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Читать книгу: «Histoire Médicale de l'Armée d'Orient. Volume 2», страница 3

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NOTICE
Sur l'emploi de l'huile dans la peste.Par le citoyen DESGENETTES

Une suite d'observations et de raisonnements avait porté M. George Baldwin, consul général d'Angleterre à Alexandrie, à croire que les frictions faites avec de l'huile d'olive tiède sur le corps des pestiférés étaient un préservatif et un moyen efficace de guérison. Pour s'en assurer davantage il fit part de son opinion au P. Louis de Pavie, directeur depuis vingt-sept ans de l'hôpital de Smyrne, en le priant de faire l'épreuve de ce remède: ce religieux a observé que de tous les moyens employés sous ses yeux contre la peste, celui-ci était le plus avantageux.

Il est résulté des essais faits sur ce remède une suite de préceptes sur la manière de l'administrer, et le régime qu'il convient d'observer pendant ce temps. La publication de cette méthode est due à un philanthrope célèbre de l'Allemagne, M. le comte Léopold de Berchtold.

Il ne suffit pas d'oindre le corps entier avec de l'huile, il faut encore le frotter fortement; et c'est ce qui a fait préférer la dénomination de friction à celle d'onction.

La friction doit se faire avec une éponge propre, et assez vite pour ne pas durer plus de trois minutes; elle doit être faite une fois seulement, le jour où la maladie se déclare.

Si les sueurs ne sont pas abondantes, il faut recommencer la friction jusqu'à ce que le malade soit dans un état tel qu'il nage, pour ainsi dire, dans les sueurs, et alors on ne doit le changer de chemise et de lit que lorsque la transpiration a cessé. Cette opération doit se faire dans une chambre bien fermée, et dans laquelle on doit tenir un brasier de feu sur lequel on jette de temps à autre du sucre ou des baies de genièvre.

On ne peut déterminer le temps qui doit s'écouler d'une friction à l'autre parce que l'on ne peut commencer la seconde friction que lorsque les sueurs ont entièrement cessé; et cette circonstance tient à la constitution particulière du malade. Avant de répéter la friction avec de l'huile il faut essuyer avec un morceau d'étoffe chaude la sueur qui couvre le malade. Ces frictions peuvent être continuées plusieurs jours de suite, jusqu'à ce que l'on aperçoive un changement favorable, et alors on frotte plus légèrement. Il est difficile de fixer précisément la quantité d'huile nécessaire pour chaque friction; mais une livre par chaque fois suffit certainement. L'huile la plus fraîche et la plus pure est préférable; il faut qu'elle soit plus tiède que chaude. La poitrine et les parties sexuelles doivent être légèrement frottées: les parties qui ne sont pas frottées doivent être soigneusement couvertes, pour éviter le froid. S'il y a des tumeurs ou des bubons, il faut les oindre avec légèreté, jusqu'à ce qu'ils soient disposés à recevoir les cataplasmes émollients qui doivent en procurer la suppuration.

Celui qui fera les frictions doit auparavant s'oindre le corps d'huile; il est inutile qu'il se frotte, et il est indifférent qu'il s'oigne plus ou moins promptement; et il est d'ailleurs prudent qu'il prenne les précautions reçues pour les vêtements de toile cirée, les chaussures de bois, etc., qu'il évite le souffle des malades, et surtout qu'il conserve beaucoup de courage et de sang-froid.

On ne peut trop recommander de ne pas différer les frictions dès que la maladie se prononce. On facilite les sueurs avec beaucoup de succès en donnant une infusion de fleurs de sureau sans admission de sucre.

Quant au régime, on donne pendant les quatre à cinq premiers jours une soupe de vermicelli bien cuit à l'eau seulement et sans sel; dans la suite on ajoute six à sept fois le jour une petite cuillerée de confiture de cerises faites avec le sucre, car on craint que le miel ne favorise la diarrhée.

Lorsque l'on a l'espoir de la guérison, c'est-à-dire lorsqu'au bout de cinq à six jours la santé est meilleure, on peut donner le matin une tasse de bon café moka, avec un biscuit fait au sucre, et on augmente les biscuits à mesure que les forces renaissent.

