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Tell-el-Mukayyar – Contact avec Nibiru

– Oui, Colonel –dit à l’autre bout du fil une voix d’un ton très policé- on nous a signalé, de plusieurs points du globe, une lueur surnaturelle probablement émise par la Lune.

– Mais la Lune n’émet pas de “ lueurs ”, répliqua Jack, contrarié.

– Là-dessus, vous avez raison, Monsieur. Je ne peux que vous dire que nos scientifiques sont en train d’analyser les données qui leur sont parvenues pour identifier ceux ou ce qui a pu la provoquer.

– Bref, vous n’y comprenez rien.

– Eh bien, je n’aurais pas utilisé ces termes, mais je crois que l’on peut estimer que votre déduction est juste.

– Mais comment il parle, celui-là, dit Jack à Élisa, qui l’avait rejoint, en couvrant de sa main le micro de son téléphone.

– D’accord. Merci pour l’information, reprit-il. Je vous remercie de me contacter immédiatement dès que vous aurez d’autres nouvelles.

– Je n’y manquerai pas, Monsieur. Au revoir et bonne journée.

Et il coupa la communication.

– Qu’est-ce qu’ils t’ont dit ? demanda le Professeur.

– Peuh, on dirait bien qu’il s’est effectivement passé quelque chose là-haut, mais personne n’a encore trouvé d’explication satisfaisante.

– Je suis de plus en plus sûre qu’il est arrivé quelque chose à nos amis.

– Allez, ne sois pas comme ça. Ils doivent déjà être loin, maintenant, avec leur fantastique vaisseau.

– Je l’espère vraiment de tout mon cœur, mais je continue à avoir un mauvais pressentiment.

– Écoute, et si on prenait l’engin qu’ils nous ont laissé pour essayer de les contacter ? Ça te rassurerait.

– Ah, je ne sais pas… Ils disaient que nous n’aurions pu nous en servir que quand ils seraient arrivés sur leur planète.  Je ne crois pas que…

– Va, le chercher, c’est tout, coupa le colonel.

Se rendant compte qu’il avait peut-être été un peu brusque, il ajouta un charmant :

– S’il te plaît, suivi d’un sourire éblouissant.

– D’accord. Dans le pire des cas, ça ne fonctionnera pas, dit Élisa en partant chercher le H^COM portable.

Elle revint presque aussitôt, et, après avoir un peu arrangé ses longs cheveux, coiffa cette espèce de casque étrange et encombrant.

– Il avait dit d’appuyer sur ce bouton, dit Jack en indiquant le bouton en question. Et puis le système devait tout faire tout seul.

– Qu’est-ce qu’on fait, j’appuie ? demanda Élisa, hésitante.

– Allez, que veux-tu donc qu’il se passe ?

L'archéologue appuya sur le bouton et, détachant peut-être un peu trop ses mots, dit :

– Allô ? Il y a quelqu’un ?

Elle resta à l’écoute, mais ne reçut aucune réponse. Elle attendit encore quelques instants, puis réessaya :

– Allô… Allô… Pétri, tu es là ? Je n’entends rien.

Après quelques instants, elle ouvrit les bras et haussa les épaules.

– Appuie encore une fois sur le bouton, suggéra le colonel.

Ils essayèrent plusieurs fois la procédure, mais aucun son ne sortait de l’appareil de communication, pas même un malheureux chuintement.

– Rien à faire. Peut-être qu’il leur est vraiment arrivé quelque chose, murmura Élisa en retirant le H^COM.

– Ou peut-être qu’ils ne sont pas encore arrivés dans le rayon d’action de cet engin.

Le colonel n’avait pas terminé sa phrase qu’un bruit étrange provenant de l’extérieur attira leur attention.

– Jack, regarde, s’écria Élisa stupéfaite en passant la tête par l’ouverture de la tente. Les sphères… elles se réactivent.

