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Le Nouveau Mercure galant, la querelle et notre problématique

Outre les débats et les discussions au sein de la République des Lettres, il existe aussi un autre terrain où s’exprime la Querelle d’Homère : celui des périodiques. Le Journal des sҫavans, le Nouveau Mercure galant, les Nouvelles Littéraires et l’Histoire critique de la République des Lettres – pour n’en nommer que quatre – participent d’une manière active à la Querelle d’Homère en publiant des comptes-rendus de livre ou de courts textes en prose ou en vers, enjoués ou polémiques. Au vu de son importance pour la presse française de l’Ancien Régime, de son caractère mondain et du fait qu’il profite d’un privilège royal, le Nouveau Mercure galant se distingue des autres titres évoqués ci-dessus et c’est la raison pour laquelle il se situe au cœur de nos recherches. Au moment de la Querelle d’Homère, le Nouveau Mercure galant se trouve sous la responsabilité d’Hardouin Le Fèvre de Fontenay qui se décrit lui-même comme « plus voyageur qu’écrivain1 ». Toutefois, nous ne le connaissons guère. Le Fèvre de Fontenay n’apparaît pas dans la Biographie universelle ancienne et moderne de Louis-Gabriel Michaud2 et une grande partie des informations sur lui que propose le Dictionnaire des journalistes proviennent du Nouveau Mercure galant. Nous y apprenons que Le Fèvre de Fontenay a voyagé principalement dans la région méditerranéenne et que son père fut vendeur de graines à Paris. Cette carrière n’intéresse pas Le Fèvre de Fontenay : en décembre 1713, il commence à travailler au Mercure galant de Charles Dufresny, CharlesDufresny et il en devient le responsable principal en mai 1714. Par la suite, il s’en occupe jusqu’en octobre 17163. Contrairement à ses illustres prédécesseurs, Dufresny, CharlesDufresny et Jean Donneau de Visé [Devizé], JeanDonneau de Visé, Le Fèvre de Fontenay n’est pas un privilégié, mais uniquement le responsable du périodique puisqu’il reçoit de Dufresny, CharlesDufresny une pension en échange de son travail4. À l’instar du privilège royal, un certain talent littéraire manque également à Le Fèvre de Fontenay qui ne réussit pas à faire évoluer la revue. Ainsi le responsable du Nouveau Mercure galant n’est-il pas un précurseur de la presse du XVIIIe siècle. Il ne s’inspire ni de la mode des feuilles moralistes lancée en Angleterre par Joseph Addison, JosephAddison et Richard Steele, RichardSteele et qui sera reprise en France par MarivauxMarivaux5, ni de la tendance à organiser les différents textes d’une livraison en rubriques6, bien au contraire, puisque Le Fèvre de Fontenay revient à la forme fictive d’une « lettre à une dame en province » qui fut établie et perfectionnée par Donneau de Visé [Devizé], JeanDonneau de Visé. Pourtant, Le Fèvre de Fontenay ne parvient à aller que quatre fois jusqu’au bout de cette mise en scène et, dans les autres livraisons, il s’adresse alternativement à un seul correspondant fictif et à tous ses lecteurs7. Les lieux d’édition soulignent également le déclin de la revue au cours du premier XVIIIe siècle. Si, pendant une vingtaine d’années, entre 1678 et 1695, les Mercures sont publiés à Paris et à Lyon, le Nouveau Mercure galant ne vient que de Paris. Tout en notant que cette évolution commence sous la direction de ses prédécesseurs, nous devons néanmoins constater que Le Fèvre de Fontenay ne réussit pas non plus à inverser cette tendance8.

