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Читать книгу: «La chasse aux lions», страница 5

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Mais lui me répliqua:

«Dumanet, il n'y a pas pareil à moi, je te l'accorde conséquemment, mais il y en a de meilleurs: c'est le tout de les connaître.»

J'allais descendre pour l'embrasser, quand il me cria tout à coup:

«Attention! prends garde! voici l'autre qui arrive au trot avec les petits. Arme ton pistolet et donne-moi la main pour m'aider à grimper.»

Alors je vis la lionne qui venait sur nous à son tour.

VII
LA LIONNE

Avez-vous vu la lionne qui était au jardin des Plantes en l'an 1859? Celle-là, je l'ai vue, moi, Dumanet, qui vous parle, ou si je ne l'ai pas vue, c'était sa cousine germaine, sa fille, ou sa nièce, enfin une de la famille. Elle était grande, mince, allongée, à peu près comme la fille aînée de M. le marquis d'Écorcheville, qui regarde les hommes de haut, à ce qu'on dit, parce qu'elle a un demi-pied de plus que les plus belles femmes de l'arrondissement de Libourne.

Eh bien, notre lionne, celle que Pitou venait de faire veuve, était à peu près comme ça, dans son genre. Quant à sa figure, il y en a peut-être de plus jolies… Vous savez, ça dépend des goûts… Elle avait un nez carré par le bout comme tous ceux de la famille, des yeux méchants comme ceux de la mère Cascarou, de Béziers, l'aubergiste, qui donne quatre-vingt-quinze soufflets par an à ses servantes et qui en reçoit trente ou quarante à son tour. Comme lui dit un jour le juge de paix: «Ma chère, on ne peut pas toujours donner; il faut recevoir quelquefois. Sans ça, on se ruinerait.»

Au-dessus des yeux, au milieu du front, il y avait une fente terrible, la même qu'on voit chez toutes les méchantes bêtes de la création: c'est la rue de la colère. Quand une dame vous regarde et que vous voyez cette rue tracée entre ses deux yeux, défiez-vous: elle va vous mordre.

Bien entendu, c'est encore pire pour les lionnes.

Celle-là donc, attirée par les deux coups de fusil, le mien et celui de Pitou, prit le grand trot pour voir ce que c'était, et si son mari avait fait bonne chasse. Car, il ne faut pas s'y tromper, le lion nous chassait comme nous chassions le lion. La différence, c'est qu'il avait des dents et des griffes toujours prêtes à travailler, et que nous n'avions, nous, que des fusils qu'il fallait recharger, ce qui demande du temps; sans compter qu'on pouvait manquer son coup, comme je l'avais manqué, moi, attrapant une patte de derrière au lieu du front que je visais.

En arrivant, elle fut bien étonnée de voir son lion étendu sur le dos, les quatre pattes en l'air et ne bougeant pas plus que s'il avait été de plomb. Le sang coulait sur le chemin.

Elle le regarda, le flaira, lui donna un léger coup de patte sur le mufle, comme pour savoir s'il était mort ou faisait semblant, vit qu'il ne disait rien, poussa un grognement terrible, le lécha doucement comme pour lui dire adieu, et enfin leva les yeux pour voir qui l'avait tué.

C'est alors qu'elle nous aperçut. Nous la regardions faire, Pitou et moi, tout étonnés.

Je dis à Pitou:

«Recharge vite ton fusil, elle va sauter sur nous.

– Recharger! avec quoi?

– Avec une cartouche, parbleu!»

Pitou me répondit:

«J'ai laissé ma cartouchière dans le buisson pour l'avoir à portée de la main. Donne-moi la tienne.»

Ah! tonnerre et quatorze millions de bombardes! ma cartouchière était tombée dans le fossé, pendant que je grimpais sur le rocher et que le lion tenait ma capote avec les dents. Je le dis à Pitou.

Il se gratta la tête, qui pourtant n'avait pas de démangeaison.

Non, quand Pitou se gratte, c'est qu'il cherche une idée dans son crâne. Il y en a là autant que de charançons dans un grenier à blé; mais elles dorment la plupart du temps, et il faut les réveiller.

Il se grattait donc. C'est sa façon de leur demander: «Êtes-vous là?» A la fin, il en trouva une et me dit:

«Dumanet?