Le cœur battant, ils coururent tous deux à l’extérieur, et à leur plus grande surprise, ils virent la pyramide virtuelle d’un atterrissage qui se formait à nouveau. Leurs amis revenaient.

– Tu vois qu’ils n’ont pas explosé, dit Jack rassuré.

– Ils ont peut-être oublié quelque chose.

– L'important est qu’ils aillent bien. Essayons de garder notre calme. On saura vite ce qui s’est réellement passé.

La procédure d’atterrissage se déroula normalement, et, en très peu de temps, les imposantes silhouettes des deux extraterrestres apparurent sur la plateforme de descente.

– Coucou les petits ! hurla Pétri en agitant sa grosse main au-dessus de sa tête.

– Mais que diable faites-vous encore ici ? demanda Jack, alors que la structure mobile les descendait tous les deux au sol.

– Vous nous manquiez, répondit Pétri en sautant de cette espèce d’ascenseur avant qu’il ne touche terre, immédiatement suivi par son compagnon d’aventures.

– On s’inquiétait, dit Élisa, enfin rassurée. On a assisté à un événement étrange sur la Lune, il n’y a pas longtemps, et on a vraiment eu peur qu’il ne vous soit arrivé quelque chose.

– Malheureusement, ma chère, il nous est vraiment arrivé quelque chose, dit Atzakis, l’air désolé.

– Voilà, je le savais, s’écria Élisa. Quelque chose me le disait. Mais qu’est-ce qui s’est passé ?

– Tout est allé très vite.

– Mais tu vas parler ? Allez, ne nous fait pas languir. Dis-nous tout, allez.

– Nous n’avons plus de vaisseau, annonça Atzakis d’une seule traite.

Les deux Humains se regardèrent un instant, abasourdis. Ce fut Jack qui reprit la parole :

– Tu plaisantes ? Qu’est-ce que ça veut dire, “ plus de vaisseau ” ?

– Ça veut dire que maintenant, le plus grand morceau du Théos tiendrait sans problème sur le bout de ton index.

– Mais comment ça s’est passé ? Et le reste de l’équipage, où est-il ?  Comment vont-ils ?

– Ils vont bien, merci. Ils sont actuellement dans trois autres navettes qui devraient arriver bientôt. Si ça ne vous ennuie pas, on montera une structure d’urgence par ici, et on essaiera de s’installer quelque part.

– Mais bien sûr, pas de problèmes, dit Jack. On vous aidera du mieux qu’on pourra, ce n’est même pas la peine de le demander.

– Enfin, éclata Élisa qui n’arrivait plus à réfréner sa curiosité. Tu vas nous dire ce qui s’est passé là-haut, oui ou non ?

– C’est une histoire plutôt longue, dit Atzakis en s’asseyant. Installez-vous.

Une dizaine de minutes plus tard, l’extraterrestre leur avait pratiquement raconté toute l’histoire ; la perte du système de contrôle distant et sa désactivation, l’imprudence d’avoir renoncé à le récupérer et la réactivation imprévisible de l’instrument, qui avait amené au déclenchement de la procédure d’autodestruction.

– Mais c’est hallucinant, s’écria Élisa stupéfaite. Qui peut avoir provoqué un tel désastre ?

– Quelqu’un aura probablement trouvé cet objet, répondit Atzakis, et se sera mis à en étudier les caractéristiques. Il aura trouvé des informations dans les millions de données que nous avons chargées sur vos serveurs, et aura pu le réactiver, provoquant ce que nous savons.

– Misère, murmura le colonel, désemparé. Cette histoire est parfaitement absurde. Et vous, qui connaissiez la dangerosité d’un tel engin, nous n’avez rien fait pour le récupérer ?

– C’est de ma faute, dit Pétri, en se glissant dans la conversation. Je croyais l’avoir complètement désactivé et je pensais qu’aucun Terrien n’aurait pu le réactiver, s’il l’avait retrouvé.

