Читать книгу: «Le Fichier Zéro», страница 5

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Il tendit la main et alluma la radio afin de couvrir ce son. La voix d’un journaliste emplit immédiatement l’habitacle.

“Notre principale information du jour, c’est toujours la crise qui se déroule dans le Golfe Persique,” disait sombrement le présentateur. “Il y a quelques heures seulement, un cuirassé iranien a tiré des roquettes sur l’USS Constitution, un destroyer américain en patrouille avec la Cinquième Flotte de la Navy. En réponse, le Constitution a également ouvert le feu et détruit le bateau iranien, emportant la vie des soixante-seize membres d’équipage qui se trouvaient à l’intérieur.”

Ils vont vite en besogne. L’estomac de Zéro se noua. Il ne s’était pas attendu à ce qu’ils agissent si vite. Ça veut donc dire que je dois être plus rapide, moi aussi.

“Le gouvernement iranien a déjà fait une déclaration publique,” poursuivit le journaliste, “dans laquelle il a exprimé son outrage à la suite de la destruction de leur bateau et proclamé que, je cite ‘cet événement est un acte de guerre clair et flagrant.’ Même s’il n’y avait pas eu de déclaration formelle, il semblait que l’Iran avait l’intention de déclencher un nouveau conflit avec les USA. L’Attachée de Presse de la Maison Blanche Christine Cleary avait sorti un bref communiqué en réponse, disant seulement que le Président Pierson était pleinement conscient de la situation et que son cabinet travaillait rapidement pour réunir les responsables conjoints. Il devait s’adresser à la nation dans la soirée.”

Alors, c’était donc ça l’idée. L’attaque de la Confrérie sur le sol américain devait pousser les gens à la xénophobie contre les iraniens et la prétendue “attaque” sur l’USS Constitution était une suite pile au bon moment pour inciter à la guerre. Le président allait rencontrer ses conseillers et ils allaient le convaincre qu’un conflit renouvelé au Moyen Orient était leur seule option possible.

À moins, pensa-t-il soudain, qu’il ait un nouveau conseiller.

Il sortit une carte de visite de sa poche et composa le numéro inscrit dessus.

“Sanders,” répondit l’assistante qui lui avait parlé sur la pelouse de la Maison Blanche.

“C’est l’Agent Kent Steele à l’appareil,” lui dit-il. “Nous nous sommes parlé ce matin…”

“Je m’en souviens,” dit-elle abruptement. Il y avait une tension dans sa voix, certainement due aux récents événements. “Que puis-je faire pour vous, Agent ?”

“Je dois parler au Président Pierson.”

“J’ai bien peur qu’il ne soit en réunion,” dit Sanders. “Je suis sûre que vous êtes au courant de ce qui se passe…”

“En effet.” Cette fois, Zéro lui coupa la parole. “Et c’est justement la raison de mon appel. C’est une question de sécurité nationale, Mademoiselle Sanders. Donc, soit vous pouvez m’arranger une entrevue avec le Président Pierson, soit vous aurez à lui expliquer plus tard que vous vous êtres interposée entre lui et tout ce qui est sur le point de se produire.”

CHAPITRE HUIT

Moins d’une demi-heure plus tard, Zéro était de retour à la Maison Blanche, rapidement escorté le long du couloir jusqu’au Bureau Ovale. Il tenta de défroisser les plis de sa chemise, même si ça n’avait pas grande importance était donné les circonstances.

Il fut admis dans le sanctuaire privé du président, où il fut surpris de trouver Pierson seul. Zéro se serait attendu à un bouillonnement d’activité, un bataillon d’assistants et de membres du cabinet en train de passer des appels ou tapoter sur des claviers d’ordinateurs portables afin de communiquer avec des dizaines d’agences diverses et de puissances étrangères.

