératrice. Il a demandé une frégate à l'Angleterre, afin d'être en sûreté sur le voyage de sa femme. Il y a, du reste, à Vienne, des personnes pour dire que l'état de l'Impératrice n'est pas grave, qu'elle l'exagère, et qu'elle a agi sur les médecins pour se faire ordonner le Midi. En tout cas, l'Impératrice a un bel exemple dans la conduite de sa sœur cadette, la Reine de Naples, dont tout Gaëte est édifié. Courage, dévouement, dignité, énergie: tout est réuni dans cette jeune et malheureuse Reine.

Sagan, 23 novembre 1860.– On m'écrit de Vienne que c'est la comtesse Sophie Esterhazy (la Grande-Maîtresse) qui, la première, a donné l'éveil sur l'état de l'Impératrice; qu'à la première consultation, celle-ci a avoué aux médecins qu'elle se sentait malade et faible tout l'été, et qu'elle avait alors redoublé les bains froids et l'exercice du cheval, dans la pensée de se fortifier. Avant son départ de Vienne, les évanouissements étaient fréquents. Elle n'a pas voulu aller au Caire, s'imaginant que ce projet venait de sa belle-mère, ce qui n'est pas le cas.

Tout va décidément mieux en Hongrie; mais le pays demande à grands cris pour Palatin, l'Archiduc Maximilien, celui qui a été à Milan. Il parle parfaitement le hongrois; on ne doute pas qu'il ne soit nommé. Ceux qui sont mécontents en Hongrie et qui font du bruit, c'est la folle jeunesse; car, tout ce qui est âgé et raisonnable comprend combien leur position est admirable et avantageuse329.

Sagan, 5 décembre 1860.– On m'écrit de Dresde: «Le jeune Grand-Duc de Toscane passe l'hiver à Dresde. On lui a donné le petit palais à la Ostra-Allée, où il a un petit établissement modeste, mais honorable. C'est par milliers que la famille grand-ducale de Toscane peut compter des adhérents fidèles dans leur pays, et qui sont en relations permanentes avec les Princes exilés; mais à quoi cela leur sert-il? Le vieux ménage grand-ducal est dans un affreux village, près de Carlsbad, d'où la Grande-Duchesse, née princesse de Naples, ne veut pas sortir. Sa mélancolie noire inquiète pour la santé de l'âme; mais il y a bien de quoi perdre l'esprit!»

On m'écrit de Paris: «Murat lance une nouvelle protestation330; soyez sûre que d'ici on cherchera à l'implanter à Naples, au jour inévitable de la brouillerie avec l'Angleterre. Les ministres actuels d'ici disent à leurs intimes qu'ils sont victimes du parti de la guerre. En attendant, les Anglais sont nos dupes et livrés à la joie de voir tomber le Pape; ils ne sentent pas qu'on se tournera contre eux plus tôt qu'ils ne le pensent.

«Imaginez qu'il y a des niais des vieux partis pour croire au retour d'institutions libres et régulières… sous Napoléon III, tandis qu'il ne faut s'attendre qu'à des pièges, des trappes et des fourberies.

«L'Impératrice Eugénie verra la Reine d'Angleterre à Londres, d'où elle rentrera en France par La Haye où elle veut faire visite à la Reine de Hollande. La nomination du général Pélissier à Alger est faite en vue de la guerre générale.»

Dans une autre lettre de Paris, on me dit: «Les libertés accordées sont si peu de chose, qu'il n'y faut voir qu'une concession à la révolution; on cherchera à en éluder les conséquences, à moins qu'elles ne soient utiles contre le clergé et les vieux partis331

Sagan, 7 décembre 1860.– M. Guizot qui a été appelé à assister au mariage de la fille de Cuvillier-Fleury332, beau-frère de M. Thouvenel, ministre des Affaires étrangères, me mande ce qui suit: «Je viens de passer une heure avec M. Thouvenel; il est dans la bonne voie et il veut qu'on le sache. Quand il s'afflige de la situation, il ajoute: «Ce n'est pas de moi qu'il s'agit, car, après tout, si une situation ne convient pas, on en sort quand on veut.» Il est convaincu que ce qui s'est fait en Italie ne tiendra pas; cela est déjà évident pour Naples, probable pour Florence. A Bologne et dans les Marches on est mécontent; les impôts, la souscription et les Piémontais y déplaisent beaucoup; Rome paraît la grande question insoluble. Thouvenel est très inquiet du printemps. Pourtant la guerre est bien difficile aux Piémontais, car pour garder Naples, il faut qu'ils y laissent trente à quarante mille hommes; que leur restera-t-il pour attaquer la Vénétie? Il ne m'a pas paru que cette extrême difficulté de la guerre diminuât son inquiétude. Je doute qu'il reste à son poste jusque-là. Il me paraît que l'Empereur aimerait assez à rester neutre, si la guerre se rengage en Italie au printemps; mais il n'y est pas décidé et le prince Napoléon, qui a plus d'influence que jamais, est décidé contre. Si on veut rester neutre ou se mettre derrière le Corps législatif pour qu'il fasse une Adresse pacifique, on aura l'air de céder au vœu du pays. Si, au contraire, on prend le parti de la guerre, on se promet de trouver quelque moyen de la faire éclater inopinément par la faute des adversaires, comme en 1859, de telle sorte qu'on n'en réponde pas et qu'on y soit forcé, auquel cas le Corps législatif et le pays se résigneront à la nécessité et voteront ce qu'il faudra.

