Читать книгу: «Exhumation Du Roi Fae», страница 2

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Ses interrogations au sujet de l’Académie lui provoquaient déjà une angoisse insupportable. Elle refusait de voir sa personnalité s’effacer si profondément. Ses parents avaient souvent décrit leur séjour à l’université, mais elle avait la certitude que l’institution suivait une ligne directrice entièrement différente maintenant.

Lorsque le brouillard se dissipa dans son esprit, elle aperçut le plus beau mâle Fae qu’elle ait jamais vu. Sa longue période d’âpreté et son besoin sexuel accru sublimisaient-ils sa vision du mâle ?

Non, décida-t-elle en apercevant ses traits nets et ses magnifiques yeux vert profond, ses cheveux noirs en désordre, sa petite frange sur son front.

Son air de détermination faisait écho à son propre ressenti au moment où les policiers étaient apparus chez elle. Son cœur s’accéléra quand il grommela et s’envola dans les airs à toute vitesse. Elle voulait crier, l’avertir.

Les mains attachées, il ne pourrait pas parcourir de grandes distances. Le même dispositif d’attache étincelait autour de sa taille, elle réalisa qu’ils l’avaient utilisé sur lui en dernier.

Alors qu’il s’éloignait des Fae qui l’attaquaient, la gorge de Maurelle se serrait. S’il réussissait à s’échapper, alors l’appareil se détacherait d’elle. La trajectoire de son vol vacilla lorsqu’il regarda le mâle qui le poursuivait dans le ciel.

Quand l’océan apparut sous ses yeux, Maurelle retint son souffle. Ses parents lui avaient donné une description fidèle de l’Académie. Une végétation luxuriante ceinturait les grands bâtiments de pierre, des ronces d’un côté et l’océan à l’arrière.

La profusion d’étincelles l’obligea à détourner la tête. Son regard se déplaça à temps pour voir le mâle séduisant s’écraser contre une barrière invisible dans le ciel. Personne n’avait clairement expliqué à Maurelle ce qui se passerait si elle essayait de s’envoler. Elle savait tout simplement qu’elle le regretterait.

Elle contempla l’aile du beau Fae qui s’illuminait comme si la foudre l’avait frappée. En un éclair, il s’effondra au sol. Elle vomit à la vue de la scène. Elle regarda, les yeux grands ouverts. Son cœur se mit à battre la chamade quand il toucha le sol.

À son atterrissage, elle aurait juré que l’impact avait secoué la terre. Son aile était pliée derrière son dos et il saignait. La scène était effroyable, elle doutait que le mâle se remette un jour.

Avec deux officiers venus pour elle dans sa maison, Maurelle ne voulait pas se montrer si vulnérable. Elle força son esprit à quitter la vision et elle se concentra sur elle-même. Une pioche fendit sa tête et la bile remplit ses narines.

Elle parvenait à peine à ouvrir les yeux, comme s’ils restaient collés, les paupières fermées. Quand elle y parvint, le mâle aux cheveux auburn la soulevait du sol. Il la tenait par le col et par un bras.

Ses sœurs en larmes se blottissaient l’une contre l’autre. Maurelle bascula avec l’officier qui la tenait. Une fois sortie de ses visions, sa désorientation dura plus longtemps que la normale. Elle ne savait pas si cet égarement était provoqué par l’entrave ou par sa maladie.

Elle entendait sa mère supplier les collecteurs de la laisser partir, mais l’autre mâle refusait d’écouter. « Vas-tu coopérer maintenant ? »

Maurelle essaya de se libérer de la poigne de fer de l’officier sur son bras, mais la main figée sur le côté refusa de décoller et la rappela à l’ordre. Après un coup d’œil rapide, elle découvrit que les menottes s’incrustaient pratiquement à ses poignets.

« Non. Tu ne peux pas emmener ma fille », sanglota sa mère alors qu’il la traînait dans la maison. Elle se précipita vers le mâle qui tenait Maurelle. Le temps ralentit encore.

À la seconde où sa mère essaya de l’atteindre, l’autre mâle souleva un long bâton noir et lisse et frappa. Le bâton heurta son crâne avec un bruit sourd. Ses sœurs crièrent avec elle, la tête de leur mère vola sur le côté et son sang éclaboussa le mur.

« Qu’est-ce que tu as fait ? » aboya l’officier qui la tenait.