Le dîner et le souper des malades doivent consister, pendant quinze ou vingt jours, en riz, un vermicelli cuit simplement à l'eau, un peu de pain, des raisins secs, et des confitures de cerises, plus abondamment que par le passé; ensuite on augmente la dose du pain, qui doit être le meilleur possible. On donne des soupes de petites courges en été, et d'herbes potagères l'hiver, sans autre assaisonnement qu'un peu d'huile d'amandes douces. Dans le courant du jour, suivant l'état du convalescent, on lui donne une orange ou une poire bien mûre ou cuite, ou bien quelques biscuits, de manière qu'en digérant facilement les aliments il lui reste encore de l'appétit. Au bout de trente, et même trente-cinq jours, on donne le matin et le soir une soupe faite avec du bouillon de poulet ou de collet de mouton, et on ne permet l'usage de la viande qu'au bout de quarante jours, pour éviter les indigestions, qui sont dangereuses et souvent accompagnées de récidives de bubons.

Passé quarante jours, on permet le veau rôti ou bouilli, le vin pris modérément, et on prescrit d'éviter tout ce qui est de difficile digestion.

Voici maintenant quelques preuves réunies sur l'efficacité de l'huile.

Dans une année où la peste enleva dans la haute et basse Égypte un million d'hommes, il n'y eut pas d'exemple qu'un porteur d'huile fût attaqué de cette maladie: on a observé la même chose à Tunis, et c'est ce qui a suggéré la première idée d'employer l'huile comme préservatif et comme remède.

En 1793, vingt-deux matelots vénitiens habitèrent, pendant vingt-cinq jours entiers, une pièce humide au rez-de-chaussée avec trois pestiférés qui moururent; l'onction faite avec l'huile sauva tous les autres.

Dans la même années trois familles d'Arméniens, l'une de treize personnes, l'autre de onze, la troisième de neuf, se servirent du même moyen, traitèrent leurs parents pestiférés, et ne contractèrent pas la contagion, quoiqu'ils couchassent sur les mêmes lits, et qu'ils tinssent pour ainsi dire continuellement ces malheureux entre leurs bras.

En 1794 une pauvre femme resta enfermée dans la même chambre de treize pestiférés; elle leur donna des soins, et, par le moyen des onctions, elle se garantit de la contagion.

Une famille de Ragusais eut la même année deux pestiférés; elle se plongea, pour ainsi dire, dans l'huile, et fut exempte de tout mal.

Enfin c'est aujourd'hui un usage approuvé et généralement suivi à Smyrne.

On trouve encore à la suite de ces observations quelques avis qui portent particulièrement sur la nécessité d'administrer promptement aux pestiférés les frictions: cinq à six jours de retard rendent ce moyen tout à fait inutile.

La diarrhée est regardée comme un symptôme mortel; il ne faut cependant pas pour cela abandonner les frictions; quatre malades arrivés à ce point funeste ont été guéris.

L'hôpital de Smyrne a reçu en cinq ans deux cent cinquante pestiférés; et l'on peut dire que tous ceux qui ont été dociles au traitement, ou l'ont reçu à temps, sont guéris.

Le nombre de ceux qui ont été préservés de la peste par les onctions, quand ils n'ont pas fait d'excès, est immense.

L'opuscule dont nous rendons compte est terminé par les attestations favorables des consuls de l'empire, et d'Angleterre à Smyrne, et l'énumération des autorités publiques et de plusieurs hommes recommandables, qui ont cherché à étendre cette méthode dans tous les pays qui peuvent y prendre intérêt.

Nous n'avons rien oublié d'essentiel; nous nous sommes contentés d'écarter toute théorie, pour ne présenter que des faits nombreux, déjà garantis par de nombreux témoignages, et que nous soumettons de nouveau à l'expérience.

(Cette notice a été répandue dans l'armée, signée seulement des initiales R. D. G.)

EXTRAIT
Des observations du citoyen CÉRÉSOLE, médecin ordinaire de l'armée, dans un voyage, sur la rive occidentale du Nil, du Kaire à Syouth

L'habitant du Saïd a le teint bronzé ou brun, les traits du visage bien prononcés, les yeux noirs, petits, enfoncés, la prunelle rétrécie, le regard fier; les muscles bien prononcés, dessinent fortement les extrémités. Les traits de la femme sont plus adoucis, les formes plus arrondies; mais elle n'a ni cet éclat de beauté, ni la grâce européenne; un sein flasque et allongé, un ventre proéminent, gâtent de bonne heure ce que leur taille pourrait avoir d'avantageux; leurs yeux cependant sont expressifs, et leurs dents très blanches. À mesure que l'on avance vers Syouth on découvre, dans la forme du nez et des lèvres, la trace des liaisons contractées avec les habitants de l'intérieur de l'Afrique.