«Au dedans, on a en tête toutes sortes de projets semi-socialistes; on veut faire des coups de main sur les successions, sur les compagnies de chemin de fer, sur les sociétés d'assurance… etc… etc… Le nouveau Ministre des Finances est un homme jeune, spirituel, entreprenant, qui aime les nouveautés et qui, par là, a fait son chemin auprès du maître. Si on entre dans cette voie, la France sera soumise, au dedans, au même trouble, au même gâchis où elle est au dehors. Tout est possible, y compris l'impossible. M. Fould a été très opposé aux petites coquetteries libérales, disant que «c'était trop ou trop peu»333. L'Empereur Napoléon a fait de grands efforts pour le garder; il a tout refusé; le ministère des Finances, le titre d'archi-trésorier, les Affaires étrangères, l'ambassade de Londres: tout.

«Le mécontentement de l'Impératrice contre lui est venu de deux sources. Quand le duc d'Albe est venu lui parler des obsèques de sa femme, Fould lui a répondu: «Cela regarde les pompes funèbres.» L'Impératrice a voulu vendre quelques diamants pour le denier de Saint-Pierre. Fould l'a su et en a prévenu l'Empereur!»

Berlin, 17 décembre 1860.– La lecture du journal me donne un nouvel accès d'indignation et de mépris contre les grands gouvernements. Voilà l'Angleterre, la Russie et la France qui engagent, dit-on, le Roi de Naples à céder et à ne pas pousser plus loin une résistance inutile. Inutile! quelle bêtise! quel abaissement! Ce qui fait précisément l'utilité, comme la dignité, de la résistance de ce Roi, c'est qu'il l'a tentée et qu'il y résiste à tout risque, et contre toute chance. Il défend son droit et fait son devoir, quoi qu'il puisse advenir. Je ne sais s'il se rendra aux instances de ces grands souverains; mais s'il ne se rendait pas, s'il était tué sur la brèche de Gaëte, il serait mille fois plus utile à la royauté, en général, et à celle de sa maison qu'il ne le sera s'il cède. Il aurait, avec le temps, la plus grande des utilités, celle de la protestation et de l'exemple jusqu'au bout. Il est vrai que ce sont là des forces morales dont notre temps semble avoir perdu l'intelligence. Je suis peut-être exagérée, eh bien! il me semble, dans mon outrecuidance, que j'ai tout simplement un bon sens un peu moins humble et la vue un peu plus longue que ceux qui sont prosternés devant la force matérielle du moment. N'ai-je pas aussi raison de m'inquiéter du mouvement révolutionnaire de l'Allemagne? Je suis, du reste je l'avoue, plus inquiète des Princes que des rouges. Je persiste à croire qu'avec un peu de prévoyance et point de peur, on viendrait à bout de ces démons, mais on a de la peur et pas de prévoyance!

Berlin, 29 décembre 1860.– Nous voici achevant une triste année. Il y a longtemps que je déteste le jour de l'An qui, avec son changement de chiffre, ne permet aucune illusion. Point de temps d'arrêt dans le chemin qui conduit au dernier terme; on croit à peine marcher, et voilà une étape de passée. Que rencontrera-t-on sur la route qui reste à parcourir? Personne ne saurait le prévoir. L'ennui, le manque d'intérêt, de but, forment une plaie qui, pour n'être pas saignante, en apparence, n'en est pas moins profonde; on n'en guérit point, et je ne sors du découragement et de l'ennui que par des sujets d'impatience et d'irritation.

1861

Berlin, 2 janvier 1861.– On m'a réveillée en me disant que le Roi était mort. C'est la nuit dernière, à minuit quarante minutes, que cette pauvre âme, renfermée dans une si triste enveloppe, s'est envolée dans de meilleures régions. On peut imaginer ce qu'a été Sans-Souci pendant cette agonie; je n'en sais point les détails, car personne n'est encore revenu de ce triste lieu334. Dieu veuille que la couronne n'ensanglante pas le front de celui qui la porte avec un regret sincère et touchant. Je m'attends pour lui à de cruels embarras, à de fâcheuses complications et à des Chambres les plus incommodes, avec les ministres les plus maladroits; enfin un gouvernement faible et intimidé.

Berlin, 8 janvier 1861.– Ah! quelle foule, quelle tuerie, quel désordre que l'enterrement du Roi à Potsdam, auquel j'ai assisté hier!