Ils nageaient tous en plein cauchemar, pensa Maurelle en regardant le corps meurtri de sa mère s’effondrer au sol. Son crâne en partie arraché, ses yeux bruns vides regardaient le néant.

« Maman », cria-t-elle. Son estomac se révoltait devant cette vision. Le thé qu’elle venait de boire remonta précipitamment, puis jaillit de sa bouche et de son nez. Maurelle essaya de voir si la poitrine de sa mère montait et descendait, mais elle fut hissée vers la porte avant de pouvoir établir un diagnostic.

« Allez chercher papa », cria-t-elle à ses sœurs. L’officier la poussait dans les escaliers. Le soleil brillant se moquait du chagrin qui crevait sa poitrine. Le Fae la conduisit vers un chariot, il la maintenait sur le ventre. Puis il pressa un disque contre le dos de sa manille et les chaînes tombèrent avec un son mat. Elle devait absolument se procurer une clé pour les menottes.

Rapidement, elle se remit debout et essaya de se précipiter pour rejoindre son père. Alors que la porte se refermait derrière elle, Maurelle regarda en arrière et vit ses sœurs blotties dans l’embrasure de porte de l’appartement qu’elles appelaient leur « maison ». Elle devait nager en plein cauchemar.

Son cœur se brisa en un million de morceaux, elle donna un coup de pied dans les barreaux qui la séparaient de ses sœurs. Elle ne pourrait pas réconforter son père ou l’aider à apaiser Nyx ou Erlina.

Ses doigts agrippèrent les barreaux. Elle hurlait vers qui voulait l’entendre pendant que les collecteurs la transportaient. Pour la première fois depuis la manifestation de ses pouvoirs, elle ne se trouvait pas projetée dans une vision.

La réalité de la vie avait l’ascendant sur son âme battue et refusait de lâcher prise. Ils avaient impitoyablement tué sa mère parce qu’elle s’opposait à envoyer Maurelle dans leur stupide académie. Comment pouvait-elle continuer quand sa douce et aimante mère était partie ? Elle n’avait même pas pu lui dire au revoir ni aider à envoyer son esprit vers l’au-delà.

Elle ne devrait pas se montrer aussi surprise compte tenu de la torture dont elle avait été témoin dans sa dernière vision. Quiconque permettait de pareilles horreurs se moquait éperdument des blessures causées par l’exercice de leur domination et de leur pouvoir.

CHAPITRE III

L’inflammation à l’épaule de Ryker provoqua une agonie atroce pendant qu’il scannait les images lumineuses sur la table devant lui. Il ne pouvait pas soulever son mauvais bras sans provoquer une douleur atroce. Depuis qu’il avait repris connaissance à l’infirmerie de l’Académie, il vivait bien mieux qu’il ne l’avait espéré.

Il trouvait réconfortant de voir que les humains n’avaient pas commencé un procédé diabolique dès sa première seconde à l’académie. Honnêtement, il était surpris de voir à quel point tout semblait normal. Dans leur jeune âge, tous les enfants Fae fréquentaient l’école pendant plusieurs années. Ils y apprenaient à lire, à écrire et ils découvraient tout ce qu’on enseigne à l’école.

Historiquement parlant, l’Académie de Bramble’s Edge aidait les Fae à affiner leurs pouvoirs tandis qu’ils devenaient de jeunes adultes. Elle mettait l’accent sur le contrôle des capacités de chacun plutôt que sur l’éducation formelle. L’apprentissage de la maîtrise des pouvoirs représentait peut-être réellement son seul objectif maintenant.

Rien de suspect ou d’infâme ne s’était produit depuis son arrivée. Ryker se sentait contraint de remettre en question ce qu’il avait entendu dire pendant son enfance, en particulier les propos de sa mère. Elle lui avait décrit les humains comme des créatures maléfiques déterminées à garder le contrôle de leur royaume.

En réalité, les Fae qui dirigeaient l’école n’assuraient peut-être pas de missions pour les humains. À en juger par la façon dont ils le traitaient, il ne pouvait s’empêcher d’envisager cette probabilité. Le guérisseur avait passé plusieurs jours à réparer son aile centimètre par centimètre, afin qu’il puisse finalement voler à nouveau.

Si l’Académie voulait le contrôler, l’asservir en esclavage, personne n’aurait pris autant de soin à guérir ses blessures. Il revoyait sa mère lui conseiller de ne faire confiance à personne, de garder la tête baissée et de rester loin des projecteurs.