En revanche, il est trop simpliste de réduire le responsable de la revue et ses 29 Mercures à ce bilan négatif parce que Le Fèvre de Fontenay parvient à publier chaque mois – à part en septembre 1716 – un recueil d’environ 300 pages qui réunit des contributions hétérogènes traitant de la culture et de l’information9 : de textes plutôt sobres, presque encyclopédiques, comme les « Articles des morts » ou les « Articles des mariages », à des petites pièces en poésie dignes des Divertissements de Sceaux en passant par des nouvelles politiques de l’étranger et des réflexions sur l’astronomie. Et si Monique Vincent compare le Mercure galant de Donneau de Visé [Devizé], JeanDonneau de Visé à une « Amazonie10 » à cause du grand nombre de nouvelles galantes qui paraissent dans les pages de la revue, ce constat vaut aussi pour Hardouin Le Fèvre de Fontenay qui en publie beaucoup. Ces textes appartenant au genre romanesque constituent une partie importante des Mercures et les lecteurs en demandent régulièrement de nouvelles. Par exemple, en juin 1715, Le Fèvre de Fontenay explique à une « Madame » : « Je vous ai promis des historiettes. Il faut vous tenir parole11. » À la même occasion, ce passage montre l’importance du public pour le Nouveau Mercure galant. Son responsable ne réussit pas seulement à vendre le périodique, mais il arrive également à faire participer les lecteurs à la revue en publiant leurs propres rédactions. De cette manière, il fait de la revue un véritable « salon de papier12 » et remplit parfaitement la mission du périodique, c’est-à-dire qu’il crée un lien entre la société galante de Paris et ses lecteurs à travers tout le royaume. Le Nouveau Mercure galant constitue, par conséquent, ce que Suzanne Dumouchel appelle un « lieu […] de sociabilité13 ».

Cette nature de la revue implique un grand nombre de plumes. Pourtant, force est de constater que nous ne savons pratiquement rien sur ces dernières et la notice consacrée au Nouveau Mercure galant dans le Dictionnaire des journaux ne nous aide pas. Si nous disposons de listes détaillées des contributeurs des Mercures de Donneau de Visé [Devizé], JeanDonneau de Visé14, de Dufresny, CharlesDufresny15 et de François Buchet, FrançoisBuchet16, ce n’est pas le cas du Nouveau Mercure galant17. Par conséquent, nous ne savons pas si Le Fèvre de Fontenay a profité de l’aide de contributeurs officiels et réguliers, tel Thomas Corneille, ThomasCorneille qui écrit de 1680 à 1709 pour le Mercure. D’autres questionnements subsistent également et nous essaierons dans ce travail de percer quelques-uns de ces mystères : par exemple, aucune étude complète concernant l’aspect économique et donc matériel dans un sens large, à savoir les revenus du responsable ou la portée de la revue, n’existe.

Notre tâche la plus importante reste pourtant autre : Alain Niderst écrit à propos du Mercure galant de Donneau de Visé [Devizé], JeanDonneau de Visé qu’il « servit tous les combats des Modernes18 ». Mais, comme les arguments et les positions des Anciens varient, les Modernes ne constituent pas un bloc monolithique. Nous devons donc également découvrir de quels Modernes les plumes du périodique sont proches. Pourtant, étant donné que le Nouveau Mercure galant veut former un lieu de sociabilité, il se peut qu’il y apparaisse aussi des textes équilibrés ou proches des Anciens. Par conséquent, nous nous poserons principalement la question de savoir dans quelle mesure les prises de parole du Nouveau Mercure galant d’Hardouin Le Fèvre de Fontenay témoignent de la concurrence des idées anciennes et modernes lors de la Querelle d’Homère.