– Mais c’est pourtant ce qui s’est passé, ajouta Jack. Vous avez une idée de l’endroit où vous l’avez perdu ?

– Honnêtement, nous pensions l’avoir perdu en récupérant le cristal de Zyno, mais il a sûrement fini ailleurs, dans un endroit bien plus fréquenté. Il n’y avait vraiment personne, là-bas.

– Zak, je viens de penser à quelque chose, s’écria Pétri en se levant. Je crois que, en y passant un peu de temps, je pourrais peut-être remonter au moment où le contrôle distant s’est détaché de ta ceinture.

– Ça n’a plus beaucoup d’importance, mais je dois reconnaître que je serais assez curieux de le savoir, moi aussi.

– Bien. Alors commençons par informer les Anciens de notre situation et dès qu’on sera un peu installés, j’essaierai de retrouver cette information.

– Élisa, dit alors Atzakis, le seul H^COM que nous avions a été détruit avec le Théos. Tu voudrais bien nous prêter celui que nous t’avons laissé avant de partir ?

– Tu parles du casque ? Mais bien sûr, je te l’amène tout de suite.

– La situation est vraiment grave, hélas, murmura Atzakis au colonel dès qu’Élisa fut assez loin pour ne plus les entendre. Même si nous arrivons à contacter les Anciens, il n’y a maintenant presque plus aucun espoir que nous puissions retourner sur notre planète.

– Mais ils ne peuvent envoyer personne pour vous récupérer ? Zaneki a un vaisseau semblable au vôtre, il me semble.

– Malheureusement, les moteurs installés sur son vaisseau sont notoirement moins puissants que ceux que nous avions sur le nôtre. C’est pour ça qu’il a dû repartir presque tout de suite après le passage de Kodon. Sinon, il n’aurait plus pu rejoindre Nibiru qui s’éloignait rapidement. Nous avons pu rester beaucoup plus longtemps grâce à nos moteurs expérimentaux. Mais le Théos était le seul vaisseau de notre flotte à en être équipé. La fabrication et l’installation de deux autres de ces moteurs demanderait beaucoup de temps. Beaucoup de “ notre ” temps.

– Tu veux dire que vous pourriez devoir rester ici jusqu’au prochain passage de Nibiru ?

– Le voilà, s’exclama Élisa en revenant rapidement vers eux.

– Hélas oui, Jack, dit Atzakis à mi-voix, en se levant pour prendre le casque H^COM que l’archéologue lui tendait.

– Merci Élisa, lui dit l’extraterrestre en le mettant. Voyons si ça marche.

– En fait, nous avons essayé, mais nous n’avons réussi à contacter personne.

– Les réalisations de mon ami, commenta Atzakis en regardant Pétri. Rien de ce qu’il fait ne marche jamais.

– Charmant, comme toujours, répliqua Pétri, très sérieux. Je m’en rappellerai quand tu me demanderas de réparer tes toilettes.

– Ça, s’écria Élisa en souriant, je me souviens bien de la façon dont elles fonctionnent, vos toilettes. Une expérience vraiment inoubliable.

Ils partirent tous les quatre d’un grand éclat de rire. Quand il prit fin, Pétri prit le casque des mains d’Atzakis :

– Attends, vieil ingrat. Il faut que je change un réglage. Le système était programmé pour nous joindre sur ce pauvre Théos et je crains que personne ne puisse plus nous répondre de là.

L'extraterrestre manipula un moment les commandes du H^COM portable puis, quand il fut satisfait du résultat, il le retendit à son compagnon en disant :

– Tu peux essayer, maintenant. J’espère que ma mémoire ne m’a pas trahi et que j’ai pu le configurer pour te mettre en liaison avec la bonne personne.