– Mon ami?

– Ni poudre, ni balles. Nos fusils, c'est des bâtons. Je vais mettre ma baïonnette au bout du mien. Toi, monte dans l'arbre, fais-en autant pour le tien quand tu seras monté, et alors tu m'aideras à monter aussi, ou plutôt, avec ta baïonnette, tu garderas mes derrières pendant que je grimperai.

– Mais si elle t'attaque pendant que je vais grimper?»

Il me répondit:

«Monte donc, bavard!»

En même temps, ayant emmanché sa baïonnette, il se mit en garde pendant que je grimpais: le pied droit en arrière, le pied gauche en avant, le fusil fortement appuyé sur la cuisse, – en garde contre la cavalerie!

Juste au même moment, la lionne fit un bond et sauta sur lui. J'étais à peine debout sur une des grosses branches du chêne quand, me retournant, je vis le choc.

Ah! la mauvaise bête! Elle bondit de façon que sa gueule allait arriver à la hauteur de mon pauvre Pitou. Si elle lui avait attrapé le nez, c'était fait de lui. Jamais plus il n'aurait pu se moucher sur la terre! à peine un jour, plus tard, dans le ciel où nous ressusciterons avec nos enveloppes corporelles, comme dit M. le curé.

Mais Pitou, c'était Pitou! un bleu et lui, ça n'a jamais fait la paire!

Comme elle avançait sa gueule et ses quarante dents, il avança, lui, sa baïonnette, en appuyant son pied droit et la crosse de son fusil contre le tronc du chêne, de sorte qu'il ne risquait pas de tomber. De la pointe de son outil il lui piqua le mufle, et si fortement qu'il lui cassa deux dents de devant. Elle se rejeta en arrière et retomba sur le chemin en poussant un rugissement affreux.

Après tout, c'était sa faute à elle: pourquoi l'avait-elle attaqué? car c'est la lionne qui attaquait Pitou, ce n'est pas Pitou qui attaquait la lionne. Pitou est un bon enfant qui ne veut pas de mal à personne et qui rirait volontiers un brin avec les amis; mais là il ne s'agissait pas de rire. Elle grognait, elle grinçait des dents, elle rugissait, elle mordait, celle-là! Elle aurait pu faire un malheur si Pitou n'avait pris garde.

Mais il prenait garde! Oh! il n'y a pas comme Pitou pour se mettre en garde contre l'infanterie, la cavalerie, l'artillerie, les lions, les sangliers, les tigres, les hippopotames et les bombes! Avec sa baïonnette, il fait tout ce qu'il veut; s'il voulait, par saint Médard! il empêcherait la pluie de tomber sur son shako. Il ne me l'a jamais dit, mais j'en suis sûr.

VIII
ALI RAVISSEUR D'ENFANTS

Vous voyez où nous en étions.

Ali, le pauvre bourricot, sur le chemin, broutant ou faisant semblant de brouter l'herbe et les chardons. La lionne à côté, se léchant le mufle d'où le sang coulait; c'est sa manière de se moucher. Sur le rocher, le chêne. Sur le chêne, moi, dans le bas, debout sur la plus forte branche, emmanchant ma baïonnette au bout de mon fusil, et tout prêt à piquer la lionne si par hasard elle venait à rebondir pendant que Pitou allait grimper. Pitou enfin, rejetant son fusil sur son épaule en grimpant de toutes ses forces, comme on fait quand on a dans le dos une lionne démuselée. Dans l'effort, sa culotte se déchira, et par la déchirure s'ouvrit une porte si grande que le sirocco, qui est le plus chaud vent d'Afrique, pouvait y souffler à droite et à gauche, dans le corridor, comme le vent du nord souffle dans la caverne de Rochenoire entre les deux pics auvergnats du Ferrand et du Sancy, qui sont les plus beaux de France. C'est Pitou lui-même qui me l'a raconté, et pourtant il n'est pas vantard.

Voilà!

D'autres pourraient vous faire des discours, parce que c'est leur métier; mais moi, je vous dis les choses comme elles sont. C'est ça qui fait que je suis Dumanet et non un autre, et que la postérité la plus reculée, comme disait M. le préfet en parlant de Napoléon Ier, en fera des histoires.