L’analyse du discours et la microhistoire

Afin de répondre à cette problématique, nous nous inspirerons principalement de l’analyse du discours selon Michel Foucault qui définit le terme « discours » dans l’Archéologie du savoir comme un « ensemble des énoncés qui relèvent d’un même système de formation1 ». Selon Luca Paltrinieri, un discours – dans le sens foucaldien – n’est cependant ni synonyme de mentalité, ni d’idée puisque Foucault conteste le rôle central que les historiens spécialisés dans ces domaines accordent aux hommes et aux femmes. D’après lui, ceux-ci ne sont que des sujets extérieurs aux énoncés2, c’est-à-dire aux discours3. Néanmoins, le recours à cette méthode inspirée par Foucault reste pertinent, même si la Querelle des Anciens et des Modernes s’inscrit également dans l’histoire des idées4 et semblerait, par conséquent, échapper à l’empire de l’analyse du discours. Or, ce paradoxe n’en est pas un puisque nous n’aspirons guère à « expliquer l’évolution5 » des idées, mais à les « décrire6 ». Par conséquent, nous renonçons à une différenciation trop brutale entre les idées et les discours. À l’instar de Larry F. Norman qui décrit, dans The Shock of the Ancient, les « positionnements » des Anciens et des Modernes en décodant7 derrière des mises en scènes élaborées les véritables arguments et convictions des deux partis, nous chercherons à découvrir comment les plumes du Nouveau Mercure galant se positionnent par rapport aux questions soulevées par la Querelle d’Homère et à dévoiler8 des significations – plus ou moins – cachées. Comme Dominique Maingueneau, nous comprenons donc les termes « positionnement » et « se positionner » en relation avec un champ dans lequel il est possible de se situer9. Il en résulte que les Anciens et les Modernes ne forment pas deux blocs monolithes qui se font face, mais plutôt une sorte de continuum sur lequel il faut placer les discours transmis par le Nouveau Mercure galant. Dans l’esprit du colloque « Anciens et Modernes face aux pouvoirs10 », notre vision de la Querelle d’Homère exclut donc l’idée d’une simple dualité et cherche principalement à en éclaircir la complexité en mettant les idées qui circulent – et non pas les porteurs de celles-ci – au centre de nos recherches.

Après cette définition de notre objet de recherche, il nous faut encore évoquer une autre opposition intrinsèque aux travaux de Michel Foucault. Même si nous écartons dès le début la dimension linguistique de ses recherches, qui est d’ailleurs plus présente en France qu’en Allemagne11, il nous reste deux possibilités d’étudier les discours. Dans L’Ordre du discours, Michel Foucault distingue « l’ensemble critique12 » et « l’ensemble généalogique ». Ce dernier s’intéresse aux relations des discours entre eux, à leurs formations et aux conditions qui rendent leur apparition possible. Le professeur au Collège de France qualifie cette approche de « dynastique du savoir13 » qu’il oppose à une « archéologie du savoir14 ». Pour Judith Revel, la dynastique du savoir constitue une « analyse verticale » des discours, tandis que l’archéologie du savoir est une « lecture horizontale15 ». Foucault y cherche donc à cerner « les conditions d’émergence des discours de savoir en général à une époque donnée16 ». Cet état des lieux implique aussi les transformations des discours et revient à une « description de surface17 ». Dans le même temps, Foucault admet dans L’Ordre du discours que les deux ensembles, critique et généalogique, en tant que point de départ d’un projet de recherche ne sont pas si éloignés l’un de l’autre que nous pourrions le croire. Selon Foucault : « Entre l’entreprise critique et l’entreprise généalogique la différence n’est pas tellement d’objet ou de domaine, mais de point d’attaque, de perspective et de délimitation18. » Par conséquent, il faut préciser de quelle manière ces trois mots-clés se retrouvent dans le cadre de notre recherche.

Tout d’abord, il faut donc parler de notre point d’attaque, c’est-à-dire notre problématique. La recherche des idées anciennes et modernes construira ainsi notre lecture du Nouveau Mercure galant que nous quitterons pourtant régulièrement afin de contextualiser les textes. Ensuite, il faut décrire notre « perspective », qui est celle de Larry F. Norman et de Delphine Denis. Dans Le Parnasse galant, Denis évoque la question de l’« archive » et parle des « archives galantes » au pluriel :

[Les textes] forment en outre un réseau serré, de circulation diffuse et complexe ; étroitement tissés entre eux, ils se présentent comme un ‘trésor’ commun, où contemporains et lecteurs à venir pourraient puiser références et citations, pour s’autoriser [en italique dans l’original] à leur tour19.