Atzakis ne doutait pas de la mémoire de son ami, et il mit le casque. Il appuya sur le bouton d’activation et attendit patiemment. Une minute presque entière s’écoula avant que l’image en trois dimensions du visage osseux de son responsable Ancien ne soit directement projetée sur la rétine de ses yeux un peu fatigués.

– Atzakis, quel plaisir de te voir, lui dit son interlocuteur chenu en levant son bras maigre en signe de salut. Mais d’où m’appelles-tu ? Ton image est très étrange, déformée.

– C’est une longue histoire, répondit l’extraterrestre. J’utilise un appareil de fortune pour les communications à longue distance.

– Mais tu n’es pas sur le vaisseau ? Ne me dis pas que vous n’êtes pas encore partis. Tu sais que le délai qu’il vous reste pour nous rejoindre est réduit à peau de chagrin, n’est-ce pas ?

– C’est justement de ça que je voulais te parler.

Il fit une courte pause pour trouver les mots les plus justes puis reprit :

– Il y a eu un accident imprévu… Nous n’avons plus notre vaisseau.

– Comment ça, “ vous ne l’avez plus ” ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Il a explosé. Le système d’autodestruction a été activé et nous avons à peine eu le temps de nous mettre en sécurité avant qu’il de se désintègre en mille morceaux.

– Mais il n’y a que toi qui pouvais activer une telle procédure avec ton système personnel de contrôle distant. Comment une chose pareille a-t-elle pu se produire ? demanda l'Ancien, interdit.

– Mettons qu’il y a eu une succession d’événements particuliers, et que j’ai dû le perdre pendant un de ces événements.

– Et quelqu’un l’a trouvé et l’a activé à ta place ?

– Nous n’avons pas encore réussi à établir ce qui s’est vraiment passé, mais c’est une piste sérieuse.

– Et maintenant ? Comment pensez-vous faire pour rentrer ?

– C’est justement pour ça qu’on vous contacte. Nous aurions besoin d’une bonne petite solution rapide à ce léger problème.

– Léger ? répéta l'Ancien en bondissant sur ses pieds avec une aisance surprenante. Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? La fenêtre de tir est à son minimum. Vous auriez déjà dû partir et tu me dis qu’il n’y a plus de Théos et que, concrètement, vous êtes bloqués sur Terre. Et qu’est-ce que nous pourrions faire, nous ?

– Eh bien, je ne sais pas. C’est vous les Anciens. Nous sommes sûrs qu’avec votre expérience et votre sagesse infinie, vous pourrez nous aider à sortir de cette désagréable situation.

Son interlocuteur se rassit en se laissant lourdement tomber dans son moelleux fauteuil gris, posa les coudes sur la tablette devant lui et mit les mains dans ses longs cheveux blancs, en gardant un silence absolu. Il resta ainsi quelques instants, puis leva de nouveau les yeux et lui dit :

– Je vais essayer de réunir rapidement le Conseil et je ferai mettre nos meilleurs Experts au travail. J’espère pouvoir te donner bientôt de bonnes nouvelles.

Et il coupa la communication.

Pasadena, Californie – Le nerd

– C’est tout ? demanda l’homme en très net surpoids qui regardait l’engin bizarre que le jeune nerd avait à la main. Ne me dis pas que tu nous as fait attendre plus d’un mois pour nous montrer un truc qui clignote.

– Je peux vous assurer qu’il fonctionne, répondit-il aussitôt, terrorisé. Je crois même qu’il a déjà fait ce pour quoi il a été prévu.

– Oui, mais tu vas nous dire quoi ? brailla le grand maigre en sautant sur ses pieds. On va vraiment perdre patience.

Dans le sous-sol plein à craquer d’appareils, d’écrans et d’ordinateurs en tout genre, éclairé par une maigre led dont la lumière se reflétait sur les murs miteux, le visage émacié du nerd semblait encore plus pâle que ce qu’il n’était réellement.