La cérémonie, en elle-même, n'était pas ce que j'aurais voulu qu'elle fût. L'église n'était pas tendue de noir. La double rangée de vitres blanches laissait entrer, en plein, un soleil qui éclairait dix-sept degrés de froid; l'éclat de ses rayons éteignait celui des cierges placés autour du catafalque, qu'on n'avait pas assez exhaussé pour être imposant. Je ne puis juger du cortège, puisque j'étais dans l'intérieur de l'église sans pelisse; c'est ainsi que nous avons attendu deux heures; car la cérémonie n'a commencé qu'à une heure au lieu de onze heures. Le nouveau Roi pleurait à sangloter et n'était occupé que de la Reine veuve qui s'appuyait sur lui.

Berlin, 10 janvier 1861.– Par son testament, le Roi a laissé à sa veuve Sans-Souci et Stolzenfels; puis ses logements habituels dans les châteaux de Charlottenbourg, Berlin et Potsdam. En outre, toutes les pierreries personnelles du Roi, ainsi que les pierres gravées, tous les objets d'art, tableaux, marbres, bronzes, gravures, tout, tout, et un revenu considérable. Il laisse le vilain petit château de Paretz (c'est près de Potsdam) au Prince Royal; aucun autre legs; pas un mot, pas un souvenir; aucune autre personne nommée, pas même les plus proches.

Le Roi actuel a pris toute la maison militaire du défunt et l'a ajoutée à la sienne, ce qui en fait une vraie légion. Chose singulière! il a ordonné que les aides de camp du feu Roi feraient, pendant toute la durée du deuil, le service à Sans-Souci, auprès de la veuve, comme si le défunt vivait encore.

Berlin, 10 janvier 1861.– Hier a eu lieu la bénédiction solennelle des drapeaux. C'était une très belle et très imposante cérémonie, sous les bras étendus de Frédéric le Grand, au pied de sa statue, et devant le palais du Roi actuel. Les troupes se sont développées, les évolutions se sont faites avec la plus grande précision. Le jeu des drapeaux, s'abaissant et se relevant à la voix du pasteur, saluant le Roi dont la prestance se distinguait entre tous; les chants religieux, les vivats de la foule, toutes les Princesses en blanc sur le balcon et aux fenêtres du palais, tout cela faisait merveille; le soleil seul a manqué; il n'a pas daigné nous accorder le plus léger sourire; cependant, il ne neigeait pas, le brouillard était léger et la gelée imperceptible. Le blanc avait été mis exprès par ordre du Roi qui avait voulu faire cette politesse à l'armée. La Reine avait sa bonne grâce accoutumée. Le tout a duré trois heures.

Berlin, 22 janvier 1861.– La session des Chambres débute assez orageusement, du moins à celle des Députés; Vincke y règne; il est insolent, exigeant, il malmène les Ministres et ne sera satisfait que lorsqu'il sera président du Conseil à la place du prince de Hohenzollern. Celui-ci est malade, de mauvaise humeur, fatigué, ahuri, trouvant le Roi nerveux et démonté, la Reine impatiente, le Ministère désuni, la Chambre haute méfiante, la Chambre basse arrogante et hostile; au dedans, le pays inquiet et marchant sans boussole, car le pilote n'est nulle part; au dehors, des complications qui lui semblent inextricables.

Le Roi a de l'humeur contre tous et chacun, excepté contre le général de Manteuffel, qui, pour le moment, a le plus de crédit sur lui; il y a bien du monde pour s'en inquiéter. Le Ministère, du moins le comte Schwerin (ministre de l'Intérieur), qui est le doctrinaire le plus maladroit possible, commence à découvrir qu'il a été à la dérive; il voudrait s'arrêter, mais Vincke et consorts crient haro. Le ministre de la Guerre est du parti de la Croix. Chacun se méfie d'Auerswald dont le rôle d'anguille ne réussit auprès de personne. Le ministre des Finances, Patow, assez habile financier, déteste la noblesse et voudrait qu'elle portât le poids du jour.

Berlin, 26 janvier 1861.– On croit ici que le branle-bas de l'Allemagne (de par la France) est ajourné d'un an, au moins; que Garibaldi a renoncé à attaquer la Vénétie au printemps, qu'il a ajourné la révolution de Hongrie et des contrées slaves, et qu'on a fait prendre patience à l'Italie, en lui livrant Rome qui va être dévorée au premier jour, sans que cela fasse rien à ce gouvernement protestant (comme si ce n'était pas autant une question monarchique que religieuse). Socialement, l'hiver est et restera encore longtemps fort sérieux, pour ainsi dire nul; mais si les esprits sont assombris, je trouve les cœurs froids, comme les corps. On voit s'accomplir d'abominables et indignes actions comme on verrait sur la scène jouer un grand drame. Après la lecture de son journal du matin, on va patiner gaiement sur le canal de Thiergarten, et se coucher paisiblement après le journal du soir, sans se soucier des malheurs de tant d'êtres semblables à nous. Avec cela, la misère est grande; que de gens morts de froid et de faim!