Pourtant, il n’y avait rien de tout ça. Le Président Pierson se leva de son siège quand Zéro entra et on aurait dit qu’il avait vieilli de dix ans depuis le matin. Sa cravate était desserrée autour de son cou et les deux boutons supérieurs de sa chemise blanche étaient défaits.

“Agent Steele.” Pierson tendit la main droite, puis se mit à rire de sa bourde et serra la main gauche de Zéro. “Désolé, j’ai encore oublié pour votre main. Bon sang, quel bazar.”

“Oui, j’ai appris la nouvelle.” Zéro balaya le bureau des yeux. “Je dois admettre que je m’attendais à voir plus de monde ici.”

“Les différents responsables sont actuellement rassemblés en Salle de Crise.” Pierson soupira et s’appuya contre son bureau à deux mains. “Ils m’attendent d’ailleurs. Même si je suis ravi que vous soyez là, Zéro, j’ai bien peur que notre discussion doive être reportée.”

“Monsieur le Président,” insista Zéro, “j’ai des informations.” Les doigts de sa main gauche frôlèrent sa poche, dans laquelle se trouvait la clé USB. “Avant de rejoindre vos ministres, il faut vraiment que vous…”

“Monsieur.” La porte du Bureau Ovale s’entrouvrit et le visage d’Emilia Sanders apparut. Son regard passa du président à Zéro et inversement. “On vous attend.”

“Merci, Emilia.” Pierson resserra sa cravate sur sa gorge et fit courir ses paumes le long de sa chemise. “Je suis désolé, Zéro, mais mon attention est requise ailleurs.”

“Monsieur.” Il avança d’un pas et baissa d’un ton, chuchotant presque. Il devait balancer un scud : il ne pouvait en aucun cas laisser entrer Pierson dans la Salle de Crise sans qu’il soit informé. “J’ai de très bonnes raisons de croire que vous ne pouvez pas faire confiance aux personnes qui vous conseillent.”

Le président fronça les sourcils. “Quelles raisons ? Que savez-vous ?”

“J’ai…” Zéro allait parler, mais il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit un agent des Services Secrets debout dans l’encadrement de la porte du Bureau Ovale, attendant d’escorter le président jusqu’à la Salle de Crise. “Je ne peux pas vous l‘expliquer tout de suite. Tout ce dont j’ai besoin, c’est de cinq minutes. Seuls.”

Pierson se frotta le menton. Il avait l’air las. “Venez avec moi.”

“Monsieur ?”

“Assistez à la réunion. Ensuite, je vous accorderai vos cinq minutes.” Pierson se dirigea vers la porte et Zéro le suivit. C’était tout ce qu’il pouvait faire. Il ne parviendrait pas à dissuader le président d’assister à une réunion au sujet d’une crise relative à la sécurité nationale. Et si ça lui permettait d’obtenir cinq minutes, seul à seul avec Pierson, alors il le suivrait dans la cage aux lions.

*

La Salle de Conférence John F. Kennedy, située dans le sous-sol de l’aile ouest et connue de la plupart sous le nom de Salle de Crise, était le centre de gestion des renseignements de la Maison Blanche, un dispositif de communications de plus de trois-cents mètres carrés permettant à certains des hommes les plus puissants au monde de maintenir la sécurité à partir d’un seul endroit.

Et Zéro venait apparemment de gagner le droit de s’asseoir à la table.

Le Président Pierson entra dans la pièce à la suite des deux membres des Services Secrets qui se placèrent immédiatement de chaque côté des doubles portes permettant d’y accéder. Zéro ferma la marche. C’était maintenant que se produisait le bouillonnement d’activité auquel il s’était attendu à son arrivée. Il y avait là quatorze personnes à la longue table rectangulaire qui occupait la longueur de la pièce, et chacune d’entre elles se leva à l’arrivée du président.