Les tempéraments diffèrent selon l'âge et le sexe: les enfants sont en général pituiteux, et par conséquent faibles, tandis que les adultes de l'un et l'autre sexe, les hommes surtout sont sanguins et robustes. Les facultés intellectuelles répondent à la souplesse et à l'activité des organes; elles sont encore évidemment modifiées, ainsi que les forces physiques, par la vie plus ou moins oisive, par les habitudes, le voisinage ou l'éloignement du Nil, l'air plus ou moins pur qu'on respire, enseveli avec les bestiaux dans les étables, ou errant en liberté dans les campagnes.

On trouve ici la sobriété même au sein de l'abondance; les gens aisés couvrent leur table de bon pain, de viandes, de poissons, d'œufs, et de légumes: les pauvres mangent des bouillies de farine du maïs, ou des légumes. Le terme de la vie paraît être à peu près le même chez les uns et les autres, quoiqu'ils mènent une vie bien différente: les hommes commencent à perdre leurs forces vers cinquante ans, et sont très vieux à soixante, à quelques exceptions près; les femmes vieillissent, comme partout, beaucoup plus tôt.

La menstruation et la fécondité commencent de dix à douze ans, et elles se terminent de trente-cinq à quarante, et jusqu'à quarante-cinq ans. Les garçons de douze à quinze ans sont déjà très lascifs; ils s'excitent même par des stimulants, et trouvent assez aisément dans la complaisance de l'autre sexe de quoi satisfaire leurs besoins. C'est peut-être pour cela que la masturbation, qui fait parmi nous tant de ravages, leur paraît peu familière.

L'eau du Nil simple, clarifiée ou filtrée, est la boissons ordinaire; mais les Égyptiens ne boivent pas toujours lorsqu'ils en éprouvent l'envie; ils préfèrent de passer de l'eau dans leur bouche à plusieurs reprises sans l'avaler: ils prétendent que cette eau, si salutaire quand elle est prise avec modération, devient nuisible lorsqu'on en boit excessivement, qu'elle cause des sueurs ou des urines trop abondantes, qu'elle donne des cours de ventre, et affaiblit considérablement. Ils font leurs délices de leurs sorbets, de l'eau de réglisse, des pilules de chanvre, et de quelques confitures qui ne trouveraient pas chez nous le même accueil.

Les enfants des deux sexes sont communément nus, de dix à douze ans, dans les campagnes de Minyéh et de Syouth, et l'on s'aperçoit que, dans les uns et les autres, les organes de la génération sont bien développés; un habillement léger, de laine ou de coton, recouvre ensuite leur peau endurcie et basanée: ils conservent d'ailleurs dans leurs vêtements et leurs turbans les formes reçues dans la basse Égypte.

Les hommes logent pêle-mêle, au rez-de-chaussée, avec les animaux domestiques, et couchent seulement sur des nattes, quelquefois même sur la terre, enveloppés dans leurs vêtements.

Le premier et seul étage, ou, pour mieux s'expliquer, le haut de leurs habitations, est consacré aux pigeons et aux tourterelles, qui abondent dans le Saïd.

Dans les villes il y a quelques maisons bien bâties; les riches ont des harems, et se procurent les autres agréments de la vie: les marchés sont remplis de boutiques étroites et obscures. En jetant les yeux sur les outils et les travaux des artisans on les trouve imparfaits et grossiers, quoique ceux qui s'en servent ou les exécutent ne manquent pas d'adresse.

Les enfants dont les parents sont aisés apprennent à lire: les négociants cophtes savent les premières opérations de l'arithmétique; et ces connaissances bornées leur donnent toute leur influence.

Il y a des almées qui courent les rues accompagnées de musiciens.

On voit aussi beaucoup de santons, qui inspirent au peuple une grande vénération.

Les cultivateurs, beaucoup plus respectables, et surtout plus utiles que ces mystiques contemplatifs, sèment, labourent, arrosent les plaines sablonneuses avec les eaux du Nil. La végétation y est belle et rapide, et elle a de l'analogie avec la manière d'être des animaux.

Les vices des peuples policés sont répandus dans le Saïd; ils y sont exaltés de manière à faire ressortir les maux que sèment partout et l'ignorance et l'esclavage.