Il accomplirait son temps à l’Académie sans se faire remarquer. Voilà son plan ! Il devrait se soumettre à une évaluation pour déterminer ses capacités et la source de son affinité. Un de ses camarades de dortoir appartenait à la ligue Fae de la terre, un autre à la ligue de l’eau, et un troisième avait révélé une affinité pour deux éléments.

Ryker trouvait ça inouï ! D’après ses connaissances, seuls de rares Fae s’alignaient sur plusieurs éléments, et lorsque cela arrivait généralement ces éléments se complétaient. Sans savoir pourquoi, il espérait maîtriser plusieurs éléments.

Il n’avait pourtant aucune idée des implications pratiques qui en découleraient pour lui. D’après Sol, il devrait assister à des séminaires et à des séances d’entraînement supplémentaires. Ryker aimait avoir du temps libre pour jouer à la balle au cerceau. Sol quant à lui se montrait très occupé en ce moment.

Ryker choisit sa nourriture, se tourna et scruta le réfectoire. Il n’avait jamais vu un endroit comme l’Académie de Bramble’s Edge. La taille des dortoirs dépassait largement celle de l’appartement qu’il partageait avec sa mère, et la cafétéria était immense. D’innombrables tables et tabourets remplissaient la pièce. Les Fae n’étaient pas autorisés à utiliser la technologie. Il fut donc surpris d’avoir recours à des images sur la table pour commander leur nourriture. Chaque fois qu’il touchait le bouton, il ressentait un picotement spécifique.

Ses camarades de dortoir lui avaient expliqué que les sélections du menu leur étaient apportées rapidement après avoir touché le bouton marqué du logo de l’école correspondant. Ryker avait toujours aimé le symbole de l’Académie. Ces lettres « BE » entourées par le buisson de ronces épineuses se connectaient à son âme. Tout dans l’Edge suscitait ses émotions intérieures.

Après les encouragements de sa mère à fuir avant d’être recueilli, Ryker s’attendait à tout détester de l’Académie. Mais non, il ne détestait pas tout. En fait, il aimait même de nombreux aspects de l’établissement. Les murs de pierre des vieux bâtiments imprégnés de magie Fae semblaient l’accueillir avec joie. Oui, il réalisait que sa pensée était folle, mais il ne pouvait pas résister à son ressenti.

Les salles de classe et les champs d’entraînement étaient aussi extrêmement différents de son ancienne école. Ils disposaient de larges espaces pour s’entraîner et apprendre, des étendues largement supérieures. Dans son enfance, il allait dans une petite maison d’éducation qui desservait uniquement les complexes d’appartements de sa rue. Les locaux de son école primaire se situaient au deuxième étage au-dessus de la boulangerie et ils déjeunaient dans leurs salles de classe.

La nourriture à l’Académie rivalisait également avec les recettes de sa mère. Elle n’était peut-être pas la meilleure cuisinière de l’Edge, mais elle s’en rapprochait terriblement. La vaste sélection comprenait toujours un ragoût quelconque, parfait pour leur climat froid.

À Mag Mell, le temps était rarement chaud et il pleuvait fréquemment, alors Ryker préférait manger des repas copieux. Dans l’Edge, ils trouvaient difficilement des fruits et des légumes frais, mais l’Académie ne semblait pas avoir ce problème.

Ryker ne savait pas trop à quoi s’attendre la première fois qu’il avait pu quitter l’infirmerie pour prendre un repas dans le réfectoire. Il n’avait pas imaginé les dizaines de choix alimentaires qui se présenteraient à lui, son régime pendant son séjour à l’infirmerie le nourrissait certes, mais il restait insipide.

Il repensait à la manière dont sa mère décrivait les horreurs de l’Académie et s’attendait à recevoir une nourriture mystérieuse et sans choix. Cet environnement ne cadrait décidément pas avec sa conception préconçue du lieu.

De vraies plantes vivantes ornaient les coins de la pièce. Des fenêtres du sol au plafond leur offraient une vue sur l’océan au loin. La vue elle-même dégageait la sérénité.

Le lieu était tellement magique. Comment pouvait-il se trouver au mauvais endroit ?

Ryker leva les yeux lorsque Sol et Brokk s’approchèrent de sa table. Son troisième colocataire, Dain était déjà assis à table avec lui.

« Tu as déjà reçu un avis pour ton évaluation ? » demanda Sol.