Zéro balaya rapidement la pièce des yeux en regardant tous les visages. Il les reconnut presque tous : le Conseiller de la Sécurité Nationale était présent, le Conseiller de la Sécurité Intérieure, ainsi que le Secrétaire Général de la Maison Blanche, le Secrétaire de la Défense Quentin Rigby, le DRN John Hillis, et l’Attachée de Presse Christine Cleary, entre autres. Il ne put s’empêcher de constater amèrement qu’à part lui, Pierson et Cleary, tous les autres dans la pièce étaient des hommes de plus de cinquante-cinq ans.

Il fut légèrement soulagé de voir que la CIA n’était pas représentée dans la salle. Il s’était dit que, peut-être, le Directeur Mullen ou même la Directrice Adjointe Riker seraient présents. Mais c’était une affaire de chefs d’état et la CIA était représentée par le DRN Hillis qui serait celui en mesure de relayer les informations à Mullen.

“Asseyez-vous, s’il vous plaît.” Pierson s’assit dans un fauteuil noir en bout de table, celui qui était le plus près des portes. Il fit un geste pour désigner le siège vide à sa droite et Zéro s’y installa.

Plusieurs paires d’yeux le dévisagèrent en train de s’asseoir, mais seul le Secrétaire de la Défense ouvrit la bouche. Le Général quatre étoiles à la retraite Quentin Rigby avait le cou et les épaules raides. Il arborait de profondes rides sur le visage qui suggéraient qu’il avait vu les pires aspects de l’humanité. Sa perspicacité ne l’empêchait pas de dire ce qu’il pensait.

“Monsieur le Président.” Rigby resta debout en s’adressant à Pierson. “Je ne crois pas devoir vous rappeler que ce dont nous allons discuter est hautement confidentiel…”

“C’est noté, Général Rigby, je vous remercie.” Pierson coupa le général d’un geste de la main. “L’Agent Steele intervient ici comme conseiller en ce qui concerne la sécurité. Il est validé par la CIA et a prouvé sa capacité de discrétion à maintes reprises, sans parler du fait que c’est le seul dans cette pièce qui ait une expérience récente du type de situation que nous avons à gérer.”

“Quand bien même,” insista Rigby, “c’est très peu orthodoxe, Monsieur.”

“Je ne crois pas avoir besoin de vous rappeler, Général, que je suis la seule personne ayant un pouvoir de décision sur qui se trouve dans cette pièce.” Pierson regarda Rigby de haut.

Zéro faillit sourire. Il n’avait jamais entendu Pierson parler ainsi à qui que ce soit. Généralement, son approche était la diplomatie et le charme. D’un côté, Zéro voyait bien que le président était chamboulé par les événements. D’un autre côté, c’était rassurant de le voir afficher une telle force de caractère dans ces circonstances.

Rigby acquiesça et prit place. “Oui, Monsieur.”

“Monsieur Holmes.” Le Président Pierson fit un signe de tête à l’attention de son Secrétaire Général, un petit homme chauve à grosses lunettes. “Allez-y, je vous en prie.”

“Très bien, Monsieur.” Peter Holmes se leva et se râcla la gorge. “À environ dix-sept heures, heure locale, un cuirassé iranien a tiré deux roquettes sur le destroyer USS Constitution durant une patrouille de routine dans le Golfe Persique. À cause du récent changement dans les RDE dont nous sommes tous au courant ici, je suppose, le Constitution a été autorisé à…”

“Excusez-moi.” Zéro leva la main comme s’il était en classe, coupant la parole au Secrétaire Général. “Quel changement des RDE ?”

“Les règles d’engagement, Agent,” dit Holmes.

“Je connais l’acronyme,” répondit rapidement Zéro. “Qu’est-ce qui a changé ?”

“Au regard de l’attaque récente sur le sol américain,” intervint Rigby, “le président a signé ce matin l’ordre exécutif qui dicte que toute force étrangère tirant à une certaine proximité du personnel militaire américain doit être considérée comme hostile et traitée avec un préjudice extrême.”