Dans le même temps, Denis exclut la dimension du terme « archive » qui renvoie au travail des archéologues : elle ne cherche guère à « exhumer les documents20 ». À l’instar de Foucault, Denis étudie des discours sur une période plus longue. Dans son sous-titre, elle indique qu’elle s’intéresse à tout le XVIIe siècle et, dans L’Ordre du discours, Foucault esquisse également des projets de recherche relevant de l’ensemble critique. Il pense par exemple à se pencher sur « la sexualité depuis le XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle21 ». Force est de constater qu’il y a un clivage non-négligeable entre les siècles que Denis ou Foucault envisagent comme cadre de leurs recherches et les quelques années qui sont au cœur de notre projet. En outre, les discours auxquels nous nous intéressons forment une autre limitation – ou plutôt délimitation – de nos recherches. Si Delphine Denis se concentre sur « le seul domaine littéraire22 », nous préférons une approche plus globale et plus « horizontale » qui rend mieux compte de la complexité des enjeux de la Querelle d’Homère et qui inclut, à côté de la critique du goût, les dimensions politique et épistémologique de la querelle. Nous y suivons l’exemple de Larry F. Norman qui étudie également plusieurs aspects de la Querelle des Anciens et des Modernes – en l’occurrence des questions politiques, religieuses, morales et esthétiques. Néanmoins, il y a encore une autre raison qui justifie notre choix d’un corpus relativement restreint.

En effet, après avoir exposé brièvement la théorie de l’analyse du discours qui se trouve au centre de nos études, il nous faut passer de l’histoire des idées à des aspects plutôt matériels. Ce changement de perspective nous permet principalement de résoudre le grand problème des sources sur lesquelles nous fondons nos travaux. Certes, les chercheurs qui ont travaillé sur la presse de l’Ancien Régime sont presque légions. Sur ce point, nous nous contentons d’évoquer les travaux importants de Monique Vincent23, de Suzanne Dumouchel24 ou de Christophe Schuwey25 qui ont tous étudié les natures et les fonctionnements des revues des XVIIe et XVIIIe siècles. Leurs livres et articles constituent une aide précieuse pour nos recherches, mais, toutefois, il faut admettre que le Nouveau Mercure galant reste le parent pauvre de ces études. À notre connaissance, aucun ouvrage scientifique – à part une entrée dans le Dictionnaire des journaux – ne s’intéresse au Nouveau Mercure galant d’Hardouin Le Fèvre de Fontenay. Si cette lacune n’est guère surprenante étant donné la perte de vitesse supposée de la revue et de la brièveté du règne de Le Fèvre de Fontenay sur le Mercure, il n’empêche qu’il reste intéressant de compléter ce vide dans le cadre de la recherche scientifique. Tout en nous concentrant sur les discours développés par les contributeurs du Nouveau Mercure galant, nous aborderons également des questions plus matérialistes : les plus importantes en sont certainement l’identification des contributeurs de la revue, l’étude des genres en ce qu’ils sont les véhicules transportant les propos, les moyens linguistiques dont les acteurs de la querelle se servent afin de défendre leurs positions et de « disqualifier […] l’adversaire discursif26 » ainsi que les idées chères aux contributeurs. Il s’agit donc d’« exhumer les documents » avant de les classer, ce qui nous ramène à l’archéologie et ce qui est également justifiée par la nécessité – plus historique que foucaldienne – d’une véritable critique des sources.

Ce travail d’historien rencontre pourtant des limites. Contrairement aux archéologistes, nous ne procéderons pas à une fouille généralisée d’un site historique. Au vu de notre centre d’intérêt, nous avons malheureusement dû renoncer à des recherches supplémentaires et systématiques dans les archives dans lesquelles nous aurions pu « exhumer » quelques documents méconnus concernant le Nouveau Mercure galant. Tout en assumant cette faiblesse, le périodique d’Hardouin Le Fèvre de Fontenay avec ses 29 livraisons27, dont chacune compte plusieurs centaines de pages, reste un corpus digne d’une étude plus approfondie puisqu’il parvient – d’après les recherches de Monique Vincent – à toucher un public en dehors des cercles des salons littéraires de la haute société parisienne. Toujours est-il que ce public n’en reste pas moins galant et mondain, tout en étant pour une part populaire, c’est-à-dire socialement moins influent au niveau du royaume ou de la République européenne des lettres que, par exemple, les habitués du salon de Madame de Lambert, Madame deLambert. Par conséquent, il est possible de décrire nos travaux comme une microhistoire littéraire et culturelle, pour reprendre l’expression de Carlo Ginzburg, l’auteur de l’ouvrage Le Fromage et les vers28, qui a popularisé cette façon d’étudier l’histoire, même si le terme en tant que tel est attesté avant Ginzburg.