Il y a des femmes publiques qui arrêtent les passants aux portes de Syouth; et on y connaît ce genre honteux de prostitution qui contrarie le but de la nature et les admirables lois de la reproduction des êtres.

Malgré la résignation au destin, qui fait regarder les maladies comme un inévitable châtiment, les vieillards, et surtout les vieilles femmes, distribuent des amulettes et des talismans pour tous les maux, et surtout pour écarter la magie et les magiciens, qui, selon leur opinion, causent tout ce qui n'est pas bien dans l'univers.

Leur médecine, si l'on peut appeler de ce nom un empirisme brut et sans raisonnement, est composée d'une suite d'observations peu exactes et sans aucune liaison entre elles. Les malades sont exposés dans les rues, ou à la porte des mosquées; ils y étalent surtout le spectacle dégoûtant et affligeant des maladies qui attaquent le système absorbant et la peau, et forme cette classe nombreuse que les auteurs de nosologie appellent cachexies. Soit que les maladies soient invétérées, soit qu'elles soient aiguës ou récentes, on manifeste à peu près la même indifférence sur leur terminaison.

Cependant les médecins étrangers inspirent aux habitants du Saïd beaucoup de confiance; ils leur exposent volontiers leurs maux. C'est ainsi que l'on apprend d'eux que, pour chasser les vers, on donne aux enfants une décoction de graine de ricin; et pour calmer les convulsions, une boisson d'huile de lin; que les nourrices (et ce fait est intéressant) boivent souvent elles-mêmes le médicament qui doit agir sur leurs nourrissons; que la consomption survient assez communément à la suite des obstructions du bas-ventre; que la petite vérole est dangereuse, et laisse beaucoup de faiblesse d'yeux et des cécités. Le traitement de cette dernière maladie est diamétralement opposé à ce que l'expérience nous a enseigné de salutaire; on enferme soigneusement les malades, on les accable de couvertures, et on les tient à un régime très échauffant. Puissent les habitants de ces contrées adopter un jour la méthode plus naturelle qui a tellement adouci dans l'Europe ce fléau naguère si redouté!

Les vices de conformation sont rares; peut-être cela tient-il à la liberté dans laquelle on élève les enfants qu'on n'entoure jamais d'aucuns liens.

À Minyéh je fus consulté pour une fille de quinze ans, chlorotique. Sa mère et de vieilles femmes avaient mis vainement en usage, pour faire paraître les règles, l'irritation mécanique, quelques drogues, et des amulettes: je leur conseillai de l'eau chalibée; mais la répugnance qu'ils témoignent quelquefois pour les médicaments tirés du règne minéral, détournèrent la famille de l'employer.

J'eus presque toujours pour compagnon et pour aide dans mes recherches un vieil empirique de Syouth, borgne et bavard, qui se vantait aux yeux des siens de posséder des secrets merveilleux contre tous les maux, qu'il dit avoir puisés dans le Coran, où ils ne sont certainement pas, ou dans les inspirations du prophète, avec lequel il est aussi fort douteux qu'il ait des relations.

La grossesse est accompagnée d'envie de vomir, et de désirs assez déréglés. Les femmes avortent facilement l'été; elles souffrent plus dans les dernières que dans les premières couches; elles souffriraient plutôt la mort que de se laisser assister dans leurs couches par un homme.

Si peu de temps après leur mariage les jeunes femmes ne sont pas enceintes, elles implorent l'assistance des vieilles, qui leur frottent l'intérieur des parties sexuelles qui peuvent être facilement atteintes avec des liniments; elles leur donnent des poudres, dont nous ne connaissons pas plus la nature, que la vertu des enchantements qu'elles mettent aussi en usage. La stérilité est flétrie d'opprobre dans la loi de Mahomet.

Dans les accidents hystériques des femmes on leur fait sentir la fiente des chameaux, ou l'on en forme un cataplasme avec le lait aigri, que l'on met sur les tempes, le creux de l'estomac, ou le bas-ventre. Les femmes portent souvent au tombeau des chutes de vagin et du rectum.

Dans la plupart des maladies internes les habitants du Saïd se tiennent en repos, et se mettent à une diète végétale assez scrupuleuse. Ils connaissent la faculté purgative de l'aloès, de la casse, et des tamarins; mais ils ne savent pas le temps où il faut administrer ces médicaments. Quelques uns mangent des tranches de coing saupoudrées de poivre, pour arrêter le cours de ventre; d'autres boivent du suc de citron pur. Les cachexies sont réputées incurables. On couvre les cancers avec de la chaux en poudre. On applique des animaux récemment tués et ouverts, sur la tête, le côté, et d'autres parties, dans les douleurs récentes: les frictions, les bains chauds et froids, sont fort en usage.