Ryker secoua la tête et remercia le lutin qui lui apportait son repas. « Je n’ai encore rien reçu. Ils m’accordent peut-être plus de temps pour récupérer. »

Brokk lança à Sol un regard que Ryker ne comprit pas. « D’ailleurs, comment va ton aile ? »

Ryker tendit le muscle qui contrôlait son aile et elle se propulsa par-dessus son épaule. Il ne parvint pas à dissimuler la grimace provoquée par le mouvement.

« Elle n’est pas encore tout à fait remise. Mais grâce au guérisseur, elle va beaucoup mieux.

— Je n’en reviens pas que tu aies essayé de t’envoler avec les mains attachées par des chaînes, marmonna Sol en secouant tristement la tête.

— Pourquoi as-tu pris un tel risque ? Tu détestes autant l’école ? »

Ryker ressentit des picotements sur sa peau, le premier signe que quelque chose ne tournait pas rond. La question frôlait l’innocence, mais tous les Fae de l’Edge savaient consciemment en quoi consistait l’Académie. Personne ne voulait y assister.

La croyance commune disait qu’ils leur lavaient le cerveau et les transformaient en esclaves pour les humains. Il se souvenait des histoires racontées par ses amis. Tous avaient entendu des horreurs sur ce qui se passait derrière l’enceinte grillagée de l’école.

Les rumeurs disaient qu’ils aspiraient la magie des corps des Fae pour la mettre en bouteille, prête pour la consommation humaine. Ryker ne croyait absolument pas à ces clabaudages. S’ils étaient réels, toute trace de vie disparaîtrait des bâtiments. Et, les individus dans le réfectoire ne parleraient pas entre eux. Ils resteraient assis là avec des expressions figées.

Si les caractéristiques Fae de Ryker étaient retirées de son corps, il imaginait qu’il resterait entièrement vide. Pouvait-il accorder une confiance sans borne à ces mâles ? Voilà, la vraie question qui lui traversait l’esprit. Il était trop tôt pour lui. Il ne les connaissait pas bien.

Que se passerait-il s’il avouait la vérité à Sol ? Ryker ne voulait nullement risquer la sécurité de sa mère. Heureusement, elle avait gardé la bouche fermée après l’arrivée des policiers, donc rien ne l’impliquait dans sa tentative d’évasion.

« Dégage ! » résonna une voix féminine dans la cafétéria. Les regards se tournèrent vers les doubles portes ouvertes à l’autre bout de la pièce.

Ryker resta bouche bée devant la silhouette agile qui se contorsionnait dans les bras d’un mâle. Ryker venait à peine d’arriver, il ne connaissait ni le nom du mâle ni son rôle dans l’école. Les cheveux roses de la femelle s’emmêlaient. Elle se contorsionnait dans ses bras. Elle luttait pour essayer de se libérer.

Au début, il ne put rien voir d’autre. Lorsque son visage se tourna, Ryker remarqua qu’elle rougissait, mais pas d’embarras. Elle se déchaînait comme l’enfer. Il la regardait, et il voyait une tempête sur l’océan. Le feu provocateur qui flamboyait dans ses yeux gris brillait. Mais il détectait aussi une autre énergie derrière sa rage.

Il ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur son histoire. Contrairement aux autres étudiants, elle était arrivée au réfectoire avec un pantalon ample en coton et un débardeur froissé. Ryker pencha la tête, il remarqua qu’elle ne portait rien aux pieds. Plutôt inhabituel !

En une fraction de seconde, la femelle avait donné un coup de pied au Fae sur sa droite. Ryker grimaça et plaça sa main sur son aine tandis que le pied de la femelle se connectait pile entre les jambes du gardien. Tous les mâles dans la pièce furent pris de sympathie. Un seul coup à cet endroit suffisait pour se souvenir à jamais de la douleur provoquée.

Elle se mit en mouvement à l’instant suivant. Ses doigts étirés ratissaient le visage de l’autre mâle. « Maurelle », aboya une femelle plus âgée.

La femelle en colère s’arrêta et leva les yeux. Il réalisa que la femelle sous les cheveux roses s’appelait Maurelle. Il ne put s’empêcher de remarquer sa poitrine qui se soulevait. Des larmes coulèrent dans ses yeux alors qu’elle s’arrêtait et regardait la vieille Fae.