J'ai une lettre de Paris qui me dit ceci: «Voici le probable sur le royaume de Naples. On croit que ce royaume, tel que l'avait Murat, sera donné au jeune Murat que vous avez vu à Berlin335; que l'Angleterre y consentira, à condition de prendre la Sicile; mais le Roi François II, lorsqu'il sera forcé de quitter Gaëte336, pourrait bien se rendre en Sicile, où ses partisans deviennent chaque jour plus nombreux. Ces deux chances ont été admises par M. Thouvenel devant son beau-frère, de qui je le tiens337

Le duc de Noailles m'écrit à la date du 23 janvier: «Nous avons demain notre belle séance académique, Guizot et Lacordaire. Les discours sont beaux, je les connais: celui du dominicain, très académique; il ne sort pas de son sujet Tocqueville, et ne fait aucune excursion, ni politique, ni religieuse, se complaisant assez dans la démocratie qui est forcément son sujet, et aussi son penchant; mais tout cela dit avec beaucoup d'art.

«Guizot est fort beau, le début un peu brusque. Il dit au Père Lacordaire (en termes académiques) qu'il l'aurait probablement fait brûler il y a trois cents ans; mais il le traite très bien; aussi, en sortant de la Commission, le Père lui a dit: «Ce ne sont pas des remerciements que je vous dois, c'est de la reconnaissance.»

Berlin, 1er février 1861.– La Cour de condoléance a eu très bel air hier. Le Roi s'est enfin décidé à assister la Reine de sa présence, et je pense qu'en définitive, il n'y aura pas eu de regret; car la Reine avait l'air très royal sous le dais et ses gestes étaient des plus nobles et des plus gracieux.

Il y a un mot de M. de Montalembert sur les défenseurs de Gaëte: «Au moins, nous pouvons dire comme dans les contes de fée: il y avait un roi et une reine.»

Berlin, 22 février 1861.– Les documents diplomatiques que nous apportent les journaux français338 me font, en ce qui regarde l'Italie, l'effet d'être des chefs-d'œuvre d'embarras; on voit nager entre deux courants; on fait, puis on regrette; on essaie de mettre les apparences d'un côté, quand les réalités sont de l'autre; les brochures sont tantôt le supplément, tantôt le démenti des dépêches. Que sortira-t-il de cette confusion? probablement une nouvelle poussée révolutionnaire à la suite de laquelle on se mettra, tout en la reniant. Nous verrons le Corps législatif chercher à dire quelque chose qui ait l'air rassurant et qui, au fond, ne fasse obstacle à rien; et si le Sénat était plus net, j'en serais fort surprise.

Berlin, 6 mars 1861.– C'est aujourd'hui qu'a lieu, au grand Palais de Berlin, la cérémonie de la remise au Roi des insignes de l'ordre de la Jarretière que vient de lui envoyer la Reine d'Angleterre, par une députation à la tête de laquelle on trouve lord Breadalbane. Par miracle, il me survient un peu de curiosité; je la croyais morte et enterrée. Eh bien! pas du tout, voilà que j'ai grande envie de voir cette cérémonie qu'on dit être fort originale, surtout à une époque où les hérauts d'armes n'auront plus guère à proclamer que des déchéances de monarques et de monarchies.

Mes dernières nouvelles de ma fille Pauline339 sont meilleures; elle avait subi une violente migraine dont elle se remettait; et si la Touraine n'avait pas les allures exceptionnelles du Nord, elle serait dans l'état auquel sa douce résignation l'a habituée depuis trois ou quatre années. Elle attendait, avec une grande impatience, ou plutôt avec un grand désir, l'évêque d'Orléans, la duchesse Hamilton et la princesse de Wittgenstein. Pauline ne s'impatiente plus quand elle n'a pas ce dont, cependant, elle jouit avec vivacité quand elle le possède. C'est vraiment une créature essentiellement soumise, et sereine au milieu des imperfections et des mécomptes de sa destinée.

Il est difficile de rencontrer une piété plus efficace: quand le présent ne la satisfait pas, ou l'attriste, elle entre dans l'éternité, comme une autre entre dans sa chambre pour se reposer. Elle voit plus clair au delà de ce monde que dans ce monde. Ma nature est bien moins sérieuse, plus exigeante, l'avenir est pour moi, à la fois certain et obscur. J'y crois, mais je n'y vois pas.

Ici, le Roi et la Reine sont très ébouriffés du prince Napoléon340. Je prétends que ce discours est une brochure parlante, et je regrette qu'il y ait ici des personnes pour soutenir que l'Empereur en est irrité! En tout cas, Persigny, Piétri et Billault en sont fort satisfaits. Le général de Bonin, qui est revenu de Turin et de Paris, a dit à Schleinitz, qui me l'a raconté hier au soir, qu'il avait été frappé à Paris de la fermentation des esprits, et en Italie, du mécontentement et des hostilités des villes entre elles. M. de Schleinitz a évidemment un faible pour M. de Cavour, qu'il vante à toute occasion, disant par exemple hier: «Cavour a raison d'aller son train; car enfin, il faudra bien que nous finissions par reconnaître le roi d'Italie.» Schleinitz m'a étonné aussi par son admiration, non pour les doctrines du prince Napoléon, mais pour son grand talent oratoire. Conçoit-on que des cinq cardinaux présents à ce discours, aucun n'ait quitté la séance? Il me semble qu'ils auraient dû spontanément se lever et s'en aller en disant le pourquoi.