Zéro fit en sorte de ne montrer aucune réaction, mais son esprit ruminait. Quelle coïncidence, songea-t-il. “Et quelle est exactement cette proximité, Général ?”

“Nous ne sommes pas ici pour pinailler sur les détails d’un ordre exécutif,” rétorqua Rigby. “Nous sommes ici pour discuter d’une situation extrêmement pressante et volatile.”

Rigby éludait la question. “Quelle était la trajectoire des roquettes ?” demanda Zéro.

“Pardon ?” Holmes rajusta sa paire de lunettes sur son nez.

“La trajectoire,” répéta Zéro. “L’angle ascendant, descendant, le type de roquette, la proximité, bref tout ça. Quelle menace représentait exactement ce bateau pour le Constitution ?”

“Une menace suffisante pour qu’un capitaine de l’US Navy juge pertinent de répliquer,” dit Rigby avec véhémence. “Est-ce que vous remettez en question le jugement du capitaine, Agent Steele ?”

Je remets en question ses motivations, faillit-il dire. Mais il tint sa langue. Il ne pouvait pas se permettre de montrer son jeu comme il l’avait déjà fait par deux fois. “Pas du tout. Je voulais juste faire remarquer qu’il existe trois versions de cette histoire. Celle du capitaine, celle des iraniens et la vérité. Qu’en est-il des caméras ?”

“Caméras,” répéta bêtement Rigby. Il esquissa un sourire condescendant. “Vous vous y connaissez en bateaux de type destroyers, Agent ?”

“Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup d’expérience.” Cette fois, ce fut Zéro qui esquissa un sourire à sa façon. “Tout ce que je sais, c’est que l’USS Constitution est un destroyer Arleigh-Burke construit en 1988 et commissionné pour la première fois en 1991. C’est la seule classe de destroyers américains qui a été utilisée de 2005 à 2016, jusqu’à ce que la classe Zumwalt soit commissionnée. Le Constitution est équipé d’un système intégré d’armes Aegis, de roquettes anti-sous-marines, d’un système de radars à balayage électroniquement passif et de missiles Tomahawk… et je suppose que ces derniers ont été utilisés pour détruire le navire iranien et emporter la vie de soixante-seize personnes. En tenant compte du fait que c’est l’une des machines les plus avancées technologiquement sur tout l’océan et qui transporte une puissante de feu assez importante pour conquérir un certain nombre de républiques bananières, je suppose que des caméras sont forcément présentes dessus.”

Rigby le regarda pendant un long moment. “Aucune caméra n’a pu filmer l’angle de l’attaque,” finit-il par dire. “Mais vous pouvez lire le rapport du capitaine, si vous le souhaitez.” Le général fit glisser un dossier vers Zéro.

Il l’ouvrit. La première était un rapport très bref de seulement quelques paragraphes, émanant du Capitaine Warren. Les détails étaient rares. Warren déclarait simplement qu’un navire CGRI avait tiré deux roquettes sur le Constitution. Aucune n’avait atteint sa cible, mais la tentative avait été jugée comme une menace suffisante pour que Warren décide de riposter avec huit missiles Tomahawk, comme l’avait prédit Zéro. Le bateau ennemi avait été anéanti.

Non seulement c’était exagéré, mais c’était la seule partie du rapport en laquelle Zéro croyait. Tout le reste pouvait avoir été facilement falsifié. Le Golfe Persique, tout comme le Capitaine Warren, se trouvaient à plus de mille kilomètres, loin de quiconque pouvait véritablement remettre ses dires en question.

“Le fait est,” dit Rigby, “que l’Iran considère publiquement qu’il s’agit d’un acte de guerre. Ils disent que nous avons tiré en premier. Nous affirmons l’inverse. Il n’y a pas eu de déclaration de guerre formelle de leur part, mais les américains vont s’attendre à une réponse définitive. Nous ne pourrons pas supporter une autre attaque…”

“Une autre attaque ?” le coupa à nouveau Zéro.