« Qui est-ce ? » chuchota Ryker. Il ne voulait pas attirer l’attention sur lui, mais il désirait savoir pourquoi la femelle avait cessé de se battre. Une légère sensation de picotement filtrait dans l’air et obligea Ryker à serrer les dents.

« C’est la directrice Gullvieg. Elle est sûrement la Fae la plus puissante de Bramble’s Edge en matière de manipulation mentale, répondit Sol.

— Tu vas me tuer aussi, maintenant ? » cracha Maurelle.

Elle rejeta son buste en arrière pour déloger la main sur son épaule.

À sa question, une certaine tension emplit la pièce. Ryker attendait toujours que quelqu’un empêche Maurelle de contester l’autorité de Gullvieg, mais rien ne se produisait. La directrice plissa les yeux et s’approcha de la femelle énervée.

« J’attendais ton arrivée, ainsi que toute l’Académie, pour prononcer mon discours de bienvenue. Commande ta nourriture et va prendre place », suggéra la directrice. Le ton vif utilisé pour prononcer le nom de Maurelle un instant auparavant avait disparu. Elle aurait aussi bien pu parler de la météo, pensa Ryker. Rien n’indiquait que Maurelle l’avait énervée.

Les deux mâles se tenaient de chaque côté de Maurelle, et la stressaient. Avant même que Ryker ne s’en rende compte, il se leva. La main de Brokk sur son avant-bras l’empêcha d’aller au secours de la femelle.

Après avoir lancé aux mâles un foudroyant « regard-qui-tue », Maurelle leva le menton et traversa la pièce. Son regard croisa celui de Ryker. Il dut s’efforcer pour dissimuler sa réaction.

Il la trouvait belle. Son visage étroit contrastait singulièrement avec les rondeurs de sa silhouette. Elle était grande. Mais elle n’avait pas le corps droit comme un bâton typique d’une Fae. Le débardeur se resserrait sur ses seins plus généreux que la moyenne, et ses hanches se balançaient à chaque pas.

En tant que Fae, Ryker n’était pas étranger au sexe, mais Maurelle avait précipité son esprit directement dans la chambre. Il s’interrogeait sur la douceur de ses lèvres, pincées et aucunement accueillantes à ce moment même, mais cela n’estompait pas son attirance.

Ryker retomba sur son tabouret. Il l’observa serrer les poings tout en fixant la directrice du regard.

Elle resta là pendant un instant avant de se diriger vers une table. Son regard fixait maintenant Ryker. Ses ailes voletaient nerveusement dans son dos. Les couleurs turquoise et rose vif correspondaient à ce qu’il décelait dans sa personnalité. Il avait devant lui l’une des femelles les plus fortes qu’il ait jamais vues.

Elle ne s’était pas retournée. Elle avait traversé la salle comme une poupée placide. Sa prestance le séduisait autant que sa silhouette. Son feu l’attira vers elle avant même qu’il ne la regarde. Après avoir reçu du pain et d’autres produits, elle jeta un coup d’œil tout autour de la pièce.

Son cœur se mit à battre à toute vitesse. Il voulait se lever et aller vers elle lorsqu’elle se dirigea vers lui. Avec ses crampes d’estomac et son front trempé de sueur, il avait du mal à rester assis. Elle se dirigeait en effet vers sa table, alors qu’au moins dix autres tables libres attendaient autour de lui. Il n’avait vraiment aucun besoin de créer une amitié avec cette femelle fauteuse de trouble. Il avait déjà suffisamment énervé les forces de l’Académie en essayant d’échapper à la collecte.

Ryker força son regard vers sa propre nourriture, il ramassa sa fourchette et commença à manger. Il ne put se retenir de lever les yeux pour voir où elle avait décidé de s’asseoir. Quand une main délicate atterrit à côté de lui, sa tête se leva comme une fusée.

Maurelle tirait précisément la chaise à côté de lui. Quand elle rencontra son regard, il ne put s’empêcher de remarquer les cernes sous ses yeux. Cela lui fit penser qu’elle se battait aussi durement que lui.

« Salut toi ! » dit Brokk de l’autre côté de la table avec un petit geste. Maurelle le regarda et lui adressa un signe.

« Je suis Brokk. J’ai entendu Gullvieg t’appeler Maurelle, c’est ça ?

— Oui, répondit-elle avant de tourner la tête vers Ryker.