Et le cardinal Morlot ayant trois démissions à donner (je ne parle pas de celle de l'Archevêque de Paris) et qui n'en offre aucune341!

Berlin, 10 mars 1861.– La cérémonie de la remise de la Jarretière s'est très bien passée; elle avait très bel air. Le Roi rajeuni, la Reine fort à son avantage. Le tout a fort bien réussi et a fait un peu diversion au lugubre du deuil et à la lourdeur générale de l'atmosphère de Berlin. Le Roi s'en est évidemment amusé; et depuis, je le trouve in better spirits342, quoique les événements de Varsovie lui trottent dans la tête, et certes avec raison343. Les Ministres en montrent leur inquiétude et le prince de Hohenzollern ne cache pas assez l'ennui et le découragement qui s'emparent de lui.

Berlin, 23 mars 1861.– Le concert à la Cour a été hier excellent; le Palais, les toilettes et les humeurs étaient en meilleures dispositions que depuis longtemps. C'était l'anniversaire de la naissance du Roi. Il y a eu partiellement d'assez belles nominations. Les rues étaient pleines d'un peuple qui, au milieu des hurras! faisait entendre d'assez mauvais cris. Des sifflets nous accueillaient autant que des vivats. La foule était immense, à peine si on pouvait, au pas, arriver jusqu'au Palais. J'étais glacée, non par le froid, car il faisait doux, mais par ces clameurs rugissantes. On s'est bien gardé d'en faire part à Leurs Majestés, qui ont pu prendre les mugissements pour des cris d'allégresse; certes, tous n'étaient pas de mauvais cris; il y en avait d'excellents, mais bien mélangés.

Berlin, 12 avril 1861.– Voici des extraits de lettres que je viens de recevoir de Paris: «Je ne sais ce qu'on dit à Berlin des débats qui viennent de finir dans nos deux corps politiques; ici, on en est frappé, on les trouve avec raison fort importants, non pas pour le présent, mais pour l'avenir. Dans le présent, il peut y avoir dans le courant des événements, des délais, des temps d'arrêt, mais nous suivrons la même pente jusqu'au bout. Je le répète, pour l'avenir, c'est différent, car il y a, en France, trois classes d'intérêts puissants, tous trois nationaux, quoique de nature diverse et à divers degrés, et tous trois mécontents, froissés, irrités: les intérêts catholiques, les intérêts libéraux et les intérêts industriels. Eh bien, ces trois classes d'intérêts se sont rapprochées et concertées dans leurs mécontentements mutuels; et plus la situation actuelle durera et empirera, plus elles se rapprocheront, se concerteront et uniront leurs forces comme leurs causes. Il peut sortir de là, si on sait les saisir, des chances très favorables pour la bonne cause, religieuse et politique; saura-t-on les saisir?»

Autre lettre: «Ces jours derniers, la duchesse de Hamilton, sincèrement et vivement catholique et qui a longtemps vécu dans l'intimité de l'Empereur Napoléon, est allée le voir le matin, en tête à tête, et lui a parlé avec tristesse de ce qui se passe: «Que voulez-vous que je fasse? lui a-t-il dit, attristé lui-même. Il n'y a pas moyen de rétrograder, de s'arrêter! Je l'ai essayé à Villafranca, je n'ai pas réussi. Les sociétés secrètes ne le souffriraient pas et je ne puis rien contre elles; je serai renversé, j'en suis sûr, il faut donc aller en avant.»

«La Duchesse a été, de chez l'Empereur, chez l'Impératrice; et bien loin de trouver là la femme de Pilate, elle a trouvé encore plus de vivacité, de colère contre la soi-disant ingratitude du clergé, encore plus d'entraînement vers la pente fatale, malgré un grand fond d'inquiétude.»

Sagan, 3 mai 1861.– Quand j'ai quitté Berlin, il y a quelques jours, rien n'était encore décidé pour les fêtes du mois de juin344.

Le Roi veut aller faire prêter le serment des Etats provinciaux dans les villes de Kœnigsberg, Breslau, Cologne. Le Ministère dit que c'est une cérémonie du temps passé et qui ne va plus à la Constitution actuelle. On a de plus représenté au Roi que ce serait très onéreux pour les provinces et que ce n'est pas lorsqu'on demande de grands sacrifices pour l'armée, qu'il faut en demander encore pour des dépenses sans un but réel et important. On propose au Roi de se promener dans les provinces et d'y donner des fêtes à son compte. Mais la liste civile est extrêmement obérée.