Rigby cligna des yeux en le regardant. “N’étiez-vous pas dans le Tunnel Midtown au moment de l’explosion, Agent ? Quand des centaines d’américains ont trouvé la mort ?”

Zéro secoua la tête. “C’était l’œuvre d’une faction terroriste radicale composée de même pas vingt membres. Pas d’une nation ou région tout entière.”

“Allez dire ça au peuple américain,” rétorqua Rigby.

Zéro ne répondit rien, mais il sut à ce moment-là que ses suppositions étaient les bonnes. Les conspirateurs voulaient se servir de la récente attaque comme moyen de rallier les gens en faveur de la guerre.

“Très bien,” coupa Pierson en levant la main. “Revenons-en aux faits. Roland, quels types de réponses globales envisageons-nous ?”

Le Secrétaire d’État, Roland Kemmerer, relisait rapidement ses notes en parlant. “Les mauvaises nouvelles en premier, je suppose. Nos renseignements et la reconnaissance par satellite suggèrent que l’Iran est déjà à la recherche d’alliés en Irak et à Oman, ainsi qu’auprès de quelques groupes nationalistes syriens. S’ils s’allient tous, ils auront la possibilité de fermer le Détroit d’Hormuz.”

Il y eut un moment de silence solennel pour permettre de digérer cette information, puis Rigby poursuivit, “Vous savez à quel point ce pourrait être préjudiciable, Monsieur le Président.”

“Non seulement la Cinquième Flotte perdrait un avantage stratégique,” ajouta Holmes, “mais nous pourrions être confrontés à un ralentissement économique majeur.”

“Une récession, tout du moins. Peut-être même pire.” Kemmerer secoua la tête.

Zéro se mordit la langue pour s’empêcher de réagir. Fils de pute. Tout était aussi bien répété qu’une pièce de théâtre. Ils avaient attendu des années ce moment exact. Il n’aurait jamais pu imaginer qu’il serait présent, pourtant il était là, assis dans la Salle de Crise, alors que ces fomentateurs de guerre tentaient d’influencer un président.

Pierson se frotta pensivement le menton. Son visage était cendreux. Non seulement, il était la seule personne qui pouvait décider si les États-Unis allaient ou non entrer en guerre, mais une récession n’était clairement pas quelque chose qu’il avait envisagé précédemment. “Est-ce qu’il y a des bonnes nouvelles ?”

Le secrétaire d’État soupira. “Peut-être. Les Nations Unies veulent enquêter sur l’incident. L’Union Européenne, la Chine, le Japon et la plupart des autres alliés sont déjà en train de proclamer leur neutralité en cas de conflit potentiel qui pourrait survenir. Tous, sauf un.”

Zéro savait déjà parfaitement lequel, avant même que Kemmerer le dise.

“La Russie.” Le secrétaire d’État se tortilla légèrement sur son siège. “Il semblerait que leurs propres accords commerciaux avec l’Iran se soient détériorés. Ils sont prêts à nous soutenir si nécessaire.”

“Le Président Ivanov a déjà promis d’allouer des ressources à notre cause si nous décidions que c’est dans notre meilleur intérêt,” dit Holmes.

“La guerre,” murmura le président. “Disons clairement le mot. Si la guerre est dans notre meilleur intérêt.”

Zéro jeta un coup d’œil vers Pierson. Le teint du président avait maintenant pris un aspect jaunâtre et il regardait fixement la table en acajou poli. Même si Zéro était généralement expert dans l’art de lire à travers les expressions et gestes des gens, il n’aurait su dire si Pierson croyait ou non toutes les conneries que son cabinet était en train de lui débiter. Mais s’il devait faire un choix, il dirait que Pierson était convaincu.

“Général Rigby,” demand a le président, “quelle est votre position ?”