Dans les maladies des yeux, plusieurs se font raser la tête, et la frottent ensuite avec du vinaigre; d'autres se colorent les paupières, et appliquent sur la conjonctive un enduit noirâtre. On fait des scarifications aux angles des yeux, on jette sur le globe de l'œil des poudres; mais l'eau simple, ou comme véhicule de quelque médicament, est rejetée: on regarde tous les topiques liquides comme dangereux.

Souvent on pratique la saignée avec une flamme semblable à celle des maréchaux: on adapte à la surface de la peau la base d'un cône formé par une corne de jeune taureau, percée également au sommet. En opérant un mouvement de succion on produit l'effet des ventouses, et on scarifie plus aisément les parties.

Le lait et le miel sont employés dans les maladies de poitrine. Le tabac et le café sont regardés comme des apéritifs qui facilitent la digestion.

J'ai vu un grand nombre de hernies de toutes les formes, et d'un volume considérable, sans qu'on ait jamais songé à les contenir ou à les soutenir.

J'administrai à Syouth, à un jeune homme, un vomitif indiqué. Pendant son action l'alarme s'empara de tous les siens: on le croyait empoisonné; mais le soulagement qui en fut la suite les réconcilia avec ce moyen.

Dans les plaies d'armes à feu, on fait couler dans la blessure de l'huile ou du beurre fondu; on applique ensuite sur les lèvres quelques portions de chair récente d'un animal, qu'on a soin de renouveler; on recouvre le tout de la peau d'un jeune animal, et on abandonne le mal au repos et aux ressources de la nature.

On essaie de remettre les luxations, en employant des distensions très violentes.

On abandonne à leur progrès les maladies vénériennes, la lèpre et l'éléphantiasis.

Je n'ai pu réunir sur la peste les connaissances que j'aurais désiré acquérir; cependant, d'après un grand nombre de relations, j'ai cru pouvoir conclure que le mot peste, ou koubéh en arabe, est une dénomination générique appliquée aux maladies aiguës et très malignes. On assure dans le Saïd que cette maladie y a toujours été apportée de la basse Égypte.

La résignation des Musulmans au destin les a empêchés de se prémunir contre ce cruel fléau. Les dogmes des anciens Égyptiens, qui voulaient que la vie ne fût qu'un passage à une longue existence future, un sommeil qui menait à un éternel réveil, paraissent s'être conservés chez leurs descendants; et l'on en est presque convaincu, lorsque, comparant les maisons et les tombeaux, on voit les morts constamment mieux logés que les vivants.

NOTES
Sur les maladies qui ont régné en frimaire an 7, recueillies dans l'hôpital militaire du vieux Kaire; par le citoyen BARBÈS , médecin ordinaire de l'armée d'Orient

Au vieux Kaire, le 3 nivôse an VII.

Durant les deux premières décades de frimaire, même température dans la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits que pendant le mois de brumaire. Nous avons eu occasion de vérifier, jusqu'à un certain point, l'observation faite avant nous que dans le mois de novembre et le commencement de décembre on se brûle en Égypte le jour, tandis qu'on s'y gèle la nuit: c'est après dix heures du matin jusqu'à deux heures après midi que le soleil est réellement chaud, et le refroidissement se fait sentir à une heure après minuit. Alors ceux qui bivouaquent sont éveillés; ils se trouvent contraints de prendre tous les moyens possibles pour se réchauffer: on dirait que de tous côtés on s'est donné le mot pour recueillir des combustibles, et faire des feux.

Peu à peu se forme un brouillard épais qu'on ne reconnaît qu'avec le jour, qui procure un froid humide et pénétrant, et qui n'est entièrement dissipé que deux heures après le lever du soleil.

Cependant, avant de parvenir à la fin du mois, nous avons eu quelques jours un peu nébuleux; le brouillard s'est dissipé plus tard, et l'humidité froide de la nuit s'est prolongée dans la matinée.

Nous en avons eu d'autres où quoique le brouillard fût à peine sensible, le froid ne l'était pas moins; ils étaient le prélude du changement de température qui a eu lieu la dernière décade du même mois.