Sagan, 8 juin 1861.– On me dit que le couronnement, même à Kœnigsberg, devient douteux; que Berlin l'est infiniment; que le prince de Hohenzollern, fort souffrant, va partir sur l'ordre des médecins pour Dusseldorf, et qu'il serait question pour lui de pays chauds pour l'hiver prochain! On me dit aussi qu'à la séance de clôture des Chambres prussiennes, le Roi a été peu et froidement applaudi; puis que les députés, qui avaient encore quelque besogne à terminer, ont été choqués d'être clos ex abrupto.

L'émotion causée à Berlin par le duel Manteuffel345 et par la nomination de M. de Winter, faisant déjà les fonctions de chef de la police, dure encore. Les succès du Cabinet (si succès il y a) sont bien minimes et payés bien cher. En tout cas, il n'a pas gagné en considération et l'opposition, je ne dis pas libérale, mais pleinement démocratique se découvre et s'affermit de plus en plus. On la rencontre à chaque pas, et c'est encore plus visible en province qu'à Berlin.

Voilà donc M. de Cavour mort! Mme de Sévigné disait à la mort de M. de Seignelay: «C'est la splendeur qui est morte.» Ne pourrait-on pas dire aujourd'hui: «C'est le succès qui est mort!» Il y a cependant des gens qui prétendent que les mécomptes et les ennuis avaient commencé pour lui. Mais aujourd'hui, sa mort ne laisse-t-elle pas le champ libre à Mazzini, à Garibaldi, et du rose n'allons-nous pas passer au rouge? La conflagration ne sera-t-elle pas précipitée d'une part, et de l'autre, l'Empereur Napoléon ne se croira-t-il pas plus dégagé envers le Piémont?

Günthersdorf, 15 juin 1861.– J'ai reçu, avant-hier, une lettre de la Reine de Prusse qui a la bonté de m'annoncer que la Huldigung346 est remise décidément au 4 octobre, qu'elle se fera à Kœnigsberg, et l'entrée solennelle à Berlin, le 17. Malgré les prétextes officiels que l'on donne à ce retard, la vraie raison, c'est la divergence, entre le Roi et ses Ministres, sur la forme à observer pour cette Huldigung. On m'a écrit que le prince de Hohenzollern ne voulait rester dans sa position ministérielle qu'à de certaines conditions, mais on ne me dit pas lesquelles.

Sagan, 24 juin 1861.– Je suis, non seulement fort ébranlée, mais encore toute meurtrie et contusionnée, à la suite d'un gros accident qui m'a atteinte entre Günthersdorf et ici, et cela en rase campagne, loin de toute habitation, et, par conséquent, loin de tout secours et de tout abri. Un orage violent, un ouragan turbulent, une grêle monstrueuse (sans exagération, les grêlons étaient gros comme des billes de billard), tout cela a fondu sur nous avec furie. Les chevaux, il y en avait quatre à ma voiture, ont perdu leur pauvre cervelle; ils sont devenus comme fous, et se sont jetés dans le fossé bordant la chaussée. Sans le piqueur, qui précédait et qui n'a pas perdu la tête, nous étions perdus. Il a coupé les traits, mais déjà les roues de devant glissaient dans le fossé; il a fallu descendre pour qu'on puisse retirer et relever la voiture. Pendant que cela se faisait, et qu'on courait après les chevaux, nous, c'est-à-dire moi et mes deux femmes de chambre, nous avons été exposées aux coups frappés par les grêlons, sur la tête, sur toutes nos personnes.

Rentrées enfin dans la voiture, il nous a fallu y rester avec des vêtements ruisselants d'eau bourbeuse jusqu'ici, c'est-à-dire pendant une heure et demie. Nous n'avions rien pour changer. Les cochers, les domestiques, les chevaux, tout saignants des coups de la grêle, enflés, méconnaissables. Nous avons tous des bosses à la tête et le corps tout marbré de taches bleues et noires. Ce long séjour dans des vêtements mouillés nous a fait mal à tous347.

Sagan, 27 juin 1861.– J'ai eu hier une lettre du prince de Hohenzollern, qui me semble assez sombre sur les destinées du Ministère qu'il préside.

Voilà donc la reconnaissance du Royaume d'Italie au Moniteur français avec des réserves qui garantissent le Pape, comme le traité de Zurich a garanti tous les Princes italiens348. Le répit que la France comptait s'accorder pendant quelques mois du côté de l'Orient, en sacrifiant à l'Angleterre son ancien protectorat en Turquie, va probablement faire place à de nouvelles complications par suite de la mort du Sultan349.

Les nouvelles de Russie ne sont guère bonnes, la révolte des paysans y continue; il paraîtrait aussi qu'à Saint-Pétersbourg le bonapartisme est moins de mode; mais ce qui paraît assez certain, c'est l'entrevue du Roi de Prusse avec l'Empereur Napoléon au camp de Châlons350.

Téplitz, 17 juillet 1861.– L'attentat contre le Roi de Prusse à Bade m'a bouleversée351; je l'ai su, le 14 au soir assez tard, par le Prince Adalbert de Prusse, ici mon voisin. L'émotion a été chaude, car il y a force Prussiens céans. Les églises retentissaient hier d'un Te Deum.