Enfin Pitou arriva sur la grosse branche du chêne où j'étais déjà et se mit en garde à son tour. Alors, comme nous avions le temps de respirer, nous commençâmes à tenir un conseil de guerre.

Je dis:

«Pitou, as-tu des vivres?»

Il chercha, ne trouva rien et demanda:

– Non; pour quoi faire?

– Ah! c'est que nous allons soutenir un siège. Tiens, vois la lionne: elle va nous bloquer.»

En effet, elle faisait le tour du rocher en cherchant le moyen d'entrer dans la place. Elle regardait de tous côtés, et enfin elle vit un petit sentier étroit, mais assez large pour elle, qui était haute, longue et maigre. Elle allait y monter quand tout à coup Ali, qui, d'un air fin, la regardait faire, se mit à prendre le galop du côté de la ville en emportant les petits lionceaux. Elle les avait déposés dans les deux paniers qu'il portait sur le dos.

Ah! comme il courait, le pauvre bourricot! Vingt kilomètres à l'heure pour le moins, si la gueuse ne s'en était pas aperçue tout de suite. Mais au premier bruit de ses sabots dans le chemin elle se retourna, le rattrapa en sept ou huit bonds et, d'un coup de griffe, le ramena dare-dare, juste au moment où je descendais moi-même de mon arbre pour aller chercher ma cartouchière sur la route. Pitou n'eut que le temps de me crier:

«Remonte vite! la voilà!»

C'est qu'elle arrivait, la vilaine bête! et plus vite qu'une locomotive! si vite même, qu'en une minute elle était partie et revenue. Sans l'avis de Pitou, j'étais frit comme un goujon dans la poêle.

Alors elle recommença le blocus. Elle fit monter le bourricot sur le rocher par le petit chemin creux qui allait jusqu'au pied du chêne, et, de la patte, elle fit un geste comme pour lui dire:

«Toi! reste ici, à moins que tu ne veuilles servir à mon souper!

Ali comprit bien. Pauvre animal! il n'était pas bête. Il savait ce qu'on doit à ses supérieurs (quand on ne peut pas faire autrement), c'est-à-dire le respect, la discipline, l'obéissance, le dévouement et le reste. Il poussa un grand cri: «Hi han!» c'était sa manière de soupirer. Et quand il eut crié, ne sachant plus que faire pour se distraire, il se mit à brouter deux ou trois chardons sur le rocher.

Quant à la lionne, elle regardait.

De quels yeux! vous pouvez deviner: tout ce qu'il y a de plus féroce dans la nature. Un crocodile à qui vous marchez sur la patte n'en a pas de pareils. Ses dents grinçaient en s'aiguisant l'une sur l'autre. Son poil se hérissait. Elle fouillait la terre avec ses griffes. De temps en temps elle regardait le lion mort, couché dans le chemin, et ensuite Pitou et moi, comme si elle avait voulu nous dévorer tous deux en même temps. Elle regardait aussi ses lionceaux. Elle avait l'air d'une pauvre veuve dont le mari vient d'être assassiné par des brigands et qui crie vengeance à Dieu pour elle et pour les pauvres petits orphelins.

Et nous! Ni poudre, ni balles, ni cartouches, ni rien, excepté nos baïonnettes. Tout ce que nous pouvions faire, c'était d'attendre sur notre arbre en la surveillant toujours, et de la recevoir à la pointe de la fourchette si elle voulait sauter sur nous.

IX
UN COUP D'ÉPERVIER

La lionne faisait donc le tour de l'arbre, et, en faisant le tour, elle regardait tantôt Pitou, tantôt moi, et surtout nos deux baïonnettes, dont elle connaissait la pointe pour avoir essayé celle de Pitou, et qu'elle voyait toujours tournées du côté de son mufle roux. De temps en temps elle rognonnait comme un tonnerre qui gronderait sous terre. C'était sa manière de réflexionner.

Je dis à Pitou:

«Est-ce que ça va durer longtemps?»

Il répondit:

«Tout le temps qu'elle voudra.

– Mais j'ai faim, moi!

– Oh! moi, c'est bien différent. J'ai faim et soif.

– Alors, qu'est-ce que nous allons faire?

– Attendons. Elle a peut-être envie de dîner, elle aussi.

– Oui, mais elle a le bourricot; ça lui fait du pain pour trois jours.