En effet, le vent du nord soufflait avec assez de constance, l'ardeur du soleil diminuait progressivement, et l'humidité froide des nuits prenait de plus en plus de l'empire.

Le 27, le vent sud-ouest amena quelques gouttes de pluie durant plusieurs minutes.

C'était le même vent qui élevait des nuages de poussière le 30.

Nous manquions de tous les instruments de physique, et néanmoins nous nous donnions bien de garde de nous livrer au découragement dans le cours de nos observations journalières sur les qualités sensibles de l'atmosphère, sachant que le père de la médecine ne les connaissait pas, et que nous serions trop heureux s'il nous était possible de marcher sur ses traces, malgré le progrès des sciences.

Qu'y a-t-il en effet des plus beau que les premiers aphorismes de la section troisième? et les expériences des modernes ont-elles donné des résultats plus utiles relativement à l'influence des saisons et aux changements de température sur toutes les maladies, et principalement sur les épidémies?

Nous ne nous sommes permis d'insérer cette remarque qu'en nous proposant de restreindre celles sur les maladies que nous avons traitées; elle atteste d'ailleurs d'une manière trop évidente la correspondance des maladies régnantes avec la température de la saison, pour que nous ayons pu la retrancher.

Tant que les chaleurs ont été fortes, les diverses fièvres, les rhumatismes, ainsi que les nombreuses dysenteries, ont été gastriques bilieuses; mais lorsque la fraîcheur des nuits l'a peu à peu emporté sur la chaleur des jours, le caractère catarrhal s'est montré: enfin le froid qui s'est, pour ainsi dire, fait sentir la dernière décade de frimaire, a commencé à faire tomber les dysenteries qui paraissaient devoir se perpétuer; et les maladies n'ont plus été purement gastriques et catarrhales, mais déjà compliquées de phlogose, surtout chez les jeunes gens.

La cure des maladies gastriques bilieuses consistait en un ou deux vomitifs et les minoratifs anti-bilieux répétés; cette méthode était le fruit d'une observation sans cesse confirmée; quelques gouttes de laudanum, seulement intercalées dans le traitement de la dysenterie, suffisaient pour tout déranger.

Nous avons vu que les dysenteries qui ont paru récemment cédaient, comme par enchantement, toutes les fois que l'émétique était uniquement suivi de parégoriques.

Cette découverte du caractères catarrhal avec lequel la malignité semble s'identifier, quoique nous convenions qu'elle se marie avec les autres diathèses, nous a procuré des succès à l'égard d'un grand nombre de malades qui eussent couru de grands dangers, si nous ne nous fussions tenus sur nos gardes.

Nous nous sommes décidés à faire appliquer un large vésicatoire sur l'abdomen de plusieurs dysentériques, du salut desquels il fallait désespérer, et tout-à-coup ils ont éprouvé du soulagement: en peu de jours ils ont été sauvés.

Nous recommandions de saupoudrer les emplâtres vésicatoires avec du camphre, et nous prescrivions une émulsion nitrée et camphrée. La première et quelquefois les deux précautions ont été supprimées, sans qu'il en soit résulté le plus léger inconvénient.

À la suite de cette application sur un jeune militaire qui ressemblait presque à un cadavre étique, il se fit par le nombril où avait donné le vésicatoire une suppuration si effrayante que nous appelâmes une consultation: il fut sagement décidé de ne rien faire. Cette suppuration s'arrêta graduellement sept à huit jours après, et le malade quitta l'hôpital bien guéri.

Une fièvre violente, après l'exhibition de l'émétique, au lieu de l'amendement que nous attendions, fut l'exacerbation de la maladie chez les malades auxquels, en suivant la marche ordinaire, nous croyions devoir administrer les toniques: les hémorragies nasales qui seules jugeaient complètement ces exacerbations, au moins chez les jeunes gens, nous ont convaincu de l'existence de la complication phlogistique.

Nous supprimons le journal d'une foule de cas intéressants, où, en suivant scrupuleusement l'effet des remèdes, nous n'avons pas négligé de peser sur nos fautes qui heureusement n'ont pas été meurtrières, et ont servi à nous redresser.

Nous ne croyons pas néanmoins pouvoir nous dispenser de mentionner deux malades chez lesquels l'application du vésicatoire sur le bas ventre n'a eu aucune bonne suite.