– Maintenant, si tu ne nous dis pas réellement à quoi sert ce machin, je jure que je te le fais avaler tout entier, s’écria le gros en attrapant le nerd par le collet.

– Mais je vous l’ai dit, répéta le jeune homme de plus en plus effrayé. C’est un système d’activation à distance d’une procédure.

– Mais quelle procédure ? De quoi s’agit-il ? continua le gros, en secouant le jeune homme comme s’il préparait un Margarita au shaker.

– Je n’en suis pas sûr, essaya de répondre le jeune homme. Mais je crois que nous avons activé quelque chose de très particulier et dangereux, vu tous les systèmes de protection que j’ai dû bypasser.

– Explique-toi mieux, dit le gros dans cesser de le secouer.

– Si tu me lâches, je te montre.

– Ok. Mais tâche d’être convaincant, sinon, le plus gros morceau qu’il restera de toi ne sera visible qu’au microscope.

Le jeune homme réajusta son tee-shirt, arrangea ses longs cheveux qui n’avaient pas vu de shampooing depuis longtemps, et se dirigea vers un poste de travail équipé de deux claviers et d’une série d’ordinateurs démontés. Il tapa rapidement des combinaisons incompréhensibles, et quelques instants plus tard une image en trois dimensions d’un étrange objet qui tournait lentement sur lui-même apparut sur un gigantesque écran suspendu au plafond.

– Voilà notre mystérieuse télécommande.

– Ah, c’est une télécommande, maintenant ?

– Eh bien, vu sa fonction, je crois qu’on peut le dire sans risque de se tromper.

– Continue, dit le maigre en s’installant sur une chaise en mauvais état de façon à pouvoir mieux voir le grand écran.

– Donc… Le principal problème a été de la réactiver. J’ai vraiment eu du mal, parce que, très probablement, elle n’avait pas été simplement éteinte, mais son propriétaire voulait que personne ne puisse jamais la rallumer.

– Tu vois que ce n’était pas les batteries qui étaient déchargées, espèce de gros imbécile que tu es, s’écria le gros en s’adressant à son acolyte.

– Non, il n’y a aucune batterie à l’intérieur, poursuivit le nerd. Je crois qu’elle fonctionne avec une source d’énergie externe, une espèce de flux électromagnétique qu’elle arrive à capter et à transformer en puissance pure.

– Intéressant, commenta le maigrichon. Mais quelle est sa portée ?

– Plusieurs centaines de milliers de kilomètres, en théorie.

– Ah quand même ! s’exclama le gros en prenant l’étrange objet en main. Tu veux dire que cette petite chose pourrait transmettre un signal d’ici à la Lune ?

– Je crois bien que oui, et elle l’a probablement déjà fait.

– Et qu’est-ce qu’elle aurait donc transmis ?

– C’est là que ça devient intéressant, continua le jeune homme en affichant une nouvelle image sur le grand écran. Voilà les symboles qui sont apparus sur sa façade quand je l’ai réactivée.

– On dirait une espèce de langage antique, commenta le maigre. Il me semble que j’ai déjà vu ça quelque part.

– Oui, c’est du cunéiforme. Les Sumériens l’utilisaient plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ.

– Et qu’est-ce qu’ils font sur un instrument aussi avancé technologiquement ?

– C’est la langue de nos visiteurs extraterrestres.

– Tu veux dire que les énergumènes qui nous ont capturé parlent le cunéiforme ? demanda le gros, tout surpris.

– Euh –essaya d’expliquer le jeune homme- on ne peut pas dire qu’on parle le cunéiforme. C’est une forme d’écriture. Mais je crois que c’est bien leur langue.

– Et tu es arrivé à traduire ?

– En fait, pour que la commande soit envoyée, j’ai dû saisir une espèce de mot de passe. Concrètement, en effleurant les symboles dans un certain ordre, je l’ai passé en mode actif.

– Comme ce système qu’on utilise maintenant pour déverrouiller les portables ?