– Pauvre bourricot!

– Pauvres nous!»

Tout à coup, Ibrahim, que nous avions oublié et qui s'était sauvé au plus haut du chêne, descendit en entendant que nous parlions du bourricot et nous dit tout bas, comme s'il avait eu peur d'être entendu de la vieille coquine:

«Avez-vous un couteau?

– Pour quoi faire?

– Vous allez voir.»

Pitou, qui est Auvergnat, a toujours son couteau dans sa poche. Il le donna à l'Arabe, qui, tout de suite, se mit à tailler une branche en forme de crochet et me souffla dans l'oreille:

«Attention! Je vois dans le panier mon épervier à pêche, nous allons rire.»

Et, pour commencer, il riait lui-même.

«Surtout, tâchez d'occuper la lionne en criant et en l'appelant de tous les noms. Si j'attrape mon épervier, nous sommes sauvés, et mon pauvre Ali aussi.»

En même temps il nous expliqua son plan, qui valait mieux que celui de Trochu, je vous en réponds. Au reste, vous allez voir.

Pitou se mit à crier:

«Oh! la gueuse! oh! la coquine! Est-ce que tu ne vas pas t'en aller, vilaine bête?»

Et il cracha sur elle pour lui montrer son mépris. Moi, de mon côté, je lui criai encore plus fort un tas de choses que je ne voudrais pas répéter devant les dames, et je lui jetai des glands, dont un l'attrapa sur le nez, à l'endroit même où elle avait reçu le coup de baïonnette. Ça la mit dans une telle rage, qu'elle essaya de grimper; mais elle ne réussit pas. Elle bondissait, elle rugissait, elle mordait le tronc du chêne. Vrai! c'était à faire trembler.

Pendant ce temps, l'Arabe se mit à siffler doucement:

«Ali! Ali!»

Le bourricot s'approcha.

Alors l'Arabe, avec son crochet, attrapa un nœud de l'épervier qui était sur son dos, entre les deux paniers, le souleva lentement, le saisit avec la main droite en se retenant de la gauche au tronc du chêne, et l'enleva jusqu'à lui, ce qui fit tomber à terre les deux petits lionceaux, qui étaient couchés dessus. Il cria de joie: «Allah! Allah! Allah Ahkar!» comme qui dirait dans la langue de ce sauvage: «Dieu est vainqueur!»

Si Dieu était vainqueur, mes moyens ne me permettent pas de le savoir, mais Ibrahim était content, et nous aussi, je vous en réponds!

Son cri fit retourner la lionne, qui vit l'épervier s'enlever dans l'air comme un oiseau, et les lionceaux tomber à terre comme deux fromages mous.

«Tonnerre! qu'elle dit; mille millions de tonnerres de bombardes et d'obusiers réunis!»

Du moins, c'est ce que je compris quand elle poussa un rugissement si fort, que Pitou lui-même fut ébranlé (lui qui ne s'ébranle jamais), que l'Arabe Ibrahim se colla des deux bras au chêne comme un lièvre, et qu'Ali, le pauvre bourricot, tomba évanoui sur le rocher.

Elle devint si furieuse qu'elle bondit sur nous, malgré nos baïonnettes, et manqua de s'embrocher toute vive. Malheureusement, c'est ma broche qu'elle rencontra, qui glissa le long de son flanc et s'enfonça dans sa cuisse, mais sans entrer profondément, parce que la lionne recula vivement, comme vous pouvez croire, quand elle en sentit la pointe.

Elle retomba donc sur le rocher, et, ne sachant sur qui se venger, elle regarda le pauvre bourricot qui était couché à terre et qui fermait les yeux de frayeur en attendant la mort. Il soufflait (pauvre bête!) d'une façon terrible, n'osant pas bouger ni se défendre, pareil à un agneau qu'on vient de pendre par les pieds à un crochet de l'abattoir, et qui voit le boucher s'avancer avec son couteau.

Cette fois, il se croyait à son dernier jour, et même à sa dernière minute.

Mais alors l'Arabe lança l'épervier sur la lionne, qui allait dévorer le pauvre bourricot, et fut si adroit que du coup il la couvrit et la mit en prison tout entière. Elle, de son côté, fut si étonnée, qu'elle voulut bondir, s'embarrassa les pattes dans le filet et tomba.