On me mande confidentiellement de Berlin que M. de Bernstorff remplace M. de Schleinitz comme ministre des Affaires étrangères, et que celui-ci devient ministre de la Maison du Roi. Le prince de Hohenzollern aurait demandé ce changement comme condition pour rester chef du Cabinet, et Bernstorff aurait fait la condition de n'avoir de chef que le prince de Hohenzollern, ne voulant en aucune façon d'Auerswald comme intermédiaire entre le Roi et lui.

Téplitz, 21 juillet 1861.– L'autre jour, M. Dupin parlant du mandement de Mgr Pie, évêque de Poitiers, a dit: «Mgr de Poitiers se trompe; il a grandement tort de comparer l'Empereur à Pilate. Pilate s'est lavé les mains, et l'Empereur se les frotte352

Sagan, 30 septembre 1861.– Je me sens dans le plus déplorable état de santé. Mes souffrances n'ont pas cessé depuis mon retour ici; elles augmentent chaque jour et ma patience est bien éprouvée.

Voici ce qu'on m'écrit de Paris: «On dit le Pape de nouveau malade, assez malade pour qu'on s'occupe beaucoup de l'avenir après lui. On se promet, s'il meurt, un grand mouvement populaire dans Rome, une explosion de suffrage universel, un plébiscite qui demanderait l'abolition formelle du pouvoir temporel. Il y a des gens qui se flattent que cet élan révolutionnaire dominerait assez les Cardinaux pour déterminer l'élection d'un Pape qui abdiquerait le trône en y montant. Les mieux informés disent que la très grande majorité des Cardinaux tiendrait bon et irait tenir le conclave ailleurs, s'ils ne pouvaient élire le Pape à Rome avec liberté.»