Nous y voilà. Le conseil éhonté comme quoi les USA devraient entrer en guerre au Moyen Orient.

“Ma position est de mobiliser la Cinquième Flotte,” dit Rigby, “et de montrer notre plein potentiel dans le Golfe Persique. Nous pouvons appeler des renforts en provenance du Golfe d’Oman. Mais…” Le général s’arrêta et secoua la tête. “Je ne peux pas conseiller d’initier une guerre sur ce qui vient de se passer.”

Zéro fut surpris. Cette fois, il ne parvint pas à cacher sa réaction. Il fut bouche-bée à la remarque du général. Rigby jouait un rôle, il en était certain, mais celui-ci était encore obscur.

“Je pense que nous devons maintenir notre position dans le Golfe et faire savoir aux iraniens que nous voulons éviter le conflit autant que possible,” poursuivit-il. “S’ils agissent, on réagit. Mais, en attendant, on ne fait rien.”

“Avec tout le respect que je vous dois, Général,” dit Holmes, “je ne suis pas sûr que cette perspective soit du goût des américains au regard des événements récents.”

“En effet,” lui accorda Pierson, “mais le général a raison. Nous ne pouvons pas nous permettre que cette situation prenne des proportions incontrôlables, et je ne crois pas que les iraniens déclareront la guerre sans autre provocation. Monsieur Holmes,” dit-il à son Secrétaire Général, “commençons tout de suite par nous adresser à la nation. Nous allons expliquer que l’attaque dans le Golfe Persique n’a coûté la vie à aucun américain, et que nous ne voulons pas déclencher de plus amples hostilités.”

“Oui, Monsieur le Président.”

L’esprit de Zéro carburait à cent à l’heure. Il s’était vraiment attendu à ce que cette réunion soit celle où les USA déclarent la guerre contre l’Iran et prennent de rapides mesures afin de prendre le contrôle du Détroit d’Hormuz…

Oh. Il comprit d’un coup, comme si une brique venait de lui tomber sur la tête. Déclarer la guerre maintenant rendrait leurs intentions trop évidentes. Lui, l’Agent Zéro, avait compris. Et même s’il savait qu’il était terriblement intelligent, l’orgueil étant de nouveau présent chez lui, il n’était pas le seul à l’être. Quelqu’un d’autre pouvait arriver aux mêmes hypothèses que lui. Non, ces gens avaient mis des années pour planifier ça. Ils n’étaient pas pressés.

Il avait pensé et cru que toute cette réunion était la pièce maîtresse de leur jeu. Mais c’était juste une répétition. Ce qui voulait dire… Il va se passer quelque chose d’autre. Pas une attaque. Pas un combat.

Ils savent déjà que l’Iran va fermer le détroit.

Pierson n’aura alors pas d’autre choix que d’agir. Ils avaient introduit le concept. Maintenant, ils n’avaient plus qu’à attendre. À partir de maintenant, l’escalade allait être rapide et impitoyable… Les USA finiraient par contrôler le détroit, puisque l’Iran et Oman ne seraient plus dignes de confiance ou stables.

Pierson se leva. “Très bien, merci à tous. Je veux être tenu au courant de tout. Fin de la réunion.” Alors que les gens se levaient de leurs sièges, Pierson regarda sa chemise froissée et murmura, “Je devrais aller me changer avant le discours.”

“Monsieur.” Zéro parla tout bas, sa voix étant inaudible pour les autres à cause du bruit des chaises qu’on recule et du bruissement des notes rassemblées. “Et notre réunion ?” Il avait encore une chance d’arrêter ça. La guerre n’avait pas encore été déclarée et la clé USB se trouvait toujours dans sa poche. “Il y a quelque chose que je voudrais vous montrer.”

Pierson le scruta des yeux un moment. Il allait ouvrir la bouche pour répondre, quand une autre personne lui coupa l’herbe sous le pied.