Bien évidemment, le Nouveau Mercure galant n’est pas le « meunier du Frioul, Domenico Scandella, DomenicoScandella dit MenocchioMenocchioScandella, Domenico, qui mourut brûlé sur l’ordre du Saint-Office après une vie passée dans l’obscurité la plus complète29 » étant donné qu’il n’est pas du tout condamné au silence, mais forme même une voix semi-officielle. Malgré quelques interdits dans le sens foucaldien30, le Nouveau Mercure galant constitue effectivement un « forum31 » sur lequel les contemporains peuvent se prononcer librement. Néanmoins, les deux objets de recherche ont des caractéristiques en commun. Ginzburg nous renseigne à ce sujet : « Réduire l’échelle d’observation revenait à transformer en un livre ce qui, pour un autre chercheur, aurait seulement été l’objet d’une note de bas de page dans une monographie sur la Réforme dans le Frioul32. » Cet autre chercheur évoqué par Ginzburg est, dans le cas de la Querelle d’Homère, Noémi Hepp. Dans son Homère en France au XVIIe siècle, elle consacre certes environ une page au Nouveau Mercure galant et l’évoque dans quelques notes de bas de page, mais elle passe rapidement à autre chose et ne s’intéresse guère à la revue. Cette analyse – comme celle d’un cas particulier sous un microscope – reste pourtant dangereuse puisque nous risquons de tomber dans l’« histoire événementielle33 ». Ce risque est également identifié par Michel Foucault :

L’histoire, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, ne se détourne pas des événements ; elle en élargit au contraire sans cesse des couches nouvelles, plus superficielles ou plus profondes ; elle en isole sans cesse de nouveaux ensembles où ils sont parfois nombreux, denses et interchangeables, parfois rares et décisifs : des variations quasi quotidiennes de prix on va aux inflations séculaires34.

Dans notre contexte, l’étude détaillée d’un seul texte, voire d’un seul poème, constitue cet événement singulier, intéressant et, en même temps, dangereux. Or, face à notre ignorance du Nouveau Mercure galant, ce travail d’« une minutie presque obsessionnelle35 » permet de compléter notre image du périodique et de ses auteurs36. Il en résulte donc que l’étude parfois pénible et souvent descriptive reste nécessaire, mais il ne faut pas s’arrêter là. En ce qui concerne l’analyse du discours, Foucault explique notamment qu’il n’est guère pensable d’analyser l’un sans l’autre : les événements sans la série et inversement37. Par la même occasion, il rend légitime notre approche : « [C]ette analyse des discours à laquelle je songe s’articule […] sur le travail effectif des historiens38. » Sur le plan de la microhistoire, Ginzburg, qui est d’ailleurs un lecteur de Foucault39, essaie d’échapper à ce piège d’une façon similaire. En se référant à Siegfried Kracauer et à Marc Bloch, il écrit :

Ce qui signifie que la conciliation entre macro- et microhistoire n’a rien d’évident […]. Et néanmoins c’est elle qu’il faut rechercher. Selon Kracauer, la meilleure solution est celle qu’a adoptée Marc Bloch dans La Société féodale : un aller-retour continu entre macro- et microhistoire, entre gros plans […] et plans d’ensemble […] ou généraux […] qui permet de tarauder la vision globale du processus historique par le moyen d’exceptions apparentes et de causes qui se déroulent dans un temps limité40.

Ce sera justement le pari que nous tiendrons : décrire les différents discours présents dans le Nouveau Mercure galant, c’est-à-dire déterminer s’ils sont novateurs ou s’ils suivent surtout d’autres hommes de lettres, sans négliger l’indispensable critique des sources.

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9783823302872
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