329.L'Empereur d'Autriche venait de donner une nouvelle constitution à ses peuples; mais les Hongrois, qui croyaient au rétablissement pur et simple de leur ancienne constitution, se montrèrent fort mécontents et traduisirent ce mécontentement par des tumultes que la force armée dut réprimer.
330.Après la chute des Bourbons de Naples, Murat écrivit, d'abord dans une lettre, qu'il déclinait toute initiative dans la revendication du trône autrefois occupé par son père; mais en mars 1861, après la chute de Gaëte, il revenait sur cette première résolution et lançait, dans une sorte de manifeste, ses prétentions au trône: prétentions que le Gouvernement français déclara ne vouloir encourager en rien, dans une note officielle.
331.Le Moniteur venait d'annoncer que, par un décret donné le 24 novembre 1860, l'Empereur, voulant accorder aux grands Corps de l'État une participation plus directe à la politique générale, avait ordonné que le Sénat et le Corps législatif voteraient dorénavant tous les ans à l'ouverture de la session une Adresse, en réponse à son discours du trône.
332.Mme Victor Tiby.
333.M. Fould quitta le Ministère à cause du décret du 24 novembre.
334.Le Roi Frédéric-Guillaume IV mourut à Sans-Souci dans la nuit du 1er au 2 janvier 1861.
335.Le prince Joachim Murat, accompagné de deux officiers d'ordonnance, fut envoyé à Berlin vers le 10 janvier pour complimenter le Roi Guillaume Ier sur son avènement au trône, au nom de Napoléon III.
336.Le Roi était enfermé dans Gaëte qui n'avait pas encore capitulé.
337.M. Cuvillier-Fleury, qui avait épousé en 1840 Mlle Thouvenel, sœur du futur ministre des Affaires étrangères de l'Empire.
338.Le Gouvernement français venait de faire distribuer au Sénat et au Corps législatif un volume de deux cent soixante pages, grand in-quarto, contenant des documents diplomatiques rangés sous les sept titres suivants: 1o Annexion de l'Italie centrale; 2o Question de Nice et de la Savoie; 3o Affaires de Rome; 4o Affaires de l'Italie méridionale; 5o Entrevue de Varsovie; 6o Affaire de Syrie; 7o Expédition de Chine.
339.Marquise de Castellane.
340.En réponse à un discours de M. de La Rochejaquelein, le prince Napoléon prit la parole au Sénat le 1er mars 1861, pour faire une charge à fond contre le pouvoir temporel du Pape et attaquer, dans le langage le plus véhément, le parti légitimiste et clérical français, ainsi que les mandements des évêques qui en avaient pris la défense. L'Empereur Napoléon ne blâma pas trop ce discours; il ne se montra qu'irrité de la violence des paroles.
341.Le cardinal Morlot, archevêque de Paris, était encore: sénateur, grand-aumônier et membre du Conseil privé. Il ne voulut pas se démettre des charges indépendantes de son administration diocésaine, «craignant, disait-il, qu'en faisant un acte d'opposition au Gouvernement, l'Empereur n'en fût que plus fortifié dans sa pensée.»
342.De l'anglais: mieux disposé.
343.La date du 25 février donna le signal d'une insurrection qui marqua douloureusement dans les annales de la Pologne. Une manifestation pacifique de la population de Varsovie avait été arrêtée dans les esprits pour l'anniversaire de la bataille de Grochow livrée en 1831. On devait prier pour les morts. Le mauvais état du pont de la Vistule ne permettant pas de se rendre au champ de bataille, c'est sur la place du Vieux-Marché que les citoyens se réunirent. Le 25, à cinq heures du soir, une procession de trente mille personnes se mit en branle, entonnant l'hymne national de la Pologne, Dieu saint, Dieu immortel. Le colonel Trépow, effrayé de l'importance de cette démonstration, fit charger au sabre cette foule. Les morts et les blessés furent nombreux, et les événements se précipitant ainsi, amenèrent un véritable état de guerre, avec lequel la Russie dut lutter plus de deux ans, et qui finit par attirer des malheurs irréparables sur le pays. Le nom de nationalité n'avait pu retentir depuis un an en Europe, sans que la Pologne s'étonnât d'être oubliée et ne fût tentée de rappeler au monde que, parmi les nations dont on faisait tant de bruit, elle était la seule dont on ne parlât point, quoiqu'elle fût une des plus malheureuses.
344.Il était alors question de fixer le couronnement du Roi de Prusse au mois de juin. Il n'eut lieu qu'au mois d'octobre.
345.M. de Manteuffel, chef du Cabinet militaire du Roi, s'était battu en duel, le 30 mai, à Potsdam, avec M. Twesten, auteur d'une brochure intitulée Comment nous tirer d'affaire? qui contenait des attaques assez vives contre le Cabinet militaire. M. Twesten eut le bras droit brisé par une balle, et un jugement ayant condamné le général de Manteuffel à trois mois de prison dans une forteresse, il se rendit à Magdebourg pour se constituer prisonnier.
346.C'est-à-dire l'hommage de toute la nation (couronnement).
347.Depuis cet accident, la duchesse de Talleyrand ne retrouva plus la santé. A partir de cette époque, elle fut atteinte par cette maladie douloureuse, qu'elle supporta avec une patience exemplaire, pendant quatorze mois, et qui la conduisit graduellement au tombeau.
348.Le Moniteur du 26 juin 1861 annonçait ainsi la reconnaissance du Royaume d'Italie: «L'Empereur a reconnu le Roi Victor-Emmanuel comme Roi d'Italie. En notifiant cette détermination au Cabinet de Turin, le Gouvernement de Sa Majesté a déclaré qu'il déclinait d'avance toute solidarité dans les entreprises de nature à troubler la paix de l'Europe, et que les troupes françaises continueraient d'occuper Rome, tant que les intérêts qui les y ont amenées ne seront pas couverts par des garanties suffisantes.»
349.Le Sultan Abdul-Medjid venait de mourir à l'âge de trente-huit ans. Sous son règne, des luttes sanglantes ayant éclaté en 1860, entre les Druses et les Maronites dans le Liban, la France, qui s'attribuait le protectorat sur les chrétiens de ces contrées, intervint dans la querelle. Le général d'Hautpoul-Beaufort débarqua avec des troupes à Beyrouth; il s'ensuivit une occupation du pays par les Français, qui ne finit qu'à la suite des réclamations de la Turquie, appuyées par l'Angleterre. Une nouvelle organisation du Liban fut décidée dans une Conférence des Puissances européennes, où il fut déterminé que le Liban dépendrait directement de la Porte, tout en ayant un chef chrétien pris dans celle des Églises chrétiennes qui comptait le plus d'adhérents.
350.Le Roi de Prusse devant rendre à l'Empereur Napoléon la visite que celui-ci lui avait faite à Bade, il avait d'abord été question du camp de Châlons comme lieu de rendez-vous; mais la rencontre n'eut lieu que plus tard, le 7 octobre, à Compiègne.
351.Le 14 juillet, le Roi de Prusse faillit être victime à Bade d'un attentat. Un jeune homme de vingt et un ans, nommé Becker, étudiant à Leipzig, s'était approché de Guillaume 1er à la promenade, et lui lâcha un coup de pistolet à bout portant. La balle dévia et ne fit qu'effleurer l'épaule du Roi. Arrêté immédiatement, l'auteur de cet attentat déclara que son but avait été de délivrer l'Allemagne d'un Prince qui ne la poussait pas, avec une énergie assez active, dans les voies de l'unité. Becker fut condamné à vingt ans de réclusion, et, pour sa vie, sous la surveillance de la police.
352.M. de la Guéronière ayant fait paraître une brochure intitulée: Rome, la France et l'Italie, Mgr Pie, évêque de Poitiers, la réfuta par un mandement où il comparait le chef de l'État à Pilate, «qui pouvait tout empêcher et qui laisse tout faire.» M. de Persigny, ministre de l'Intérieur, croyant voir une offense à la personne de l'Empereur Napoléon et une contravention aux lois de l'Empire, déféra Mgr Pie au Conseil d'État et le mandement fut annulé.
Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
28 октября 2017
Объем:
440 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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