— Tu es nouveau, n’est-ce pas ? Comment va ton aile ? »

Abasourdi, il dissimula le choc en fourrant un gros morceau de nourriture dans sa bouche. Il hocha la tête pendant qu’il mâchait et déglutissait. « Je suis Ryker. Et l’aile s’améliore. Les guérisseurs de l’Académie ont déployé des efforts considérables pour la remettre en état de marche. » Il fléchit le muscle de son aile, pour la faire passer par-dessus son épaule avant de l’abaisser à nouveau. Il ne voulait pas paraître impertinent, alors il lui parla, mais il ne voulait pas approfondir non plus.

Sa tentative d’évasion avait déjà suffisamment attiré l’attention. Il ne ressentait aucun besoin d’ajouter Maurelle à sa liste d’amis proches et de provoquer un examen minutieux de la part de Gullvieg. Il espérait avoir dissipé les craintes de la vile directrice à son sujet.

Maurelle se pencha en arrière sur son siège, elle leva sa main vers l’aile et la tendit comme pour la toucher. Instinctivement, Ryker l’abaissa. Elle comprit probablement la raison de ce geste brusque et elle laissa retomber sa main. Malgré son attirance flamboyante pour elle, il pensait qu’ils feraient mieux de garder leurs distances.

« Tu es vivant, c’est déjà ça. Je craignais que tu ne sois mort aussi », avoua-t-elle.

Une grimace s’esquissa sur son visage alors qu’elle poussait la nourriture dans son assiette.

La directrice se leva et posa ses mains sur ses hanches. « Je voudrais souhaiter la bienvenue à tout le monde pour cette nouvelle année à l’Académie de Bramble’s Edge. Je dirige avec fierté cette institution depuis trois siècles. Vous ne recevrez nulle part une meilleure éducation pour apprendre à contrôler vos capacités. Nous venons d’accueillir plusieurs nouveaux étudiants qui seront évalués après-demain. »

Gullvieg expliqua où se trouvaient les salles de classe ainsi que les différents champs d’entraînement. Ryker écoutait ou plutôt il feignait de prêter attention au discours. Il était concentré sur Maurelle. Comment cette femelle avait-elle découvert sa tentative d’évasion ? L’avait-elle vu essayer de voler alors qu’il était enchaîné ? Ses colocataires s’étaient retirés dès l’instant où le discours de bienvenue avait commencé, car ils n’avaient pas besoin de l’écouter.

En rapprochant son tabouret de Maurelle, il se pencha vers elle et murmura : « Comment sais-tu ce qui m’est arrivé ? »

Ses yeux gris étaient bordés de rouge lorsqu’elle se concentrait sur lui et la sueur perlait sur son front.

« Oh. Le collecteur qui est venu me chercher a utilisé ces bandes magiques…

— Les entraves, l’interrompit-il en expliquant le nom du brassard.

— Peu importe, dès qu’elles m’ont touchée, je t’ai vu essayer de t’échapper et tomber après avoir heurté la barrière, répondit-elle en agitant sa main.

— Tu possèdes des aptitudes psychométriques ? »

Il réfléchissait à ce qu’elle venait de dire. Elle aussi avait lutté au moment de sa prise en charge. Il ne trouvait rien de surprenant à sa résistance. Il s’inquiétait de son état, malgré tout il restait déterminé à maintenir une relation superficielle entre eux. « T’ont-ils blessée quand ils t’ont capturée ? »

Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes et elle baissa la tête. Il observait ses épaules courbées. Il avait été témoin de son combat un peu plus tôt, elle avait perdu à chaque reprise. Elle lui brisait le cœur. Il marmonnait des insultes contre lui-même et se sermonnait en silence pour se convaincre de rester immobile. Il ne devait pas essayer de la réconforter. « Non. Je n’ai pas été blessée, mais ma mère… elle a… elle a essayé de m’aider. »

Elle parlait d’une voix tellement basse qu’il dut se pencher vers elle pour l’entendre. « J’espère que ta maman va bien. La mienne n’est pas intervenue lorsque j’ai décollé par la fenêtre.

— Tu as de la chance qu’elle ait tenu sa langue. Ils ont tué ma mère », lança-t-elle en serrant les dents.