“Agent Steele.” Le Directeur du Renseignement National, John Hillis, était dans le milieu de la soixantaine. La peau sous son menton pendait en bajoues, mais ses yeux étaient vifs et observateurs comme ceux d’un oiseau de proie. “Le Directeur Mullen ne m’avait pas dit que vous seriez là. Vous ne songez tout de même pas à quitter l’agence pour un travail de sécurité confortable, si ?” Hillis émit un petit rire.

Le Directeur Mullen ne sait pas que je suis ici. Mais il va bientôt l’apprendre. La couverture de Zéro allait partir en fumée. Il savait pertinemment qu’Hillis allait prévenir Mullen, et la CIA saurait bientôt que l’Agent Zéro tentait de déjouer leurs plans en copinant avec le président.

“De quoi vouliez-vous me parler, Zéro ?” demanda Pierson.

Il ne manqua pas de remarquer le haussement de sourcil, presque imperceptible, d’Hillis. “Peu importe ce dont il s’agit, le protocole vous dicte d’en parler à vos supérieurs, n’est-ce pas ?” dit Hillis en souriant, même si ses yeux semblaient durs. “C’est à eux de décider s’il faut ou non en référer plus haut.”

“D’ordinaire, c’est le cas.” Zéro fixa Hillis du regard et lui retourna son faux sourire. “Mais vous savez à quel point ces rapports sont sensibles. Parfois, cela nécessite de passer par-dessus les strates, Monsieur.”

Pierson regarda les deux hommes tour à tour. Il semblait au moins conscient que quelque chose se passait et qu’il y avait une compréhension mutuelle entre eux deux, même s’il ne savait pas pourquoi.

“Vous avez cinq minutes, Zéro.” Pierson fit un signe aux deux agents des Services Secrets postés à la porte. “Dans le Bureau Ovale.”

“Monsieur,” dit Hillis en avançant d’un pas, “je devrais peut-être me joindre à vous. Tout ce que la CIA peut avoir à partager m’intéresse particulièrement.”

Un nœud se forma dans le ventre de Zéro. Ce n’était pas une situation dans laquelle il pouvait se battre ou s’imposer. S’il refusait la présence du DRN, ils seraient certainement au courant que quelque chose se tramait et que Zéro possédait des informations… ce que la plupart d’entre eux supposait déjà par le simple fait de sa présence dans la Salle de Crise. Pourtant, il ne pouvait pas se permettre que John Hillis soit présent quand il montrerait au président ce qui se trouvait sur la clé USB.

Mais une aide bienvenue arriva. Alors qu’il tentait de trouver une sorte d’excuse pour évincer Hillis, une voix féminine parvint par les doubles portes ouvertes de la Salle de Crise.

“Directeur Hillis ?” C’était Emilia Sanders, l’assistante du président. “Vous êtes demandé immédiatement sur la ligne trois.”

Hillis fronça les sourcils. “Ça va devoir attendre…”

“C’est votre femme,” insista Sanders. “Elle dit que c’est urgent.”

Le DRN grinça des dents. Puis, il s’en alla sans dire un mot de plus.

Zéro était tout à fait conscient de l’aspect fortuit, et totalement improbable, qu’Hillis soit appelé pile au moment où il avait besoin de se débarrasser de lui.

Mais le plus étrange, c’était que quand le directeur avait quitté la Salle de Crise, Zéro aurait juré voir Sanders lui adresser un petit signe de tête.

C’est vraiment bizarre, pensa-t-il. C’était un mystère de plus à résoudre, après celui de savoir qui s’était fait passer pour sa femme et avait volé ses documents, qui avait envoyé les membres de la Division après lui, et comment empêcher une crise internationale d’avoir lieu.

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Дата выхода на Литрес:
15 апреля 2020
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341 стр. 2 иллюстрации
ISBN:
9781094305448
Правообладатель:
Lukeman Literary Management Ltd
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