Alors l'Arabe nous cria:

«Sautez vite et tenez-la bien avec vos fusils. Je vais chercher les cartouchières.»

En effet, nous sautâmes à terre tous les trois. Pitou se tint debout avec son fusil sur un bout de l'épervier, moi sur l'autre bout, et nous pesions de toutes nos forces avec nos crosses pour empêcher la vilaine bête de se relever et de sauter sur nous.

Pendant ce temps, l'Arabe glissa dans le chemin, comme un éclair, et siffla le bourricot.

Le pauvre Ali, qui n'attendait plus que la mort, comprit qu'il était sauvé. Il descendit le sentier et alla rejoindre son maître, qui nous cria, en riant comme un gueux d'Arbi qu'il était:

«Merci, Roumis. Portez-vous bien! Bonsoir! Qu'Allah vous assiste!»

Il sauta sur l'âne, et tous les deux, l'un sur l'autre, descendirent au galop vers la ville. Ça, c'était un tour de coquin. Il nous laissait la lionne par les pattes. Vous pensez comme c'est commode à tenir, un animal de cette force, et qui se démenait d'une façon si terrible, qu'à chaque mouvement elle nous faisait faire des sauts de trois pas et rugissait à faire frémir. Nous ne pouvions même pas nous servir de nos baïonnettes, parce que nous changions de place trente fois par minute et que nos fusils ne servaient qu'à nous tenir debout. Parole d'honneur! j'avais vu le feu douze ou quinze fois, et Pitou pareillement; nous avions monté ensemble à l'assaut des villages kabyles, où ces enragés se battaient à coups de fusil, à coups de sabre, à coups de couteau, à coups de pierres, et, à moitié morts, se relevaient encore pour nous mordre aux jambes comme des chiens enragés, mais nous n'avions jamais rien vu de si épouvantable.

Je dis à Pitou:

«Tiens-toi bien, mon vieux, tiens-toi bien! Si tu lâches l'épervier, nous sommes fichus!

– On se tiendra! répliqua Pitou, on se tiendra! Me prends-tu pour une moule?»

Et il se tenait ferme, le gaillard! Depuis que le monde est monde, il n'y a jamais eu personne pour piger avec Pitou. Je ne vous le cache pas, ça fait plaisir d'avoir un ami comme lui, ça vaut mieux que trois millions placés à la Banque de France. Un fameux établissement, pourtant, et solide, à ce que je me suis laissé dire! Eh bien, Pitou était plus solide encore. Quand je l'ai à côté de moi, coude à coude, je suis sûr de tout.

Pourtant, à force de sauter et de faire des cabrioles pour ne pas lâcher l'épervier ni la lionne qui était dessous, je sentais qu'elle finirait par jeter l'un de nous deux par terre et qu'alors elle serait libre de nous étrangler, chose désagréable! Elle déchirait et rompait les nœuds de l'épervier avec les dents. A la fin, elle finit par passer sa tête à travers un grand trou et se trouva habillée de l'épervier comme une dame qui a mis son châle pour aller à la messe.

Elle était alors debout sur ses quatre pattes et rugissait de plus en plus fort en regardant du côté des montagnes de la Kabylie. Elle avait l'air d'appeler sa famille au secours.

Ah! Dieu du ciel! Il n'aurait plus manqué que cela! voir venir à son secours son beau-père et ses beaux-frères, sans compter ses sœurs et ses cousines! Nous aurions été dans de jolis draps!

Et justement, là-bas, là-bas, dans la montagne, de l'autre côté de la vallée, nous entendions rugir à plus d'un quart de lieue, et, de minute en minute, les rugissements se rapprochaient, renvoyés par l'écho des rochers. Au bout d'un long moment (oh! oui, qu'il était long! on n'en fait plus comme celui-là), voilà que je vois venir, à trois cents pas de nous, deux lionnes et trois lions, tous grands et forts comme père et mère. Le plus grand et le plus fort des cinq, un mâle celui-là, était en avant et regardait de tous côtés comme pour chercher d'où venaient les cris de la lionne.

Возрастное ограничение:
12+
Дата выхода на Литрес:
25 июня 2017
Объем:
70 стр. 1 иллюстрация
Правообладатель:
Public Domain

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