– Oui, plus ou moins, dit le nerd en souriant, heureux qu’ils aient enfin compris de quoi il s’agissait.

– Tu as vraiment fait un excellent travail, dit le gros, satisfait.

– Oui, mais on n’a toujours pas compris à quoi ça sert vraiment, répliqua le maigre, assez contrarié.

– Je pense pouvoir faire une hypothèse que je crois être assez réaliste, dit alors le jeune homme avec un filet de voix.

– Eh bien, qu’est-ce que tu attends ? lui lança le gros en s’approchant à quelques centimètres de lui.

– Je crois que c’est le système d’activation de la procédure d’autodestruction d’un vaisseau, entre autres fonctions que nous ne connaissons pas.

Les deux acolytes se regardèrent un instant, abasourdis, puis le gros s’écria, comme si on venait de lui faire le plus beau cadeau du monde :

– S’il te plaît, dis-moi que tu les as faits sauter.

– Les extraterrestres auront très probablement eu le temps de se mettre en sécurité, mais leur engin pourrait bien avoir connu un triste sort.

– Tu es un génie, mon garçon, s’écria le gros.

Puis il prit une clef USB de sa poche et ajouta :

– Copie là-dedans toutes les informations que tu as sur ce truc et efface tout ensuite. Si on découvre que tu as gardé ne serait-ce qu’un seul byte pour toi…

– Je sais, je sais. Vous me découpez en rondelles.

– Bravo. J’étais sûr que tu avais l’esprit vif.

La copie ne prit que quelques secondes. Après avoir retiré la clef de son ordinateur, le nerd la tendit au gros qui la lui prit aussitôt des mains. Puis, après avoir aussi attrapé l’étrange objet, et les avoir mis tous les deux dans la poche droite de son pantalon, il dit à son acolyte :

– Allons-y, mon vieux, nos rêves vont peut-être se réaliser.

Ils étaient presque sur le seuil quand le jeune homme s’écria :

– Eh, vous n’oubliez rien ?

– Quoi donc ? demanda le grand maigre.

– Le reste de mon argent.

– Ton argent ? répondit le gros. Remercie le ciel qu’on ne t’ait pas tordu le cou.

Et il claqua la porte derrière lui.

Constellation du Taureau – Planète Kérion

À soixante-cinq années-lumière de la Terre environ, la géante rouge appelée Aldebaran éclaire faiblement une planète désolée connue sous le nom de Kérion. Sa surface, qui n’est plus aujourd’hui couverte que de déserts arides, de secs paysages rocheux, de profondes gorges asséchées et de hauts-plateaux aplanis, n’a pas toujours été ainsi. Le lent déclin de la planète a commencé il y a dix mille ans environ, quand, pour des motifs encore inconnus, le fluide métallique qui permettait la rotation de son noyau commença lentement mais inexorablement à ralentir, provoquant la réduction progressive de son champ magnétique.

L’atmosphère de Kérion, autrefois composée majoritairement d’azote et de vingt pour cent de méthane environ, n’existe pratiquement plus aujourd’hui. N’étant plus filtrés par le puissant champ magnétique de la planète, les rayons néfastes provenant de son étoile l’ont progressivement dissoute et l’ont ramenée à 0.1 pour cent de ce qu’elle était initialement. Des mers d’hydrocarbures liquides occupaient auparavant presque la moitié de la surface de la planète. Des lacs de méthane et d’innombrables étendues de glace d’eau constellaient les zones émergées et la vie y prospérait, vigoureuse. Mais cet événement catastrophique semblait avoir marqué le destin de Kérion. Pendant des millénaires, ses occupants avaient essayé de trouver une solution pour réactiver la rotation du noyau, sans jamais y parvenir. Dès les premiers signes de ralentissement, ils avaient même tenté de très longs et périlleux voyages interstellaires à la recherche d’une planète semblable à la leur, où ils auraient pu migrer, mais aucune de ces missions ne fut jamais couronnée de succès.