Le premier exemple est celui d'un jeune homme apporté fort tard: il n'avait reçu aucun secours, il éprouvait des douleurs intestinales cruelles; il était sans forces: dans cet état il montrait tous les signes d'une affection gastrique.

Combien de fois n'avions-nous pas donné avec succès un émétique secondé par les cordiaux dans les situations extrêmes; mais, dans cette circonstance, notre audace ordinaire fut arrêtée: les contre indications étaient trop évidentes. Nous nous déterminâmes donc à ordonner l'application d'un vésicatoire sur le bas ventre, quoique l'état gastrique nous contrariât, et que nous fussions bien éloignés de nous dissimuler que cette application était difficile, qu'elle exigeait la réunion de toutes les indications: le souvenir de son effet héroïque était peut-être trop présent à notre mémoire; notre espoir, qui consistait à calmer les douleurs, à relever un peu les forces, afin de pouvoir administrer ensuite un éméto-cathartique ou bien quelques minoratifs, fut entièrement déçu. Les douleurs ne perdirent rien de leur intensité, la chaleur et la sécheresse de la peau redoublèrent, le pouls fut très fébrile, les forces misérables: les bols nitrés, camphrés, tous les opiatiques ne furent que des palliatifs momentanés; le malade périt deux jours après l'application des vésicatoires, ayant essuyé de grandes souffrances.

Le second malade était un de ceux auxquels tous les astringents de notre pharmacie étaient inutiles pour arrêter un flux colliquatif bourbeux, sanguinolent, et qui périssait nécessairement. Nous eûmes recours au vésicatoire, comme rubéfiant, comme tonique: mais si ce moyen, ainsi que l'a observé Stoll, et comme nous l'avons vu nous-mêmes, est déplorable dans les maladies gastriques, il ne rend pas non plus les forces éteintes; il peut seulement, à titre de puissant antispasmodique, les développer, les disséminer, les rappeler du centre à la périphérie.

Nous avons constamment observé qu'il ne faut pas craindre de répéter l'administration des vomitifs envers tous ceux qui par la nature de leurs fonctions approchent journellement les malades, vivent au milieu d'eux, ou les servent. Il faut suivre les préceptes de Stoll. Les infirmiers âgés, sur lesquels on ne peut faire usage de cette méthode, trouvent presque tous dans leur service, des maladies et une mort assurée. C'est peut-être ainsi que l'on perd, sans pouvoir la remplacer, cette classe d'hommes très précieux, quand ils sont, ce qui est bien rare, pénétrés de leurs devoirs.

Quoique l'émétique trouve certainement beaucoup moins de contre indications que ne le prétendent les Boherraaviens, il ne laisse pas que d'en rencontrer assez fréquemment chez nos militaires; un très grand nombre portent des obstructions considérables qui sont la suite des fièvres qu'ils ont éprouvées en Italie: cette contre indication est d'autant plus digne de remarque que les médecins dans les hôpitaux, à cause de la grande quantité de malades, n'explorent pas toujours le bas ventre, et se contentent de saisir une ou deux indications frappantes, sans s'astreindre à les réunir toutes.

Outre quelques jaunisses avec fièvre qu'on pourrait rapprocher de la fièvre jaune d'Amérique, il s'est présenté plusieurs ictériques sans fièvre: ces derniers ont été rappelés à leur couleur naturelle à l'aide de quelques gouttes de liqueur anodine et minérale d'Hoffmann, d'une moindre quantité de celles d'essence de térébenthine, dans un jaune d'œuf auquel on ajoute un peu de safran et de sucre qu'on leur faisait prendre pendant trois ou quatre matins. Ce remède, qu'on regarde comme empirique, peut fort bien être soumis à la médecine rationnelle, en pensant que ces ictères proviennent souvent des mouvements spasmodiques dans les organes sécrétoires de la bile.

Dans les dysenteries gastriques anciennes, lorsqu'il y a douleur avec des selles fréquentes, nous nous sommes très bien trouvés de l'usage d'une petite quantité de rhubarbe associée à la gomme arabique et quelques gouttes de la teinture anodine de Sydenham dans un verre de petit lait. Cette formule appartient presque entièrement à Monro, médecin des armées britanniques, dont le traité de médecine militaire traduit dans notre langue, et considérablement augmenté par Le Begue de Presle, est entre les mains de tout le monde.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
01 августа 2017
Объем:
139 стр. 50 иллюстраций
Правообладатель:
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