Le choc l’empêcha d’apprécier le feu intérieur qu’elle venait d’exhiber. « Quoi ? Pourquoi restes-tu ici ? Je suis désolé », ajouta-t-il avec précipitation. Son commentaire ne laissait pas transparaître la moindre trace de sensibilité. Jamais auparavant il n’avait entendu une histoire impliquant la mort lors d’une collecte. La disparition de la mère de cette belle femelle lui donnait envie de sabrer le cabinet au pouvoir et de nettoyer la maison. Il trouvait la situation purement et simplement inacceptable.

Il se rappela que cet épisode n’était pas isolé et tous ces incidents semblaient liés. Aucun Fae ne devrait souffrir comme ça. L’injustice frappa directement au plus profond de son âme. Il restait assuré que la situation personnelle de Maurelle n’était pas la seule cause.

« Ces gens sont des monstres. Si j’avais le choix, je rentrerais à la maison avec mon père et mes sœurs. Ils vont l’envoyer vers l’au-delà. »

Il posa la paume de sa main sur son épaule pour lui offrir un peu de réconfort. Elle se tourna vers lui, mais ses yeux ne souriaient pas. Il retira sa main. Son chagrin la portait à vif et la coupait en lambeaux. Malgré tout, il ne voulait pas se rapprocher d’elle. Hélas, en un éclair, il réalisa qu’il était peut-être déjà trop tard.

Tout ça expliquait l’apparence de ses vêtements. Ils ressemblaient davantage à un pyjama qu’à l’uniforme noir estampillé du logo de l’école. Comment avaient-ils pu prendre la vie de sa mère puis la forcer à assister à un banquet de bienvenue comme si de rien n’était ?

À ce moment, il comprit clairement que les rumeurs sur l’Académie — ou peut-être pas les rumeurs sur l’Académie, mais les rumeurs sur les humains au pouvoir — disaient vrai. Après tout, toutes les histoires d’horreur ne naissaient-elles pas de faits réels ?

Ce drame ne relevait certainement pas de l’évènement isolé. Ils étaient trop préparés à forcer cette femelle à s’incliner devant leurs volontés. Gouverner par la peur assurait un nombre minimal d’objections. Ils lançaient des sorts et avaient recours à d’autres subterfuges pour empêcher Maurelle de parler, mais ils ne cherchaient pas à soulager sa douleur le moins du monde.

La scène spectaculaire de son entrée dans le réfectoire avait attiré l’attention. Aucun doute ! Plusieurs étudiants autour d’eux avaient entendu toute l’action. La rumeur de la mort de sa mère se répandrait sur le campus en un rien de temps.

« Tu n’es pas seule ici », promit-il. L’espoir envahit son regard. « Malheureusement, je soupçonne que tu rencontreras d’autres élèves susceptibles de se raccrocher à ton vécu », ajouta-t-il. Il voulait s’assurer qu’elle comprenait bien qu’il ne parlait pas de lui-même.

« Je sais que tu as raison. C’est pourquoi je… ugh », bafouilla-t-elle. Elle grimaça et posa une main sur sa tête. La pâleur de sa peau prit une nuance vert maladif. Sa tête se déplaçait d’avant en arrière, ses mèches roses volaient.

« Tu n’as pas l’air en forme. As-tu déjà vu un guérisseur ?

— J’étais malade quand les collecteurs m’ont emmenée. Ils m’ont obligée à venir ici en premier.

— Tu as l’air horrible. L’infirmerie se trouve au deuxième étage, en bas de l’aile est. »

Il se leva, il ne pouvait vraiment pas lui offrir davantage. Hors de question de placer plus de cibles sur son dos qu’il en avait déjà.

« Merci », marmonna-t-elle. Elle se leva à son tour.

Il marchait à côté d’elle et aurait souhaité agir pour améliorer sa situation. Ni l’un ni l’autre ne parlèrent en marchant. Il agit comme un imbécile et il ne lui dit même pas au revoir quand ils se séparèrent. Il continua jusqu’à son dortoir au quatrième étage.

Ses tripes tourbillonnaient. En même temps, son aine pensait que ce serait une bonne idée de se laisser aller à son attirance. Alors qu’il venait de se flageller de l’intérieur pour avoir traité Maurelle avec ennui. Maintenant, une douche froide s’imposait.

384,09 ₽
Возрастное ограничение:
0+
Дата выхода на Литрес:
27 августа 2021
Объем:
250 стр. 1 иллюстрация
ISBN:
9788835426806
Переводчик:
Правообладатель:
Tektime S.r.l.s.
Формат скачивания:
epub, fb2, fb3, ios.epub, mobi, pdf, txt, zip

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