Alors qu’ils avaient presque épuisé leurs ressources et étaient déjà quasiment résignés à leur inévitable extinction, l’un des esprits les plus brillants de la planète proposa ce qui, pour la majorité de la population, semblait être une folie absolue : se libérer de tout ce qui pourrait “ mourir ”. Le Kérien se consacra à une série d’expériences qui, en quelques décennies, l’amenèrent à extraire des corps matériels de ses semblables tout ce que nous pourrions définir comme “ âme ”, en la libérant de son lien avec le corps, jusqu’alors considéré comme indissoluble. L'essence de certains volontaires fut séparée de la matière vivante et implantée dans de nouvelles structures complètement mécaniques. Une nouvelle espèce naquit, entièrement enracinée dans des corps cybernétiques mais dotée d’une intelligence propre et de cette essence cosmique appelée âme, ou, plus simplement, vie.

La séparation des âmes de tous les habitants fut achevée en quelques années, mais le manque de matériaux adaptés à la réalisation des nouveaux corps cybernétiques ralentissait la translation. Il fut alors décidé de procéder à la conservation des “ essences ” dans des enveloppes ovoïdes dédiées à cet usage, de façon à pouvoir les préserver de la destruction jusqu’à ce que le nouvel exosquelette ne soit assemblé.

Les premiers êtres nouvellement créés, désormais pratiquement immortels, commencèrent alors une nouvelle épopée et explorèrent le cosmos à la recherche, cette fois, de planètes qui auraient pu leur fournir les matières premières nécessaires à l’achèvement de leur projet. Ils en repérèrent dix, à des distances de plusieurs centaines d’années-lumière parfois de leur planète natale, sur lesquelles ils construisirent de véritables laboratoires dans lesquels les ressources de ces planètes étaient extraites et utilisées in situ pour la fabrication des nouveaux corps. La présence d’hélium-3 était fondamentale : par un système complexe de fusion nucléaire, il garantissait à la structure de tout nouveau Kérien une source d’énergie pratiquement inépuisable. Pour atteindre toutes ces planètes si lointaines, de véritables portails interstellaires furent créés, par lesquels les réceptacles contenant les âmes et les équipements nécessaires étaient envoyés aux laboratoires d’assemblage. La réalisation de chaque corps, l’implantation de son âme et son activation complète exigeaient une procédure très longue, mais le temps n’était désormais plus un problème.

– Nous avons reçu un message étrange de l’installation /\, annonça le Kérien chargé des transmissions.

– Quel message ? demanda son supérieur, qui répondait au nom de Superviseur RTY et dont l’apparence physique rappelait beaucoup une espèce d’arachnide aux pattes très longues et au corps massif.

– Bizarrement, il a été coupé avant la fin. Voilà tout ce que nous avons reçu.

Et il transmit le fragment de communication par sub-lux.

Laboratoire attaqué. Nous renvoyons…

– Nous renvoyons quoi ? Attaqué par qui ?

– Il n’y avait rien d’autre. Les communications avec /\ ont été coupées juste après.

– Essayons de les rétablir au plus vite et de comprendre ce qui s’est passé, ordonna RTY. Il y a plus de dix millions d’âmes en attente de translation dans ce laboratoire.

– Je sais bien, dit le chargé des communications. Mais, pour le moment, la seule chose que je reçoive, c’est le signal du réceptacle (|) qui parcourt le tunnel d’intercommunication.

– C’est peut-être ça qu’ils nous ont renvoyé.

– On va vite le savoir. Il sera là dans trois cent vingt cens.

1 047,52 ₽
Возрастное ограничение:
0+
Дата выхода на Литрес:
10 марта 2020
Объем:
261 стр. 3 иллюстрации
ISBN:
9788835402428
Переводчик:
Правообладатель:
Tektime S.r.l.s.
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